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Non. (fragment)
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Macadam :: MacadaTextes :: Vide-Poche
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Non. (fragment)
Quelque chose - et je ne sais pas encore bien quoi, creuse en moi. Il ou elle s’y déposait, il y a longtemps, et germe. A cet instant, peut-être en ais-je l’esquisse : née comme souvent d’un élément extérieur qui vient me faire violence. C’est geindre-écrire que ces textes, réflexes de l’enfant qui se cache pour pleurer : les mots sont plus utiles que les larmes.
Mon père et moi : doux jeu des schizophrènes. Tandis qu’à certaines heures, bien assis, il m’offre la possibilité d’un hors-piste, à d’autres, il expire le même air aseptisé que celui, ambiant, qui rôde dans les hôpitaux et les classes préparatoires : la transformation du savoir, du talent, des aptitudes, en arme. [..]
Pourtant, je crois en la nécessité de l’errance. Les ‘antres du savoir’ sont polluées d’une science infernale : la notation, la compétition, la classification. Se mettre à l’échafaud : classe tes mots ! range-les ! compte-les ! Ils ont pourri l’apprentissage, qui suinte du pus des statistiques. L’examen est un doigt qu’on s’enfonce dans la glotte pour en vomir, en hauts-le-coeur plus ou moins stylisés, des connaissances devant un tribunal !
Que cherchent-ils? A m’apprendre à braire? Le langage universel des ânes? Les ‘connaissances minimales pour s’y retrouver, mathématiquement, littérairement et géographiquement’? Quels sont ces découpages sordides? Quels sont ces entités qui m’arrachent du bocal, me pétrissent l’âme et m’indiquent ma place?
Je n’ai d’autre compétition que la mienne. Je n’écrase personne. Je ne hais personne. Je ne brûle, ne viole, ne tue personne. Je ne mens pas sur les connaissances apprises ou non la veille. Ils forment des soldats, mais ce ne sont plus des brutes : cervelles gavées, cerveaux gras à bouffer pour Noël ! Petits mesquins des campus : moi qu’à eu la meilleure note ! Moi qu’aura la plus belle baraque ! Moi qu’aura le job à trois-mille ! [..]
Et le talent ! Celui-là ! Qu’en ont-ils faits, sinon le conducteur d’une machine infernale? Ce n’est pas l’argent le problème : c’est l’acceptation, par les gens de talent, d’entrer dans cette logique. Comment ont-ils fait, pour rationaliser les fulgurances? Emprisonner la création et ses brouillards? Comment ont-ils fait?
L’impulsion est morte. Je rencontre, chez certaines personnes, la seule raison qui vaille de vivre : la fêlure suffisante, dans ces corridors de douleurs, pour échapper au monde. L’échappée belle à toute minute. Jamais, jamais sur commande, ni beaux, ni laids, ni libres, jamais sur commande ! C’est hors des cages, que ça se passe la vie. [..]
Il semblerait qu’il faille, en dépit des curiosités que je manifeste pour le monde, en dépit, peut-être, de rêves à construire ou à donner, que je rentre dans le tuyau froid des ‘troupeaux intelligents’ : là où, le cerveau plein à péter, ils gisent comme des baleines à qui l’on aurait certifié pouvoir respirer hors de l’eau. Bordées de naïfs, canons chargés aux gros neurones : artefacts d’une société qui fabrique ‘penser’, alors que c’est ‘penser’ qui fabrique.
Rêver, et faire quelque chose de ses rêves ! Les donner au premier venu ! Les fabriquer à plusieurs ! N’est-ce pas la seule raison de se cultiver, ou d’organiser, avec son talent et ses cigarettes, un quelconque travail abouti? Imaginer quelques sourires nés ailleurs, aux frontières du monde, aux distances non quantifiables en kilomètres : se dire qu’à celui ou celle-là j’ai donné, pour quelques secondes, l’espoir ou le rêve qui lui manquait.
