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Peinture de pierre
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Macadam :: MacadaTextes :: Textes courts
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Peinture de pierre
(Synthèse)
C’est inconfortablement assis sur les rochers du bord de mer que je trouvai le thème de ma prochaine série de peinture. Mais quelle fille aimera ça - celle qui incarne la tendresse et la douceur ? Mais qu’importe, car je sais que c’est faux. On veut toujours mêler le rêve à la réalité même si l'on sait que c’est incompatible et contradictoire. La maturité, c’est de le savoir une fois pour toute.
« Sur les pavés du bord de Seine
Sur les rochers du bord de mer »
*
Depuis dix ans, on ne voyait poindre aucun signe d’inquiétude chez les enfants qui cherchaient des noises à la plage. Cela aurait été tout à fait normal si, depuis dix ans, les mœurs et la société n’avaient pas changé radicalement ; les parents semblaient plus soucieux avec leur bambins lâchés en liberté, car ils savaient très bien que leur vie ne serait jamais aussi libre et insouciante que la leur - << C’est fou comme le temps passe vite et surtout comme la vie a vite changé. J’espère que ça changera encore plus vite à l’avenir, pour eux, mes enfants chéris. Mais non. Il ne faudrait pas qu’elle change, il faudrait qu’elle redevienne comme avant. Nos politiques veulent toujours faire avancer les choses, moi je voudrais qu’elles reculent un peu. Tout ça me fait peur <...> Mes enfants n’ont plus un regard pour moi, leur père, plus une parole, un mot gentil ; on sent le reproche en permanence, comme s’ils me tenaient pour responsable de ce qu’ils savaient de peu de la vie ! Car c’était déjà l’enfer... >>
- Ah ! vous avez acheté un nouveau bateau encore !
- Chut ! (un temps ; l’enfant s’approche)
- Vous avez acheté un nouveau bateau ?
- Chut ! (la mère regarde vers la serviette tendu sur le pneumatique. L’enfant repart. Le bébé peut dormir tranquille.)
Il n’y avait que les enfants qui étaient insouciants, et les gens atteints de la maladie d’Alzheimer. Pour les morts, c’était encore très incertain. Parce que l’insouciance est une vertu très noble - des plus enviable - on ne l’attribuait pas à un mort. Un mort ne peut avoir de vertu, car une vertu a besoin du physique autant que de l’esprit pour se prouver. Seuls subsistent le souvenir et l’œuvre, s’il y en a. On dira que je me trompais de mot, que mon vocabulaire était pauvre et mal attribué... On dira ce qu’on voudra, moi je m’aventure très prudemment sur des sujets que je ne connais pas. Pour celui qui concerne la mort, j’aurais beaucoup de mal d’y arriver, même si mon père me dit que je dérape. Débloque, déraille... pas étonnant, depuis que j’ai vu le rat. Quel rapport avec la discussion ? Aucun, aucun ; mais il y a des discussions qui ne sont pas assez sérieuses pour mériter application, effort et contention.
Je remarque une seule chose : les filles jouent à l’épuisette maintenant. Seules. Celle que j’ai devant moi adopte la position arme en l’air, peut-être pour attraper le crabe volant de ses rêves ? Elle déambule devant moi pendant des heures, indifférente et insouciante du spectacle exquis qu’elle offre gratuitement, parlant peu, à voix basse très audible : “un crabe, super ! Viens dans mon épuisette, allez ! Je t’ai... sale crabe !”
On observe que l’autorité s’exerce à tout âge, suivant l’arme qu’on a (ici une épuisette) ; dans l’insouciance évidente de ses charmes, la gamine s’attaque à la mer et aux rochers dans des poses crabolesques.
En sortant sur la terrasse, père parla, mais je ne le compris pas. Les mots couverts par le bruit d’un avion qui passe assez bas, sont toujours teintés de mépris ou de gène (ce qui revient souvent au même). L'avion est passé, le bruit envolé et père s'est replongé dans son livre sans mot dire.
