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France.Premier voyage au Sénégal.Mars 1974 Marc Trems al Mars 74. 11° à 19° Bon °
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France.Premier voyage au Sénégal.Mars 1974 Marc Trems al Mars 74. 11° à 19° Bon °
Comme Icare,
Je suis attiré par le soleil…Africain.
Une neige qui fond.
Début mars 1974.
Je suis attiré par le soleil…Africain.
Une neige qui fond.
Début mars 1974.
L’hiver fut froid et très pluvieux. C’est l’époque que j’avais choisie à Paris, pour aller dans une agence de voyage, prendre deux billets pour moi et mon épouse Mathilde, vers une destination ensoleillée en Afrique Noire et à un tarif raisonnable. La raison de ce voyage, devait être une réflexion sur notre situation familiale, sur notre couple traversant une crise sérieuse. Mathilde venait de passer deux années difficiles et m’avait enfin appris « ce » qui la rongeait depuis presque deux ans…
Ma sœur Geneviève eut la gentillesse d’accepter de garder nos deux enfants à Suresnes, pendant ce voyage au Sénégal, prévu pour une semaine.
…Mathilde n’était plus la même à la suite d’un premier séjour à la neige, l’année précédente…Mélancolique, triste, elle pourtant si active était souvent désoeuvrée. Devant cet état, je l’avais décidé à ce qu’elle reparte à la neige, avec les enfants, l’année suivante. Faisant suite à ce deuxième séjour, elle était revenue dans le même état. Après plusieurs jours, Mathilde se libéra enfin, en me disant un soir, assez tard, qu’elle avait connu un moniteur de ski, en 1973…et aussi brutalement, qu’elle pensait ne plus nous aimés et qu’elle envisageait alors de nous quitter…
Je songeais que si je n’avais pas eu de l’intuition, combien de temps , Mathilde aurait gardé son secret? Etant invité un soir chez mon amie Marcelle Oury, j’avais essayé de joindre la maison, et notre téléphone était toujours occupé…J’avoue que, pour la première fois, l’idée que mon épouse me cachait peut être un fait important,me traversa l'esprit.. En rentrant, je trouvais Mathilde au lit, un livre à la main, et souriante. Pour la première fois, j’étais angoissé, dans le doute…J’attendis quelques minutes et lui posais cette question.
--Mathilde, je t’ai appelé plusieurs fois ce soir, tu étais en ligne ? Tu appelais tes parents ?
Ty restait silencieuse… Et puis, j’insistais en lui disant :
--Mathilde, si il y a quelque chose, il faut que tu me parles, cela te fera du bien…
Et avec de gros sanglots, Ty se décida enfin et me raconta son aventure, son interminable et secrète histoire d’amour. J’avoue que le choc fut brutal et ma nuit sans sommeil. A la suite de cette révélation, j’étais vraiment désemparé. Mon souci majeur était de préserver les enfants âgés de onze et huit ans et tout d’abord, de tenter de raisonner ma femme. Nous avions douze ans de mariage et une belle histoire d’amour derrière nous.
L’idée de partir l'emmener faire le point au soleil, en Afrique, me vint en contraste avec la neige, que je n’avais pratiquement jamais connue. Etant natifs de Tunisie tous les deux, nous avions avec les enfants, passé plus de dix ans en vacances chez ses parents. À cette époque du mois de Mars 1974, j’avais beaucoup de travail dans mon studio de graphiste publicitaire. Depuis quelques années, j’avais avec moi, Monsieur François excellent dessinateur et devenu un fidèle ami. Au fil du temps, ma clientèle s’était très spécialisée. Nous ne manquions pas de boulot et le fait que je doive m’absenter même une semaine, malgré tout, paniquait mon assistant ! Nous avions beaucoup parler Mathilde et moi et elle avait enfin accepté ce voyage, dans la mesure, où elle était repartie un mois en février, toujours à la neige, « réfléchir » avec son ami…L’accompagnant au train, j’avais le coeur serré.Pendant ces semaines interminables, je gardais les enfants avec mon frère Hubert,le dernier des onze enfants, dans notre appartement de Suresnes, au Donjon, sorte de tour carrée de cinq étages. Construite en 1929 avec des parpaings des fortifications, du mont Valérien, qui servaient de remparts aux Versaillais.
Mon atelier de publicitaire, était au rez–de-chaussée. Il comprenait un labo photo très bien équipé et deux grandes pièces, pour ranger nos tables à dessin, nos meubles d’archives, etc. De cette tour, très originale, le panorama était unique, puisque l’on découvrait à quelques kilomètres à vol d’oiseau, la Tour Eiffel, les Invalides, le Panthéon, Montmartre, et les premières tours de la défense. À l’agence de voyage la plus proche, où j’avais pris nos deux billets pour un séjour ensoleillé au Domaine de Nianing, au Sénégal, on m’avait indiqué qu’à cette saison, il risquait d’y avoir un peu de vent de sable, qu’il n’y avait pas de piscine et presque pas d’activités sportives. La Nature, par contre y était souveraine. Le but de ce premier voyage en tête à tête, était de nous reposer, de parler à nouveau, de s’écouter, de trouver la solution à cette crise et bien sûr de découvrir aussi ce pays, d’Afrique de l’Ouest.
Comme je vous le disais, nous confions les enfants, pour la première fois, à ma sœur Geneviève, installée à Suresnes pour la circonstance. Ils n’avaient apparemment pas souffert de la situation, et ils étaient heureux de nous voir partir ensemble, vers cette terre inconnue. Les préparatifs aller bon train et après avoir mis au point le plan de travail de Monsieur François, acheter des pellicules photos, le jour du départ arriva. Les longs courriers partaient à cette époque d’Orly, sans escale, cinq heures de vol. La dernière visite que je fis, fut chez ma grande amie, Marcelle Oury, la mère du regretté et talentueux Gérard Oury, avec laquelle depuis plusieurs années, je réalisais à partir de documents originaux, de grands livres, retraçant toute l’œuvre de son fils. Je m’étais confié à Marcelle et elle m’avait encouragé à ce que cette idée de voyage prenne forme. Ses souvenirs qui me reviennent aujourd’hui, sont très forts et présents. Il m’arrivait souvent de voir Gérard, sa fille Danielle, et Michèle Morgan, venir embrasser « leur chère Marcelle ». Gérard aimait regarder notre travail si minutieux qui le concernait au premier chef…
J’appelais mes chers parents, non habitués à me voir partir si loin et Ty (diminutif de Mathilde), fit de même avec ses parents à Tunis. Mon grand ami, Jean-Claude Eger, fut dans la confidence, ainsi que quelques clients à qui je confiais un « besoin de vacances au soleil ». Dans notre entourage, seul mon frère Bernard était un peu au courant de « notre histoire » ainsi que ma sœur Geneviève. Je tenais à ce que personne d’autre ne le soit. Mathilde de retour de la neige et à l’approche du voyage, pendant quelques jours sembla donner des signes d’hésitation, d’inquiétude, puis arriva enfin le jour de notre départ. Nous n’avions pas pris l’avion depuis des années, puisque nos vacances d’été en Tunisie se faisaient en bateau, au départ de Marseille, en voiture avec remorque et en famille. Je vous parlerai de notre Tunisie, plus tard. L’enregistrement et le décollage de ce Boeing se passèrent dans les meilleures conditions. La perspective de découvrir le continent noir devait être pour moi un des moyens de distraire Mathilde de ses tourments amoureux. Certes, il y aurait surtout le soleil, les bains de mer, qu’elle avait toujours beaucoup aimés dans sa jeunesse. Ty me semblait rêveuse, ailleurs… Quant à moi, m’étant assis côté hublot tout près d’elle, j’ouvrais le guide sur le Sénégal. Après lui avoir demandé d’essayer de se concentrer sur notre voyage, je commençais à lui lire des passages de cet ouvrage, de la région de « la petite côte » où nous nous rendions.