Z 30 1 11
Mon père et moi : doux jeu des schizophrènes. Tandis qu’à certaines heures, bien assis, il m’offre la possibilité d’un hors-piste, à d’autres, il expire le même air aseptisé que celui, ambiant, qui rôde dans les hôpitaux et les classes préparatoires : la transformation du savoir, du talent, des aptitudes, en arme. [..]
Pourtant, je crois en la nécessité de l’errance. Les ‘antres du savoir’ sont polluées d’une science infernale : la notation, la compétition, la classification. Se mettre à l’échafaud : classe tes mots ! range-les ! compte-les ! Ils ont pourri l’apprentissage, qui suinte du pus des statistiques. L’examen est un doigt qu’on s’enfonce dans la glotte pour en vomir, en hauts-le-coeur plus ou moins stylisés, des connaissances devant un tribunal !
Que cherchent-ils? A m’apprendre à braire? Le langage universel des ânes? Les ‘connaissances minimales pour s’y retrouver, mathématiquement, littérairement et géographiquement’? Quels sont ces découpages sordides? Quels sont ces entités qui m’arrachent du bocal, me pétrissent l’âme et m’indiquent ma place?
Je n’ai d’autre compétition que la mienne. Je n’écrase personne. Je ne hais personne. Je ne brûle, ne viole, ne tue personne. Je ne mens pas sur les connaissances apprises ou non la veille. Ils forment des soldats, mais ce ne sont plus des brutes : cervelles gavées, cerveaux gras à bouffer pour Noël ! Petits mesquins des campus : moi qu’à eu la meilleure note ! Moi qu’aura la plus belle baraque ! Moi qu’aura le job à trois-mille ! [..]
Et le talent ! Celui-là ! Qu’en ont-ils faits, sinon le conducteur d’une machine infernale? Ce n’est pas l’argent le problème : c’est l’acceptation, par les gens de talent, d’entrer dans cette logique. Comment ont-ils fait, pour rationaliser les fulgurances? Emprisonner la création et ses brouillards? Comment ont-ils fait?
L’impulsion est morte. Je rencontre, chez certaines personnes, la seule raison qui vaille de vivre : la fêlure suffisante, dans ces corridors de douleurs, pour échapper au monde. L’échappée belle à toute minute. Jamais, jamais sur commande, ni beaux, ni laids, ni libres, jamais sur commande ! C’est hors des cages, que ça se passe la vie. [..]
Il semblerait qu’il faille, en dépit des curiosités que je manifeste pour le monde, en dépit, peut-être, de rêves à construire ou à donner, que je rentre dans le tuyau froid des ‘troupeaux intelligents’ : là où, le cerveau plein à péter, ils gisent comme des baleines à qui l’on aurait certifié pouvoir respirer hors de l’eau. Bordées de naïfs, canons chargés aux gros neurones : artefacts d’une société qui fabrique ‘penser’, alors que c’est ‘penser’ qui fabrique.
Rêver, et faire quelque chose de ses rêves ! Les donner au premier venu ! Les fabriquer à plusieurs ! N’est-ce pas la seule raison de se cultiver, ou d’organiser, avec son talent et ses cigarettes, un quelconque travail abouti? Imaginer quelques sourires nés ailleurs, aux frontières du monde, aux distances non quantifiables en kilomètres : se dire qu’à celui ou celle-là j’ai donné, pour quelques secondes, l’espoir ou le rêve qui lui manquait.
Z 30 1 11
Zlatko- MacadAccro
- Messages : 1621
Date d'inscription : 30/08/2009
Age : 33
Localisation : Centre
Re: Non. (fragment)
Hormis la possibilité de changer de système, ce qui nécessiterait un consensus très large, et donc mondial, en tenant compte que cette "mondialisation" tant décriée par les nantis à la gamelle pleine (pléonasme!), sert aussi à sortir de la misère ceux qui n'avaient pas ce privilège, nous n'avons d'autre choix que de nous adapter. Cette adaptation à une situation nouvelle ne pourra se faire en rêvant, même si le rêve est indispensable à notre équilibre. Faute de pouvoir contraindre les peuples les plus pauvres à ne pas sortir de leur dénuement,(en aurions nous le droit?), c'est par notre industrie et notre intelligence que l'on contournera le risque de notre paupérisation. Adaptation, donc.
