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Un dimanche en pays de Brocéliande

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Un dimanche en pays de Brocéliande Empty Un dimanche en pays de Brocéliande

Message  Carmen P. Jeu 2 Sep - 21:45

(J'ai repris un texte qui n'était que le récit d'une journée assez étonnante, je l'avais noté pour ne pas l'oublier...il y avait des passages "vides", car je n'avais pas donné suffisamment d'infos au lecteur.)

Un dimanche de septembre, en pays de Brocéliande sur le domaine de Trémelin, quelques artistes téméraires ont sorti toiles et chevalets pour aller à la rencontre du public.
Du matin au soir le monde des humains s'est activé, chacun à sa façon, sur ce site où la roche et la lande se partagent le terrain et invitent le flâneur à pousser plus loin la balade dans les bois environnants ou autour de l'étang.
Ignorant cette agitation diurne, le petit monde parallèle des créatures de la lande - pierres tapies derrière les ajoncs épineux - attendent la fin du jour pour s’animer et pouvoir s’emparer des lieux, alors ils jouent leurs tours de lutins aux derniers promeneurs. Je l’ai découvert à l’heure venue.

En matinée, place aux sportifs qui participaient au Trail des Légendes de Brocéliande, le midi et l'après midi ambiance joyeuse dans les restaurants du site ; esprit guinguette et bal musette.
Il y a eu du passage, le temps a été clément, juste quelques gouttes qui n'ont pas réussi à perturber l'ambiance festive. Le vent a dispersé les nuages et le soir, après le départ des danseurs, envolés avec les dernières notes de musique, les lieux se sont empreints de douceur ; comme enveloppés d'un calme magique.
C'est l'heure à laquelle une femme jeune est venue promener ses deux chiens ; un berger Belge et un dogue, des animaux vraiment impressionnants, que la tenue en laisse semblait contrarier fort. Elle est passée plusieurs fois devant moi, a tourné autour du barnum, est revenue, a tourné encore... elle me regardait avec insistance. Nous avons finalement engagé la conversation, avons parlé couleur, j'étais là pour ça...son regard, étrange, semblait me poser une question ; elle était en attente d’une réponse que je ne pouvais lui donner. Elle est restée là, debout, pensive. Ses chiens, impatients, tiraient sauvagement sur leur laisse.

Quand l’heure est venue d’emporter mes tableaux, le public s’étant volatilisé, le site rendu au calme et à ses malicieux Korrigans, je suis passée devant une voiture où les deux chiens aboyaient furieusement à chacun de mes passages, leur maîtresse se promenait non loin en jetant de temps en temps un regard sur l’avancement du rangement de mon matériel d’artiste. Etonnant, d’habitudes les animaux ne montrent aucune agressivité à mon égard, ceux-là n’aboyaient que sur moi et avec une bonne dose de fureur. Ces chiens étaient-ils les cerbères des lieux ? En quoi ma présence réveillait-elle leur agressivité et l’inquiétude de leur maîtresse ?

Au dernier de mes trajets mon énigmatique promeneuse s’est dirigée vers moi et a osé me poser la question qui la chiffonnait :
- Dites-moi, avez vous retrouvé votre enfant ?
- Quel enfant ?
- Celui que vous cherchiez hier soir.
- Où ?
- Ici, votre enfant avait disparu et vous l'avez cherché, appelé toute la
soirée.
- Mais je n'étais pas là hier soir et mes enfants sont maintenant bien grands, ils ne m'accompagnent plus depuis longtemps !
- Pourtant c'était bien vous que j'ai vue hier soir, je ne vous ai pas oubliée ; vous étiez bouleversée, j’ai pensé à vous toute la nuit.
- Je vous assure que je n'étais pas là, j’ai eu l’intention de venir repérer les lieux, mais je ne l'ai pas fait !
- Bizarre, j'aurais juré que c'était vous, la même silhouette, le même visage, la même coupe de cheveux, les mêmes lunettes.
- Alors vous avez rencontré mon sosie.

Elle ne m’a pas crue, visiblement elle ne m’a pas crue…elle est montée dans sa voiture en emmenant de moi l’image d’une mère particulièrement insensible qui un jour perd son enfant et ne le retrouvant pas, poursuit le lendemain ses activités comme si de rien n’était.

Sur le coup cette conversation m'a amusée, mais lorsque j'y pense et que j'imagine tous les êtres qui hier, aujourd'hui, demain se sont croisés ou se croiseront sur ce site, cet enchevêtrement de destins différents ou de périodes différentes de la vie d'une même personne, je me dis qu'en esprit des vies qui s'ignorent peuvent se côtoyer, cohabiter ...mystère du temps aboli.

Je venais sur ce site avec mes enfants jeunes, le domaine de Trémelin leur offrait un espace pour jouer sans une surveillance trop rapprochée de notre part. Images du bonheur familial, images du passé, images de l’oubli de l’enfant que nous n’avons pas pu voir jouer-grandir, ni ici, ni ailleurs ; cette enfant à laquelle je pense quand l’heure est à la nostalgie, quand la pensée file vers l’absence et que seule l’imagination peut recréer la trame déchirée de la vie.

Je suis venue ici pour partager avec mes semblables ma passion des couleurs et ma sensibilité, du moins c’est ce que je croyais….j’avais en fait rendez-vous avec le souvenir de mon enfant.

Alors, était-ce moi qui appelais mon enfant perdue ?

La réponse qui me brûlait les lèvres, je vous la donne maintenant :

" Non Madame, jamais mon enfant n'est revenue et je la pleure encore."
Carmen P.
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Message  Sylvie Sam 4 Sep - 18:36

Un histoire très intrigante
Une étrangeté s'en dégage et je pense que je vais encore la lire pour être sure d'avoir bien tout saisi car ça en vaut la peine

J'y reviendrais donc carmen...

Sylvie
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Message  Carmen P. Sam 4 Sep - 18:44

Merci d'avoir lu Sylvie.
J'ai essayé d'être plus claire pour le lecteur mais ça reste encore flou.
Je ne sais pas comment faire...je donne des clefs - mais ce n'est pas un bon procédé.
Il faut croire que je ne suis pas douée pour les nouvelles, surtout quand ce sont des récits réels, étranges mais réels.
Carmen P.
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