Derniers sujets
Statistiques
Nous avons 448 membres enregistrésL'utilisateur enregistré le plus récent est Marine8316
Nos membres ont posté un total de 56956 messages dans 10921 sujets
Premier voyage à Nianing,Sénégal,mars 74,Marc Tremsal 34°35°36° (+ 1) Bon °
2 participants
Macadam :: MacadaTextes :: Nouvelles
Page 1 sur 1
Premier voyage à Nianing,Sénégal,mars 74,Marc Tremsal 34°35°36° (+ 1) Bon °
Apo m’avait étonné de me faire cette proposition aussi rapidement, sans vraiment me connaître plus. L’avais-je séduit sans le vouloir ? La beauté de Mathilde avait certainement jouée. Il me semblait aimer les belles femmes.
C’était évident que le Domaine manquait de quelqu’un de responsable dans le secteur animation, loisirs, sports et que le gérant Monsieur Bernard n’était pas ici, pour ça. N’y avait-il pas dans cette offre d’Apo, un signe du ciel…
On rentra à la case, Ty s’allongea et moi aussi. Toujours « lits » à part, la petite sieste dura deux heures pour Ty. Je pensais pouvoir dormir un peu, mais il faisait chaud. Je ne cessais de penser à notre conversation de la plage et de l’offre d’Apo.
Comme dans un rêve, je m’imaginais que nous avions fait le grand saut et que nous étions revenus nous installer ici…En famille! Mais la réalité se rappela fortement à moi, lorsque Ty me dit.
--Marc, m’autorises-tu vraiment à appeler mon ami, je serai mieux après. Donc, Tu vas bien à Dakar demain avec Apo et mardi, nous allons bien à Niokolo Koba, c’est bien comme ça?
--Oui, c’est notre programme et j’espérais que tu arriverais à ce que tu te concentres un peu plus sur notre séjour…
Ty ne répondit pas et se changea, mit un paréo et sortit après être venu m’embrasser sagement. Me retrouvant seul, je travaillais sur le dépliant, fît une esquisse du plan du Domaine, me disant qu’au moins avant de partir, Apo me donnerait son accord pour l’édition. Il était déjà quatre heures et j’allais vers la plage, lorsque Ali Kébé passa en voiture et me salua comme il le faisait toujours.
--Alors, Monsieur Tremsal, tout va bien, Apo m’a dit que vous alliez à Dakar avec lui, à bientôt.
--Merci Ali, je vais aller me baigner. Tout prés de la route il y avait une maison et j’aperçus un homme habillé en uniforme de garde forestier. Allant vers lui, il me salua.
--Je suis Monsieur Diop, alors cette belle forêt, vous plait-elle? Cela tranche avec ce que l’on voit à l’extérieur, n’est-ce pas ?
--Oui, bonjour monsieur.
--Et bien savez-vous que mon rôle est de protéger la région et particulièrement le Domaine et cela depuis longtemps. La maison forestière qui est là, et ou j’habite avec ma famille, existe depuis cinquante ans.
Quel chance et quel atout énorme avait Apo, avec ce personnage providentiel! Je me disais qu'auprès de cet homme, je pourrais un jour, apprendre des choses intéressantes, sur le passé, de ce lieu, avant l’installation d’Apo.
Il y avait plus de monde à la plage, et l’océan était un peu agité. Malik nettoya le sable sous une des paillotes, et je m’allongeais. Je me revoyais avec Apo, et réfléchissais. Comment un homme de cette envergure pouvait avoir besoin, à ses cotés d’un parisien, publicitaire, avec femme et enfants? Il est vrai que mise à part les représentants jet Tours, Sénégal tours et le couple de gérants, il n' y avait personne de valable à l’animation, aux sports et aux loisirs, ni la semaine passée, ni cette semaine. Heureusement que les employés Sénégalais étaient à la hauteur.
En revenant de la plage après un bain agréable, j’allais faire un tour vers un lotissement à l’écart que j’avais remarqué. Une maison type européenne, et un bâtiment. Une piste débouchait vers un immense terrain, avec quelques arbres fruitiers. Je rencontrais là, Monsieur Estival, qui sortait de chez lui.
--Bonjour, Monsieur Tremsal, comment ça va? Alors vous allez, parait-il, à Dakar?
--Tout se sait ici ! Oui, demain avec Apo.
