Je les ai pris ces trains, ces avions, ces bateaux

Je les ai pris ces trains, ces avions, ces bateaux


J'ai vu partir des trains qui ne revenaient pas
Emportant avec eux des amants délaissés,
Des couples amoureux en voyage de noces
Des familles en vacances et des flopées de gosses,
Tandis que ceux qui restent avec la main levée
Sur le quai des adieux revenaient sur leurs pas.

J'ai vu bien des avions s'arracher de la piste
Vers des lieux incertains où le soleil est roi
Avec des mers si calmes et des cieux toujours bleus,
Terres de farniente et de tables de jeu
Où les explorateurs de la confiance en soi
Découvrent la misère et les plaisirs autistes.

J'ai vu tant de bateaux qui larguaient les amarres
Pour les pays lointains des fabriques à rêves
Que sont les continents où l'herbe est bien plus verte
Où vont les chercheurs d'or, d'avide découverte,
Elever des chimères en laissant sur la grève
Tous ceux qui n'osaient pas le risque du départ.

Je les ai pris ces trains, ces avions, ces bateaux.
J'étais ce voyageur partant pour nulle part
Qui laissait ses parents, ses amours, ses amis,
Sans jamais trouver d'or au fond de son tamis
Ni aux tables bancales et sales de ces bars
Où au bout de ses nuits il posait son fardeau.

J'ai vu tous les malheurs qui font perdre courage
Mais j'ai mis dans mes poches un peu de ces richesses
Que m'ont données des gens bien plus pauvres que moi
Qui avaient dans les yeux le trésor de la foi
Et trouvé dans les livres où s'apprend la sagesse
De quoi revenir riche à la fin du voyage.


Nilo.

C'est en effet ce que tu as rapporté de plus précieux de tes longs voyages: ce que tu ne t'attendais pas à trouver.

Ce que j'aime te lire en alexandrins (quitte à radoter). J'y trouve ici tout le plaisir d'être emporté par ta musique, moins hachée que celle de l'hexa ou de l'octosyllabe. Quant à tes mots ils sonnent fort et juste. Un plaisir.

Z.

"Je les ai pris ces trains, ces avions, ces bateaux"

tu as bien fait parce que demain ça risque de pas le faire avec le mouvement social sur les retraites

Une sagesse grave qui console des imprévoyances et des billets périmés.

En ce moment je me déplace en voiture, ils peuvent bien bloquer tous les moyens de transport en commun, je m'en tape.

Nilo, bataille de Stalingrad...

Parfois, on a envie de les prendre avec vous...
Pour ce très beau voyage dans vos mots !

H.

Et voila un voyage qu’on refera avec toi, rien qu’en prenant une place dans le titre du poème. Au fil des strophes nous te suivons – toi, ce globe-trotter parcourant le monde des souvenirs.
Cordialement Solweig

une envie de voyage ? lisez Nilo!

Excellent celui ci.

J'ai aimé te suivre au fil de ces lignes, qui emportent l'imaginaire avec aisance.
Et c'est tellement vrai,qu'on revient toujours avec les poches pleines d'une autre richesse...

Sasvata, en avion

Heureux qui comme Nilo a fait un long voyage...Et nous, heureux de te relire.

Swann,