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Diktat toc
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Macadam :: MacadaTextes :: Nouvelles
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Diktat toc
Mais beaucoup mouraient.
Le pays où se passait la chose n'a pas d'importance, et l'époque non plus, parce que tout se ressemble et s'annule aujourd'hui ; on peut seulement dire que c'est La Terre dans quelques temps. On ne regrettait pas un passé meilleur, ni un avenir meilleur, car ni passé ni avenir il n'y avait - plus de mémoire - simplement. Il y avait un bout de temps qu'on n'espérait plus rien. Tout simplement. La vie rimait à vivre, mais on ne savait pas pourquoi. C'était pas plus difficile de vivre, mais plus contraignant sûrement : il fallait faire face à rien coûte que coûte.
Vivre ne voulait plus rien dire, mais on voulait préserver l'espèce humaine pour que le reste continue d'exister - sans l'homme et son cerveau à cinquante milliards de neurones, tout disparaîtrait, y compris La Terre et l'Univers, la Nature... tout. Tout ce qu'on connaissait et que quelqu'un, un jour, nous avait inculqué. Certains appelaient ça Dieu Le Sauveur, d'autres la fatalité.
Les gens se rendaient compte qu'ils n'avaient pas évolué d'un pouce sur cette question mystère des origines, et maintenant ils se trouvaient laids. Alors, une grande déprime s'installa sur Terre comme un voile noir de deuil, n'épargnant personne. Ce qu'il couvrait c'était la vie. Ce qu'il couvait, la mort.
Le malheur, c'était qu'on n'avait pas su construire le robot Invincible éternel, un vrai malheur, car maintenant c'était trop tard !
On aurait bien aimé laisser autres choses que des vieilles pierres sculptées souvent cassées, l'atlante défiguré des manoirs éventrés, Télamon en aval vautré, Atlas à l'as, hélas, des QV rares éventées, des esprits éventés pour s'être trop ventés... et d'autres trésors que les océans avaient engloutis.
On restait comme des poires-âmes en peines à attendre je ne sais quoi, insensible à tout, même au chant des oiseaux qui s'étaient tous tus d'un coup (de fusil), on ne savait même pas pourquoi ? Pauvres de nous ! qu'allons-nous deviendre... N'avait-on pas retenu la leçon ancestrale mais pas éternelle que c'est à nous de faire quelque chose pour vivre : Aide-toi, le ciel t'aidera, etc.
La vraie question maintenant, c'était à l'écrivain de la poser : pourquoi ?
... Les bébés mouraient d'athrepsie, sans savoir pourquoi ? Quand par miracle ils échappaient au bloomer pour revêtir le Jeans, l'athymie en faisaient des énergumènes indésirables. Ils savaient pourquoi, mais seuls, c'était toujours trop tard. Peut-être avait-on confondu "cultive ton jardin" avec "faire du blé", et ça n'avait rien donné, bien sûr ! On s'était trompé de jardin comme on se plante de chemin... Le Jardin d'Éden allait retrouver sa place, après tout ce temps, mais tranquillement.
Le cas Humain avait été passionnant à étudier pendant des années, ça avait fait naître des romans connus et prodigieux, des moments inoubliables de lecture hallucinée, mais tout cela avait servi une ou deux vies et n'avait pas donné grand chose, au fond. Les films tirés de ces histoires de la vie faisaient peur, et seule la peur restait. Elle était installée, il n'y avait plus que l'indifférence pour la combattre. L'indifférence et le sommeil éternel.
Enfin, pour finir, un virus diabolique avait envahi les organismes. Ne s'est pas fait prier
Il était venu à bout de cette calamité.
Un humain mortel et ennuyeux comme la pluie n'est pas humain longtemps. Voilà l'explication. Pourquoi, comment : on ne le saura jamais parce qu'on est humain : mais qu'importe...
Cette nuit, j'étais mort du tort d'avoir été objectif et réaliste. Cette nuit, j'ai cuvé ma bière pour une autre bière, j'ai croqué du bois sous mes draps, j'ai touché le bout de non retour, j'ai vu du rouge et du noir, j'ai senti la peur sécher mes larmes, j'ai vu la vie s'enfuir au galop, j'ai entendu une voix : << Tu vas payer ! >>
... Un milliard d'années pour un délit bénin, cinquante milliards d'années - une par neurones - à payer pour la Grande Peine : tueur de moustique insomniaque.
... Cinquante milliard et une années plus tard, j'ai retrouvé la Terre dans l'état que vous savez
J'étais seul et Dieu Sauveur de cette clique Aquarêve.
Dam.
Re: Diktat toc
Il y avait longtemps que je ne m'étais pas pris de passion pour un "récit" car c'en est un. Et quel récit. Prenant, vif, maîtrisé, avec de bonnes questions aux bons endroits et quelques réponses éparses, mais pas trop pour laisser au lecteur sa part de foi et d'arbitraire salvateur ou suicidaire.
