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Interview du Diable par Swann
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Dédé
Nilo
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Swann
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Interview du Diable par Swann
Depuis plusieurs semaines j’ai tenté de rencontrer le Diable par l’intermédiaire de son agent qui s’occupe également des affaires de nombreux sportifs de haut niveau. Enfin, par hasard, et après un entretien avec un homme d’affaire, ancien ministre, j’ai pu obtenir une date, un lieu.
Zurich, siège de l’UBS. Une hôtesse germanophone m’accueil, mélange de nurse et d’Escort- girl. Badge, puis direction la chambre des coffres. A gauche de l’impressionnante porte en acier inoxydable, une petite porte discrète. Elle ouvre, j’entre, la porte se referme. Quelques secondes et l’éclairage s’active. On est loin de l’opulence du reste du bâtiment : murs en béton brut. Un escalier m’entraine vers le niveau inférieur. J’entrouvre une porte. Un aréopage d’asiatiques faméliques s’affaire devant des machines à coudre d’un autre âge dans un bruit assourdissant. Le plus proche me lance un regard étrange. Vite, je referme la porte. Malgré moi je songe au vieux cliché : il a l’air fourbe et cruel. Deuxième niveau de sous sol. Encore des chinois ! Ceux-là sont bien nourris et plus vieux. Ils jouent. Sur des tables de cuisine avec des pièces qui ressemblent à des dominos. Dans une niche, un buste de Mao qui porte un vrai chapeau tyrolien.
Troisième sous sol. Juste une porte. Elle s’ouvre devant moi, j’entre.
Elle a environ vingt ans, cheveux blonds pales, yeux noisette, léger strabisme, toge de soie grège qui moule de fort jolies formes. Dans la minuscule salle d’attente où elle m’entraine aucun siège, un vieux numéro de Wired à même le sol.
La revoilà enfin. Par la manche, elle me tire vers une porte, l’ouvre, me pousse dedans et s’éclipse. Il est là.
Accoudé à un bureau sombre en verre fumé, il me fixe. Il porte sur le crane chauve, des ridicules cornes rouges. Son regard de chèvre me fait penser qu’il porte des lentilles de contact. Il a un petit coté Nicholson jeune, le rictus peut-être…
Au murs d’innombrables photos le montrant en compagnie des grands de ce monde. En chapeau texan avec Reagan, en treillis avec Castro, on devine aussi des actrices, des acteurs des capitaines d’industrie.
Je suppose que vous allez me demander comment m’appeler ? j’ai lu votre interview du vieux bonhomme…Moi c’est Méphisto, simplement.
Vous regardez mes cornes ? C’est des fausses… Mais il faut bien respecter la tradition. Il y a longtemps que j’ai fait enlever les vraies. Chirurgie esthétique. Et il éclate d’un rire sonore.
Je retrouve un peu de salive pour la première question.
Swann : Vous êtes … Tombé du ciel. Pourquoi ? Comment ?
« Nous y voila ! vous faite pas dans la dentelle … Après l’affaire du bureau de change de la tour de Babel, la première, hein, la vraie.. Vous avez vu le tableau de Brueghel ? Faut croire qu’il y était. Enfin, ça sentait déjà le roussi. Le vieux est suspicieux.
La double billetterie de l’arche de Noé a fait le reste. On aurait pu partager, non ? Rien voulu savoir… Un procès inique, truqué ! Maitre Verges n’a pas pu sauver les meubles… Voila ! »
Swann : Enfin, les guerres, la misère, la famine, la grande peste, les radars automatiques, Céline Dion, c’est Vous ?
« Oui, mais l’inquisition c’est pas moi, les guerres de religion non plus, Simon de Montfort n’était pas l’un des miens, j’ai jamais persécuté les juifs ni brulé les sorcières !
Le diable ! Le Diable ! Que d’accusations mensongères ! Mes cohortes financières font bien quelques ravages auprès des naïfs et les fonds de pensions s’en remettront ! »
Swann : Vous avez été un ange respecté, regrettez-vous, parfois cet avant ?
Le Diable me refait le coup du rire sonore exprès pour me faire réécrire un cliché.
Vous me voyez sur un nuage, avec des petites ailes blanches, entouré de chérubins asexués ?
Je lui laisse ses thuriféraires, ses cériféraires, ses auréoles, ses nones trop prudes, Mère Theresa et l’abbé machin. Je garde mon immortalité, les vices délicieux, les femmes trop chaudes, le vin de Dom Pérignon et les cigares de Fidel… Et je l’emm… je l’emm…
La diablesse blonde m’embarque aussitôt, me pousse dehors, je refait le chemin des chinois à l’envers.
Dehors, je trouve un tas de billets dans ma poche de veste, je les jette à un mendiant Roumain.