Georges Estival semblait ici « chez lui », Il avait des relations d’affaires avec Apo, aussi de conseiller technique... Après une petite conversation, on se quitta et je rentrais à la case en passant devant une énorme termitière, d’au moins deux mètres de haut, faite de boue toute séchée. La présence d’un gros varan à proximité, dormant au soleil, me fit penser de revenir là, avec mon appareil de photos. Tout en marchant, je pensais à Ty, et comment j’allais la trouver, souriante, triste, tourmentée ?…Je ne voulais pas encore confier à Ty, notre conversation et la proposition d’Apo, préférant attendre mon retour de Dakar, demain soir car, de toute façon, j’en saurai plus. Il fallait que je passe régler l’excursion et cela pouvait se faire en chèque Français. On parla avec le guide, qui me donna les heures de départ Mardi, à six heures trente. Il y avait un DC neuf à l’aéroport et une heure trente de vol, pour Niokolo. J’avais lu dans le guide, que ce parc d’un million d’hectares avait été très « riche », et longtemps, la première réserve d’animaux sauvages en arrivant par le Sénégal en Afrique Noire. Aujourd’hui, le braconnage, la sécheresse, étaient des facteurs de disparition de beaucoup d’espèces. On verrait bien sur place. Un vent de sable se leva, assez fort. Le ciel pris une couleur ocre.
On nous annonça la venue du groupe Peulhs et de Wabili Camara pour l’apéritif. Ty devait être allé se changer et je fis de même. Je la trouvais en forme, et elle me dit :
--J’ai pu avoir mon ami et encore merci Marc.
À chaque fois qu’elle abordait un peu ce sujet, je me disais que la route serait longue et je ne voyais pas comment la dissuader dans son entreprise de vouloir changer complètement de vie. Vers dix-neuf heures, on se retrouva avec un groupe d’ami au restaurant et l’on prit une table sur la terrasse. Le vent de sable s’était calmé et les serveurs balayaient la piste pour le spectacle. Apo fit une apparition et de loin me fit signe d’aller le voir. J’avais mon appareil de photos à la main et malgré la nuit, il me demanda de lui prendre une photo. On alla dans l’allée près de son bureau et avec le flash, je lui fis deux, trois prises.
--Merci Marc, n’oubliez pas demain matin, Dakar !
C’était la première fois qu’il m’appelait par mon prénom… Nos amis Peulhs arrivèrent à l’heure au rythme de leur envoûtante musique où dominaient le son des violons riti et des flûtes. Je fis quelques photos de ces artistes, toujours accompagnés de leurs femmes avec des enfants. Pour elles, c’était une sortie pour la famille, que d’accompagner leurs « hommes », souvent polygames. Wabili, mon ami féticheur, toujours en pleine forme, fit son numéro impressionnant. Le dîner se passa comme les autres soirs, avec en entrée, une soupe de poissons excellente. Thiam, nous apporta une bouteille de rosé, bien fraîche, de la part d’Apo. Ty me fit remarquer que nous étions gâtés. Je la trouvais détendue et après le repas, on fit un détour par la discothèque, car je voulais voir le préposé aux disques, pour regarder ce qu’il avait comme disques d’ambiances, pour faire une nouvelle bande pour le restaurant. Je voulais des musiques latino, congolaises et antillaises, pour que ça bouge un peu. Avec l’ampli et le revox, il nous serait possible d’enregistrer.
Je lui demandais de me faire une sélection…
Un couple de médecins sympas nous invita à prendre un verre. Nous étions seuls et je me demandais ce qu’on pourrait faire pour décorer cette boîte de nuit, la rendre plus conviviale. Moi qui ne buvait presque jamais de Whisky, j’en pris un avec du Perrier. Le toubib me demanda, si je savais comment, et à qui, donner des médicaments qu’ils avaient amenés.
--Êtes vous aller à m’Bodiéne, au dispensaire de la sœur Marie Prigent? Il faut y aller.
--Non, mais on ira.
Je leur racontais notre visite et qu’il pouvait y aller avec un taxi-brousse. Ty dansait seule sur la piste, sur un air des Rolling Stones. Au bout d’une heure, on décida de rentrer. J’avais sommeil, et demain, Je devais partir de bonne heure, mais je pris l’initiative de lui parler.
--Alors ce coup de fil, que t’a-t-il apporté de nouveau ? En as-tu profité pour appeler les enfants ?
--Non, mais mon ami m’a redit qu’il était prêt à m’accueillir seule ou avec les enfants.
Cette façon, de me dire des choses aussi graves, brutalement, me dépassait et je restais sans voix, en pensant à l’avenir, et en gardant la foi et l’espoir. Je lui répondis :
--Ty, fais moi plaisir, regardes devant toi et avec « nous », la route nouvelle est toute tracée, le bonheur est accessible, j’y crois, crois y, toi aussi.
Au petit matin, après un bon petit-déjeuner, je retrouvais le chauffeur et Apo. On prit la route, je m’étais mis devant, Apo derrière. Durant tout le trajet, sans que jamais il aborde ce qu’il m’avait proposé, Apo me parla comme si j’étais déjà, un de ses collaborateurs.