Nilo, Bref, j'ai aimé.
Nilo, Bref, j'ai aimé.
_________________
... Tu lui diras que je m'en fiche. Que je m'en fiche. - Léo Ferré, "La vie d'artiste"
Re: Diktat toc
Merci Nilo, tu me fais plaisir, parce que ça fait une paye que j'étais dessus, et je n'en voyais pas l'issue ! En somme, il fallait que je sois prêt.
Si l'écriture m'a mené là, c'est qu'un voyage devait s'achever pour un autre qui ne souffrait pas la comparaison !
Dam, de poursuivre.
Si l'écriture m'a mené là, c'est qu'un voyage devait s'achever pour un autre qui ne souffrait pas la comparaison !
Dam, de poursuivre.
Big nothing
J'ai beaucoup aimé également. Tu as su définir avec justesse et lucidité l'ère dans laquelle nous vivons. Une époque où malgré la concentration infinie des moyens de communications et des technologies modernes censées améliorées le quotidien, l'esprit de l'homme s'installe peu à peu dans l'ennui constant et la lassitude perpétuelle.
Chacun se renifle, chacun se juge et au fond chacun se dégoûte (à tort !) et l'espoir de réaliser sa vie, de la vivre dès maintenant en collectivités autonomes non individualisées sans penser à l'avenir est d'ores et déjà perçu par certains comme étant utopique.
Il y a une volonté malsaine chez l'homme d'occident de corriger la nature, de la rectifier à grands coups de scalpels, de lui infliger un lifting intégrale à l'image de notre spirituelle actuelle.
Cela a débuté avec les premières explorations. Le pillage des matières premières. Les colonisations, les religions vicieuses, hypocrites...et j'en passe ! Colomb, Magellan, Marco Polo...etc...Tous coupables !
Je crois fermement, et ta nouvelle renforce ma conviction, que nous sommes arrivés dans cet espace démagnétisé, ce point zéro illimité de l'esprit qui aspire tel un trou noir tous les rêves et toutes les utopies de la vie. Un lieu mortifère artificiel qui dévore, grignote, engloutie l'Authenticité.
Etre objectif et réaliste au sein de cet espace dévoreur de sens, c'est prendre un risque énorme : celui de contempler avec stupéfaction la destruction méthodique et donc consciente de la Réalité originelle. Observons attentivement ce qu'il se passe en Occident depuis la naissance de ce que l'on nomme la révolution industrielle. Observons la métamorphose esthétique qui s'opère, le démantèlement du vivant et la glorification de l'espace cybernétique et virtuel. Observons cette hyperréalité qui recouvre peu à peu la Réalité (cette réalité qui est bien avant le surgissement de l'espèce humaine).
Observons cette entreprise de restructuration funèbre.
On ne regrettait pas un passé meilleur, ni un avenir meilleur, car ni passé ni avenir il n'y avait - plus de mémoire - simplement. Il y avait un bout de temps qu'on n'espérait plus rien. Tout simplement. La vie rimait à vivre, mais on ne savait pas pourquoi. C'était pas plus difficile de vivre, mais plus contraignant sûrement : il fallait faire face à rien coûte que coûte.
Ce passage évoque la tragédie présente. On s'est tellement éloigné du Grand Tout, de la Beauté que désormais plus rien de réel ne subsiste. L'anesthésie collective, le Grand blanc spirituel...Pour combien de temps encore ?
Notre seul crime est de n'avoir pas su ouvrir nos coeurs. De n'avoir pas su voir la Beauté.
De n'avoir pas su entendre les cris de désespoir du Vivant.
Ton récit témoigne de cet après et tu as raison lorsque tu précises dans les toutes premières lignes :
Le pays où se passait la chose n'a pas d'importance, et l'époque non plus, parce que tout se ressemble et s'annule aujourd'hui ; on peut seulement dire que c'est La Terre dans quelques temps.
A dire vrai, il ne nous reste que très peu de temps pour inverser ce processus d'anéantissement. Nous sommes à mon humble avis en pleine phase de révélation. Nous nous sommes presque entièrement révélés. Presque car notre potentiel de haine et d'amour est infini. Nous savons maintenant qui se cache derrière...Nous savons que nous nous exposons à de terribles représailles...nous savons...mais nous voulons accéder coûte que coûte à l'immortalité...Hommes ou Dieux ? Qu'allons-nous choisir ?
Chacun se renifle, chacun se juge et au fond chacun se dégoûte (à tort !) et l'espoir de réaliser sa vie, de la vivre dès maintenant en collectivités autonomes non individualisées sans penser à l'avenir est d'ores et déjà perçu par certains comme étant utopique.