Pourvu qu’il ne se fasse pas écraser par le tram…
Zurich, siège de l’UBS. Une hôtesse germanophone m’accueil, mélange de nurse et d’Escort- girl. Badge, puis direction la chambre des coffres. A gauche de l’impressionnante porte en acier inoxydable, une petite porte discrète. Elle ouvre, j’entre, la porte se referme. Quelques secondes et l’éclairage s’active. On est loin de l’opulence du reste du bâtiment : murs en béton brut. Un escalier m’entraine vers le niveau inférieur. J’entrouvre une porte. Un aréopage d’asiatiques faméliques s’affaire devant des machines à coudre d’un autre âge dans un bruit assourdissant. Le plus proche me lance un regard étrange. Vite, je referme la porte. Malgré moi je songe au vieux cliché : il a l’air fourbe et cruel. Deuxième niveau de sous sol. Encore des chinois ! Ceux-là sont bien nourris et plus vieux. Ils jouent. Sur des tables de cuisine avec des pièces qui ressemblent à des dominos. Dans une niche, un buste de Mao qui porte un vrai chapeau tyrolien.
Troisième sous sol. Juste une porte. Elle s’ouvre devant moi, j’entre.
Elle a environ vingt ans, cheveux blonds pales, yeux noisette, léger strabisme, toge de soie grège qui moule de fort jolies formes. Dans la minuscule salle d’attente où elle m’entraine aucun siège, un vieux numéro de Wired à même le sol.
La revoilà enfin. Par la manche, elle me tire vers une porte, l’ouvre, me pousse dedans et s’éclipse. Il est là.
Accoudé à un bureau sombre en verre fumé, il me fixe. Il porte sur le crane chauve, des ridicules cornes rouges. Son regard de chèvre me fait penser qu’il porte des lentilles de contact. Il a un petit coté Nicholson jeune, le rictus peut-être…
Au murs d’innombrables photos le montrant en compagnie des grands de ce monde. En chapeau texan avec Reagan, en treillis avec Castro, on devine aussi des actrices, des acteurs des capitaines d’industrie.
Je suppose que vous allez me demander comment m’appeler ? j’ai lu votre interview du vieux bonhomme…Moi c’est Méphisto, simplement.
Vous regardez mes cornes ? C’est des fausses… Mais il faut bien respecter la tradition. Il y a longtemps que j’ai fait enlever les vraies. Chirurgie esthétique. Et il éclate d’un rire sonore.
Je retrouve un peu de salive pour la première question.
Swann : Vous êtes … Tombé du ciel. Pourquoi ? Comment ?
« Nous y voila ! vous faite pas dans la dentelle … Après l’affaire du bureau de change de la tour de Babel, la première, hein, la vraie.. Vous avez vu le tableau de Brueghel ? Faut croire qu’il y était. Enfin, ça sentait déjà le roussi. Le vieux est suspicieux.
La double billetterie de l’arche de Noé a fait le reste. On aurait pu partager, non ? Rien voulu savoir… Un procès inique, truqué ! Maitre Verges n’a pas pu sauver les meubles… Voila ! »
Swann : Enfin, les guerres, la misère, la famine, la grande peste, les radars automatiques, Céline Dion, c’est Vous ?
« Oui, mais l’inquisition c’est pas moi, les guerres de religion non plus, Simon de Montfort n’était pas l’un des miens, j’ai jamais persécuté les juifs ni brulé les sorcières !
Le diable ! Le Diable ! Que d’accusations mensongères ! Mes cohortes financières font bien quelques ravages auprès des naïfs et les fonds de pensions s’en remettront ! »
Swann : Vous avez été un ange respecté, regrettez-vous, parfois cet avant ?
Le Diable me refait le coup du rire sonore exprès pour me faire réécrire un cliché.
Vous me voyez sur un nuage, avec des petites ailes blanches, entouré de chérubins asexués ?
Je lui laisse ses thuriféraires, ses cériféraires, ses auréoles, ses nones trop prudes, Mère Theresa et l’abbé machin. Je garde mon immortalité, les vices délicieux, les femmes trop chaudes, le vin de Dom Pérignon et les cigares de Fidel… Et je l’emm… je l’emm…
La diablesse blonde m’embarque aussitôt, me pousse dehors, je refait le chemin des chinois à l’envers.
Dehors, je trouve un tas de billets dans ma poche de veste, je les jette à un mendiant Roumain.
Pourvu qu’il ne se fasse pas écraser par le tram…
Swann- MacadAccro
- Messages : 1023
Date d'inscription : 31/08/2009
Age : 72
Localisation : entre deux cafés
Re: Interview du Diable par Swann
J'ai lu avec plaisir - et préféré les passages narratifs au dialogue en lui-même. Je reste un peu sur ma faim quand même !