Je commençais à me demander comment les choses allaient évoluer. Je ne connaissais pas ce chauffeur que je trouvais très stylé et discret. Apo avait fait le programme et après une heure et demie de route, on arriva aux bureaux de Dakar.Je fis la connaissance d’Armande, Apo m’en avait parlé dans la voiture et semblait bien l’apprécier.
Elle me regarda en souriant et avec une certaine conviction, me parla :
--Apo m’a dit beaucoup de bonnes choses sur vous et il vous apprécie.
Cette adresse rue Jules Ferry, au centre ville, avait une grande cour intérieure et trois bureaux. Télex, plusieurs téléphones, étaient à cette époque les moyens de communication. Catherine de Chicourt travaillait aussi pour Apo. Après un petit moment, on partit vers le garage de location Hertz où le frère d’Apo, Alex était responsable technique. C’était une vraie ruche et tout semblait bien fonctionner. Ateliers mécaniques, tôlerie, et des bureaux. Apo m’expliqua qu’il avait aussi des parts dans une société de cars, et que ce secteur était en crise.
--Marc, Je reste un moment ici et l’on ira voir ma propriété des Almadies, ensuite j’ai rendez-vous avec mon conseiller en affaires juridique Philippe de Chicourt. Le frère d’Apo à peine plus âgé que lui me fit bonne impression. Lui aussi, avait été mis au courant de ma compétence en publicité et ne tarda pas à me dire
--Alors, vous allez vous occuper de notre publicité? On en a bien besoin!
Le temps passa et l’on rejoignit la route de la corniche pour aller vers la pointe des Almadies ou Apo avait sa propriété. La région était très belle, avec l’océan au loin. Deux trois hectares, des grands bâtiments, beaucoup d’espace, deux cars et pas mal de voitures en stocks. Apo, me parla de projets, il semblait avoir des idées pour ce lieu, bien situé dans la banlieue de Dakar. On va aller déjeuner et ensuite j’irai à mon rendez-vous. Il connaissait un petit resto sur la corniche et l’on mangea du poisson, des dorades grillées.
--Apo, demain je pars à Niokolo et reviendrai mardi soir :
--Mais Marc, il n’y a plus rien là-bas! qui vous a conseillé?
--Personne Apo, mais je me ferai une idée et mon épouse est heureuse d’y aller.
--À votre retour Marc, on va se voir et parler très sérieusement, c’est important, je dois savoir…
. --Soit Apo, c’est promis. Votre proposition, je ne cesse d’y penser, mais vous savez bien qu’on ne peut pas changer d’existence comme cela, et je ne suis pas seul, il y a ma famille…Le repas se termina en conversations interminables et je commençais à en savoir beaucoup sur ce personnage, qui m’ avoua, pour terminer son propos ;
--Marc, il se peut que des personnes vous disent des choses sur moi, voir du mal, que j’ai des problèmes dans mes affaires, sur ma vie privée. Je vous demande de me faire confiance et je sais qu’ensembles nous ferons de grandes choses.
De retour au bureau, il y avait Ali Kébé et le camion du marché, plein à ras bord. Il fallait qu’il passe prendre d’autres victuailles avant de rentrer. On alla chez Monsieur de Chicourt, qu’Apo surnommait Fifi. Style vieille France, cet homme me plut beaucoup. Je fis la connaissance de sa fille ainée. Apo resta une bonne heure et je l’attendis. A sa sortie Fifi me dit, au moment où Apo descendait l’escalier :
--Vous faites partie des rares personnes, dont Apo aime parler sans se lasser. À très bientôt.
Le retour à Nianing, fut plus laborieux. Embouteillage sur embouteillage, surtout à Rufisque. Cette route était assez dangereuse. Apo voulu me montrer à la Somone, un des premiers hôtels de la petite Côte appartenant à Monsieur Blanc et qui devint plus tard « Le Baobab », village de vacances réputé. Il n’y avait pas l’électricité, seul un petit groupe électrogène. C’était assez sauvage avec une rivière et une lagune. L’établissement semblait fermé.
La fin du trajet fut assez calme, Apo faisait un petit somme et le chauffeur me demanda :
- -Alors Monsieur, vous allez rester nous?
C’est la seule parole que j’entendis de sa bouche depuis le départ du matin...
En arrivant de Dakar, il était trop tard pour aller se baigner. Je remerciais Apo de cette journée intéressante et il me proposa que l’on dîne ensemble, à sa table. En retrouvant Ty, je lui demandais si sa journée s’était bien passée et que l’on dînerait avec Apo.
--Marc, Je n’ai pas quitté la plage et en me promenant, j’ai rencontré un de tes nouveaux amis qui s’appelle Samba.
