Emmêlements

La peur la douleur te ronge à rider tes joues
C'est soudain
Plus d'ivresse ni même d'envie aussi fragile soit elle
Défilent
Les images ou les cris
Tu marches sans savoir et tu pleures pour voir
Flou
Tu ne veux plus creuser tes cernes et tu t'en veux
encore
Des larmes égoïstes à cacher
Les corps nus et décharnés abandonnés au bord
Des routes
Ces murs fendus et brûlants où le soleil s'étale
Où tu t'es étalée en touriste un jour
Tu as donné un peu c'était beau et maintenant
Toi aussi nue et maigre tu ouvres ta chair
Tu fais couler le sang pour que les autres boivent
un peu de compassion
Tu es riche et dès lors
Tu en veux au hasard tu voudrais partir toi tu as mal et eux meurent
Malheureux
Tu en veux à l'humanité et puis
« Je ne sais plus »
Pour te tuer tu as tout essayé du moins les esthétiques
En apnée
Par les veines
Les cachets
Et la faim
Et toujours pour se faire ce livre à la main
Tu alternes souffrance amour fou et splendeur
Tu couches avec qui veut
Tu te coupes les cuisses au compas tu es jeune encore
Pas même vingt ans
Mais ta bouche à tout faire et tes mains lacérées
Te donneraient en plus des centaines d'années tu voudrais vivre
Et puis en même temps
Tu sais
Que la douleur est belle et fine et romantique tu te complais c'est vrai dans cette dialectique
Après tout
A quoi bon dire « le monde est beau »
Comme ces gens-là avec des yeux écarquillés
Qui regardent
Se retournent
Et disent « pourquoi mon ange est-ce mal de se faire du mal ? »
Ils ont des marques des bleus des entailles et des griffures sur les bras on devine que le reste de leur corps est pareil
on voudrait les aider tu l'as voulu aussi
Plus tard tu as compris

Et tu ouvres tes cuisses
Un soir pour le désir
La douleur pour l'autre
Tu te punis de jouir dans des flaques carmines

Mais tout est mis en scène alors que tu es seule
Des images tellement incohérentes
Des bijoux
Des bibelots
Quelques lames dans ta main
Rasoir ciseaux compas
Ça dépend de l'humeur
Dans l'autre des photos ce sont des photos d'elle que tu aimes à te tuer
et de ceux-là qui meurent chaque jour sans l'avoir demandé

Le monde est un cri sourd

Tu marches sans voir
Que tu as mal aussi
Tu es toute la culpabilité du monde rassemblée dans un corps désirable

La femme des artistes
L'amante des mafieux
La maman des gens tristes
Et la putain de Dieu

Tu cours en grelottant mais tu te fous de toi tu cultives une image et pourtant

Tu t'en fous

« Tous me veulent pour eux et moi je ne veux qu'elle »

Tu ne veux pour toi que ton amour et le bonheur pour les gens

Pour ce
tu es perverse tu es peut-être même la pire de toutes celle qui existent mais ce n'est plus pour toi tu as eu tellement mal
Tant d'amours impossibles
Tant de douleur environnante que tu as pris sur toi

Il faut te pardonner si tu joues
Si tu cries
Si tu fais mal à tous c'est pour sauver la Vie

Tu crois encore un peu
Mais tu te l'interdis

Tu te voudrais cynique pourtant tu l'aimes la Vie

Même si tout autour de toi elle s'épuise
Si tout expire autour
Quelques fois toi tu ris

Et tu te fait payer ces extases échappées

Mutisme inhabituel pour toi tu n'as rien dit de ces lettres écrites sur papier et sur peau
De ton corps éclaté

De tes mots d'amour du monde gravés sous tes dentelles


Rinascità

J'y reviendrai. Jugement emmêlé justement sur du bon, du moins bon, de la trouvaille, de la facilité aussi...
Retenu : "le monde est un cri sourd".


Z.

Lorsque j'ai lu ton poème,fort bien écrit et fort en émotions, j'ai vu ce que la vie peut engendrer quand une personne est au bord du gouffre, quand elle s'accroche pour essayer de croire encore

"Tu marches sans savoir et tu pleures pour voir
Flou "

Pour cette image, que je trouve superbe, il est vrai qu'il serait mieux parfois de ne pas voir, mais juste entrapercevoir

Un ensemble long à lire, certes mais poignant.

Sylvie