Des cartes

Texte effacé à la demande de l'auteur.

Nilo, administrateur.

C'est Rilke qui disait que le mal que l'on fait subir s'ajoute au mal que l'on subit.
Si l'on avait conscience de tout le mal qu'on fait consciemment ou inconsciemment on n'oserait plus respirer !
Chaque jour est une nouvelle naissance, tout comme chaque vie est une nouvelle vie. L'idée de la réincarnation nous rend fataliste, heureusement que nous ne pouvons pas contempler nos horreurs passées pour avoir le courage chaque jour de poser au moins une action juste.
Intéressant de dire en poésie l'angoisse que causerait la mémoire de nos vies antérieures.

Merci de ton commentaire, Carmen P. Je le trouve très intéressant. Ce que tu dis de la réincarnation : ça ne rend pas forcément fataliste ; si on y croit vraiment, on peut chercher à s'améliorer. Mais si on a une vie dure (matériellement) , on peut croire que c'est à cause de nos actions antérieures et cela peut rendre fataliste effectivement -du coup on pense qu'on n'a que ce qu'on mérite.
L'idée que "heureusement qu'on ne peut pas se rappeler toutes nos vilénies antérieures aussi, mais si cette réincarnation correspond à une réalité, je trouve qu'on n'a pas assez de cartes en main, bref, c'est un vilain tour. Pour le moment, je ne suis pas en très bons termes avec les "causes premières". J' ai aussi écrit des textes très violents sur le Dieu chrétien. Remarque, il s'en fiche
Et pour le dernier point, tu me confortes dans une idée forte : on peut tout dire en poésie. C'est pour ça que je continue.

Sur le fond:

C'est vrai que les regrets ont bien trop souvent leur place dans nos têtes au détriment de belles choses que nous avons pu faire !
La culpabilité est un grand mal, un grand fléau surtout quand elle a atteint le point de non retour.
J'ai presque envie de dire que la poésie est bien souvent du côté des angoisses, de la tristesse qui parlent à beaucoup, alors que le bonheur n'est pas aussi bien partagé comme si on le couvait et que les autres ne peuvent que le voir mais de loin.

Sur la forme:

Moi qui ne compte jamais rien, lorsque je lis un poème, je ne compte que sur le rythme qu'il me procure et dans celui si, j'ai rencontré quelques cassures que je n'appellerai pas "fausses notes" mais juste oui, une cassure comme là par exemple:

"Mais je revois en rêve la file d’attente,
Le long couloir sombre, les âmes angoissées.
Y aura t-il pour moi une place vacante ?
Il faut que je revienne pour me rattraper !"

J'aurais mis:

"Mais je revois en rêve cette file d'attente" qui ne casserait pas le rythme rencontré dans tout le poème
Mais ça ne change pas la qualité du texte.

Sylvie

Sylvie a écrit:Sur le fond:

Sur la forme:

Moi qui ne compte jamais rien, lorsque je lis un poème, je ne compte que sur le rythme qu'il me procure et dans celui si, j'ai rencontré quelques cassures que je n'appellerai pas "fausses notes" mais juste oui, une cassure comme là par exemple:

"Mais je revois en rêve la file d’attente,
Le long couloir sombre, les âmes angoissées.
Y aura t-il pour moi une place vacante ?
Il faut que je revienne pour me rattraper !"

J'aurais mis:

"Mais je revois en rêve cette file d'attente" qui ne casserait pas le rythme rencontré dans tout le poème
Mais ça ne change pas la qualité du texte.

Sylvie

Eh ! Bien oui, Sylvie, mais en comptant et recomptant sur mes doigts, je trouve 13 pieds et non 12 si je change "la" par "cette". Certains diraient que c'est une "faute". Pourtant, je te donnerais bien raison : parfois, c'est en étant trop fidèles aux règles de prosodie et de métrique qu'on "casse" cette musique intérieure. Cela me fait penser à ce que dit Roland Barthes dans un article : "le degré zéro de l'écriture" à propos de la versification classique qu'il voyait comme un carcan ayant deux fonctions :
1° Réserver la "poésie" à une élite bien policée.
2° Empêcher la parole du poète d'être une parole libre et individuelle, quitte à lui imposer des règles trop lourdes qui peuvent nuire aux mystères ce cette musique intérieure.

Mais, ce qui est merveilleux, c'est que les plus grands on su faire passer leur parole au travers de ce carcan !

Pourtant on continue aujourd'hui à apprécier et à pratiquer la poésie de facture classique,
et à mon avis c'est une bonne chose. Cela nous impose une discipline d'esprit, ce qui n'ôte pas leur valeur au vers libre et à la prose poétique.

Je ne me mêlerai pas à la querelle des anciens et des modernes.
Simplement j'ai moi aussi croisé ici quelques embuches rythmiques (à chaque fois que le septième pied tombe sur un de ces "e" qui nous causent tant de soucis...) qui ont ralenti ma lecture.
Mais c'est peu de chose, je l'ai reprise d'un bon pas.
Et sans regrets ni remords j'ai tiré tes tarots et suis arrivé à la fin.

Nilo, donneur d'excuse.

Très belle construction, même si le sujet est un peu effrayant pour le simple mortel que je suis.

A Nilo, pour les "e" muets :

Comme :

"Le long couloir sombre, les âmes angoissées."

ou :

"A vous moitié de cartes jetées sur le seuil" ?

le deuxième cas me pose plus de problème que le premier, car on dit le son "e" et ça me paraît lourdingue.

Par contre je suis moins génée dans le premier cas, car je ne suis pas obligée de scander lourdement sur le "e" en disant "euuuuu".

Babylon, bonne élève

béotien, j'ai accroché au même vers que Sylvie. Je ne sais pas il me manquait quelque chose à l'oreille par rapport au vers précédent. Bien que résidant à Carcans, je suis de toute manière plus empreint à m'en libérer
Sinon j'ai apprécié certaines formules qui font mouche
"Cette vie demandée qui en fait ne me laisse
Rien que la liberté de mes égarements." ça par exemple, j'aime beaucoup.

Effrayant, Io ? Pourquoi ? Penses-tu avoir commis d'innommables atrocités dans une vie antérieure ? Meuh non ! Je suis sure que tu as un bon karma, ça se voit rien qu'à ta façon d'écrire et d'intervenir. Toujours délicat, humble, discret, doux comme un agneau, intelligent et cultivé. Et non, c'est pas de la flatterie. Et en tout cas, si on a le droit de parole pour défendre les copains, je te défendrai (pour ce que ça vaut.)

vivant a écrit:béotien, j'ai accroché au même vers que Sylvie.

je crois que c'est parce que la langue évolue, à part dans le midi (et encore), on dit "rêv" en oubliant complètement le "e", on ne dit jamais "rêveu". Par contre on a plus tendance à prononcer le "e" muet dans "cette", sinon ça ferai "sept"..... "sept files d'attente" ? Tiens ce serait rigolo. Bon, je vais mettre "cette" et laisser tomber le "e" de "rêveu"