Je savais que le moment viendrait, plus tard, où nous devrions aborder ce qui était notre important facteur de discorde, sa décision de changer de vie, de nous quitter…
L’arrivée de nuit se fit à l’aéroport de Dakar-yof. Avant l’atterrissage, on avait remarqué que seule la ville Dakar se détachait par ses éclairages. Tout était dans le noir autour. En descendant l’échelle, l’on sentit tout de suite, une forte tiédeur. Très vite, rendus à pied au contrôle douanier et à la réception des bagages, on essayait de ne passe se perdre de vue. Le brouhaha nous parut énorme, avec une foule de porteurs et de curieux, tous très agités. Pour nous, et les quelques touristes qui débarquaient sur cette terre Africaine, nous faisait l’effet, que l’on pouvait se sentir sur une autre planète. Pas mal d’attente encore et ce fut le départ. Le bus qui nous transportait appartenait à Sénégal Tours, réceptif du voyagiste Jet Tours à Dakar. Il était environ vingt heures et le Domaine de Nianing se trouvait à une centaine de kilomètres.
Le trajet se déroula avec quelques moments surprenants, lorsqu’un troupeau de chèvres déboula sur la route, ou qu’une voiture à cheval et son cocher, certainement endormit, voulut traverser devant le car ! Vraiment le chauffeur était adroit. Mathilde s’était assoupie sur mon épaule et elle se réveilla à notre arrivée. Nous étions une trentaine de vacanciers et je dois dire, que découvrir de nuit notre lieu de vacances, en plus très peu éclairé, cela fait un drôle d’effet, malgré un excellent accueil.
Après le verre de rafraîchissement servi sous une impressionnante paillote, un message de bienvenue de l’équipe du Domaine, la remise de nos clefs, les gardiens nous guidèrent vers nos « cases ». Dans la pénombre, j’aperçus un vaste chantier qui devait concerner la future piscine…Notre habitation, je vous rassure, construite en dur, se trouvait dans le parc et nous parut très convenable. Nous étions arrivés ! La case comprenait une grande pièce avec deux lits et une partie sanitaire un peu petite avec douche. Il y avait deux placards, deux chaises et un petit bureau avec un vase et deux hibiscus. Une pluie très fine nous surpris, rare à cette saison, et comme nous l’avions décidé depuis un certain temps, chacun choisit son lit et après un petit « bonne nuit », on ne tarda pas à s’endormir.
Mathilde dormait à poing fermé lorsque je me levais selon mon habitude très tôt. Il me tardait de voir le Domaine de jour, d’aller vers la plage, et de prendre un bon petit-déjeuner. Vers sept heures du matin ce qui me frappa en ouvrant ma porte, ce fût comme en bruit de fond, des cris et chants d’oiseaux, au cœur d’une véritable forêt. La pluie fine de la veille avait dépoussiéré la végétation. J’appris qu’on l’appelait « la pluie des mangues ». Il me sembla que j’étais seul à me promener, à observer tous ces arbres, ces bougainvilliers de toutes couleurs…Arrivé à l’entrée, je devais constater qu’en fait, la route principale goudronnée coupait le Domaine en deux parties, et que la plage, devait se trouver à deux cents mètres de la grande paillote restaurant où des odeurs de croissants et de pains grillés arrivaient jusqu'à moi, mais j’avais décidé d’aller au bord de l’océan, de marcher sur le sable. Déjà je croisais du personnel qui venait au travail, souvent à pied, avec le sourire, et des bonjours généreux. Je fus attiré par le « parfum » bien connu qui se dégage des centres équestres et m'en approchant, je pus voir trois chevaux qui étaient sellés. Je fis la connaissance de Daouda, le responsable, qui, pressentant mon désir de monter à cheval, me conseilla de m’inscrire à la réception pour une balade.
Il y avait quelques chevaux, des entiers, d’environ un mètre cinquante au garrot et en bonne santé. J’empruntais la grande allée de latérite (terre rouge ferrugineuse) et au loin je découvris, tout argenté, l’océan Atlantique !
J’étais en survêtement et et je me mis à courir vers cette immensité aquatique. Au passage, j’aperçus deux tennis sans grillage, pratiquement aucune construction, mais des arbres, des arbres. La grande plage enfin était devant moi et sur la droite des pêcheurs à la senne et leur pirogue. Sur le sable, algues et coquillages de partout. Pieds nus, la fraîcheur de l’eau me surprit, son apparence trouble aussi. Au large une coque bleue au mouillage. Dans le ciel bleu, des sternes tournoyaient autour des filets de pêche.
Ce que je découvrais, c’était l’immensité de l’océan devant moi et les grandes pirogues aux vives couleurs, qui naviguaient au loin et à perte de vue. La blancheur du sable de la longue plage qui devait faire plus de deux kilomètres était frappante. Celle-ci, sur la gauche, était en partie bordée d’une jeune forêt, sorte de pins. J’apprendrais par la suite que c’était des Filaos, arbres originaires d’Australie, des arbres à croissance rapide. Sur la droite, pas de végétation, au loin quelques habitations et beaucoup de monde. Je m’approchais pour voir ces pêcheurs qui tiraient leurs filets alors qu'ils étaient encore loin du bord. Je fis la connaissance du patron pécheur et de Cheikh Ba, responsable de la plage. J’appris que la « senne », sorte de grand filet pour la pêche, était très répandue sur cette petite côte. Se pratiquant deux à trois fois par jour, avec une pirogue à rames équipée de trois à quatre hommes, qui avaient pour mission de laisser filer un très long cordage avec les filets, et revenir au bord après avoir fait une large boucle. Ensuite, hommes, femmes, enfants, vacanciers, tiraient les deux cotés, pendant une bonne heure. Tout cela est tellement présent et lointain, que je ne peux vous dire combien de dizaines de fois, j’ai fait ces gestes avec eux…
Le temps passait et le résultat de la pêche, deux cajeots avec quelques dorades, des sardines, des sèches et autres espèces inconnues pour moi, fut décevant. Les enfants, déjà là, ramassaient les tout petits poissons, sortes de sardines, dans des gamelles. J’étais en forme, heureux d’être là… avec un petit creux à l’estomac. Cheikh Ba me fit une forte impression, et il se joint à moi pour faire un bout de chemin, en me proposant une sortie en mer, pour une palangrotte. ( pêche à la ligne de fond)…
La journée s’annonçait très belle et j’étais avide d’apprendre, de découvrir ce pays, ce peuple. Nous avions rendez-vous à dix heures pour le pot d’accueil. Mathilde s’était déjà douchée, et elle m’attendait devant la case, un brin de bougainvilliers mauve à la main. Elle avait mis un ensemble coloré et me rappela de prendre l’appareil de photos. Nous avions une faim de loup et nous logions assez près du restaurant. Très vite installés, deux serveurs nous proposaient thé, café, croissants, pains grillés etc. De notre table, j’observais la grande paillote, aux nappages colorés. Elle semblait s’apparenter à une coque de vaisseau renversée. L’infrastructure avait été construite avec des tubes d’acier assemblés, genre échafaudage, très bien conçue et décorée avec des fibres de palmiers roniers, pour cacher le fer. Les piliers étaient en bois rouge. Petit-déjeuner copieux et très bon, avec à nos cotés, quelques touristes.
