Qu'il soit dit !

Qu'il soit dit aux gêneurs que j’ai pris voie dans l’Oise
et que j’ère en Louisiane, que je goûte au vrai jazz
dans les brumes d’un bistrot où les grigris vaudous
se marient aux vieux cuivres, aux douze coups du coucou.

Qu'il soit dit aux sangsues, aux râleurs, aux salopes
que je traîne au quartier en tirant sur ma clope,
que je baise leurs fils de derrière la murette
et qu’ils perdent leur sang bien avant la brouette.

Qu'il soit dit aux urbains que je pars pour l'Ecosse,
que je campe sur les tertres, les falaises, les Highland !
J'écoute alors hennir les coursiers que l'on rosse,
mon oeil perçant les flots où s'est planquée l'Irlande.

Qu'il soit dit aux compères, aux amants - ces vipères ! -,
que je suis de ces types que le jour laisse amers,
que j'immole un rasta pour un bout de teushi
dans cette nuit viciée qui s'approprie Saint-Christ.

Qu’il soit dit aux pisse-froids, fesses-mathieu et nigauds
que je taille en Hollande me payer de bons trips,
que je suis trop camé pour les avoir en grippe
ou porter à la taille quelques têtes de salauds.

Qu'on vomisse les moins propres ! Sont-ce mes soeurs, mon cadet ?
Qu'on inscrive à la lame sur la gueule du Pierrot,
qu'on ne peut être digne de brandir un drapeau
lorsque l'on peine encore à nouer ces lacets.

Si aucun ne me cherche : quel triomphe ce serait !
Premiers pas sur la Lune… tous à base de summy.
Je marcherai ensuite en lustrant mes effets,
en effet, il faudrait que j’élise la Patrie.

Si ça, ça ne s'appelle pas :

LIBERTE

De l'image au désir on en passe par l'effet(s).

Sylvie

Qu'on inscrive à la lame sur la gueule du Pierrot,
qu'on ne peut être digne de brandir un drapeau
lorsque l'on peine encore à nouer ces lacets.
Tu as bien raison.
A part ça j'ai pris mon pied à cette lecture assez jouissive, qui aurait pu l'être encore plus avec une plus grande maîtrise du rythme et, ici, de la métrique parce qu'on se le dise ce genre de texte mérite vraiment qu'on s'y tienne. Même si ta liberté revendiquée tendrait à l'en éloigner.

Nilo, c'est dit.

Hé bin !
Une vraie et sincère (en tout cas on la ressent ainsi) ode à la liberté.

C'est troublant et fort par le choix des forules vieillottes et un peu desuettes mélées aux mots et us "actuels".
Beau boulot!

Nilo a écrit:
Tu as bien raison.
A part ça j'ai pris mon pied à cette lecture assez jouissive, qui aurait pu l'être encore plus avec une plus grande maîtrise du rythme et, ici, de la métrique parce qu'on se le dise ce genre de texte mérite vraiment qu'on s'y tienne. Même si ta liberté revendiquée tendrait à l'en éloigner.

Nilo, c'est dit.

Ah mais la métrique n'est jamais la même selon la façon de lire un texte, on peut faire le choix de ne pas manger les syllabes comme on le fait dans le langage courant, ou au contraire de le faire.

Evidement, lire comme on parle, cela peut déplaire à certaines habitudes. Mais je lis comme ça, quand le texte s'y prête. Mes textes s'y prêtent parfaitement, à mes yeux.

Après, j'ai aussi de grosses lacunes, en poésie comme en littérature en général.
Chaque type de poème à son nom, sa catégorie, son nombre de pied... bref, de quoi se retrouver dans un labyrinthe pour moi

Lalou a écrit:
C'est troublant et fort par le choix des forules vieillottes et un peu desuettes mélées aux mots et us "actuels".
Beau boulot!

On me l'a déjà dit quelquefois. Merci












Merci à toi aussi Sylvie, au fait, comment se porte ton jardin ?
Moi aussi, bientôt, je vivrai dans une maison avec jardin.

Bon, le hic, c'est qu'on se trouvera en plein territoire consanguin : la Normandie.
Mais c'est pas grave !

De toute façon, il y a toujours un hic !

Un mélange de voix, entre classicisme et langage commun

Bon dieu que cela est bon !

Qu'il soit dit que j'en redemande

Bien, belle forme. J'ai apprécié, sincère. C'est ainsi, je veux que vous le sachiez.
Sur le fond, rien à voir avec la Liberté à mon sens.
(hum, ce n'est pas un Troll :-)

Nicolas Gleyze a écrit:Sur le fond, rien à voir avec la Liberté à mon sens.

Ben moi aussi, je ne pensais pas spécialement à elle en écrivant ça. Ca m'a donc étonné que tout le monde dise ça, mais bon, pourquoi pas !

Un poème bien mené malgré quelques petits essoufflements ici et là. J'ai aimé l'odeur de poudre qui s'en dégage et la transgression morale qui l'anime. J'ai apprécié l'engagement sincère et l'absence d'une quelconque révérence académique dans le style. J'ai observé également une volonté de dévorer la liberté par tous ses pores et un désir de livrer au lecteur et donc au monde, une vérité...ta vérité.
ps : A mes yeux , il est bien question de liberté ici...de marquer une certaine distance avec la banalité ambiante, de revendiquer la part marginale, le caractère sauvage, animal qui subsiste en chacun nous.

Ben merci à toi.

Je ne suis pas très philosophe en vérité, j'ai mis ce que je trouvais dans mes pensées, opinions ou sentiments là dedans. Sans réfléchir à aucune notion précise, que ce soit la liberté, la justice, la violence ou n'importe quoi.

Mais je ne me plains pas que vous y voyez tous un désir de liberté.




D'ailleurs, en parlant de liberté, j'espère que vous ne serez pas trop choqués mais...

Comme quoi je suis loin d'avoir exploré tous les tiroirs de Macadam, je retrouve des perles grâce à Sylvie. Un beau morceau de bravoure. J'ai senti en le lisant cette ivresse brutale qui prend au corps et fait écrire, sans cerveau, animale. Rare et jouissive.

A te lire.
Z.