*
Exemple de maladresse lorsque l’on parle à quelqu’un - << Vous n’avez qu’un fils, je crois ? Excusez-moi, je passe du coq à l’âne ! - Non non... >> Mais il y a, c'est vrai, des discussions qui ne sont pas assez sérieuses pour mériter tant d’application, d’effort et contention. << Ça me coûte beaucoup de vous voir si dépourvue d’humour ! La discussion n’était pas grave, nullement, et vous en faite une tragédie - vous devriez être écrivain. - J’ai écrit des livres il y a longtemps... Pourquoi avez-vous arrêté ? Parce que j’ai eu trop de travail après, à la naissance de mon fils Youpi ! - De quoi parlaient ces livres ? - De tout et de rien, des choses de la vie (la réponse qui tue !) - Est-ce que vous avez essayé de les publier ? - Ah ! mais c’est que je n’ai pas eu à me donner ce mal ! J’avais une très bonne amie qui travaillait dans l’édition. >> Voilà voilà, nous y voilà. Le pourquoi de ma morosité et fierté mal placée : la chance. Mais je devais déjà être fier avant, dans l’âme, car jamais je n’aurais accepté d’être publié aussi facilement ! Je n’étais pas pressé de faire lire ça au monde, et quand bien même j’aurais été publié de mon vivant, je n’aurais pas été très fier. Je crois... je crois que la fierté se situe ailleurs ; pour moi, c’est d’abord de réussir mon travail, de posséder au moins ça ; cette preuve de réussite, je n’ai pas besoin de la partager pour la démolir, la seule preuve que j’ai que ma vie n’est pas une sottise, à l’image de la poubelle qu’on remplit et qu’on laisse à d’autres le soin de vider. Je ne suis pas partisan du lave-mains continuel et incessant - je ne serai pas chirurgien - pour me laver de la souillure des autres.
Je suis pas de ceux qui pensent qu’il faut laisser couler l’eau, après avoir apporté de l’eau à son moulin. Je ne suis pas patient. Je n’ai aucune perspective de vente et d’édition ; mon espoir se situe ailleurs, loin de la face du monde, après les cabinets, du côté des étoiles, des astres et des poissons. Et du sexe opposé.
Dam.
C’est inconfortablement assis sur les rochers du bord de mer que je trouvai le thème de ma prochaine série de peinture. Mais quelle fille aimera ça - celle qui incarne la tendresse et la douceur ? Mais qu’importe, car je sais que c’est faux. On veut toujours mêler le rêve à la réalité même si l'on sait que c’est incompatible et contradictoire. La maturité, c’est de le savoir une fois pour toute.
« Sur les pavés du bord de Seine
Sur les rochers du bord de mer »
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Depuis dix ans, on ne voyait poindre aucun signe d’inquiétude chez les enfants qui cherchaient des noises à la plage. Cela aurait été tout à fait normal si, depuis dix ans, les mœurs et la société n’avaient pas changé radicalement ; les parents semblaient plus soucieux avec leur bambins lâchés en liberté, car ils savaient très bien que leur vie ne serait jamais aussi libre et insouciante que la leur - << C’est fou comme le temps passe vite et surtout comme la vie a vite changé. J’espère que ça changera encore plus vite à l’avenir, pour eux, mes enfants chéris. Mais non. Il ne faudrait pas qu’elle change, il faudrait qu’elle redevienne comme avant. Nos politiques veulent toujours faire avancer les choses, moi je voudrais qu’elles reculent un peu. Tout ça me fait peur <...> Mes enfants n’ont plus un regard pour moi, leur père, plus une parole, un mot gentil ; on sent le reproche en permanence, comme s’ils me tenaient pour responsable de ce qu’ils savaient de peu de la vie ! Car c’était déjà l’enfer... >>
- Ah ! vous avez acheté un nouveau bateau encore !
- Chut ! (un temps ; l’enfant s’approche)
- Vous avez acheté un nouveau bateau ?
- Chut ! (la mère regarde vers la serviette tendu sur le pneumatique. L’enfant repart. Le bébé peut dormir tranquille.)
Il n’y avait que les enfants qui étaient insouciants, et les gens atteints de la maladie d’Alzheimer. Pour les morts, c’était encore très incertain. Parce que l’insouciance est une vertu très noble - des plus enviable - on ne l’attribuait pas à un mort. Un mort ne peut avoir de vertu, car une vertu a besoin du physique autant que de l’esprit pour se prouver. Seuls subsistent le souvenir et l’œuvre, s’il y en a. On dira que je me trompais de mot, que mon vocabulaire était pauvre et mal attribué... On dira ce qu’on voudra, moi je m’aventure très prudemment sur des sujets que je ne connais pas. Pour celui qui concerne la mort, j’aurais beaucoup de mal d’y arriver, même si mon père me dit que je dérape. Débloque, déraille... pas étonnant, depuis que j’ai vu le rat. Quel rapport avec la discussion ? Aucun, aucun ; mais il y a des discussions qui ne sont pas assez sérieuses pour mériter application, effort et contention.
