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Trajectoire
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Macadam :: MacadaTextes :: Nouvelles
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Trajectoire
J'étais un coeur qui renonçait à l'amour, préférant user celui-ci à l'amitié, en donner des morceaux aux copains du quartier, ces oiseaux de bonne augure avec qui je partageais mes joies et mes peines, tant de bons moments marqués au parfum de l'insouciance.
L'amour je n'en sus pas grand-chose, dans ma famille nous n'en parlâmes pour ainsi dire jamais, comme si ce sentiment mystérieux fût banni au début, trop dangereux peut-être pour des esprits orgueilleux, trop rebelle, cet ennemi du paraître et de la raison, mais surtout bien trop compliqué pour nous, simples gens à la vie ordinaire; sentiment passé sous silence maintenant notre condition à son état de vie ordinaire, sans ambition, aujourd'hui on appelle ça le principe de précaution.
Avec l'âge, vers dix ou onze ans, je sentis dans mon ventre gonfler des désirs de folie et de passions, courant alors pour fatiguer ces esprits intérieurs, intimes mêmes puisque je fût le seul à connaître leur existence, je les sentais venir en moi, se disperser et dans mon ventre à ce moment, comme une potion magique qui se diluait, me faisant penser à ces bonbons acidulés qui pétillent dans la bouche, acides; qui font que l'on doit fermer les yeux et attendre que ça se passe.
Il y avait les yeux de certaines filles, qui étaient comme moi, elles auraient été mes soeurs, cela ne m'aurait pas étonné, nous étions semblables, à ne faire qu'un; nous avions les mêmes bonbons.
Malgré ces rires et ces cris hurlant en moi comme des chiens malheureux, je gardais le silence de peur d'être pris pour un fou, accusé coupable et pourquoi pas emprisonné par ces gens autour si banals, ils ne les avaient pas eux ces rires et ces cris ou bien ils n'en faisaient rien paraître, comme moi, prisonniers des regards quotidiens, apeurés devant ce piège inconnu, ce trou noir pressenti brillant.
L'été de mes treize ans arrivait, mon année scolaire terminée, nous allions déménager bientôt rejoindre le village d'enfance de mon père. Quitter la ville pour la campagne, laisser mes frères ici, l'un à ses études et l'autre à sa femme, moi je suivis mes parents là-bas, laissant mes amis, étrangement sans tristesse, mon propre monde me convenait parfaitement, j'en aurai d'autres comme me disait mon père: « T'en auras d'autres. ».
Soit.
Ce déménagement se passa bien, et cet été commença pour moi dans ce nouveau monde à la découverte de tout, j'étais l'étranger dans la rue, libre, seul et heureux; aventurier sur mon vélo, mon unique compagnon. Mes parents rassurés par le monde rural m'autorisait à sortir seul même le soir « mais pas trop tard »-Oui oui.
J'allais me cacher sur les grandes buttes d'ardoise, j'observais les lapins sortir timidement, ils s'arrêtaient humant l'air sur leurs deux pattes arrière pour disparaître en courant, face à ces bêtes si communes mais sauvages à mes yeux, je réalisa la joie au coeur que je ne savais rien. Tout est à découvrir. Il y avait ces tours géantes et rouillées au-dessus de ces mines d'ardoises désaffectées, là où travaillaient mon grand-père, elles devaient servir à l'extraction des pierres, c'est là-bas que j'allais grimper au soleil couchant, dans la chaleur de l'été, au plus haut de la tour sous le ciel rose je devenais alors le roi de ce monde qui n'attendait plus que moi.
Ces deux mois de vacances furent les plus magnifiques de ma vie, ces errances en vue d'objectifs naïfs mais sincères, un retour à des racines insoupçonnées, et des chemins de verdures parcourus qui ne menaient nulle part, juste ailleurs.
Mes périples m'amenaient parfois à croiser le chemin d'autres gamins, des têtes inconnues, qui semblaient ravies de croiser quelqu'un, quelqu'un d'autre. Nous parlions de nos vélos ou d'autres choses puis je continuais ma route disant au revoir à ces visages étranges mais sympathiques que je serai amené à revoir très bientôt.
L'amour je n'en sus pas grand-chose, dans ma famille nous n'en parlâmes pour ainsi dire jamais, comme si ce sentiment mystérieux fût banni au début, trop dangereux peut-être pour des esprits orgueilleux, trop rebelle, cet ennemi du paraître et de la raison, mais surtout bien trop compliqué pour nous, simples gens à la vie ordinaire; sentiment passé sous silence maintenant notre condition à son état de vie ordinaire, sans ambition, aujourd'hui on appelle ça le principe de précaution.
