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Matin fragile
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Macadam :: MacadaTextes :: Textes courts
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Matin fragile
Quelques mèches se baladent, hésitantes. Elles se balancent de droite à gauche, comme des danseuses qui apprennent leurs pas. Sombres mais sans ombres, tes cheveux ne se distinguent plus de la nuit qui précède ton jour. Je me mets à croire en des choses inexistantes, car la nuit inconsciente est siège de délires. Je vois des vies en arc-en-ciel battre à l'intérieur d'un cheveu, des rivières de mots couler dans tes baisers, couler entre tes lèvres et couler sur tes cils. J'aperçois même contre mon gré des fantômes acérés de couleurs pulpeuses, des anges d'un temps d'avant que l'horloge m'a volé.
Ton front s'offre en reposoir pour mes lèvres amères, pour mes ailes d'hiver, pour mes idées d'ivoire. Je l'embrasse entre deux stalactites mouvantes de tes cheveux défaits. Il est brûlant d'une fièvre qu'on apaise dans les soupirs, les râles et la sueur. Cette maladie s'attrape à toute heure de l'année, et je veux finir mes jours dans cet hospice. Je veux crever de te regarder, crever de te penser. Je veux un jour rayer chaque journée qui se laissa exister avant lui, et pouvoir vivre de mes sens jusqu'au dernier souffle dans mon lit.
J'adore la courbe de tes sourcils lorsque tu es endormi, ces arcs érigeant le bâtiment sacré de ton visage, deux voûtes célestes qui accompagnent les trous noirs au centre d'une galaxie irisée. Quand tu les ouvres pour que de tes lèvres s'échappent un baiser, mes pensées divaguent mais tournent en orbite autour de tes yeux, des minutes ou des heures. Il suffit qu'un détail se heurte au champ de mes pensées, et c'est mon corps entier qui se retrouve happé à l'intérieur de tes pupilles dilatées.
Quand la nuit pose son empreinte au bâillement de ta porte, je t'observe dans l'ombre. Ton visage allumé à plusieurs reprises d'un sourire semble me deviner, timide observatrice d'un spectacle inconscient. La couette se soulève. Ta respiration comme les vagues la fait aller et venir, à bout d'mes riens ; mon regard se fixe sur ton corps qui sommeille, cette pomme d'Adam qui me donne envie de pêcher.
Comme certains contemplent le pont Neuf au dessus de la Seine, je m'attarde au pont de ton corps sur un lit de couette bleue. Un cou osseux s'offre à moi, et mes yeux se ravissent. Mes lèvres sont rivées sur cette peau caverneuse. Un grain de beauté est perdu au milieu de ce festin, je lui narre ton histoire. Il apprend tes méfaits, tes plus belles médailles. Il apprend tes pensées rares, comme tes gestes quotidiens.
Et, sans me laisser finir l'histoire de notre plus douce victoire, l'Homme se tourne, me montre son dos ?! Une colline blanchie s'impose à mes yeux. La chaîne des Pyrénées me parait ridicule, et il me semble avoir une meilleure vue de mon lit que du sommet du Pic du Midi. Je relève délicatement les draps pour observer ton épine dorsal : toucher tes monts comme Artémis toucherait son œuvre du bout des doigts.
Cependant, mes membres tremblants n'atteignent qu'un instant cette peau veineuse, cette taie veinarde. Et je me tais moi-même devant un tel paysage. Tu dors et je t'observe. Tu dors peu, mais la nuit n'a plus de fin. Affamée de ta peau, assoiffée de ton cœur, affamée à toute heure de mon homme, mon cadeau.
