Elle était une enfant avec des yeux de femme

Elle était une enfant avec des yeux de femme


La couleur de ses yeux est celle du partir
Et ses mots sont l'écho qui se cogne au silence
Des cris perdus en mer, malmenés par la houle,
Comme coque de noix que la marée dessoûle,
Un matin d'équinoxe aux allures d'absence,
Une lame de fond qu'un long ennui étire.

Elle file la nuit les aubes de ses jours
Qu'elle jette au matin, quand le rouet se vide,
Sur la lampe posée au chevet de son lit
Pour voiler le halo qui entoure sa vie
Depuis qu'un soir d'été l'amer et l'insipide
Lui ont donné le goût des allers sans retours.

Elle écoute la pluie tomber dans les rues tristes
Et pique dans les flaques où se posent ses pas
Les aiguilles vaudou de ses talons qui claquent
Courant après la vie et le temps qui la traque
Quand se voulant Charybde elle devient Scylla
Ajoutant quelques noms tout en haut de sa liste.

Elle était une enfant avec des yeux de femme,
Elle avait dans les mains du sable et puis des larmes.
Elle en a fait de l'or et des roses qui fanent.
Elle prend le métro en écoutant Dylan
Et fond dans l'athanor aux flammes de ses charmes
Ce qui reste d'envie quand sont passés les drames.


Nilo.

Toujours la mélodie bien cadencée sur tes textes sauf ici mais peut être y a t il une erreur?

"Elle avait dans les mains du sable et puis et des larmes." le ET avant les larmes n'est il pas en trop? ou alors c'est peut être un jeu de mots pour "épuiser"?

Mis à part ça, y a aucun doute que même sans aucune signature et en mettant le poème en plein milieu de n'importe quoi, je pourrais dire:

Ca c'est du Nilo ( sans aucune ironie bien sur ! )

Sylvie

Oups...
Merci Sylvie, d'abord de t'être arrêtée ici.
Ensuite pour cette coquille que tu as remarquée. C'est corrigé.

Nilo, sur la plage.

J'ai adoré le titre, alors en le lisant je m'attendais déjà à du Nilo comme tu sais nous en donner.
Mais en lisant la première strophe, ma passion est redescendu, je me suis demandée alors comment c'était possible.
J'ai continué quand même et ce que j'ai bien fais !
Ta deuxième strophe reprend les choses et en main et ta dernière ah... C'est ça que j'aime.
De jolies idées et de bien belles images, merci Nilo.

J'ai pensé à une ancienne prostituée à marins, mais je suis peut-être à coté de la plaque...
Toujours est-il que tu nous fait voir là une femme très belle, et attachante.
Et bien sur, c'est signé.
Bravo !

Messaline

Une superbe musique des mots.. j'adore. Bravo NILO.

J'y vois "juste" une femme ...

C'est du grand Nilo en tout cas, à mon sens.

Du sable avec des larmes...

Ce poème en a le goût subtil. J'apprécie.

Lalou a écrit:J'y vois "juste" une femme ...

Ça ne fait aucun doute pour moi. Je me suis juste permise de dire mon impression. Rien de plus.

Messaline.

Le titre m'avait bien attiré quand même, je m'y étais peut-être même un peu vue, passons.
Bien sûr les alexandrins restent beaux, il y a toujours cette même force à vous clouer au lit, la fièvre va bien avec la douzaine ancestrale.
Mais l'alexandrin, si le votre reste superbe, gagne à être renouvelé, et les classicismes du type réutilisation de la mythologie : " Quand se voulant Charybde elle devient Scylla " manquent cruellement d'originalité.
Le texte - et tous les autres qui utilisent le même procédé - est fort, mais il porte une triste banalité : il n'est qu'une création partielle.

Au plaisir,
Rinascità.

Merci de t'être arrêtée sur cette triste banalité.
Tu auras l'occasion ici d'apprendre à te méfier des apparences.

Nilo, créateur à temps partiel.

Je m'en méfie déjà, ainsi que des acquis.
Et je n'ai pas qualifié - et je n'y reviendrais pas - ton texte de "triste banalité" j'ai simplement suggéré ( et étant l'auteur, tu peux faire ce que tu veux de cette suggestion ! ) son manque d'originalité ( si ma formule était maladroite, je m'en excuse ) :
Ma critique était purement objective, ne la prends pas mal.

Rinascità.

Moi, à chacun des textes de Nilo, je salue son talent.
Et le remercie d'écrire comme je ne saurai jamais le faire

H.

Moi je me suis comme toujours laissé porter par les mots et ce qu'ils disent.
Et ils disent en profondeur des choses à fleur de peau.

Dam.

J'ai fait le vœu de mettre mon aumône dans la sébile de tous les mendiants que je trouverai sous toutes les portes cochères qui mènent au Petit Etablissement de Crédit que je viens d'ouvrir au profit de ceux qu'en ont pas besoin. En particulier à la Treizième liste que j'vous ai filée.
Juste histoire de pas avoir bossé pour rien à les chercher pasque si j'compte que sur vous j'crains qu'y en ait qu'entendent pas le son de votre obole tombant dans leur coupelle.
Charité bien ordonnée...

Dédé.