Sapiens et Faber

Adam pour son jardin se bricole une horloge.
La lune et le soleil lui semblent capricieux ;
De nuages parfois se recouvrent les cieux
Que vainement alors le regard interroge.

Et dans cette machine où son génie se loge,
Il voit un vrai chef-d'oeuvre, un instrument précieux,
La belle solution qu'un esprit audacieux
Trouve aux défis, s'il veut être digne d'éloges.

Mais cela fait du monde une foire d'empoigne,
Et du jardin natal, chaque jour on s'éloigne,
Par l'horloge abrutis du matin jusqu'au soir.

Ce n'est pas pour toujours, poète, prends patience,
De vivre sans horloge on trouvera la science :
Et nos nouveaux jardins seront plaisants à voir.

Un beau sonnet qui commence d'une façon originale, appréhendant la genèse avec humour. Je suis un peu déçue par la fin plus banale et un peu moralisatrice. J'aurais bien aimé retrouver dans les deux tercets une allusion à cette horloge qui m'avait séduite et qui symbolisait si bien notre obsession de tout mesurer, rationaliser.

Merci pour ta lecture, j'ai refait les tercets dans le sens que tu suggères.

Très Joli, porteur de sens aiguillé.

juste le "et" est en général proscrit à la chute du sonnet, le rejet (enfin je dis ça je dis rien, car dans mon recueil publié j'en fais aussi des rejets )
Enfin reste les mots en cieux qui font 3 pieds avec la diérèse i-eû sauf cieux qui ne fait qu'une syllabe.

ô-da-si-eû, eû-

pré-si-eû, eû-

ka-pri-si-eû, eû-

Pareil pour em_po-igne et é-lo-igne

So-lut-i-on

Ce qui fait que ce ne sont pas des alexandrins, et donc pas un sonnet régulier.

Je crois deviner ce que tu veux dire dans le dernier tercet mais l'inversion
"De vivre sans horloge émergera la science"
complique un peu le sens et alourdit le poème qui, jusque là coulait avec fluidité.

Quant aux diérèses sur i-eux et o-igne, si Novembre rain a tout à fait raison de souligner qu'elles étaient obligatoires à l'origine, je crois qu'il y a un peu plus d'un siècle qu'on s'est libéré de cette contrainte et que plus personne aujourd'hui ne se risquerait à déclamer une poésie en s'appuyant sur cette règle devenue heureusement obsolète.

j'ai écrit

De vivre sans horloge on trouvera la science

qui semble plus naturel à dire.

Beaucoup plus naturel, oui et compréhensible, et fluide... parfait quoi, à mon sens
J'espère que ton voeu se réalisera un jour et qu'on se débarrassera des horloges et du temps découpé en tranches comme un saucisson !

Oui je suis obsolète, heureusement d'ailleurs sinon je risquerais de rater mon concours classique
Personne ne s'est libéré de rien en poésie, surtout sur le sonnet en alexandrins, le plus dur.
Et je me base sur le littré pour la prononciation, sur les conseils de mon éditeur.
Même si je trouve en effet cela dur de déclamer ainsi ces vers.

Un forum est quand même là pour donner son avis non ? A moins que je ne me trompe ?
Il ne faut pas le prendre comme une critique personnelle.

La poésie ne gagne rien à regarder ses pieds ! J'aime beaucoup cette jolie idée qui revisite avec malice la chute de l'Eden !

Je dis OUI à ces nouveaux jardins (ne serait-ce que parce qu'ils nous incitent à dépasser les pieds troués de l'eden...)