--Oui, Samba, que l’on appelle, l’antiquaire.
--Je lui ai dit qu’on restait la semaine et qu’on irait le revoir.
C’est une vraie caverne d’Ali baba sa boutique !on pourra lui acheter un masque ou une statuette. Après une bonne douche, je m’habillais encore avec un ensemble Africain, pantalon et tunique, Ty, dans le même style. Elle avait préparé une petite valise pour notre voyage à Niokolo, et vu l’heure du départ, on ne se coucherait pas tard. La nuit était tombée et le ciel complètement dégagé du sable de la veille. Vu le peu d’éclairage des allées, j’aimais regarder le ciel étoilé.
En attendant Apo au bar, les autres vacanciers commençaient à s’installer aux tables. Thiam, nous proposa de venir à une table, mais je lui disais qu’on dînerait avec Apo. Ty, voulut que je lui parle de ma journée, ce que je fis volontiers. Enfin, Apo arriva et nous fit signe de le rejoindre à la table habituelle. Nous étions tous les trois et le verre de rosé frais ne tarda pas à être servi. Au menu proposé, le bœuf au mafé, après une bonne soupe. Apo, bien installé, s’adressa directement à Mathilde :
--Madame Tremsal, avant votre voyage dans ce parc national, j’ai quelque chose de très important à vous dire, votre mari, je le sais ne vous a encore rien dit.
À cet instant, je regardais Apo avec insistance, cherchant son regard, mais il semblait s’adresser qu’à Mathilde, ne la quittant pas des yeux. Puis il se mit à parler, en essayant de cacher son accent.
--Je vous le redis, je sais que Marc ne vous en a pas parlé, il me l’aurait dit.
Voilà. J’ai fait une offre à votre mari, la voici. Ma proposition est de vous demander d’accepter de venir au Sénégal, vivre ici, dans mon Domaine, à mes côtés, vous Mathilde, vos enfants et Marc.
Je regardais Ty qui, impassible, ne bronchait pas. Apo continuait à parler et pour la persuader, la rassurer, aborda le problème financier.
--Marc aurait, d’importantes responsabilités au Domaine et vous pourriez être la représentante Jet tours, avec un contrat en règle d’expatriée.
Je pris la parole en disant à Apo :
--Mais Apo, vous n’imaginez pas ce bouleversement et mon affaire de Paris, croyez vous qu’on puisse changer d’existence comme cela?
Ty nous écoutait… et me semblait ailleurs.
Elle dit à Apo que ça lui paraissait impossible, que son mari ne pourrait pas quitter ses affaires comme cela et qu’elle le remerciait.
--Monsieur Apo, vous ne réalisez pas que Marc a une très belle situation à Paris.
La conversation se poursuivit entre Apo et moi, et je concluais en lui disant :
--Apo, à notre retour de Niokolo, mercredi soir, nous aurons pris une décision avec ma femme. Apo nous servit du rosé. Au dessert, on nous apporta une glace au goût de mangue et l’on se quitta. Dans l’allée, Ty revînt sur le sujet en me disant.
--Marc, pourquoi ne m’avoir rien dit ?
--Je voulais le faire pendant notre voyage, tranquillement, mais Apo a précipité ce soir les choses et nous voilà au pied du mur. Et puis Ty, une chose est sûre, j’y ai beaucoup pensé, si tu décides une fois pour toutes, de nous quitter, de faire ta vie ailleurs, tu partiras seule et cette opportunité de venir en Afrique, je la saisirais avec les enfants, et je quitterai Paris.
--Marc, tu es fou, ne dis pas n’importe quoi, ici c’est l’aventure, on ne sait rien d’Apo… Et moi? Que vais-je faire.
Je sais que je n’abandonnerais pas les enfants… Non, ici c’est l’aventure, Marc, tu as trop confiance sans connaître les gens. C’est le bout du monde…
--Ty, ou peut être le commencement ?
On s’endormit sans plus parler de tout cela.
C’était évident que le Domaine manquait de quelqu’un de responsable dans le secteur animation, loisirs, sports et que le gérant Monsieur Bernard n’était pas ici, pour ça. N’y avait-il pas dans cette offre d’Apo, un signe du ciel…
On rentra à la case, Ty s’allongea et moi aussi. Toujours « lits » à part, la petite sieste dura deux heures pour Ty. Je pensais pouvoir dormir un peu, mais il faisait chaud. Je ne cessais de penser à notre conversation de la plage et de l’offre d’Apo.
Comme dans un rêve, je m’imaginais que nous avions fait le grand saut et que nous étions revenus nous installer ici…En famille! Mais la réalité se rappela fortement à moi, lorsque Ty me dit.