Nous sympathisions avec les serveurs Grégoire et son frère Jean-Pierre, qui nous firent savoir qu’ils étaient de M’Bodienne, village catholique à une dizaine de kilomètres, avant Joal et Fadiouth, lieu de naissance de Léopold Sédar Senghor, le Président du Sénégal.
Le dépaysement était certain, par rapport à l’hiver glacial en France. Cette première journée s’annonçait bien remplie, mais je pensais sans cesse à notre histoire, et je vivais celle-ci assez mal. Comment cela nous était-il arrivé ? Un vrai coup de foudre réciproque, connus très jeunes, follement aimé et nous avons traversé les périodes difficiles de la guerre d’Algérie où absent plus de trois ans, appelé sous les drapeaux, nous avions souffert chacun de la séparation, en tenant bon. Ensuite ce fut, notre mariage dans les Vosges, à Nompatelize, dans la grange de nos ancêtres et l’épopée parisienne et notre désir partagé d’avoir au moins, deux enfants, de réussir dans un métier libéral difficile, enfin d’être heureux…
J’avais fait mieux installer les deux lits dans notre case par le chef des chambres qui s’appelait Ada. Les touristes étaient tous autour du trou de la piscine, vraiment pas content, en attendant le verre d’accueil. Le responsable Jet Tours était un blanc dont le nom m’échappe aujourd’hui. Il était à sa case et j’allais le voir pour un renseignement. J’avais remarqué sa tenue, genre saharien et il me dit :
--On va se voir tout à l’heure…
La réception était assez fade d’aspect. Je me renseignais pour le téléphone, et sur le temps que mettais le courrier. Plus on avançait dans la journée, plus il y avait de cris d’oiseaux. Dans ce coin du parc, l’entrée, la forêt était plus dense. Il me tardait de découvrir ce Domaine, dont on m’avait dit à Paris, que c’était une merveille de la nature.
Mathilde arriva, elle avait repris un café. Dès que je me retrouvais près d’elle, par son attitude, son visage souriant ou pas, son regard, j’attendais à ce qu’elle me parle de nous. Mais comment ? Évidemment que ces importants moments allaient arriver, et je voulais me préparer à cela, calmement, peut être les provoquer… Ty me dit qu’elle trouvait bien le Domaine, qu’elle s’était faite une amie, Jacqueline, responsable de la lingerie. L’heure du pot d’accueil était arrivé. Les nouveaux vacanciers, dont nous deux, avions étions réunis sous les grands arbres par le responsable de Jet Tours, un Français et par un Sénégalais chargé des excursions, afin de nous souhaiter la bienvenue au Domaine…Et sans exagérer autour de nous des centaines d’oiseaux dont les noms nous deviendront familiers plus tard.
Un court exposé nous parlant du Domaine, du Sénégal, nous appris un historique succin, et que le propriétaire Apo, était plus souvent à Dakar qu’au Domaine, ses affaires diverses en étaient la raison. Je feuilletais le guide et tout en écoutant, je commençais à faire des photos, surtout des diapositives qui à cette époque étaient encore très utilisées. Le guide nous fit un tableau rapide des quelques excursions et sans hésiter, notre choix se porta, sur le Dakar Gorée, Joal et Fadiouth et peut être, les îles du Saloum.
Cette première journée se passa à la plage, Ty, semblait plus détendue et la température de l’eau avoisinait les 19 degrés, voir plus. De retour au parc que nous voulions vraiment découvrir, il nous restait une heure avant le déjeuner.
L’allée principale devait faire plus de deux cents mètres, et à son début, prés de l’entrée principale, d’imposants arbres, très anciens, dominaient tous les autres. Ma soif, d’apprendre, me poussa à aller saluer un homme qui venait vers nous. Vraiment le destin m’était favorable, cet homme, Monsieur N’Diaye était le jardinier en chef ! Très grand, maigre, le visage buriné, une barbiche grise et surtout une disponibilité naturelle. Nous parlerons souvent de lui au fil de mon récit, mais ce jour-là, j’appris quantité de choses sur la flore si riche ici, aussi les noms de quelques oiseaux…Tisserins, Cordon rouge, Tourterelle maillée…Je ne veux pas tarde à vous citer le nom de ces grands arbres, sorte d’acajou, que l’on appelle des Caîcédras. D’après N’Diaye, ils avaient été plantés dans les années trente…Je prenais des notes, et c’est avec lui, que dans l’après-midi, nous décidions de faire un très grand tour. Le repas fut excellent, grand buffet varié, et deux plats chauds au choix. Du vin rouge à discrétion, seule l’eau minérale était en plus. Nous devions être à peu prés quatre-vingt personnes plus le personnel, pour la plus-part du village de Nianing.
Me souvenir de quelques noms ? Plus de trente ans sont passés ! Mais il me revient, Edouard, Samba, Touti, Mame, Cheikh Gueye, le vieux Thiam, Samba, papa Niang…Après le café servi au bar, Ty, alla se reposer dans la case. Je la trouvais très en beauté sous le ciel Africain. Nous avions eu l’occasion à la plage d’aborder notre gros souci. La seule chose que je lui demandais, c’était de ne point écrire à « son ami » durant notre séjour et elle accepta.
De jour, près de la paillote restaurant, l’immense trou prévu pour la piscine était choquant. Du bar, où je dégustais un café glacé, j’imaginais à la place, un grand rectangle tout bleu. En attendant Mathilde j’essayais de prendre en photos, les oiseaux les plus nombreux dont j’avais appris le nom, les Tisserins. Couleurs jaune d’or et tons orangés, mâles et femelles cherchaient leur nourriture, buvaient dans les verres, le « Nianing» sans alcool, sorte de jus de fruit à base d’orange et de grenadine. C’était un ballet aérien vers les cimes des grands eucalyptus et des acajous, où l’on apercevait des centaines de nids parfaitement construits, tissés avec grand soin.
Avec Ty qui m’avait rejoint, il fallait faire le programme de la semaine, et la première excursion choisie fut la journée à Dakar. Nous avions rendez-vous avec N’Diaye à la épinière, qui se trouvait du côté de la deuxième grande allée.
