Antichambre

Antichambre

Quelle chambre rejoignais-tu, où s’aggravait l’horreur
de l’aube sur les vitres ? (Yves Bonnefoy)


suivez les pas lacés au soleil
les signes noirs aux yeux perturbés
une autre voix enfourchée résonne sans peur
dites oui sans revenir vers le froid des pierres
comme a dit le poète

la nuit livre en godet des parfums corrompus
grains d’une clarté dans l’arrière saison
ponts d’interrogations
têtes pleines de pluie

le port s’ouvre à toutes les langueurs
telle une fontaine insoutenable des mots
des cris écartelés
le ciel pousse en verticale abandonnant les nuages percés
auprès des gestes se livrent leurs mains
et reviennent sur leurs pas pour se défaire
d’un amour en un seul trait
un mauvais ange amène la saison lacrymogène
les rêves inexacts auxquels personne n’a cru
au souffle bouillonnant
aux mains sans rancune
qui pourrait bien survivre à tout n’étant rien
dans l’antichambre
de l’immobilité du mouvement ?

12/02/2011 Sablé

je ne sais pas si cela se tient :


J'ai suivi les vignes noires enlacées au regard
ces livres pleins d'histoires
et de phrases de travers
j'ai suivi longtemps le chemin des dunes
mais les dunes ne mènent nulle part
qu'aux escarpements violents
où le silence écartèle les corps attentifs
j'ai suivi des yeux les amours fantomatiques
me faisant somnambule me faisant semblant d'être
le cœur fatigué à trop souvent chavirer
pour les voix de la nuit

j'ai dépecé les anges pour en découvrir leur composition
sous leurs ailes bruyantes vivait quelque chose
le cri du vent, le désespoir du divin
leurs mains réceptacles traçaient des ombres
dans lesquelles je perdais l'horizon

nous étions immobiles et morts, vivants et mouvants
les rêves s'attachent aux semelles funestes
et décident du temps et des appropriations
son corps est un poème fait de mots simples
une éternité de déesse, un sang vibrationnel
ses seins sont des plages migratoires
sur quoi je pose une langue abusée de son contraire

j'ai suivi du regard ses pas approximatifs
hésitant là où le doute ne saurait subsister
si tu marches sur moi, si tu souffles sur mes braises
le jour lèvera des yeux songeurs
sur nos corps ahuris de ne s'être pas consumés

J'ai beaucoup aimé ce vers:

"un mauvais ange amène la saison lacrymogène"

Mais là je suis comblée vu que 2 de mes auteurs préférés sont associés.

Un bel instant de lecture pour ce dimanche matin où le calme est encore de la partie!

Sylvie

un mauvais ange amène la saison lacrymogène
Cette antichambre n'est pas qu'une salle d'attente, c'est le lieu de ces rencontres qu'on ne voudrait pas faire.
Et que pourtant le cours des choses nous fore à faire.
L'histoire souvent se répète car il n'est pas de leçons qui ne s'oublient.

Nilo, buée sur la mémoire.

C'est une écriture dans laquelle je dois revenir....

(sourire)

H.

Cauchemardesque et fascinant, j'aime cette ambiance.

encore un grand Solweig!

Cauchemardesque effectivement et si bien évoqué.