Mais l'intelligence n'est-elle pas quelque part, la capacité d'adaptation; au moins celle des peuples?
Sans adaptation, l'espèce existerait-elle encore?
Swann, dubitatif...
Mais l'intelligence n'est-elle pas quelque part, la capacité d'adaptation; au moins celle des peuples?
Sans adaptation, l'espèce existerait-elle encore?
Swann, dubitatif...
Swann- MacadAccro
- Messages : 1023
Date d'inscription : 31/08/2009
Age : 72
Localisation : entre deux cafés
Re: Non. (fragment)
Comme ça me parle tout ça!
..et si il faut malgré tout se plier souvent, l'important c'est de pouvoir s'en révolter tout de même et de continuer à y croire de cette façon la.
..et si il faut malgré tout se plier souvent, l'important c'est de pouvoir s'en révolter tout de même et de continuer à y croire de cette façon la.
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LaLou
Re: Non. (fragment)
Une réflexion profonde sur le monde, l'être, le paraitre et le Devenir. Réflexion claire et dure comme un flash d'éclair suivit de son coup de tonnerre - le poète est là. Il ne veut pas de ces armes de poings, point ! Il ne compte pas sur ces inventions pour gagner et protéger sa liberté. Le drapeau : c'est sa peau ou la Mienne. Cessa - chapeau ! Mon étoile, vite ! Justicière cartouchière - mon étoile dorée, adorée ! Mon état.
Dam, état du monde.
* J'ai apprécié en passant ta critique franche d'une «jeunesse» puérile et vernie, visant un coup fumant... avide de gloire, d'extraordinaire, à l'instar de ses pairs et maîtres.
Et du système qui l'encadre, qui l'enrôle, l'enfume et l'embuscade.
Dam, état du monde.
* J'ai apprécié en passant ta critique franche d'une «jeunesse» puérile et vernie, visant un coup fumant... avide de gloire, d'extraordinaire, à l'instar de ses pairs et maîtres.
Et du système qui l'encadre, qui l'enrôle, l'enfume et l'embuscade.
Re: Non. (fragment)
J'aime ces questions que tu te poses.
Même si à mon âge, je n'y ai apporté de réponses que les miennes, venues du fond de mes errances, de mes refus, de mes acceptations, de mes fulgurances, de mes nuits blanches, de mes déserts, de mes Afrique.
La misère est ailleurs pour celui qui a la foi. J'ai choisi le doute constructif de mes certitudes pour être à mon aise. L'eau est bonne à celui qui a soif. L'intelligence c'est de la trouver.
La vie m'a beaucoup coûté, mais elle m'a tant donné.
Continue Z. de t'emporter, ils sont beaux à lire tes emportement. Le reste est littérature.
Nilo, le reste est littérature.
Même si à mon âge, je n'y ai apporté de réponses que les miennes, venues du fond de mes errances, de mes refus, de mes acceptations, de mes fulgurances, de mes nuits blanches, de mes déserts, de mes Afrique.
La misère est ailleurs pour celui qui a la foi. J'ai choisi le doute constructif de mes certitudes pour être à mon aise. L'eau est bonne à celui qui a soif. L'intelligence c'est de la trouver.
La vie m'a beaucoup coûté, mais elle m'a tant donné.
Continue Z. de t'emporter, ils sont beaux à lire tes emportement. Le reste est littérature.
Nilo, le reste est littérature.
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... Tu lui diras que je m'en fiche. Que je m'en fiche. - Léo Ferré, "La vie d'artiste"
Macadam :: MacadaTextes :: Vide-Poche
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