On s'égosille pour ne pas tomber

Dors, lady, dors lady profondeurs
de nos complexes gymnastiques
j'ai l'âme circoncise entre ton ventre
et tes yeux maudits

Ma cicatrice des fonds marins
m'envoie au ciel ses lèvres suburbaines
chevillé au temps qui fout le camp
j'ai mes nuits blanches en creux de toi
je manque de tout je ne manque de rien

On s'égosille pour ne pas tomber
mais le vide chuinte des chansons mortes

En rêve ce soir, un peu bancal
pas mal tangent, je fume le silence
des fins d'histoire
persuadé que tout se rompt
nos digues fragiles et nos règnes surannés
que tout se rompt sans qu'on n'y croit
les fins d'histoire sont invisibles

J'esquinte les gorges profanées
sous les profondes mélancolies vit un cœur noir
qui dira trop tard
ce que les mots attendent de lui
je suis ses lèvres du bout des doigts
recouvert du ballast des âmes égorgées

On s'égosille pour ne pas tomber
mais le vide chuinte des chansons mortes

Et mes tombeaux à perdre haleine
par le froncement des sourcilières
emmerdent les ruelles ivrognes
et les facsimilés de nuits infâmes
je suis son âme du coin de l'œil
pensant parfois à la rancœur et
aux haines limitrophes

Je ritournelle l'achèvement des retrouvailles
et mes complexes de peur de soi
fait de la nuit un réservoir de cadavres nébuleux
pendant que tu nuances en robes fleuries
cheville tatouée sur pied d'ivoire
nos amours s'effritent à siffler les lendemains

On s'égosille pour ne pas tomber
mais le vide chuinte des chansons mortes

J'ai aimé. C'est tout de même une belle façon de dire les choses... ^^

Sasvata

Ah oui j'aime beaucoup... Comme une chanson lancinante que j'ai envie d'écouter la nuit,sur un vieux transistor, dans l'intimité humide de ma salle de bain!
Pourquoi ne pas le poster aussi dans le mot du mois puisqu'il y a une jolie "cicatrice des fonds marins"

Superbe texte LC, qui dit les cris de la ruptures et les brisures du silence.
Avec ici des mots clairs comme de l'eau de roche qui va se perdre dans le marigot de l'infortune. Des mots balles de ping-pong qui s'entrechoquent comme un écho sourd sur les murs.
Et ceci
tout se rompt sans qu'on n'y croit
les fins d'histoire sont invisibles
que j'aurais vraiment voulu écrire.

Nilo, faux [re]bond.

un tout particulier pour la première !

Je garde le titre assez parlant...

Des eaux claires qui emportent dans la lecture et jettent aux larges nos pensées. Très beau poème qui touche.
J’aime « je fume le silence/des fins d'histoire ».
Cordialement Solweig

Un texte puissant que j'ai aimé découvrir au matin, même s'il se prêterait plus aux après-minuit où les mots bougent.
A te lire.

Z.