En ce mois de Mars, époque de notre séjour, et surtout grâce à un arrosage certainement, (très coûteux), il y avait des bougainvilliers partout et des centaines de boutures. Par contre le feuillage des arbres semblait souffrir. La saison des pluies au Sénégal, ne commence qu’ en juillet et se termine en septembre. Le chef jardinier nous montra les variétés de bougainvilliers, d’hibiscus, d’orgueil de chine, de pervenches de Madagascar etc, savamment placé dans des demis - bouteilles de plastiques ou dans des petits sacs. Mon Asahi Pentax mitrailla encore et encore ! C’est en arrivant vers ce que l’on appelle ici un marigot, asséché, que je demandais à N’Diaye, s’il y avait dans le parc des animaux ? Il me répondit, oui, oui, des singes…On découvrit une grande excavation, à cette saison assez sèche, et une végétation peu dense.
Au loin une étendue de terre, sorte de savane. N’Diaye me dit qu’il y avait un forage plus loin, à la limite de la propriété, côté route. J’appris ce jour-là que la superficie totale du Domaine, faisait 130 hectares. La découverte des « primates » arriva, loin des cases d’habitations. Enfermés dans des petites cages, des singes verts et des babouins, s’afféraient en criant. Je trouvais ce lieu avec des animaux enfermés à l’étroit, un peu sordide. La balade se termina vers dix-huit heures et je remerciais notre nouvel ami de sa gentillesse. Avant de le quitter, je lui demandais si le propriétaire Apo viendrait dans la semaine. N’Diaye me dit, oui, peut être Jeudi. Le ciel s’était asssombri et la soirée annoncée comprenait un spectacle africain avant le dîner. Après être passés à la case se changer, nous allions nous installer pour le spectacle.
Ce fut là, ma première rencontre avec Wabili Camara et sa famille. Amis lecteurs, vous connaissez déjà ce personnage, je vous en ai parlé… J’aime tant à me souvenir des musiques lancinantes peuls, des violons riti, des flûtes et des tam-tams. Le talent de cet homme, sa force physique, l’ambiance qu’il pouvait créer avec ses pailles enflammées, et ses pouvoirs de féticheurs, est inoubliable. À la fin de sa danse, Wabili perchait sur une grande calebasse de bois, approchait des spectateurs, en les fixant avec ses grands yeux noirs, en chantant, pour les inciter à mettre quelques sous dans celle-ci, en plus de sa rémunération.
Un serveur nous présenta Monsieur Bernard et sa femme qui semblaient être des responsables...
Le dîner et la soirée furent des plus calmes et devant aller à Dakar le lendemain, après une promenade à la plage sous un magnifique ciel, nous rentrions nous coucher. Ty s’était endormie après une conversation relative à nous deux, mais auparavant me confia:
--Tu sais Marc, je suis consciente de tes efforts, de ta peine aussi, je ne te reproche rien, mais j’ai du mal à vivre pleinement ce beau voyage, mon cœur souvent est ailleurs…
En m’endormant je réalisais que depuis notre mariage en 1963, dans la grange des ancêtres, future demeure de mes parents à Nompatelize dans les Vosges, nous n’avions jamais eu l’idée de prendre ensemble, tous « les deux », même un petit week-end ! Je songeais que nous avions quand même été heureux, avec nos enfants, durant toutes ces années, travaillant d’ arrache pied et partageant nos vacances en Tunisie et dans les Vosges. Je trouverais le temps et l’opportunité de vous parler de mes parents, plus tard.
Réveil matinal, bon petit-déjeuner et nous partions vers Dakar à l’heure prévue. Nous faisions cette route pour la première fois. Mathilde était assise à côté du guide, j’avais pris place devant à côté du chauffeur. Au passage, le village de Nianing nous sembla quelque peu endormi. Nous étions une trentaine de personnes dans un car confortable. Notre guide qui devait être victime plus tard d’un accident, était très érudit. Il portait un collier de cauris, (petits coquillages) qui servaient de monnaies dans l’ancien temps, de porte bonheur, et plus récemment de décoration dans l’art statuaire. Celui-ci avait été porté par son père et lui servait de talisman.
La traversée de M’Bour, ville de pêcheurs et de commerçants, fut plus mouvementée. Automobiles, d’un âge certain, charrettes à cheval, mobylettes et des piétons partout ! Je remarquais que les maisons de style disparate, de type européen, n’étaient pas très belles. Assez peu, de vieilles maisons coloniales. De magnifiques Caîcédras, (espèces d’acajous) bordaient la route principale et devaient avoir le même âge que ceux du Domaine. Après la ville de M’Bour on passa devant une récente station touristique, Saly, puis le village de la Somone, et Rufisque, ancien comptoir Portugais du XV éme siècle, ville de commerce aux belles maisons en pierre. Toutes ces informations, nous étaient dites par le guide. Le chauffeur jouait avec son avertisseur en permanence ! Animaux en liberté, enfants désoeuvrés et des femmes sur le bord de la route qui vendaient leurs fruits, leurs légumes. Tout cela dans des embouteillages monstres. Enfin Dakar, la capitale, ville relativement moderne, la visite du célèbre marché Kermel, conçut par la société Eiffel.
Ensuite, on alla par la route de la corniche au marché Artisanale de Soumbédioune, prêt d’un port de pirogues et d’un chantier de construction. Bien rangés, des énormes tronc de Fromagers (Arbre tendre), dont les branches sculptées servent de quilles aux pirogues. Au marché, pleins de vêtements, de statuettes, de masques et malheureusement de l’Ivoire.
Il fallait ne pas manquer la chaloupe pour l’Ile de Gorée, située au large de Dakar. La visite de ce lieu de mémoire de l’esclavage, connut du monde entier, nous fit mieux connaître ce drame qui toucha toutes les côtes de l’Afrique. Le guide, très connu, Joseph N’Diaye, fut très convaincant. Les travaux récents des historiens, situent la traite occidentale et les départs massifs des esclaves, plus à partir du golfe de Guinée, l’ancien royaume du Dahomey, du Nigeria. ..Ils furent des millions d’hommes, de femmes, à être arrachés de leurs terres, transportés dans des conditions épouvantables, vers les Antilles, Haïti, les Amériques etc. Autour de l’unique Maison des Esclaves, sur cette ile minuscule, de très belles maisons coloniales, fleuries de bougainvilliers, de la propreté partout, peu de monde dans ce petit coin de terre entouré d’eau. Le guide nous fit déjeuner d’une assiette de riz au poisson et d’ un café. La chaloupe arrivait et l’on embarqua. La vue panoramique de l’océan et de Dakar était belle. Dans les eaux bleu vert, des dauphins escortaient le bateau. On passa au centre ville admirer l’Hôtel Teranga, et une très grande tour de belle architecture, les bureaux de la Banque d’Afrique de l’Ouest, ainsi que quelques vieux palais coloniaux. La route au retour fut moins encombrée. Une bonne journée s’écoulait, surtout la visite de l’Ile de Gorée, la découverte partout, d’une population très jeune, et à part ce qui me choqua, les varans et des petits crocodiles empaillés, ainsi que la vente de beaucoup d’objets en Ivoire au Marché artisanal.