Je retourne loin de toi, la peur au ventre de voir s'élever une merveille à chaque instant. Ne plus pleurer. Ne plus parler. Se cacher. Nu comme un ver sous ton cocon de coton, chrysalide au bord de l'éclosion. Un nouvel homme à apparaitre sous des traits plus radieux, comme radiant d'étoiles de beauté, de frissons, de mystères. Je dessine de mon ongle sur ton épaule les lettres de mon prénom, pour marquer ce qui le temps d'une vie m'aura appartenu : j'ai des actions sur ton corps que je ne cède à personne. Taux d'intérêt trop élevé.
Désormais allongée à tes côtés, je te laisse la chaleur du tissu qui ne m'attire plus. Je fixe le plafond de temps à autres, pour m'éviter le sentiment de névrose, d'obsession compulsive. Sur ta peau défile mon nom. Je le lis en Georgia, font size 16. Parfois souligné mais jamais barré. Le J majuscule reste fin et fragile : je souris, le trouvant à mon image.
Les heures défilent désormais, et le soleil percera bientôt les rideaux blancs de ta chambre, des clous illuminés apportés par la Nature. Je ne veux pas de ces rayons aiguisés, je veux devenir un vampire, te faire perdre le souffle, te vider de ton énergie. Je veux continuer des heures encore à te fixer, ne plus faire que ça, chaque nuit, chaque entre-jours.
Quand le matin viendra, je te regarderai toujours, comme l'artiste apprend son œuvre après des années de distance. Je te dirai de te rendormir, que tu as le temps. Que tu es épuisé, mon Amour.
Ton front s'offre en reposoir pour mes lèvres amères, pour mes ailes d'hiver, pour mes idées d'ivoire. Je l'embrasse entre deux stalactites mouvantes de tes cheveux défaits. Il est brûlant d'une fièvre qu'on apaise dans les soupirs, les râles et la sueur. Cette maladie s'attrape à toute heure de l'année, et je veux finir mes jours dans cet hospice. Je veux crever de te regarder, crever de te penser. Je veux un jour rayer chaque journée qui se laissa exister avant lui, et pouvoir vivre de mes sens jusqu'au dernier souffle dans mon lit.
J'adore la courbe de tes sourcils lorsque tu es endormi, ces arcs érigeant le bâtiment sacré de ton visage, deux voûtes célestes qui accompagnent les trous noirs au centre d'une galaxie irisée. Quand tu les ouvres pour que de tes lèvres s'échappent un baiser, mes pensées divaguent mais tournent en orbite autour de tes yeux, des minutes ou des heures. Il suffit qu'un détail se heurte au champ de mes pensées, et c'est mon corps entier qui se retrouve happé à l'intérieur de tes pupilles dilatées.
Quand la nuit pose son empreinte au bâillement de ta porte, je t'observe dans l'ombre. Ton visage allumé à plusieurs reprises d'un sourire semble me deviner, timide observatrice d'un spectacle inconscient. La couette se soulève. Ta respiration comme les vagues la fait aller et venir, à bout d'mes riens ; mon regard se fixe sur ton corps qui sommeille, cette pomme d'Adam qui me donne envie de pêcher.
Comme certains contemplent le pont Neuf au dessus de la Seine, je m'attarde au pont de ton corps sur un lit de couette bleue. Un cou osseux s'offre à moi, et mes yeux se ravissent. Mes lèvres sont rivées sur cette peau caverneuse. Un grain de beauté est perdu au milieu de ce festin, je lui narre ton histoire. Il apprend tes méfaits, tes plus belles médailles. Il apprend tes pensées rares, comme tes gestes quotidiens.
Et, sans me laisser finir l'histoire de notre plus douce victoire, l'Homme se tourne, me montre son dos ?! Une colline blanchie s'impose à mes yeux. La chaîne des Pyrénées me parait ridicule, et il me semble avoir une meilleure vue de mon lit que du sommet du Pic du Midi. Je relève délicatement les draps pour observer ton épine dorsal : toucher tes monts comme Artémis toucherait son œuvre du bout des doigts.
