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portrait imaginaire d'une amie qui se reconnaîtra si elle passe un jour par ici (je sais c'est un peu long comme titre)
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Macadam :: MacadaTextes :: Textes courts
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portrait imaginaire d'une amie qui se reconnaîtra si elle passe un jour par ici (je sais c'est un peu long comme titre)
Ce matin ? Je crois que la première, c’était Francine. Elle m’a dit « Alors, Ludivine, en forme ? »
Tu parles, ma vieille. J’ai saisi son demi-sourire comme une fermeture éclair coincée. Bah, Francine n’est pas originale et me hait secrètement, comme les autres. Ce n’est pas son fort d’ailleurs, l’originalité : ses phrases sont truffées lieux communs ; Ses habits sont à la mode de l’an passé, sans doute parce qu’elle veut être certaine qu’ils ont été validés par des millions de femmes avant. Bah, voilà, je deviens méchante…Pourtant je suis bonne dans le fond, c’est indéniable, mais les courbettes et les salamalecs, très peu pour moi. Ailleurs ça peut être considéré comme une qualité d’être franche du collier, mais ici pas vraiment. Du collier, il n’ont gardé que l’idée. Il leur fallait un bouc émissaire, et ils m’ont collé la barbiche et une clochette, au point de me rendre chèvre. Bon, une chèvre, ce n’est pas si mal, ça a la patte fine, c’est gracieux, ça gambade, c’est tout moi ! Eux sont de vieilles carnes ou des moutons adipeux et crasseux.
Ce service tourne mal… Suis-je la seule à être frappée de clairvoyance ? On y confond politesse, copinage et compétences. Alors, oui, je mets les pieds dans le plat. Non pas que je sois impolie ou provocatrice de nature, ça me coûte même parfois d’intervenir, mais il m’importe de travailler dans de bonnes conditions. Je dois m’y prendre mal, sans doute pour déchaîner la foudre.
Après il y a eu Bertrand. Le cheveu court, mais gras, les lunettes fonds de verre à whisky, l’haleine d’un poisson mort. « Salut Ludivine ! Et ces vacances ? »
Mon pauvre gars. Tu veux une définition ? Les vacances commencent dès que tu es hors de portée et de vue. Oui, toi aussi, tu me gonfles avec tes jérémiades. C’est vrai, il est impossible, ce type ; il a toujours mal quelque part. Quand ce ne sont pas les sinus, c’est une rage de dents, un problème gastrique ou que sais-je encore ! à croire qu’il est comme ces camions sur l’autoroute qui transbahutent un contenu toxique. Un beau volume également, un hectolitre d’acide qui fuit au goutte-à-goutte selon l’inspiration du jour. Je ne lui demande jamais si ça va. Pas folle la Ludivine ! je ne lui laisse pas l’occasion de déblatérer. Et puis, il faut vous dire, il m’a dragué mollement. J’ai répondu avec fermeté, juste pour être sûre que le message passait bien. Même si j’œuvre dans le social, je n’ai pas la vocation d’infirmière.
Je suis tranchante, oui, ça c’est vrai, mais pas méchante. Il faut me connaître. Disons que je n’aime rien tant que les petites remarques amusantes et cinglantes. J’en abuse avec les gens que j’aime bien. Je conçois que ça puisse déconcerter de se faire traiter de « crevure » au bureau, mais dans ma bouche, c’est affectueux. Il faut aller un peu au-delà des mots, non ? Certains vous diront que je suis sympa, mais si vous traduisez le fond de leur pensée, vous vous apercevrez vite qu’ils voulaient dire « sale conne »
Qui donc ? ah, Josiane ! tout un poème. Sa phrase préférée : « Et les enfants, ça pousse ? » La brave Josiane, mère par procuration, grand-mère de vos enfants à fortiori. Pour un peu, elle vous donnerait des conseils conjugaux afin de sauver votre couple. Non mais de quoi je me mêle madame je-n’ai-aucune-vie-en-dehors-du-bureau ? Est-ce que je lui demande si elle se fair ramoner une fois par an comme la loi et les assurances l’exigent ? Qu’elle se prenne une bonne grille de sudoku et qu’elle laisse donc vivre les gens et les enfants grandir loin de son ombre bienfaisante. Pfff ! ça y est, je m’énerve toute seule excusez-moi. J’en ai marre de travailler en équipe. J’ai l’impression d’être au sein d’un attelage de huskies où les autres roupillent tandis que je fulmine, le museau dans la neige.