Ma sœur Geneviève eut la gentillesse d’accepter de garder nos deux enfants à Suresnes, pendant ce voyage au Sénégal, prévu pour une semaine.
…Mathilde n’était plus la même à la suite d’un premier séjour à la neige, l’année précédente…Mélancolique, triste, elle pourtant si active était souvent désoeuvrée. Devant cet état, je l’avais décidé à ce qu’elle reparte à la neige, avec les enfants, l’année suivante. Faisant suite à ce deuxième séjour, elle était revenue dans le même état. Après plusieurs jours, Mathilde se libéra enfin, en me disant un soir, assez tard, qu’elle avait connu un moniteur de ski, en 1973…et aussi brutalement, qu’elle pensait ne plus nous aimés et qu’elle envisageait alors de nous quitter…
Je songeais que si je n’avais pas eu de l’intuition, combien de temps , Mathilde aurait gardé son secret? Etant invité un soir chez mon amie Marcelle Oury, j’avais essayé de joindre la maison, et notre téléphone était toujours occupé…J’avoue que, pour la première fois, l’idée que mon épouse me cachait peut être un fait important,me traversa l'esprit.. En rentrant, je trouvais Mathilde au lit, un livre à la main, et souriante. Pour la première fois, j’étais angoissé, dans le doute…J’attendis quelques minutes et lui posais cette question.
--Mathilde, je t’ai appelé plusieurs fois ce soir, tu étais en ligne ? Tu appelais tes parents ?
Ty restait silencieuse… Et puis, j’insistais en lui disant :
--Mathilde, si il y a quelque chose, il faut que tu me parles, cela te fera du bien…
Et avec de gros sanglots, Ty se décida enfin et me raconta son aventure, son interminable et secrète histoire d’amour. J’avoue que le choc fut brutal et ma nuit sans sommeil. A la suite de cette révélation, j’étais vraiment désemparé. Mon souci majeur était de préserver les enfants âgés de onze et huit ans et tout d’abord, de tenter de raisonner ma femme. Nous avions douze ans de mariage et une belle histoire d’amour derrière nous.
L’idée de partir l'emmener faire le point au soleil, en Afrique, me vint en contraste avec la neige, que je n’avais pratiquement jamais connue. Etant natifs de Tunisie tous les deux, nous avions avec les enfants, passé plus de dix ans en vacances chez ses parents. À cette époque du mois de Mars 1974, j’avais beaucoup de travail dans mon studio de graphiste publicitaire. Depuis quelques années, j’avais avec moi, Monsieur François excellent dessinateur et devenu un fidèle ami. Au fil du temps, ma clientèle s’était très spécialisée. Nous ne manquions pas de boulot et le fait que je doive m’absenter même une semaine, malgré tout, paniquait mon assistant ! Nous avions beaucoup parler Mathilde et moi et elle avait enfin accepté ce voyage, dans la mesure, où elle était repartie un mois en février, toujours à la neige, « réfléchir » avec son ami…L’accompagnant au train, j’avais le coeur serré.Pendant ces semaines interminables, je gardais les enfants avec mon frère Hubert,le dernier des onze enfants, dans notre appartement de Suresnes, au Donjon, sorte de tour carrée de cinq étages. Construite en 1929 avec des parpaings des fortifications, du mont Valérien, qui servaient de remparts aux Versaillais.
Mon atelier de publicitaire, était au rez–de-chaussée. Il comprenait un labo photo très bien équipé et deux grandes pièces, pour ranger nos tables à dessin, nos meubles d’archives, etc. De cette tour, très originale, le panorama était unique, puisque l’on découvrait à quelques kilomètres à vol d’oiseau, la Tour Eiffel, les Invalides, le Panthéon, Montmartre, et les premières tours de la défense. À l’agence de voyage la plus proche, où j’avais pris nos deux billets pour un séjour ensoleillé au Domaine de Nianing, au Sénégal, on m’avait indiqué qu’à cette saison, il risquait d’y avoir un peu de vent de sable, qu’il n’y avait pas de piscine et presque pas d’activités sportives. La Nature, par contre y était souveraine. Le but de ce premier voyage en tête à tête, était de nous reposer, de parler à nouveau, de s’écouter, de trouver la solution à cette crise et bien sûr de découvrir aussi ce pays, d’Afrique de l’Ouest.
Comme je vous le disais, nous confions les enfants, pour la première fois, à ma sœur Geneviève, installée à Suresnes pour la circonstance. Ils n’avaient apparemment pas souffert de la situation, et ils étaient heureux de nous voir partir ensemble, vers cette terre inconnue. Les préparatifs aller bon train et après avoir mis au point le plan de travail de Monsieur François, acheter des pellicules photos, le jour du départ arriva. Les longs courriers partaient à cette époque d’Orly, sans escale, cinq heures de vol. La dernière visite que je fis, fut chez ma grande amie, Marcelle Oury, la mère du regretté et talentueux Gérard Oury, avec laquelle depuis plusieurs années, je réalisais à partir de documents originaux, de grands livres, retraçant toute l’œuvre de son fils. Je m’étais confié à Marcelle et elle m’avait encouragé à ce que cette idée de voyage prenne forme. Ses souvenirs qui me reviennent aujourd’hui, sont très forts et présents. Il m’arrivait souvent de voir Gérard, sa fille Danielle, et Michèle Morgan, venir embrasser « leur chère Marcelle ». Gérard aimait regarder notre travail si minutieux qui le concernait au premier chef…
J’appelais mes chers parents, non habitués à me voir partir si loin et Ty (diminutif de Mathilde), fit de même avec ses parents à Tunis. Mon grand ami, Jean-Claude Eger, fut dans la confidence, ainsi que quelques clients à qui je confiais un « besoin de vacances au soleil ». Dans notre entourage, seul mon frère Bernard était un peu au courant de « notre histoire » ainsi que ma sœur Geneviève. Je tenais à ce que personne d’autre ne le soit. Mathilde de retour de la neige et à l’approche du voyage, pendant quelques jours sembla donner des signes d’hésitation, d’inquiétude, puis arriva enfin le jour de notre départ. Nous n’avions pas pris l’avion depuis des années, puisque nos vacances d’été en Tunisie se faisaient en bateau, au départ de Marseille, en voiture avec remorque et en famille. Je vous parlerai de notre Tunisie, plus tard. L’enregistrement et le décollage de ce Boeing se passèrent dans les meilleures conditions. La perspective de découvrir le continent noir devait être pour moi un des moyens de distraire Mathilde de ses tourments amoureux. Certes, il y aurait surtout le soleil, les bains de mer, qu’elle avait toujours beaucoup aimés dans sa jeunesse. Ty me semblait rêveuse, ailleurs… Quant à moi, m’étant assis côté hublot tout près d’elle, j’ouvrais le guide sur le Sénégal. Après lui avoir demandé d’essayer de se concentrer sur notre voyage, je commençais à lui lire des passages de cet ouvrage, de la région de « la petite côte » où nous nous rendions.