Avec l'âge, vers dix ou onze ans, je sentis dans mon ventre gonfler des désirs de folie et de passions, courant alors pour fatiguer ces esprits intérieurs, intimes mêmes puisque je fût le seul à connaître leur existence, je les sentais venir en moi, se disperser et dans mon ventre à ce moment, comme une potion magique qui se diluait, me faisant penser à ces bonbons acidulés qui pétillent dans la bouche, acides; qui font que l'on doit fermer les yeux et attendre que ça se passe.
Il y avait les yeux de certaines filles, qui étaient comme moi, elles auraient été mes soeurs, cela ne m'aurait pas étonné, nous étions semblables, à ne faire qu'un; nous avions les mêmes bonbons.
Malgré ces rires et ces cris hurlant en moi comme des chiens malheureux, je gardais le silence de peur d'être pris pour un fou, accusé coupable et pourquoi pas emprisonné par ces gens autour si banals, ils ne les avaient pas eux ces rires et ces cris ou bien ils n'en faisaient rien paraître, comme moi, prisonniers des regards quotidiens, apeurés devant ce piège inconnu, ce trou noir pressenti brillant.
L'été de mes treize ans arrivait, mon année scolaire terminée, nous allions déménager bientôt rejoindre le village d'enfance de mon père. Quitter la ville pour la campagne, laisser mes frères ici, l'un à ses études et l'autre à sa femme, moi je suivis mes parents là-bas, laissant mes amis, étrangement sans tristesse, mon propre monde me convenait parfaitement, j'en aurai d'autres comme me disait mon père: « T'en auras d'autres. ».
Soit.
Ce déménagement se passa bien, et cet été commença pour moi dans ce nouveau monde à la découverte de tout, j'étais l'étranger dans la rue, libre, seul et heureux; aventurier sur mon vélo, mon unique compagnon. Mes parents rassurés par le monde rural m'autorisait à sortir seul même le soir « mais pas trop tard »-Oui oui.
J'allais me cacher sur les grandes buttes d'ardoise, j'observais les lapins sortir timidement, ils s'arrêtaient humant l'air sur leurs deux pattes arrière pour disparaître en courant, face à ces bêtes si communes mais sauvages à mes yeux, je réalisa la joie au coeur que je ne savais rien. Tout est à découvrir. Il y avait ces tours géantes et rouillées au-dessus de ces mines d'ardoises désaffectées, là où travaillaient mon grand-père, elles devaient servir à l'extraction des pierres, c'est là-bas que j'allais grimper au soleil couchant, dans la chaleur de l'été, au plus haut de la tour sous le ciel rose je devenais alors le roi de ce monde qui n'attendait plus que moi.
Ces deux mois de vacances furent les plus magnifiques de ma vie, ces errances en vue d'objectifs naïfs mais sincères, un retour à des racines insoupçonnées, et des chemins de verdures parcourus qui ne menaient nulle part, juste ailleurs.
Mes périples m'amenaient parfois à croiser le chemin d'autres gamins, des têtes inconnues, qui semblaient ravies de croiser quelqu'un, quelqu'un d'autre. Nous parlions de nos vélos ou d'autres choses puis je continuais ma route disant au revoir à ces visages étranges mais sympathiques que je serai amené à revoir très bientôt.
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le silence se fait entendre
spandrell- MacadAccro
- Messages : 573
Date d'inscription : 14/09/2009
Re: Trajectoire
J'ai aimé ton parcours de jeunesse dans la candeur et la confiance aveugle en demain ; la condition pour profiter pleinement de l'instant présent. C'est tellement évident ici que tu n'as même pas besoin de t'y attarder. Et j'aime cette façon de "se" raconter.
Dam, passion expression.
Dam, passion expression.
Re: Trajectoire
J'ai aimé te lire ici, vraiment.
Nilo, sépia.
Nilo, sépia.
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... Tu lui diras que je m'en fiche. Que je m'en fiche. - Léo Ferré, "La vie d'artiste"
Re: Trajectoire
Rare que tu postes dans les nouvelles et c'est une bonne nouvelle que je partage avec mes petits camarades.
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LaLou
Re: Trajectoire
une très agréable lecture...je l'ai parcourue sourire et légèreté. Merci
Laetitia- MacaDeb
- Messages : 22
Date d'inscription : 26/08/2010
Age : 41
Localisation : Lille
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