Ce que je pense des réunions ? ça tient en peu de mots : dix-huit heures, fini, salut les cons, dommage que l’on doive remettre ça demain… Ah et dire qu’il y a des gens dont le boulot est de garder les phares ou les îles désertes, sans devoir rendre de compte à personne, ni sourire niaisement, une tasse à la main. Bon, en parlant de rendre des comptes… je vais devoir vous laisser pour rejoindre mon autre équipe, la familiale… Il y a de quoi dire aussi, mais ne mélangeons pas les sphères, c’est déjà bien assez compliqué comme ça. Je plaisantais pour les îles désertes et les phares, vous l’aviez noté, non ? Je suis un animal social évidemment, mais un peu moins d’apparence et un peu plus d’essence m’aideraient grandement à évoluer dans un climat plus conforme à mes attentes.
Chez nous c’est comme ça. Nous ne sommes pas des démonstratifs. Parfois il vaut mieux, car certains collègues finiraient en posters, et les assiettes voleraient en frisbee un jour sur deux.
Quoi l’amour ? Je viens de vous dire que je n’étais pas démonstrative ; vous n’espérez tout de même pas m’arracher des confidences scabreuses ? Bon monsieur le D.R.H, c’est fini ?
Pour ma part, je pense vous avoir fait part de mes difficultés. Vous en conclurez ce que vous voulez, mais je ne suis pas responsable de la dépression de Sabine « fesses de flan » oui… c’est ainsi qu’on la surnommait. Et je ne suis pas non plus à l’origine de cela, même si l’image est criante de vérité. Je peux me retirer ?
Tu parles, ma vieille. J’ai saisi son demi-sourire comme une fermeture éclair coincée. Bah, Francine n’est pas originale et me hait secrètement, comme les autres. Ce n’est pas son fort d’ailleurs, l’originalité : ses phrases sont truffées lieux communs ; Ses habits sont à la mode de l’an passé, sans doute parce qu’elle veut être certaine qu’ils ont été validés par des millions de femmes avant. Bah, voilà, je deviens méchante…Pourtant je suis bonne dans le fond, c’est indéniable, mais les courbettes et les salamalecs, très peu pour moi. Ailleurs ça peut être considéré comme une qualité d’être franche du collier, mais ici pas vraiment. Du collier, il n’ont gardé que l’idée. Il leur fallait un bouc émissaire, et ils m’ont collé la barbiche et une clochette, au point de me rendre chèvre. Bon, une chèvre, ce n’est pas si mal, ça a la patte fine, c’est gracieux, ça gambade, c’est tout moi ! Eux sont de vieilles carnes ou des moutons adipeux et crasseux.
Ce service tourne mal… Suis-je la seule à être frappée de clairvoyance ? On y confond politesse, copinage et compétences. Alors, oui, je mets les pieds dans le plat. Non pas que je sois impolie ou provocatrice de nature, ça me coûte même parfois d’intervenir, mais il m’importe de travailler dans de bonnes conditions. Je dois m’y prendre mal, sans doute pour déchaîner la foudre.
Après il y a eu Bertrand. Le cheveu court, mais gras, les lunettes fonds de verre à whisky, l’haleine d’un poisson mort. « Salut Ludivine ! Et ces vacances ? »
Mon pauvre gars. Tu veux une définition ? Les vacances commencent dès que tu es hors de portée et de vue. Oui, toi aussi, tu me gonfles avec tes jérémiades. C’est vrai, il est impossible, ce type ; il a toujours mal quelque part. Quand ce ne sont pas les sinus, c’est une rage de dents, un problème gastrique ou que sais-je encore ! à croire qu’il est comme ces camions sur l’autoroute qui transbahutent un contenu toxique. Un beau volume également, un hectolitre d’acide qui fuit au goutte-à-goutte selon l’inspiration du jour. Je ne lui demande jamais si ça va. Pas folle la Ludivine ! je ne lui laisse pas l’occasion de déblatérer. Et puis, il faut vous dire, il m’a dragué mollement. J’ai répondu avec fermeté, juste pour être sûre que le message passait bien. Même si j’œuvre dans le social, je n’ai pas la vocation d’infirmière.