*
Je savais que le moment viendrait, plus tard, où nous devrions aborder ce qui était notre important facteur de discorde, sa décision de changer de vie, de nous quitter…
L’arrivée de nuit se fit à l’aéroport de Dakar-yof. Avant l’atterrissage, on avait remarqué que seule la ville Dakar se détachait par ses éclairages. Tout était dans le noir autour. En descendant l’échelle, l’on sentit tout de suite, une forte tiédeur. Très vite, rendus à pied au contrôle douanier et à la réception des bagages, on essayait de ne passe se perdre de vue. Le brouhaha nous parut énorme, avec une foule de porteurs et de curieux, tous très agités. Pour nous, et les quelques touristes qui débarquaient sur cette terre Africaine, nous faisait l’effet, que l’on pouvait se sentir sur une autre planète. Pas mal d’attente encore et ce fut le départ. Le bus qui nous transportait appartenait à Sénégal Tours, réceptif du voyagiste Jet Tours à Dakar. Il était environ vingt heures et le Domaine de Nianing se trouvait à une centaine de kilomètres.
Le trajet se déroula avec quelques moments surprenants, lorsqu’un troupeau de chèvres déboula sur la route, ou qu’une voiture à cheval et son cocher, certainement endormit, voulut traverser devant le car ! Vraiment le chauffeur était adroit. Mathilde s’était assoupie sur mon épaule et elle se réveilla à notre arrivée. Nous étions une trentaine de vacanciers et je dois dire, que découvrir de nuit notre lieu de vacances, en plus très peu éclairé, cela fait un drôle d’effet, malgré un excellent accueil.
Après le verre de rafraîchissement servi sous une impressionnante paillote, un message de bienvenue de l’équipe du Domaine, la remise de nos clefs, les gardiens nous guidèrent vers nos « cases ». Dans la pénombre, j’aperçus un vaste chantier qui devait concerner la future piscine…Notre habitation, je vous rassure, construite en dur, se trouvait dans le parc et nous parut très convenable. Nous étions arrivés ! La case comprenait une grande pièce avec deux lits et une partie sanitaire un peu petite avec douche. Il y avait deux placards, deux chaises et un petit bureau avec un vase et deux hibiscus. Une pluie très fine nous surpris, rare à cette saison, et comme nous l’avions décidé depuis un certain temps, chacun choisit son lit et après un petit « bonne nuit », on ne tarda pas à s’endormir.
Mathilde dormait à poing fermé lorsque je me levais selon mon habitude très tôt. Il me tardait de voir le Domaine de jour, d’aller vers la plage, et de prendre un bon petit-déjeuner. Vers sept heures du matin ce qui me frappa en ouvrant ma porte, ce fût comme en bruit de fond, des cris et chants d’oiseaux, au cœur d’une véritable forêt. La pluie fine de la veille avait dépoussiéré la végétation. J’appris qu’on l’appelait « la pluie des mangues ». Il me sembla que j’étais seul à me promener, à observer tous ces arbres, ces bougainvilliers de toutes couleurs…Arrivé à l’entrée, je devais constater qu’en fait, la route principale goudronnée coupait le Domaine en deux parties, et que la plage, devait se trouver à deux cents mètres de la grande paillote restaurant où des odeurs de croissants et de pains grillés arrivaient jusqu'à moi, mais j’avais décidé d’aller au bord de l’océan, de marcher sur le sable. Déjà je croisais du personnel qui venait au travail, souvent à pied, avec le sourire, et des bonjours généreux. Je fus attiré par le « parfum » bien connu qui se dégage des centres équestres et m'en approchant, je pus voir trois chevaux qui étaient sellés. Je fis la connaissance de Daouda, le responsable, qui, pressentant mon désir de monter à cheval, me conseilla de m’inscrire à la réception pour une balade.
Il y avait quelques chevaux, des entiers, d’environ un mètre cinquante au garrot et en bonne santé. J’empruntais la grande allée de latérite (terre rouge ferrugineuse) et au loin je découvris, tout argenté, l’océan Atlantique !
J’étais en survêtement et et je me mis à courir vers cette immensité aquatique. Au passage, j’aperçus deux tennis sans grillage, pratiquement aucune construction, mais des arbres, des arbres. La grande plage enfin était devant moi et sur la droite des pêcheurs à la senne et leur pirogue. Sur le sable, algues et coquillages de partout. Pieds nus, la fraîcheur de l’eau me surprit, son apparence trouble aussi. Au large une coque bleue au mouillage. Dans le ciel bleu, des sternes tournoyaient autour des filets de pêche.
Ce que je découvrais, c’était l’immensité de l’océan devant moi et les grandes pirogues aux vives couleurs, qui naviguaient au loin et à perte de vue. La blancheur du sable de la longue plage qui devait faire plus de deux kilomètres était frappante. Celle-ci, sur la gauche, était en partie bordée d’une jeune forêt, sorte de pins. J’apprendrais par la suite que c’était des Filaos, arbres originaires d’Australie, des arbres à croissance rapide. Sur la droite, pas de végétation, au loin quelques habitations et beaucoup de monde. Je m’approchais pour voir ces pêcheurs qui tiraient leurs filets alors qu'ils étaient encore loin du bord. Je fis la connaissance du patron pécheur et de Cheikh Ba, responsable de la plage. J’appris que la « senne », sorte de grand filet pour la pêche, était très répandue sur cette petite côte. Se pratiquant deux à trois fois par jour, avec une pirogue à rames équipée de trois à quatre hommes, qui avaient pour mission de laisser filer un très long cordage avec les filets, et revenir au bord après avoir fait une large boucle. Ensuite, hommes, femmes, enfants, vacanciers, tiraient les deux cotés, pendant une bonne heure. Tout cela est tellement présent et lointain, que je ne peux vous dire combien de dizaines de fois, j’ai fait ces gestes avec eux…
Le temps passait et le résultat de la pêche, deux cajeots avec quelques dorades, des sardines, des sèches et autres espèces inconnues pour moi, fut décevant. Les enfants, déjà là, ramassaient les tout petits poissons, sortes de sardines, dans des gamelles. J’étais en forme, heureux d’être là… avec un petit creux à l’estomac. Cheikh Ba me fit une forte impression, et il se joint à moi pour faire un bout de chemin, en me proposant une sortie en mer, pour une palangrotte. ( pêche à la ligne de fond)…
La journée s’annonçait très belle et j’étais avide d’apprendre, de découvrir ce pays, ce peuple. Nous avions rendez-vous à dix heures pour le pot d’accueil. Mathilde s’était déjà douchée, et elle m’attendait devant la case, un brin de bougainvilliers mauve à la main. Elle avait mis un ensemble coloré et me rappela de prendre l’appareil de photos. Nous avions une faim de loup et nous logions assez près du restaurant. Très vite installés, deux serveurs nous proposaient thé, café, croissants, pains grillés etc. De notre table, j’observais la grande paillote, aux nappages colorés. Elle semblait s’apparenter à une coque de vaisseau renversée. L’infrastructure avait été construite avec des tubes d’acier assemblés, genre échafaudage, très bien conçue et décorée avec des fibres de palmiers roniers, pour cacher le fer. Les piliers étaient en bois rouge. Petit-déjeuner copieux et très bon, avec à nos cotés, quelques touristes.
