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Le Bâtard des collines
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Macadam :: MacadaTextes :: Nouvelles
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Le Bâtard des collines
Giovanni était fatigué de devoir tout faire lui-même, ses toiles, s’occuper de Lo, de la maison… heureusement que van Gogh savait se préoccuper de sa propre personne canine.
Van Gogh était bâtard, et c’était bien son seul titre de gloire. Puant, et couvert de ces boules piquantes qui s’accrochent aux toisons, il patrouillait jour et nuit autour de la masure depuis que quelques soiffards du village avaient tenté une expédition punitive destinée à venir à bout du diable de la colline, alias Giovanni.
Van Gogh n’était pas un chien intelligent au sens humain, ses gènes de gardien de troupeau dominaient, et il avait tendance à ramener à la bergerie tout être humain ou animal trouvé à proximité. Malgré son attachement pour son maître, il ne pouvait résister à cet atavisme, comme un nomade ne peut se fixer longtemps au même endroit et reprend la route attiré par la flute enchantée de ses ancêtres.
Dans la religion de cet animal, le diable portait sûrement soutane, tant il avait peur du curé, qui, dans son panthéon imaginaire, était assisté du facteur, autre suppôt du malin. Van Gogh, par respect de la tradition, le harcelait sans vergogne.
De fait, les gens du village le considéraient comme son maître, une vermine à exterminer dès que possible.
Le Taiseux, baptisé par eux Le Crétin des Montagnes, ne valait pas plus qu’un animal ; et ils s’entendaient parfaitement pour tourmenter les animaux. Crever les yeux des chats semblait à leurs enfançons comme un délicieux divertissement.
Un jour de juin, un chien de chasse égaré s’était retrouvé sur la place du village à l’heure des vêpres.
Les garçons du coin avaient délaissé leur passe temps favori consistant à abreuver les filles des plus scabreuses injures pour cerner l’animal. Ce dernier, doté d’un sens pour ressentir la bêtise et la méchanceté résista tant bien que mal. Un seau de combustible sur le dos, et les tortionnaires en herbes se disputaient pour savoir lequel craquerait l’allumette. L’aubergiste mis fin à la querelle en jetant son mégot sur la bête, devenue boule de feu et de douleur.
C’aurait été la plus belle partie de rigolade de l’année, si l’animal ne s’était réfugié sous le hangar du marchand de vin déclenchant un gigantesque incendie, et une vendetta inextinguible entre la victime et l’auberge.
Les femmes du village ne valaient guère mieux que leurs congénères couillus. Elles avaient développé un sens retord de la vengeance et ne prenaient alliance que dans ce domaine.
La consanguinité des collines avait fait des ravages ; la génétique implacable bousculait les hormones : toutes avaient du poil sur la poitrine et elles enfantaient de plus en plus difficilement ; la nature se vengeait elle-même des libertés prises par ce qu’il faut bien encore appeler l’humain.
Van Gogh descendait rarement au village – il préférait le lapin de colline au chat borgne –
Quand il s’y promenait il appréciait l’instant où il levait la patte sur la porte de la mairie. Mais il savait d’instinct éviter les mauvaises rencontres, c'est-à-dire tout se qui se tenait sur deux pieds. Et même parfois sur quatre, quand il croisait le garde champêtre le soir après le bistro.
On aurait pu croire sa vie heureuse tant il savait se comporter au milieu de la bêtise humaine, tant il aimait Giovanni et la vielle bâtisse qui les hébergeait…
Van Gogh cependant aurait été, humain, un patient assidu des psychiatres. Il était hanté par un fantôme. Celui de ce qu’il n’avait jamais connu : le troupeau.
Extrait de" Le Crétin des montagnes" 2006,
Swann
Van Gogh était bâtard, et c’était bien son seul titre de gloire. Puant, et couvert de ces boules piquantes qui s’accrochent aux toisons, il patrouillait jour et nuit autour de la masure depuis que quelques soiffards du village avaient tenté une expédition punitive destinée à venir à bout du diable de la colline, alias Giovanni.
Van Gogh n’était pas un chien intelligent au sens humain, ses gènes de gardien de troupeau dominaient, et il avait tendance à ramener à la bergerie tout être humain ou animal trouvé à proximité. Malgré son attachement pour son maître, il ne pouvait résister à cet atavisme, comme un nomade ne peut se fixer longtemps au même endroit et reprend la route attiré par la flute enchantée de ses ancêtres.
Dans la religion de cet animal, le diable portait sûrement soutane, tant il avait peur du curé, qui, dans son panthéon imaginaire, était assisté du facteur, autre suppôt du malin. Van Gogh, par respect de la tradition, le harcelait sans vergogne.