--Marc, m’autorises-tu vraiment à appeler mon ami, je serai mieux après. Donc, Tu vas bien à Dakar demain avec Apo et mardi, nous allons bien à Niokolo Koba, c’est bien comme ça?
--Oui, c’est notre programme et j’espérais que tu arriverais à ce que tu te concentres un peu plus sur notre séjour…
Ty ne répondit pas et se changea, mit un paréo et sortit après être venu m’embrasser sagement. Me retrouvant seul, je travaillais sur le dépliant, fît une esquisse du plan du Domaine, me disant qu’au moins avant de partir, Apo me donnerait son accord pour l’édition. Il était déjà quatre heures et j’allais vers la plage, lorsque Ali Kébé passa en voiture et me salua comme il le faisait toujours.
--Alors, Monsieur Tremsal, tout va bien, Apo m’a dit que vous alliez à Dakar avec lui, à bientôt.
--Merci Ali, je vais aller me baigner. Tout prés de la route il y avait une maison et j’aperçus un homme habillé en uniforme de garde forestier. Allant vers lui, il me salua.
--Je suis Monsieur Diop, alors cette belle forêt, vous plait-elle? Cela tranche avec ce que l’on voit à l’extérieur, n’est-ce pas ?
--Oui, bonjour monsieur.
--Et bien savez-vous que mon rôle est de protéger la région et particulièrement le Domaine et cela depuis longtemps. La maison forestière qui est là, et ou j’habite avec ma famille, existe depuis cinquante ans.
Quel chance et quel atout énorme avait Apo, avec ce personnage providentiel! Je me disais qu'auprès de cet homme, je pourrais un jour, apprendre des choses intéressantes, sur le passé, de ce lieu, avant l’installation d’Apo.
*
Il y avait plus de monde à la plage, et l’océan était un peu agité. Malik nettoya le sable sous une des paillotes, et je m’allongeais. Je me revoyais avec Apo, et réfléchissais. Comment un homme de cette envergure pouvait avoir besoin, à ses cotés d’un parisien, publicitaire, avec femme et enfants? Il est vrai que mise à part les représentants jet Tours, Sénégal tours et le couple de gérants, il n' y avait personne de valable à l’animation, aux sports et aux loisirs, ni la semaine passée, ni cette semaine. Heureusement que les employés Sénégalais étaient à la hauteur.
En revenant de la plage après un bain agréable, j’allais faire un tour vers un lotissement à l’écart que j’avais remarqué. Une maison type européenne, et un bâtiment. Une piste débouchait vers un immense terrain, avec quelques arbres fruitiers. Je rencontrais là, Monsieur Estival, qui sortait de chez lui.
--Bonjour, Monsieur Tremsal, comment ça va? Alors vous allez, parait-il, à Dakar?
--Tout se sait ici ! Oui, demain avec Apo.
Georges Estival semblait ici « chez lui », Il avait des relations d’affaires avec Apo, aussi de conseiller technique... Après une petite conversation, on se quitta et je rentrais à la case en passant devant une énorme termitière, d’au moins deux mètres de haut, faite de boue toute séchée. La présence d’un gros varan à proximité, dormant au soleil, me fit penser de revenir là, avec mon appareil de photos. Tout en marchant, je pensais à Ty, et comment j’allais la trouver, souriante, triste, tourmentée ?…Je ne voulais pas encore confier à Ty, notre conversation et la proposition d’Apo, préférant attendre mon retour de Dakar, demain soir car, de toute façon, j’en saurai plus. Il fallait que je passe régler l’excursion et cela pouvait se faire en chèque Français. On parla avec le guide, qui me donna les heures de départ Mardi, à six heures trente. Il y avait un DC neuf à l’aéroport et une heure trente de vol, pour Niokolo. J’avais lu dans le guide, que ce parc d’un million d’hectares avait été très « riche », et longtemps, la première réserve d’animaux sauvages en arrivant par le Sénégal en Afrique Noire. Aujourd’hui, le braconnage, la sécheresse, étaient des facteurs de disparition de beaucoup d’espèces. On verrait bien sur place. Un vent de sable se leva, assez fort. Le ciel pris une couleur ocre.
*
On nous annonça la venue du groupe Peulhs et de Wabili Camara pour l’apéritif. Ty devait être allé se changer et je fis de même. Je la trouvais en forme, et elle me dit :
--J’ai pu avoir mon ami et encore merci Marc.
À chaque fois qu’elle abordait un peu ce sujet, je me disais que la route serait longue et je ne voyais pas comment la dissuader dans son entreprise de vouloir changer complètement de vie. Vers dix-neuf heures, on se retrouva avec un groupe d’ami au restaurant et l’on prit une table sur la terrasse. Le vent de sable s’était calmé et les serveurs balayaient la piste pour le spectacle. Apo fit une apparition et de loin me fit signe d’aller le voir. J’avais mon appareil de photos à la main et malgré la nuit, il me demanda de lui prendre une photo. On alla dans l’allée près de son bureau et avec le flash, je lui fis deux, trois prises.