Nous sympathisions avec les serveurs Grégoire et son frère Jean-Pierre, qui nous firent savoir qu’ils étaient de M’Bodienne, village catholique à une dizaine de kilomètres, avant Joal et Fadiouth, lieu de naissance de Léopold Sédar Senghor, le Président du Sénégal.
Le dépaysement était certain, par rapport à l’hiver glacial en France. Cette première journée s’annonçait bien remplie, mais je pensais sans cesse à notre histoire, et je vivais celle-ci assez mal. Comment cela nous était-il arrivé ? Un vrai coup de foudre réciproque, connus très jeunes, follement aimé et nous avons traversé les périodes difficiles de la guerre d’Algérie où absent plus de trois ans, appelé sous les drapeaux, nous avions souffert chacun de la séparation, en tenant bon. Ensuite ce fut, notre mariage dans les Vosges, à Nompatelize, dans la grange de nos ancêtres et l’épopée parisienne et notre désir partagé d’avoir au moins, deux enfants, de réussir dans un métier libéral difficile, enfin d’être heureux…
J’avais fait mieux installer les deux lits dans notre case par le chef des chambres qui s’appelait Ada. Les touristes étaient tous autour du trou de la piscine, vraiment pas content, en attendant le verre d’accueil. Le responsable Jet Tours était un blanc dont le nom m’échappe aujourd’hui. Il était à sa case et j’allais le voir pour un renseignement. J’avais remarqué sa tenue, genre saharien et il me dit :
--On va se voir tout à l’heure…
La réception était assez fade d’aspect. Je me renseignais pour le téléphone, et sur le temps que mettais le courrier. Plus on avançait dans la journée, plus il y avait de cris d’oiseaux. Dans ce coin du parc, l’entrée, la forêt était plus dense. Il me tardait de découvrir ce Domaine, dont on m’avait dit à Paris, que c’était une merveille de la nature.
Mathilde arriva, elle avait repris un café. Dès que je me retrouvais près d’elle, par son attitude, son visage souriant ou pas, son regard, j’attendais à ce qu’elle me parle de nous. Mais comment ? Évidemment que ces importants moments allaient arriver, et je voulais me préparer à cela, calmement, peut être les provoquer… Ty me dit qu’elle trouvait bien le Domaine, qu’elle s’était faite une amie, Jacqueline, responsable de la lingerie. L’heure du pot d’accueil était arrivé. Les nouveaux vacanciers, dont nous deux, avions étions réunis sous les grands arbres par le responsable de Jet Tours, un Français et par un Sénégalais chargé des excursions, afin de nous souhaiter la bienvenue au Domaine…Et sans exagérer autour de nous des centaines d’oiseaux dont les noms nous deviendront familiers plus tard.
Un court exposé nous parlant du Domaine, du Sénégal, nous appris un historique succin, et que le propriétaire Apo, était plus souvent à Dakar qu’au Domaine, ses affaires diverses en étaient la raison. Je feuilletais le guide et tout en écoutant, je commençais à faire des photos, surtout des diapositives qui à cette époque étaient encore très utilisées. Le guide nous fit un tableau rapide des quelques excursions et sans hésiter, notre choix se porta, sur le Dakar Gorée, Joal et Fadiouth et peut être, les îles du Saloum.
Cette première journée se passa à la plage, Ty, semblait plus détendue et la température de l’eau avoisinait les 19 degrés, voir plus. De retour au parc que nous voulions vraiment découvrir, il nous restait une heure avant le déjeuner.
L’allée principale devait faire plus de deux cents mètres, et à son début, prés de l’entrée principale, d’imposants arbres, très anciens, dominaient tous les autres. Ma soif, d’apprendre, me poussa à aller saluer un homme qui venait vers nous. Vraiment le destin m’était favorable, cet homme, Monsieur N’Diaye était le jardinier en chef ! Très grand, maigre, le visage buriné, une barbiche grise et surtout une disponibilité naturelle. Nous parlerons souvent de lui au fil de mon récit, mais ce jour-là, j’appris quantité de choses sur la flore si riche ici, aussi les noms de quelques oiseaux…Tisserins, Cordon rouge, Tourterelle maillée…Je ne veux pas tarde à vous citer le nom de ces grands arbres, sorte d’acajou, que l’on appelle des Caîcédras. D’après N’Diaye, ils avaient été plantés dans les années trente…Je prenais des notes, et c’est avec lui, que dans l’après-midi, nous décidions de faire un très grand tour. Le repas fut excellent, grand buffet varié, et deux plats chauds au choix. Du vin rouge à discrétion, seule l’eau minérale était en plus. Nous devions être à peu prés quatre-vingt personnes plus le personnel, pour la plus-part du village de Nianing.
Me souvenir de quelques noms ? Plus de trente ans sont passés ! Mais il me revient, Edouard, Samba, Touti, Mame, Cheikh Gueye, le vieux Thiam, Samba, papa Niang…Après le café servi au bar, Ty, alla se reposer dans la case. Je la trouvais très en beauté sous le ciel Africain. Nous avions eu l’occasion à la plage d’aborder notre gros souci. La seule chose que je lui demandais, c’était de ne point écrire à « son ami » durant notre séjour et elle accepta.
*
De jour, près de la paillote restaurant, l’immense trou prévu pour la piscine était choquant. Du bar, où je dégustais un café glacé, j’imaginais à la place, un grand rectangle tout bleu. En attendant Mathilde j’essayais de prendre en photos, les oiseaux les plus nombreux dont j’avais appris le nom, les Tisserins. Couleurs jaune d’or et tons orangés, mâles et femelles cherchaient leur nourriture, buvaient dans les verres, le « Nianing» sans alcool, sorte de jus de fruit à base d’orange et de grenadine. C’était un ballet aérien vers les cimes des grands eucalyptus et des acajous, où l’on apercevait des centaines de nids parfaitement construits, tissés avec grand soin.
Avec Ty qui m’avait rejoint, il fallait faire le programme de la semaine, et la première excursion choisie fut la journée à Dakar. Nous avions rendez-vous avec N’Diaye à la épinière, qui se trouvait du côté de la deuxième grande allée.
En ce mois de Mars, époque de notre séjour, et surtout grâce à un arrosage certainement, (très coûteux), il y avait des bougainvilliers partout et des centaines de boutures. Par contre le feuillage des arbres semblait souffrir. La saison des pluies au Sénégal, ne commence qu’ en juillet et se termine en septembre. Le chef jardinier nous montra les variétés de bougainvilliers, d’hibiscus, d’orgueil de chine, de pervenches de Madagascar etc, savamment placé dans des demis - bouteilles de plastiques ou dans des petits sacs. Mon Asahi Pentax mitrailla encore et encore ! C’est en arrivant vers ce que l’on appelle ici un marigot, asséché, que je demandais à N’Diaye, s’il y avait dans le parc des animaux ? Il me répondit, oui, oui, des singes…On découvrit une grande excavation, à cette saison assez sèche, et une végétation peu dense.
