Mes souvenirs jetés en proie aux anathèmes

Mes souvenirs jetés en proie aux anathèmes


Quand sur ma vie je fais le noir, il me revient
Des souvenirs marqués au coin de la tendresse
Des jours heureux, et des plus sombres de détresse,
Premier baiser, premier amour, mort de mon chien.

C'est peu de dire que ces moments ne me reviennent
Que par morceaux, de temps en temps, à l'improviste,
Quand je refais, même à l'envers, ma vie d'artiste,
Que ni mes larmes ni mes rires ne retiennent.

J'étais enfant, devenu grand je me rappelle
Le temps passé à regarder par les serrures
Couler les heures et tous mes rêves d'aventures,
Et mes larmes, dans mes mouchoirs ou leurs dentelles.

Je suis parti un soir de juin tailler la route.
J'avais noué de mes souliers les longs lacets,
Et j'ai quitté tous mes conforts, mais sans regrets.
Il fallait bien que je me frotte à tous mes doutes.

Depuis ce jour tous les chemins sont de traverse
Où je me perds bien trop souvent, et je m'épuise
A rebâtir tous les dix ans la même église.
Et j'ai le cœur comme un tonneau qu'on met en perce.

Je reviendrai de mes erreurs des premiers jours
Lorsque la foi l'emportera sur les blasphèmes.
Mes souvenirs jetés en proie aux anathèmes
Effaceront de ma mémoire les détours.


Nilo.

J'ai beaucoup aimé ce poème qui ressemble à ce boomerang où des membres travaillent.

Il est toujours difficile de revenir et vivre le passé sans en essuyer les traces.

L'émotion a encore sonné son glas.

Sylvie

Le pouvoir de l'anamnèse, magnifiquement décrit

(et remémoré)...

Je t'ai suivi sur ces quelques strophes, et je t'admire cette maîtrise de l'alexandrin sans béquilles, sans surplus, sans accrocs. Le jeu des vers en 4/4/4 m'a amusé, et c'est aussi quelque chose que j'aime en te lisant : pas de tournures poussiéreuses ou "académiques", le vers garde son côté ludique.

Bref, sans être trop bavard, un beau morceau de poésie et ton empreinte.

Z.

Très beau poème nostalgique, les traces d'un vécu, un soir de spleen

Pas trop sujet au spleen.
Mais de la mémoire à revendre.

Nilo, détours et des nuits.

Le balluchon du créateur sur les chemins de traverse. à suivre les pistes d'égarement, on finit par se trouver peut-être, et si ne n'est pas le cas... au moins laissera t-on de beaux sillons, comme celui-là

Je rattrape mes oublis et laisse un commentaire admiratif.

Du beau Nilo comme on l'aime!

"Je reviendrai de mes erreurs des premiers jours
Lorsque la foi l'emportera sur les blasphèmes."

Cette espèce de foi que l'on vient briser dans chaque rêve d'enfant, je ne suis pas sur qu'on la retrouve un jour ou alors seulement si l'on a tout oublié

Encore un qui méritait mieux que mon silence...Il pourrait s'appeler "La vie d'artiste"...

Ah, bon? C'est déjà pris?



Swann, Âme, te souvient-il...

c est un poeme qui me parle ...........bravo