--Merci Marc, n’oubliez pas demain matin, Dakar !
C’était la première fois qu’il m’appelait par mon prénom… Nos amis Peulhs arrivèrent à l’heure au rythme de leur envoûtante musique où dominaient le son des violons riti et des flûtes. Je fis quelques photos de ces artistes, toujours accompagnés de leurs femmes avec des enfants. Pour elles, c’était une sortie pour la famille, que d’accompagner leurs « hommes », souvent polygames. Wabili, mon ami féticheur, toujours en pleine forme, fit son numéro impressionnant. Le dîner se passa comme les autres soirs, avec en entrée, une soupe de poissons excellente. Thiam, nous apporta une bouteille de rosé, bien fraîche, de la part d’Apo. Ty me fit remarquer que nous étions gâtés. Je la trouvais détendue et après le repas, on fit un détour par la discothèque, car je voulais voir le préposé aux disques, pour regarder ce qu’il avait comme disques d’ambiances, pour faire une nouvelle bande pour le restaurant. Je voulais des musiques latino, congolaises et antillaises, pour que ça bouge un peu. Avec l’ampli et le revox, il nous serait possible d’enregistrer.
Je lui demandais de me faire une sélection…
Un couple de médecins sympas nous invita à prendre un verre. Nous étions seuls et je me demandais ce qu’on pourrait faire pour décorer cette boîte de nuit, la rendre plus conviviale. Moi qui ne buvait presque jamais de Whisky, j’en pris un avec du Perrier. Le toubib me demanda, si je savais comment, et à qui, donner des médicaments qu’ils avaient amenés.
--Êtes vous aller à m’Bodiéne, au dispensaire de la sœur Marie Prigent? Il faut y aller.
--Non, mais on ira.
Je leur racontais notre visite et qu’il pouvait y aller avec un taxi-brousse. Ty dansait seule sur la piste, sur un air des Rolling Stones. Au bout d’une heure, on décida de rentrer. J’avais sommeil, et demain, Je devais partir de bonne heure, mais je pris l’initiative de lui parler.
--Alors ce coup de fil, que t’a-t-il apporté de nouveau ? En as-tu profité pour appeler les enfants ?
--Non, mais mon ami m’a redit qu’il était prêt à m’accueillir seule ou avec les enfants.
Cette façon, de me dire des choses aussi graves, brutalement, me dépassait et je restais sans voix, en pensant à l’avenir, et en gardant la foi et l’espoir. Je lui répondis :
--Ty, fais moi plaisir, regardes devant toi et avec « nous », la route nouvelle est toute tracée, le bonheur est accessible, j’y crois, crois y, toi aussi.
*
Au petit matin, après un bon petit-déjeuner, je retrouvais le chauffeur et Apo. On prit la route, je m’étais mis devant, Apo derrière. Durant tout le trajet, sans que jamais il aborde ce qu’il m’avait proposé, Apo me parla comme si j’étais déjà, un de ses collaborateurs.
Je commençais à me demander comment les choses allaient évoluer. Je ne connaissais pas ce chauffeur que je trouvais très stylé et discret. Apo avait fait le programme et après une heure et demie de route, on arriva aux bureaux de Dakar.Je fis la connaissance d’Armande, Apo m’en avait parlé dans la voiture et semblait bien l’apprécier.
Elle me regarda en souriant et avec une certaine conviction, me parla :
--Apo m’a dit beaucoup de bonnes choses sur vous et il vous apprécie.
Cette adresse rue Jules Ferry, au centre ville, avait une grande cour intérieure et trois bureaux. Télex, plusieurs téléphones, étaient à cette époque les moyens de communication. Catherine de Chicourt travaillait aussi pour Apo. Après un petit moment, on partit vers le garage de location Hertz où le frère d’Apo, Alex était responsable technique. C’était une vraie ruche et tout semblait bien fonctionner. Ateliers mécaniques, tôlerie, et des bureaux. Apo m’expliqua qu’il avait aussi des parts dans une société de cars, et que ce secteur était en crise.
--Marc, Je reste un moment ici et l’on ira voir ma propriété des Almadies, ensuite j’ai rendez-vous avec mon conseiller en affaires juridique Philippe de Chicourt. Le frère d’Apo à peine plus âgé que lui me fit bonne impression. Lui aussi, avait été mis au courant de ma compétence en publicité et ne tarda pas à me dire
--Alors, vous allez vous occuper de notre publicité? On en a bien besoin!