Je remarque une seule chose : les filles jouent à l’épuisette maintenant. Seules. Celle que j’ai devant moi adopte la position arme en l’air, peut-être pour attraper le crabe volant de ses rêves ? Elle déambule devant moi pendant des heures, indifférente et insouciante du spectacle exquis qu’elle offre gratuitement, parlant peu, à voix basse très audible : “un crabe, super ! Viens dans mon épuisette, allez ! Je t’ai... sale crabe !”
On observe que l’autorité s’exerce à tout âge, suivant l’arme qu’on a (ici une épuisette) ; dans l’insouciance évidente de ses charmes, la gamine s’attaque à la mer et aux rochers dans des poses crabolesques.
En sortant sur la terrasse, père parla, mais je ne le compris pas. Les mots couverts par le bruit d’un avion qui passe assez bas, sont toujours teintés de mépris ou de gène (ce qui revient souvent au même). L'avion est passé, le bruit envolé et père s'est replongé dans son livre sans mot dire.
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Exemple de maladresse lorsque l’on parle à quelqu’un - << Vous n’avez qu’un fils, je crois ? Excusez-moi, je passe du coq à l’âne ! - Non non... >> Mais il y a, c'est vrai, des discussions qui ne sont pas assez sérieuses pour mériter tant d’application, d’effort et contention. << Ça me coûte beaucoup de vous voir si dépourvue d’humour ! La discussion n’était pas grave, nullement, et vous en faite une tragédie - vous devriez être écrivain. - J’ai écrit des livres il y a longtemps... Pourquoi avez-vous arrêté ? Parce que j’ai eu trop de travail après, à la naissance de mon fils Youpi ! - De quoi parlaient ces livres ? - De tout et de rien, des choses de la vie (la réponse qui tue !) - Est-ce que vous avez essayé de les publier ? - Ah ! mais c’est que je n’ai pas eu à me donner ce mal ! J’avais une très bonne amie qui travaillait dans l’édition. >> Voilà voilà, nous y voilà. Le pourquoi de ma morosité et fierté mal placée : la chance. Mais je devais déjà être fier avant, dans l’âme, car jamais je n’aurais accepté d’être publié aussi facilement ! Je n’étais pas pressé de faire lire ça au monde, et quand bien même j’aurais été publié de mon vivant, je n’aurais pas été très fier. Je crois... je crois que la fierté se situe ailleurs ; pour moi, c’est d’abord de réussir mon travail, de posséder au moins ça ; cette preuve de réussite, je n’ai pas besoin de la partager pour la démolir, la seule preuve que j’ai que ma vie n’est pas une sottise, à l’image de la poubelle qu’on remplit et qu’on laisse à d’autres le soin de vider. Je ne suis pas partisan du lave-mains continuel et incessant - je ne serai pas chirurgien - pour me laver de la souillure des autres.
Je suis pas de ceux qui pensent qu’il faut laisser couler l’eau, après avoir apporté de l’eau à son moulin. Je ne suis pas patient. Je n’ai aucune perspective de vente et d’édition ; mon espoir se situe ailleurs, loin de la face du monde, après les cabinets, du côté des étoiles, des astres et des poissons. Et du sexe opposé.
Dam.
Dernière édition par Dam le Jeu 10 Mar - 22:27, édité 1 fois
Re: Peinture de pierre
On dirait du Dali, tout en absurdité. C'est étrange, difficile à suivre (laisser errer son esprit peut être efficace à la condition que l'on garde une certaine trame, à mon avis...) On part d'un sujet (la dernière oeuvre du peintre) pour arriver à quelque chose de très différent (la frustration de l'écrivain) sans savoir comment on a pu arriver de l'un à l'autre, si ce n'est un fil décousu et peu clair. Pourtant, ce qui s'en dégage n'est pas trop mal...
Bref, du Dali.
Sasvata, coussi coussa (chut, je l'écris comme ça me chante :p)
Bref, du Dali.
Sasvata, coussi coussa (chut, je l'écris comme ça me chante :p)
sasvata- MacadMalade
- Messages : 495
Date d'inscription : 31/08/2009
Re: Peinture de pierre
Seuls subsistent le souvenir et l’œuvre, s’il y en a.
Pour la postérité, tout est dit.
Nilo, aime bien ce "désordre".
Pour la postérité, tout est dit.
Nilo, aime bien ce "désordre".
_________________
... Tu lui diras que je m'en fiche. Que je m'en fiche. - Léo Ferré, "La vie d'artiste"
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