Cependant, mes membres tremblants n'atteignent qu'un instant cette peau veineuse, cette taie veinarde. Et je me tais moi-même devant un tel paysage. Tu dors et je t'observe. Tu dors peu, mais la nuit n'a plus de fin. Affamée de ta peau, assoiffée de ton cœur, affamée à toute heure de mon homme, mon cadeau.
Je retourne loin de toi, la peur au ventre de voir s'élever une merveille à chaque instant. Ne plus pleurer. Ne plus parler. Se cacher. Nu comme un ver sous ton cocon de coton, chrysalide au bord de l'éclosion. Un nouvel homme à apparaitre sous des traits plus radieux, comme radiant d'étoiles de beauté, de frissons, de mystères. Je dessine de mon ongle sur ton épaule les lettres de mon prénom, pour marquer ce qui le temps d'une vie m'aura appartenu : j'ai des actions sur ton corps que je ne cède à personne. Taux d'intérêt trop élevé.
Désormais allongée à tes côtés, je te laisse la chaleur du tissu qui ne m'attire plus. Je fixe le plafond de temps à autres, pour m'éviter le sentiment de névrose, d'obsession compulsive. Sur ta peau défile mon nom. Je le lis en Georgia, font size 16. Parfois souligné mais jamais barré. Le J majuscule reste fin et fragile : je souris, le trouvant à mon image.
Les heures défilent désormais, et le soleil percera bientôt les rideaux blancs de ta chambre, des clous illuminés apportés par la Nature. Je ne veux pas de ces rayons aiguisés, je veux devenir un vampire, te faire perdre le souffle, te vider de ton énergie. Je veux continuer des heures encore à te fixer, ne plus faire que ça, chaque nuit, chaque entre-jours.
Quand le matin viendra, je te regarderai toujours, comme l'artiste apprend son œuvre après des années de distance. Je te dirai de te rendormir, que tu as le temps. Que tu es épuisé, mon Amour.
Ballerine- MacaDeb
- Messages : 4
Date d'inscription : 27/04/2011
Re: Matin fragile
Un rapport tout en douceur à l'autre, en arcades, en volutes, en rondeurs, ta demie.
Et en violence aussi. Les forges.
Je pense à ceci : leur amour était purement livresque.
Dam, et je m'interroge toujours.
Et en violence aussi. Les forges.
Je pense à ceci : leur amour était purement livresque.
Dam, et je m'interroge toujours.
Re: Matin fragile
Jolie plume. Joliment tourné, tout en poésie. De belle images, des sentiments qui se succèdent avec justesse...
Sasvata, un vrai petit plaisir
Sasvata, un vrai petit plaisir
sasvata- MacadMalade
- Messages : 495
Date d'inscription : 31/08/2009
Re: Matin fragile
J'avoue que ce genre de texte n'est pas mon dada,
malgré tout je pense qu'il y a certaines qualités
mais alourdies je trouve par des phrases plombées, ourlées... ampoulées, voilà, ampoulées.
malgré tout je pense qu'il y a certaines qualités
mais alourdies je trouve par des phrases plombées, ourlées... ampoulées, voilà, ampoulées.
Re: Matin fragile
Comme LC je trouve que tu gagnerais à épurer ton propos. Je sais, il faut du temps pour y parvenir. Mais le temps, tu l'as.
Et lorsque tu en seras à ne retenir que des choses comme
je te regarderai toujours, comme l'artiste apprend son œuvre après des années de distance. Je te dirai de te rendormir, que tu as le temps
alors tu auras gagné.
Nilo, tu as le temps.
Et lorsque tu en seras à ne retenir que des choses comme
je te regarderai toujours, comme l'artiste apprend son œuvre après des années de distance. Je te dirai de te rendormir, que tu as le temps
alors tu auras gagné.
Nilo, tu as le temps.
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... Tu lui diras que je m'en fiche. Que je m'en fiche. - Léo Ferré, "La vie d'artiste"
Macadam :: MacadaTextes :: Textes courts
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