Le temps passa et l’on rejoignit la route de la corniche pour aller vers la pointe des Almadies ou Apo avait sa propriété. La région était très belle, avec l’océan au loin. Deux trois hectares, des grands bâtiments, beaucoup d’espace, deux cars et pas mal de voitures en stocks. Apo, me parla de projets, il semblait avoir des idées pour ce lieu, bien situé dans la banlieue de Dakar. On va aller déjeuner et ensuite j’irai à mon rendez-vous. Il connaissait un petit resto sur la corniche et l’on mangea du poisson, des dorades grillées.
--Apo, demain je pars à Niokolo et reviendrai mardi soir :
--Mais Marc, il n’y a plus rien là-bas! qui vous a conseillé?
--Personne Apo, mais je me ferai une idée et mon épouse est heureuse d’y aller.
--À votre retour Marc, on va se voir et parler très sérieusement, c’est important, je dois savoir…
. --Soit Apo, c’est promis. Votre proposition, je ne cesse d’y penser, mais vous savez bien qu’on ne peut pas changer d’existence comme cela, et je ne suis pas seul, il y a ma famille…Le repas se termina en conversations interminables et je commençais à en savoir beaucoup sur ce personnage, qui m’ avoua, pour terminer son propos ;
--Marc, il se peut que des personnes vous disent des choses sur moi, voir du mal, que j’ai des problèmes dans mes affaires, sur ma vie privée. Je vous demande de me faire confiance et je sais qu’ensembles nous ferons de grandes choses.
De retour au bureau, il y avait Ali Kébé et le camion du marché, plein à ras bord. Il fallait qu’il passe prendre d’autres victuailles avant de rentrer. On alla chez Monsieur de Chicourt, qu’Apo surnommait Fifi. Style vieille France, cet homme me plut beaucoup. Je fis la connaissance de sa fille ainée. Apo resta une bonne heure et je l’attendis. A sa sortie Fifi me dit, au moment où Apo descendait l’escalier :
--Vous faites partie des rares personnes, dont Apo aime parler sans se lasser. À très bientôt.
*
Le retour à Nianing, fut plus laborieux. Embouteillage sur embouteillage, surtout à Rufisque. Cette route était assez dangereuse. Apo voulu me montrer à la Somone, un des premiers hôtels de la petite Côte appartenant à Monsieur Blanc et qui devint plus tard « Le Baobab », village de vacances réputé. Il n’y avait pas l’électricité, seul un petit groupe électrogène. C’était assez sauvage avec une rivière et une lagune. L’établissement semblait fermé.
La fin du trajet fut assez calme, Apo faisait un petit somme et le chauffeur me demanda :
- -Alors Monsieur, vous allez rester nous?
C’est la seule parole que j’entendis de sa bouche depuis le départ du matin...
En arrivant de Dakar, il était trop tard pour aller se baigner. Je remerciais Apo de cette journée intéressante et il me proposa que l’on dîne ensemble, à sa table. En retrouvant Ty, je lui demandais si sa journée s’était bien passée et que l’on dînerait avec Apo.
--Marc, Je n’ai pas quitté la plage et en me promenant, j’ai rencontré un de tes nouveaux amis qui s’appelle Samba.
--Oui, Samba, que l’on appelle, l’antiquaire.
--Je lui ai dit qu’on restait la semaine et qu’on irait le revoir.
C’est une vraie caverne d’Ali baba sa boutique !on pourra lui acheter un masque ou une statuette. Après une bonne douche, je m’habillais encore avec un ensemble Africain, pantalon et tunique, Ty, dans le même style. Elle avait préparé une petite valise pour notre voyage à Niokolo, et vu l’heure du départ, on ne se coucherait pas tard. La nuit était tombée et le ciel complètement dégagé du sable de la veille. Vu le peu d’éclairage des allées, j’aimais regarder le ciel étoilé.
En attendant Apo au bar, les autres vacanciers commençaient à s’installer aux tables. Thiam, nous proposa de venir à une table, mais je lui disais qu’on dînerait avec Apo. Ty, voulut que je lui parle de ma journée, ce que je fis volontiers. Enfin, Apo arriva et nous fit signe de le rejoindre à la table habituelle. Nous étions tous les trois et le verre de rosé frais ne tarda pas à être servi. Au menu proposé, le bœuf au mafé, après une bonne soupe. Apo, bien installé, s’adressa directement à Mathilde :
--Madame Tremsal, avant votre voyage dans ce parc national, j’ai quelque chose de très important à vous dire, votre mari, je le sais ne vous a encore rien dit.
À cet instant, je regardais Apo avec insistance, cherchant son regard, mais il semblait s’adresser qu’à Mathilde, ne la quittant pas des yeux. Puis il se mit à parler, en essayant de cacher son accent.
