MacadaF(l)ac

Préambule:

La neige tombait à pic sur le campus de la fac des Sciences Epidermiques lorsque Noël pointa le bout de sa guirlande usée. En cette année de rigueur dans presque tous les domaines, l'ambiance n'était pas follichonne, se doutait-on, dans les vastes bureaux de la Présidence, au dernier étage. Au moins, la folle poudreuse allait-elle permettre aux habitués du campus de retrouver un semblant d'éclat perdu de jovialité. La blancheur du ciel mêlée à celle du macadam donnait à voir une seule et unique ligne d'horizon au bout de laquelle se formaient d'angoissantes perspectives d'avenir.

Si les plus enthousiastes, ou disons les moins résignés, se laissaient aller à un élan, un relan d'insouciance dans d'enfantines batailles de boules de neige, la majorité des autres, étudiants en tête, restait cloué sur les bancs extérieurs, à fixer le vide au loin.

C'est là, dans cet ennui d'être, que vint à Sylvie une idée lumineuse...

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1.

Tout en remuant machinalement ses longs doigts fins dans ses poches en latex, elle ne put retenir plus longtemps un soupir d'agacement voulant, semblait-il, en finir avec cet abasourdissement généralisé. Ses mains se tendirent, ses poches se froissaient, Sylvie s'exclama:

- Non mais tu vois ça, Lalou? Regarde-nous: on dirait une bande larvaire de chiens assis! J'ai l'impression d'mourir...

Lalou ne se forçait pas à répondre; d'ailleurs, elle ne se forçait de rien. Elle s'efforçait juste de continuer à avancer sur son bonhomme de chemin, et son horizon était plein de ronds de lumière, avec parfois de la pénombre à l'intérieur.

- Mais tu me connais, je déteste rester assise, insista Sylvie, dont les mains venaient de s'échapper de leurs caches pour se frotter l'une contre l'autre. Viens Lalou, j'ai une idée!

- Où veux-tu aller?

- On va arroser tes grimpantes!

Lalou ne refusait jamais une invitation à rejoindre le lieu secret au campus où poussaient ses belles plantes à feuillage persistant; elle les avait fait fleurir, là, près de ce mur jamais fréquenté, en fin de première année, pour fêter symboliquement son admission à la deuxième. Le lierre entremêlé de clématites était radieux en cet endroit des plus ombragés, son refuge après sa chambre.

C'est au moment de choyer les plantes que Sylvie lui exposa l'éclat de son idée soudaine:

- On va organiser un immense Vide-Poche sur tout l'campus! Ce sera la folie!

Son amie lui rétorqua des yeux aussi ronds que sa lumière, lui signifiant son quasi-émerveillement. Sylvie lui fit d'ailleurs remarquer son étonnement quant au fait qu'elle n'y eût pas pensé plus tôt.

- Banco! On va brader les mots, on va broder nos maux, on...

- On va brimer l'chaos!, prolongea Sylvie.

Elles partagèrent un éclat de rire qui résonnait jusqu'à la lisière de la proche forêt. Puis repartirent bras dessus bras dessous, en direction de la Cité U, avecc l'intention résolue d'embarquer leurs pairs dans ce projet de grande ampleur.
Car le Vide-Poche qu'elles voulaient, serait plus vaste qu'une braderie populaire, plus boisé qu'un vide-grenier, plus inutile qu'un trucothon.

Dans le hall de l'immeuble, elles saluèrent Roselyne-la-Lune, occupée derrière un guichet vitré à répertorier les loyers impayés.

- Comment va votre âme-varech ce soir?, lui demanda Sylvie.

Roselyne, appelée Rosy-Lune, d'un sourire habituel et pourtant toujours surprenant, leur détailla la lourdeur de la tâche qu'elle était en train d'effectuer:

- Je trie le concret, je compte les chèques, j'traque le comptable et lui conte ses échecs, et j'accompagne d'un mot ou d'un lot de babioles fantaisistes les relances auprès des étudiants fauchés... C'est pénible à faire et j'ai le sommeil écorché, mais je garde un moral de triton!

Lalou lui soumit l'idée du Vide-Poche, et Rosy-Lune s'engagea illico à participer au projet.

Soudain entrèrent dans le hall deux hommes, l'un avec le cheveu rasé, la barbe renaissante et de larges lunettes de soleil sur un nez fin, l'autre avec une chevelure à la Led Zep que lui-même n'aurait pas reniée. Un rayon de soleil, pour l'occasion, fit sa maigre apparition, projetant sur les lunettes du premier un éclat à en éblouir les trois interlocutrices. Vêtu d'un impèr' bleu-blanc-toc, celui aux lunettes interrogea:

- Pardonnez mesdemoiselles... Nous ne voulons vous déranger très longtemps: mon ami Vivant et moi cherchons le bureau des inscriptions pour le concours de poèmes...



(...)

Alors la...alors la.....

Je veux bien la vivre moi cette histoire....

En tout cas, chapeau et merci de ce beau partage.

Sylvie

la suite, la suite !

mais que vois je ???

Nous voila de retour à la fac !!!!!!!!!

des aventures ! et nous tous en héros??

excellent Macadachild mystere!

Sympa et plutôt bien écrit.
Mais qui donc se cache derrière ce nouvel arrivant qui a si bien observé MAcadam avant de se lancer ?

Nilo, étudiant attardé.

je suis sûr de savoir qui c'est

Intéressant petit texte pour nous approcher de plus prêt. Il fallait le faire et c'est bien fait.
(Un titre pour ne pas le nommer ? C'est trop d'honneur et pourtant c'est comme ça qu'il fallait procéder pour les auteurs en quête de reconnaissance.)

Dam, belle entame.

Je dois être parano, j'y ai vu comme un humour malsain.

Autant pour moi donc, et à lire la suite.

Z.

J'ai fait le vœu de mettre mon aumône dans la sébile de tous les mendiants que je trouverai sous toutes les portes cochères qui mènent au Petit Etablissement de Crédit que je viens d'ouvrir au profit de ceux qu'en ont pas besoin. En particulier à la Quinzième liste que j'vous ai filée.
Juste histoire de pas avoir bossé pour rien à les chercher pasque si j'compte que sur vous j'crains qu'y en ait qu'entendent pas le son de votre obole tombant dans leur coupelle.
Charité bien ordonnée...

Dédé.