Les Richards

Un soir un peu pluvieux où j’errai col ouvert,
homme à qui l’avenir laisse un relent amer,
errant, le crâne en proie à d’incessants tambours,
toute entière, ma carcasse boitait dans le vieux bourg.

Les richards placardaient les slogans de leur clan.
Droit du sol ou droit du sang ? Rien n'est plus évident
quand les quelques gaillards régissant nos cités
font d'obligeants paillards au sourire plein d'épées.

Ils se trouvent une âme verte, une essence très dévote
pour les menus bosquets qui ne voient pas leur vote.
Ils les voudraient sauvés du bruit lourd, de la brique
des immeubles sociaux... ils y sont allergiques !

Leur accent est teinté de suffisances antiques
- ce vieux bagou aigri des puissants bien graissés -
ils balaient la basse classe, ceux qui ont moins de fric...
pensez-vous !, ces salauds pourraient bien leur voler !

Putain de bordel de merde !
Ca commençait pourtant bien, parnassien à souhait, avec de beaux alexandrins.
Et patatras voilà qu'arrivent des syllabes en trop qui viennent gâcher ce bel édifice qui tente malgré tout de se remettre d'aplomb (avec un bel aplomb), puis trébuche encore, comme si c'était décidément son triste sort.
Bref, j'ai aimé, malgré ces accrocs (que tu contesteras, je le sais). Et surtout les deux premières strophes.

Nilo, ne prête qu'aux riches.

Ne prêter qu'aux riches implique qu'on ne prête qu'en espérant voir son effort remboursé.

La beauté du geste n'existe donc plus... en admettant qu'il soit particulièrement beau de tendre la main, quitte à y laisser quelques doigts. Car dans ce genre d'images mielleuses comme celle que j'emploie, les doigts repoussent.

On se refait.

Les pauvres écrivent leur vie avec des maux.