--Je vous le redis, je sais que Marc ne vous en a pas parlé, il me l’aurait dit.
Voilà. J’ai fait une offre à votre mari, la voici. Ma proposition est de vous demander d’accepter de venir au Sénégal, vivre ici, dans mon Domaine, à mes côtés, vous Mathilde, vos enfants et Marc.
Je regardais Ty qui, impassible, ne bronchait pas. Apo continuait à parler et pour la persuader, la rassurer, aborda le problème financier.
--Marc aurait, d’importantes responsabilités au Domaine et vous pourriez être la représentante Jet tours, avec un contrat en règle d’expatriée.
Je pris la parole en disant à Apo :
--Mais Apo, vous n’imaginez pas ce bouleversement et mon affaire de Paris, croyez vous qu’on puisse changer d’existence comme cela?
Ty nous écoutait… et me semblait ailleurs.
Elle dit à Apo que ça lui paraissait impossible, que son mari ne pourrait pas quitter ses affaires comme cela et qu’elle le remerciait.
--Monsieur Apo, vous ne réalisez pas que Marc a une très belle situation à Paris.
La conversation se poursuivit entre Apo et moi, et je concluais en lui disant :
--Apo, à notre retour de Niokolo, mercredi soir, nous aurons pris une décision avec ma femme. Apo nous servit du rosé. Au dessert, on nous apporta une glace au goût de mangue et l’on se quitta. Dans l’allée, Ty revînt sur le sujet en me disant.
--Marc, pourquoi ne m’avoir rien dit ?
--Je voulais le faire pendant notre voyage, tranquillement, mais Apo a précipité ce soir les choses et nous voilà au pied du mur. Et puis Ty, une chose est sûre, j’y ai beaucoup pensé, si tu décides une fois pour toutes, de nous quitter, de faire ta vie ailleurs, tu partiras seule et cette opportunité de venir en Afrique, je la saisirais avec les enfants, et je quitterai Paris.
--Marc, tu es fou, ne dis pas n’importe quoi, ici c’est l’aventure, on ne sait rien d’Apo… Et moi? Que vais-je faire.
Je sais que je n’abandonnerais pas les enfants… Non, ici c’est l’aventure, Marc, tu as trop confiance sans connaître les gens. C’est le bout du monde…
--Ty, ou peut être le commencement ?
On s’endormit sans plus parler de tout cela.
*
Dernière édition par tremsal le Mar 12 Juil - 11:41, édité 2 fois
tremsal- MacadAdo
- Messages : 113
Date d'inscription : 12/08/2010
Re: Premier voyage à Nianing,Sénégal,mars 74,Marc Tremsal 34°35°36° (+ 1) Bon °
dis donc, un véritable roman que tu nous livres la!
_________________
LaLou
LALOU,
OUI, Je suis tes conseils , tous les documents de la page 1° à 92° sont corrigés et envoyer à Macadam
A mon avis il reste encore une centaine de pages A 4, corps 14...
DE 1974 0 1991 ! Ma vie sur le terrain au Sénégal est à venir!et passionante
NIANING, est très connu. JE recevais 10000 touristes par an ! Nianing existe encore mais APO est décédé.
j'ai de très bonnes photos,dessins
Peux tu me dire quel sera l'ordre de marche pour Editer,
Amitiés marc
merci à vous tous
A mon avis il reste encore une centaine de pages A 4, corps 14...
DE 1974 0 1991 ! Ma vie sur le terrain au Sénégal est à venir!et passionante
NIANING, est très connu. JE recevais 10000 touristes par an ! Nianing existe encore mais APO est décédé.
j'ai de très bonnes photos,dessins
Peux tu me dire quel sera l'ordre de marche pour Editer,
Amitiés marc
merci à vous tous
tremsal- MacadAdo
- Messages : 113
Date d'inscription : 12/08/2010
Macadam :: MacadaTextes :: Nouvelles
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Aujourd'hui à 9:01 par Io Kanaan
» Grandeur d’un ambipachyderme
Hier à 9:30 par Io Kanaan
» Marin d’eau douce
Sam 23 Nov - 8:56 par Io Kanaan
» Planète anodine
Jeu 21 Nov - 9:46 par Io Kanaan
» Monstre vert
Mer 20 Nov - 9:07 par Io Kanaan
» Lézard vaillant
Lun 18 Nov - 9:50 par Io Kanaan
» Branche fossile
Dim 17 Nov - 9:05 par Io Kanaan
» Flamme grise
Sam 16 Nov - 8:59 par Io Kanaan
» Roi fantasque
Jeu 14 Nov - 9:16 par Io Kanaan