De fait, les gens du village le considéraient comme son maître, une vermine à exterminer dès que possible.
Le Taiseux, baptisé par eux Le Crétin des Montagnes, ne valait pas plus qu’un animal ; et ils s’entendaient parfaitement pour tourmenter les animaux. Crever les yeux des chats semblait à leurs enfançons comme un délicieux divertissement.
Un jour de juin, un chien de chasse égaré s’était retrouvé sur la place du village à l’heure des vêpres.
Les garçons du coin avaient délaissé leur passe temps favori consistant à abreuver les filles des plus scabreuses injures pour cerner l’animal. Ce dernier, doté d’un sens pour ressentir la bêtise et la méchanceté résista tant bien que mal. Un seau de combustible sur le dos, et les tortionnaires en herbes se disputaient pour savoir lequel craquerait l’allumette. L’aubergiste mis fin à la querelle en jetant son mégot sur la bête, devenue boule de feu et de douleur.
C’aurait été la plus belle partie de rigolade de l’année, si l’animal ne s’était réfugié sous le hangar du marchand de vin déclenchant un gigantesque incendie, et une vendetta inextinguible entre la victime et l’auberge.
Les femmes du village ne valaient guère mieux que leurs congénères couillus. Elles avaient développé un sens retord de la vengeance et ne prenaient alliance que dans ce domaine.
La consanguinité des collines avait fait des ravages ; la génétique implacable bousculait les hormones : toutes avaient du poil sur la poitrine et elles enfantaient de plus en plus difficilement ; la nature se vengeait elle-même des libertés prises par ce qu’il faut bien encore appeler l’humain.
Van Gogh descendait rarement au village – il préférait le lapin de colline au chat borgne –
Quand il s’y promenait il appréciait l’instant où il levait la patte sur la porte de la mairie. Mais il savait d’instinct éviter les mauvaises rencontres, c'est-à-dire tout se qui se tenait sur deux pieds. Et même parfois sur quatre, quand il croisait le garde champêtre le soir après le bistro.
On aurait pu croire sa vie heureuse tant il savait se comporter au milieu de la bêtise humaine, tant il aimait Giovanni et la vielle bâtisse qui les hébergeait…
Van Gogh cependant aurait été, humain, un patient assidu des psychiatres. Il était hanté par un fantôme. Celui de ce qu’il n’avait jamais connu : le troupeau.
Extrait de" Le Crétin des montagnes" 2006,
Swann
Swann- MacadAccro
- Messages : 1023
Date d'inscription : 31/08/2009
Age : 72
Localisation : entre deux cafés
Re: Le Bâtard des collines
On sait combien il est difficile d'être lu lorsqu'un texte est un peu long ; l'effort est louable et l'on peu, ici, profiter d'une plume qui marque indéniablement son style.
Paradoxalement, je pense que cette plume s'apprécie surtout sur la distance ; elle a des choses à nous dire, sur la durée, à son rythme particulier ; et l'on reste sur sa faim !
Z.
Paradoxalement, je pense que cette plume s'apprécie surtout sur la distance ; elle a des choses à nous dire, sur la durée, à son rythme particulier ; et l'on reste sur sa faim !
Z.
Zlatko- MacadAccro
- Messages : 1621
Date d'inscription : 30/08/2009
Age : 33
Localisation : Centre
Re: Le Bâtard des collines
Oui, on voudrait lire la suite ....des aventures scabreuses de Van gogh et des habitants de ce village quelque peu " hors norme"..
Des pointes d'humour bien agréables, une présentation à la fois "distante" ( on se sent tellement loin de ces gens!) et proche (finalement, Van Gogh il nous semble familier)...qui donne à la lecture une juste mesure.
Un style , oui, c'est certain !
à la suite...
Des pointes d'humour bien agréables, une présentation à la fois "distante" ( on se sent tellement loin de ces gens!) et proche (finalement, Van Gogh il nous semble familier)...qui donne à la lecture une juste mesure.
Un style , oui, c'est certain !
à la suite...
Re: Le Bâtard des collines
J'adore cette façon de poser les persos en 2 mots, de nous emporter dans ton univers en un rien de temps, cette façon de raconter aussi. Ca coule, ça se lit tout seul. Parfait.