Il y a une volonté malsaine chez l'homme d'occident de corriger la nature, de la rectifier à grands coups de scalpels, de lui infliger un lifting intégrale à l'image de notre spirituelle actuelle.
Cela a débuté avec les premières explorations. Le pillage des matières premières. Les colonisations, les religions vicieuses, hypocrites...et j'en passe ! Colomb, Magellan, Marco Polo...etc...Tous coupables !
Je crois fermement, et ta nouvelle renforce ma conviction, que nous sommes arrivés dans cet espace démagnétisé, ce point zéro illimité de l'esprit qui aspire tel un trou noir tous les rêves et toutes les utopies de la vie. Un lieu mortifère artificiel qui dévore, grignote, engloutie l'Authenticité.
Etre objectif et réaliste au sein de cet espace dévoreur de sens, c'est prendre un risque énorme : celui de contempler avec stupéfaction la destruction méthodique et donc consciente de la Réalité originelle. Observons attentivement ce qu'il se passe en Occident depuis la naissance de ce que l'on nomme la révolution industrielle. Observons la métamorphose esthétique qui s'opère, le démantèlement du vivant et la glorification de l'espace cybernétique et virtuel. Observons cette hyperréalité qui recouvre peu à peu la Réalité (cette réalité qui est bien avant le surgissement de l'espèce humaine).
Observons cette entreprise de restructuration funèbre.
On ne regrettait pas un passé meilleur, ni un avenir meilleur, car ni passé ni avenir il n'y avait - plus de mémoire - simplement. Il y avait un bout de temps qu'on n'espérait plus rien. Tout simplement. La vie rimait à vivre, mais on ne savait pas pourquoi. C'était pas plus difficile de vivre, mais plus contraignant sûrement : il fallait faire face à rien coûte que coûte.
Ce passage évoque la tragédie présente. On s'est tellement éloigné du Grand Tout, de la Beauté que désormais plus rien de réel ne subsiste. L'anesthésie collective, le Grand blanc spirituel...Pour combien de temps encore ?
Notre seul crime est de n'avoir pas su ouvrir nos coeurs. De n'avoir pas su voir la Beauté.
De n'avoir pas su entendre les cris de désespoir du Vivant.
Ton récit témoigne de cet après et tu as raison lorsque tu précises dans les toutes premières lignes :
Le pays où se passait la chose n'a pas d'importance, et l'époque non plus, parce que tout se ressemble et s'annule aujourd'hui ; on peut seulement dire que c'est La Terre dans quelques temps.
A dire vrai, il ne nous reste que très peu de temps pour inverser ce processus d'anéantissement. Nous sommes à mon humble avis en pleine phase de révélation. Nous nous sommes presque entièrement révélés. Presque car notre potentiel de haine et d'amour est infini. Nous savons maintenant qui se cache derrière...Nous savons que nous nous exposons à de terribles représailles...nous savons...mais nous voulons accéder coûte que coûte à l'immortalité...Hommes ou Dieux ? Qu'allons-nous choisir ?
léo- MacadAccro
- Messages : 1224
Date d'inscription : 25/03/2010
Age : 40
Localisation : Nord
Re: Diktat toc
"Et qu'allons-nous deviendre ?
Eh bien merci Léo de ton commentaire avisé et juste sur mon ressenti. La révolution dont tu parles, je l'ai faite déjà, mais rien n'a changé (ça n'a rien changé). Rien d'anormal à ça, et c'est peut-être le signe le plus trgique des temps : l'individualisme. Chacun oeuvre dans son coin avec la certitude du bien fondé de sa ligne et de son engagement, il se sauve mais aussi il se condamne (renaissance *au sens noble, pas historique*)
* Ah oui, encore un petit truc : tu as oublié Napoléon.
Dam, il est né.
Eh bien merci Léo de ton commentaire avisé et juste sur mon ressenti. La révolution dont tu parles, je l'ai faite déjà, mais rien n'a changé (ça n'a rien changé). Rien d'anormal à ça, et c'est peut-être le signe le plus trgique des temps : l'individualisme. Chacun oeuvre dans son coin avec la certitude du bien fondé de sa ligne et de son engagement, il se sauve mais aussi il se condamne (renaissance *au sens noble, pas historique*)
* Ah oui, encore un petit truc : tu as oublié Napoléon.
Dam, il est né.
Re: Diktat toc
Même impression que lors de ma première lecture.
Alors, vive Le Printemps de la Prose.
Nilo, dictat dur.
Alors, vive Le Printemps de la Prose.
Nilo, dictat dur.
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... Tu lui diras que je m'en fiche. Que je m'en fiche. - Léo Ferré, "La vie d'artiste"
Macadam :: MacadaTextes :: Nouvelles
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