Au loin une étendue de terre, sorte de savane. N’Diaye me dit qu’il y avait un forage plus loin, à la limite de la propriété, côté route. J’appris ce jour-là que la superficie totale du Domaine, faisait 130 hectares. La découverte des « primates » arriva, loin des cases d’habitations. Enfermés dans des petites cages, des singes verts et des babouins, s’afféraient en criant. Je trouvais ce lieu avec des animaux enfermés à l’étroit, un peu sordide. La balade se termina vers dix-huit heures et je remerciais notre nouvel ami de sa gentillesse. Avant de le quitter, je lui demandais si le propriétaire Apo viendrait dans la semaine. N’Diaye me dit, oui, peut être Jeudi. Le ciel s’était asssombri et la soirée annoncée comprenait un spectacle africain avant le dîner. Après être passés à la case se changer, nous allions nous installer pour le spectacle.
Ce fut là, ma première rencontre avec Wabili Camara et sa famille. Amis lecteurs, vous connaissez déjà ce personnage, je vous en ai parlé… J’aime tant à me souvenir des musiques lancinantes peuls, des violons riti, des flûtes et des tam-tams. Le talent de cet homme, sa force physique, l’ambiance qu’il pouvait créer avec ses pailles enflammées, et ses pouvoirs de féticheurs, est inoubliable. À la fin de sa danse, Wabili perchait sur une grande calebasse de bois, approchait des spectateurs, en les fixant avec ses grands yeux noirs, en chantant, pour les inciter à mettre quelques sous dans celle-ci, en plus de sa rémunération.
Un serveur nous présenta Monsieur Bernard et sa femme qui semblaient être des responsables...
Le dîner et la soirée furent des plus calmes et devant aller à Dakar le lendemain, après une promenade à la plage sous un magnifique ciel, nous rentrions nous coucher. Ty s’était endormie après une conversation relative à nous deux, mais auparavant me confia:
--Tu sais Marc, je suis consciente de tes efforts, de ta peine aussi, je ne te reproche rien, mais j’ai du mal à vivre pleinement ce beau voyage, mon cœur souvent est ailleurs…
En m’endormant je réalisais que depuis notre mariage en 1963, dans la grange des ancêtres, future demeure de mes parents à Nompatelize dans les Vosges, nous n’avions jamais eu l’idée de prendre ensemble, tous « les deux », même un petit week-end ! Je songeais que nous avions quand même été heureux, avec nos enfants, durant toutes ces années, travaillant d’ arrache pied et partageant nos vacances en Tunisie et dans les Vosges. Je trouverais le temps et l’opportunité de vous parler de mes parents, plus tard.
*
Réveil matinal, bon petit-déjeuner et nous partions vers Dakar à l’heure prévue. Nous faisions cette route pour la première fois. Mathilde était assise à côté du guide, j’avais pris place devant à côté du chauffeur. Au passage, le village de Nianing nous sembla quelque peu endormi. Nous étions une trentaine de personnes dans un car confortable. Notre guide qui devait être victime plus tard d’un accident, était très érudit. Il portait un collier de cauris, (petits coquillages) qui servaient de monnaies dans l’ancien temps, de porte bonheur, et plus récemment de décoration dans l’art statuaire. Celui-ci avait été porté par son père et lui servait de talisman.
La traversée de M’Bour, ville de pêcheurs et de commerçants, fut plus mouvementée. Automobiles, d’un âge certain, charrettes à cheval, mobylettes et des piétons partout ! Je remarquais que les maisons de style disparate, de type européen, n’étaient pas très belles. Assez peu, de vieilles maisons coloniales. De magnifiques Caîcédras, (espèces d’acajous) bordaient la route principale et devaient avoir le même âge que ceux du Domaine. Après la ville de M’Bour on passa devant une récente station touristique, Saly, puis le village de la Somone, et Rufisque, ancien comptoir Portugais du XV éme siècle, ville de commerce aux belles maisons en pierre. Toutes ces informations, nous étaient dites par le guide. Le chauffeur jouait avec son avertisseur en permanence ! Animaux en liberté, enfants désoeuvrés et des femmes sur le bord de la route qui vendaient leurs fruits, leurs légumes. Tout cela dans des embouteillages monstres. Enfin Dakar, la capitale, ville relativement moderne, la visite du célèbre marché Kermel, conçut par la société Eiffel.
Ensuite, on alla par la route de la corniche au marché Artisanale de Soumbédioune, prêt d’un port de pirogues et d’un chantier de construction. Bien rangés, des énormes tronc de Fromagers (Arbre tendre), dont les branches sculptées servent de quilles aux pirogues. Au marché, pleins de vêtements, de statuettes, de masques et malheureusement de l’Ivoire.
Il fallait ne pas manquer la chaloupe pour l’Ile de Gorée, située au large de Dakar. La visite de ce lieu de mémoire de l’esclavage, connut du monde entier, nous fit mieux connaître ce drame qui toucha toutes les côtes de l’Afrique. Le guide, très connu, Joseph N’Diaye, fut très convaincant. Les travaux récents des historiens, situent la traite occidentale et les départs massifs des esclaves, plus à partir du golfe de Guinée, l’ancien royaume du Dahomey, du Nigeria. ..Ils furent des millions d’hommes, de femmes, à être arrachés de leurs terres, transportés dans des conditions épouvantables, vers les Antilles, Haïti, les Amériques etc. Autour de l’unique Maison des Esclaves, sur cette ile minuscule, de très belles maisons coloniales, fleuries de bougainvilliers, de la propreté partout, peu de monde dans ce petit coin de terre entouré d’eau. Le guide nous fit déjeuner d’une assiette de riz au poisson et d’ un café. La chaloupe arrivait et l’on embarqua. La vue panoramique de l’océan et de Dakar était belle. Dans les eaux bleu vert, des dauphins escortaient le bateau. On passa au centre ville admirer l’Hôtel Teranga, et une très grande tour de belle architecture, les bureaux de la Banque d’Afrique de l’Ouest, ainsi que quelques vieux palais coloniaux. La route au retour fut moins encombrée. Une bonne journée s’écoulait, surtout la visite de l’Ile de Gorée, la découverte partout, d’une population très jeune, et à part ce qui me choqua, les varans et des petits crocodiles empaillés, ainsi que la vente de beaucoup d’objets en Ivoire au Marché artisanal.
*
Dernière édition par tremsal le Mar 26 Juil - 10:42, édité 10 fois (Raison : Bon document)
tremsal- MacadAdo
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Date d'inscription : 12/08/2010
Re: France.Premier voyage au Sénégal.Mars 1974 Marc Trems al Mars 74. 11° à 19° Bon °
Tu as de quoi faire un très beau bouquin...
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Très sensible à ton message, je vais garder cette vitesse de croisière et n'hésite pas à me dire ton point de vue si tu veux,merci amitiés marc
tremsal- MacadAdo
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