I Lovecraft.

Je suis dans un cube noir
Sale et noir :
Je ne vois rien, rien que la
Persistance d’un froid
Aveugle, dans
Une pièce de pierres huileuses
Graisseuses
Chargée d’une pestilence immémoriale
Dont les relents que laisse le mal
Flottent dans un air lourd,
Et emprisonnent un silence sourd,
Où je n’entends
Que moi
Ma peur et moi
Ma douleur et moi
Et les cris muets que retient ma voix.

Dans mon dos (je sens le fer rouillé)
S’élève une échelle maculée
Glissante
Vibrante
Sur ses gonds désossés.
Je me retourne et en tâte les barreaux serrés
Où glissent mes doigts crochetés
Sur une mousse malsaine et spongieuse
Déposée odieuse
Par le Temps, qui commence sans
commencement,
Pour finir nulle part,
Barbare.

Je me retourne et monte.
Mes pieds mordent la fonte
Et je monte, et l’air épais autour de moi
S’enroule et m’agrippe de ses doigts
Remplis de néant,
Immensément.
J’atteins un soupirail
Mangé de rouille
Fermé par un cadenas aux mailles
De fer
Mangées creusées ruinées
Dont je fais sauter
La limaille délétère,
Et…

Me hissant hors du trou carré duquel je débouche
Je touche
Le sol d’un cube noir
Sale et noir
Une pièce aux pierre huileuses
Graisseuses
Chargée d’une pestilence immémoriale
Dont les relents…

Pourquoi j'ai pensé au film???

Ceci dit, poème très particulier dans un monde très particulier.

"Une pièce de pierres huileuses
Graisseuses
Chargée d’une pestilence immémoriale
Dont les relents que laisse le mal
Flottent dans un air lourd,
Et emprisonnent un silence sourd,
Où je n’entends
Que moi
Ma peur et moi
Ma douleur et moi
Et les cris muets que retient ma voix."

Dans ce passage on imagine bien l'angoisse.

Et l'ensemble n'est qu'un cauchemar j'espère!

Il y a de bien belles images à retenir.

Un poème inhabituel.

Sylvie

dans le cube à tout jamais ! close to me !

Pas drôle du tout, étouffant et angoissant . C'est l'effet voulu j'en suis certaine, donc effet réussi !

Au passage, bienvenue Capodastre : je m'en sers souvent parce que j'ai du mal avec les barrés!

Ah moi j'aime bien les barrés

Un poème intéressant, c'est le premier avis qui me vient. Ce n'est pas ce que je préfère, mais pas trop de fausses notes, et une petite musique qui s'installe doucement.
A te lire donc.

Z.

Vous aurez compris ma fascination pour HP Lovecraft, le créateur du mythe de Cthulhu. Sinon, pour ceux qui n'aiment pas les barrés, je ne conseille pas la 12 cordes : il faut se mettre à deux pour faire un Fa Majeur !!!

L'art de Lovecraft était dans la suggestion de l'horreur, celle qui pouvait sortir d'un coin de mur, ah ces fameux chiens de Tindalos... Un maître de l'ambiance qui a fait de nombreux disciples. J'ai eu ma période aussi lecture & rôliste... jusqu'à passer 3 jours avec une vingtaine d'amis costumés, à lutter contre les apparitions sur fond de necronomicon...

Ce n'est plus trop mon truc (ben oui, on vieillit) mais bon, c'est dans le ton (avec peut-être une surabondance d'adjectifs)

J'aime beaucoup l'ambiance Lovecraftienne (je fais ce que je veux, si j'ai envie d'inventer des adjectifs nan mais )
Le cube qui oppresse et qui nous fait tourner en rond, soi face à soi, double face

Bienvenue dans le sombre univers de H.P.L., qui s'exprimerait certainement très bien sous une pluie de novembre.

J'ai lu Lovecraft
et j'y ai lu là Lovecraft

Comme un ossuaire immense, sale et noiraud
avec l'horreur tapie sur la ferraille
et dans le cœur terrible, un épouvantail léché
par des vents d'acier, menotté par le temps qui n'a de commencement
que son habitude à ne pas commencer ni même s'achever

... Pour mettre des mains huileuses dans le moteur de l'épouvante. Et l'étincelle qu'on attend viendra. Ou pas.