Je suis tranchante, oui, ça c’est vrai, mais pas méchante. Il faut me connaître. Disons que je n’aime rien tant que les petites remarques amusantes et cinglantes. J’en abuse avec les gens que j’aime bien. Je conçois que ça puisse déconcerter de se faire traiter de « crevure » au bureau, mais dans ma bouche, c’est affectueux. Il faut aller un peu au-delà des mots, non ? Certains vous diront que je suis sympa, mais si vous traduisez le fond de leur pensée, vous vous apercevrez vite qu’ils voulaient dire « sale conne »
Qui donc ? ah, Josiane ! tout un poème. Sa phrase préférée : « Et les enfants, ça pousse ? » La brave Josiane, mère par procuration, grand-mère de vos enfants à fortiori. Pour un peu, elle vous donnerait des conseils conjugaux afin de sauver votre couple. Non mais de quoi je me mêle madame je-n’ai-aucune-vie-en-dehors-du-bureau ? Est-ce que je lui demande si elle se fair ramoner une fois par an comme la loi et les assurances l’exigent ? Qu’elle se prenne une bonne grille de sudoku et qu’elle laisse donc vivre les gens et les enfants grandir loin de son ombre bienfaisante. Pfff ! ça y est, je m’énerve toute seule excusez-moi. J’en ai marre de travailler en équipe. J’ai l’impression d’être au sein d’un attelage de huskies où les autres roupillent tandis que je fulmine, le museau dans la neige.
Ce que je pense des réunions ? ça tient en peu de mots : dix-huit heures, fini, salut les cons, dommage que l’on doive remettre ça demain… Ah et dire qu’il y a des gens dont le boulot est de garder les phares ou les îles désertes, sans devoir rendre de compte à personne, ni sourire niaisement, une tasse à la main. Bon, en parlant de rendre des comptes… je vais devoir vous laisser pour rejoindre mon autre équipe, la familiale… Il y a de quoi dire aussi, mais ne mélangeons pas les sphères, c’est déjà bien assez compliqué comme ça. Je plaisantais pour les îles désertes et les phares, vous l’aviez noté, non ? Je suis un animal social évidemment, mais un peu moins d’apparence et un peu plus d’essence m’aideraient grandement à évoluer dans un climat plus conforme à mes attentes.
Chez nous c’est comme ça. Nous ne sommes pas des démonstratifs. Parfois il vaut mieux, car certains collègues finiraient en posters, et les assiettes voleraient en frisbee un jour sur deux.
Quoi l’amour ? Je viens de vous dire que je n’étais pas démonstrative ; vous n’espérez tout de même pas m’arracher des confidences scabreuses ? Bon monsieur le D.R.H, c’est fini ?
Pour ma part, je pense vous avoir fait part de mes difficultés. Vous en conclurez ce que vous voulez, mais je ne suis pas responsable de la dépression de Sabine « fesses de flan » oui… c’est ainsi qu’on la surnommait. Et je ne suis pas non plus à l’origine de cela, même si l’image est criante de vérité. Je peux me retirer ?
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"Chaque pensée devrait rappeler la ruine d'un sourire." Cioran.
Re: portrait imaginaire d'une amie qui se reconnaîtra si elle passe un jour par ici (je sais c'est un peu long comme titre)
Où est passé le bananier ?
Je crois que tu viens de nous gâcher nos prochaines vacances si elle passe par là
Re: portrait imaginaire d'une amie qui se reconnaîtra si elle passe un jour par ici (je sais c'est un peu long comme titre)
Je n'avais pas encore connaissance de ce bananier
(c'est comme la carte de Piri Reis ) Depuis nous en avons appris tant sur cette chère D.
Et tu voudrais encore passer des vacances avec ?
(c'est comme la carte de Piri Reis ) Depuis nous en avons appris tant sur cette chère D.
Et tu voudrais encore passer des vacances avec ?
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"Chaque pensée devrait rappeler la ruine d'un sourire." Cioran.
Re: portrait imaginaire d'une amie qui se reconnaîtra si elle passe un jour par ici (je sais c'est un peu long comme titre)
Jouissif ! Vraiment.
Et puis, il faut vous dire, il m’a dragué mollement. J’ai répondu avec fermeté.
Tout l'inverse du portrait que je me fais des sœurs Crumble.
Nilo, pourvu qu'elle soit douce.
Et puis, il faut vous dire, il m’a dragué mollement. J’ai répondu avec fermeté.
Tout l'inverse du portrait que je me fais des sœurs Crumble.
Nilo, pourvu qu'elle soit douce.
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... Tu lui diras que je m'en fiche. Que je m'en fiche. - Léo Ferré, "La vie d'artiste"
Re: portrait imaginaire d'une amie qui se reconnaîtra si elle passe un jour par ici (je sais c'est un peu long comme titre)
Obligée de rigoler
Ici on met des textes courts mais par contre, on y va pour les titres longs!!!!!
Sylvie
Ici on met des textes courts mais par contre, on y va pour les titres longs!!!!!
Sylvie
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