J'ai détesté la scène du chien-fusée, vraiment horriblement bien décrite :p
Sans fanfreluche, écriture simple et saine. J'adore ^^
J'attends la suite :-D
J'ai détesté la scène du chien-fusée, vraiment horriblement bien décrite :p
Sans fanfreluche, écriture simple et saine. J'adore ^^
J'attends la suite :-D
sasvata- MacadMalade
- Messages : 495
Date d'inscription : 31/08/2009
Re: Le Bâtard des collines
Comme mes petits camarades je suis tenté de scander
La suite !
La suite !
Et comme Z. je reconnais là un style. Du style.
Nilo, encore !
La suite !
La suite !
Et comme Z. je reconnais là un style. Du style.
Nilo, encore !
_________________
... Tu lui diras que je m'en fiche. Que je m'en fiche. - Léo Ferré, "La vie d'artiste"
Re: Le Bâtard des collines
Clic-Dédé.
Ben oui : LA SUITE !
Nilo, Swann Fan.
Ben oui : LA SUITE !
Nilo, Swann Fan.
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... Tu lui diras que je m'en fiche. Que je m'en fiche. - Léo Ferré, "La vie d'artiste"
Re: Le Bâtard des collines
Zut, trois à la suite. ca va se voir.
Mais bon, c'est l'Auteur à la Une qui veut ça.
Et en plus je n'ai pas une once de honte sur ce coup là. D'autant que Le Bâtard des collines est peut-être le préféré de ces morceaux de vie que tu nous a offerts jusqu'à présent.
Nilo, lecteur à la une.
Mais bon, c'est l'Auteur à la Une qui veut ça.
Et en plus je n'ai pas une once de honte sur ce coup là. D'autant que Le Bâtard des collines est peut-être le préféré de ces morceaux de vie que tu nous a offerts jusqu'à présent.
Nilo, lecteur à la une.
Dernière édition par Nilo le Jeu 25 Fév - 21:13, édité 1 fois
_________________
... Tu lui diras que je m'en fiche. Que je m'en fiche. - Léo Ferré, "La vie d'artiste"
Re: Le Bâtard des collines
la suite, la suite !!!
Yzaé, fan aussi ...
Yzaé, fan aussi ...
Yzaé- MacadAccro
- Messages : 696
Date d'inscription : 07/10/2009
Age : 65
Localisation : touraine
Re: Le Bâtard des collines
t'as raison, Lalou ...
c'est à cause des collines !!!
espérons que Swann va l'entendre cet écho !
Yzaé
c'est à cause des collines !!!
espérons que Swann va l'entendre cet écho !
Yzaé
Yzaé- MacadAccro
- Messages : 696
Date d'inscription : 07/10/2009
Age : 65
Localisation : touraine
Re: Le Bâtard des collines
Belle atmosphère ! J'ai eu du mal à admettre que le chien puisse s'appeler V. Gogh, mais au fil de la lecture et vu la description de la nature humaine en ce lieu...cet animal qui sait garder ses distances m'est devenu sympathique et, comme les autres lecteurs, j'attends une suite.
Carmen P.- MacadAccro
- Messages : 1525
Date d'inscription : 18/11/2009
Re: Le Bâtard des collines
Voila un texte qui a du chien ! J'aime vraiment le style, celui qui se fait oublier tout de suite pour vous porter a la phrase suivante, puis la suivante, puis ... jusqu'au bout.
Re: Le Bâtard des collines
Aujourd'hui encore j'ai décidé de rendre hommage au travail de certains auteurs de [Nouvelles] en allant repêcher certaines de leurs pages oubliées et de vous les offrir.
Nilo, Missing.
Nilo, Missing.
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... Tu lui diras que je m'en fiche. Que je m'en fiche. - Léo Ferré, "La vie d'artiste"
Re: Le Bâtard des collines
J'ai fait le vœu de mettre mon aumône dans la sébile de tous les mendiants que je trouverai sous toutes les portes cochères qui mènent au Petit Etablissement de Crédit que je viens d'ouvrir au profit de ceux qu'en ont pas besoin. En particulier à la Douzième liste que j'vous ai filée.
Juste histoire de pas avoir bossé pour rien à les chercher pasque si j'compte que sur vous j'crains qu'y en ait qu'entendent pas le son de votre obole tombant dans leur coupelle.
Charité bien ordonnée...
Dédé.
Juste histoire de pas avoir bossé pour rien à les chercher pasque si j'compte que sur vous j'crains qu'y en ait qu'entendent pas le son de votre obole tombant dans leur coupelle.
Charité bien ordonnée...
Dédé.
_________________
Ciao les gonzesses, c'était Dédé.
Dédé- MacaDédé
- Messages : 1885
Date d'inscription : 04/09/2009
Macadam :: MacadaTextes :: Nouvelles
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