Z.
Z.
Zlatko- MacadAccro
- Messages : 1621
Date d'inscription : 30/08/2009
Age : 33
Localisation : Centre
Re: Interview du Diable par Swann
Swann, j'ai bien aimé ton XVIIème sous-sol et ton enfer revisité
Dam, elle too !
Dam, elle too !
Re: Interview du Diable par Swann
J'ai préféré, de beaucoup, ton entretien avec Dieu mais je n'ai cependant pas boudé mon plaisir à la lecture de celui-ci.
Nilo, à Dieu et à Diable.
Nilo, à Dieu et à Diable.
_________________
... Tu lui diras que je m'en fiche. Que je m'en fiche. - Léo Ferré, "La vie d'artiste"
Re: Interview du Diable par Swann
Oh putain, j'ai un collègue intervieweur de personnalités improbables et j'étais même pas passé le saluer. Je suis à chier.
Je te demande pardon Swann, même si c'est pas vraiment le bon sujet pour une absolution...
Dédé.
Je te demande pardon Swann, même si c'est pas vraiment le bon sujet pour une absolution...
Dédé.
_________________
Ciao les gonzesses, c'était Dédé.
Dédé- MacaDédé
- Messages : 1885
Date d'inscription : 04/09/2009
Re: Interview du Diable par Swann
Eh bien merci Dédé pour ce 'up' (vu le retard accumulé, faut bien que quelqu'un m'aide à trouver les perles sans que j'aie à trop me fatiguer...)
J'ai adoré, le récit, l'interview, l'humour. Bien vu, jusqu'au bout. On priera pour le roumain... :p
M'en vais visiter l'itw de Dieu alors... ^^
Sasvata, aux anges.
J'ai adoré, le récit, l'interview, l'humour. Bien vu, jusqu'au bout. On priera pour le roumain... :p
M'en vais visiter l'itw de Dieu alors... ^^
Sasvata, aux anges.
sasvata- MacadMalade
- Messages : 495
Date d'inscription : 31/08/2009
Re: Interview du Diable par Swann
Je trouve que tu t'en sors bien face à ce Méphisto.
Est il maintenant dans ta liste d'ami?
Est il maintenant dans ta liste d'ami?
Re: Interview du Diable par Swann
Lu, relu, élu, réélu... et ce n'est que le début ! Quel plaisir !
NB : Nicholson et Céline Dion parfaitement placés.
Brueghel aussi à vrai dire, mais à mon gout, nettement moins jouissif.
NB : Nicholson et Céline Dion parfaitement placés.
Brueghel aussi à vrai dire, mais à mon gout, nettement moins jouissif.
FPSILONAM- MacaDeb
- Messages : 14
Date d'inscription : 04/07/2011
Age : 33
Localisation : PARIS
Re: Interview du Diable par Swann
Merci aux lecteurs. J'ai pris mon pied à écrire ce genre de texte même si ce n'est pas de la haute littérature...
Swann, Thank you Satan
Swann, Thank you Satan
Swann- MacadAccro
- Messages : 1023
Date d'inscription : 31/08/2009
Age : 72
Localisation : entre deux cafés
Re: Interview du Diable par Swann
Si seulement d'autres lecteurs voulaient bien s'intéresser à ces textes qui, sans être de la littérature, sont suffisamment bien écrits et impertinents pour attirer l'attention.
Mais c'est sans doute trop demander.
Nilo, à Dieu et à Diable.
Mais c'est sans doute trop demander.
Nilo, à Dieu et à Diable.
_________________
... Tu lui diras que je m'en fiche. Que je m'en fiche. - Léo Ferré, "La vie d'artiste"
Re: Interview du Diable par Swann
J'ai fait le vœu de mettre mon aumône dans la sébile de tous les mendiants que je trouverai sous toutes les portes cochères qui mènent au Petit Etablissement de Crédit que je viens d'ouvrir au profit de ceux qu'en ont pas besoin. En particulier à la Neuvième liste que j'vous ai filée.
Juste histoire de pas avoir bossé pour rien à les chercher pasque si j'compte que sur vous j'crains qu'y en ait qu'entendent pas le son de votre obole tombant dans leur coupelle.
Charité bien ordonnée...
Dédé.
Juste histoire de pas avoir bossé pour rien à les chercher pasque si j'compte que sur vous j'crains qu'y en ait qu'entendent pas le son de votre obole tombant dans leur coupelle.
Charité bien ordonnée...
Dédé.
_________________
Ciao les gonzesses, c'était Dédé.
Dédé- MacaDédé
- Messages : 1885
Date d'inscription : 04/09/2009
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