Eaux fortes

Aveugle,
J’observe
De frêles noyés
Se débattre
Boursoufflés, bourbeux

Dans la mélasse
D’un ciel gris pâteux
Leurs yeux cireux
Fondent au creuset
Des larmes de métal chaud

Le barrage a lavé l’encre
En un flot huileux
Ruissellent
Les eaux fortes
Aux teintes délavées

Les flots effilochés
Submergent
Le calice
Cabossé
De leurs cheveux d’anges filasse

La barbacane grège
Dédie son carénage
Au limon soyeux
Vestale nue
D’une déesse désossée.




Phil, alias Rude.

J'aime beaucoup. C'est très efficace. La scène que tu présentes dans ce poème est tout simplement terrifiante ! On croirait observer une peinture de Jerome Bosch...

Des images fortes qui mériteraient d'être épurées.

Une cascade d'images qui m'ont fait apercevoir "l'homme perdu dans ses propres naufrages"

Ce que j'aime en particulier dans ce poème, c'est justement cette grande porte ouverte aux lecteurs et à eux de prendre le large...sans se noyer bien sur!

Bel instant de poésie.

Sylvie

Ratoune peux tu me donner quelques exemples de vers qui pourraient être épurés. J ai effectivement l'habitude d'écrire simple et ce texte est une exception, j ai moi aussi le ressenti d' une certaine lourdeur baroque

" Epurer " dans le sens de plus court ou bien allégé dans les qualificatifs


"Les flots effilochés
Submergent
Le calice
Cabossé
De leurs cheveux d’anges filasse"

Dans ce quintil par exemple, j'aurais gardé quatre vers et associé " calice cabossé " pour jouer directement sur l'allitération et n'en pas casser le rythme, peut-être antéposé "filasse" " filasses cheveux d'ange" afin que le lecteur ait un effet de surprise avec " les cheveux d'ange " rejeté à la fin et poursuivant également le jeu de sonorité en "s"

Mais c'est juste un jeu d'écriture qui ne remet pas en cause la valeur de ce poème.

Principalement pour ça :

La barbacane grège
Dédie son carénage
Au limon soyeux
Vestale nue
D’une déesse désossée

Parce que là il y a un certain style

j'aime beaucoup

Meric LCbeat et Ratoune c'est avec ce genres de critiques que l'on avance le plus. merci pour le grand cadeau que vous me faites.

Il y a une émotion derrière ces lignes, je ne serai pas capable de te dire laquelle, mais je l'ai senti, en suivant ces tumultes... J'aime.

J'aurais fait les mêmes remarques que Ratoune mais c'est devenu inutile alors je me contente de dire que j'ai quand même apprécié cette lecture.

Nilo, eau dans le vin.

Lalou Nostalgique