La musique des orages embryonnaires

Ça se passe avec un verre à la main
et la musique des orages embryonnaires
Ça se passe comme ça, sans écho
avec une tonalité froide, rugueuse et froide

On s'était tout dit sans avoir eu besoin d'ouvrir les portes
c'était sorti comme ça, comme une histoire
Ils avaient arrêté le chant des fontaines
Il ne restait plus que la falaise
et quelques mots écrits sans y croire vraiment

Et puis, il s'est mis à pleuvoir comme une habitude
comme un événement à qui on aurait un peu forcé la main
Une pluie de scrupules, d'ennui et d'angoisses
Cette eau qui démange, qui laisse des marques sur les mains
et sur les pieds, parce qu'on marche dans ces moments-là
on marche comme quelqu'un qui n'a pas vraiment
d'endroit où aller, mais l'allure est bonne, ronde
comme un ballon de vin rouge, d'auguste vin rouge

On a fini par fermer les portes qu'on n'avait pas ouvertes
en tenant les clés bien serrées dans nos poches
comme des oiseaux qu'on ne voudrait pas voir s'envoler
pas tout de suite, pas même demain
Jamais, dit-on, jamais nous n'avions pensé en arriver là
Mais on sait ce que c'est, le cours des choses
les tremblements du cœur, ces frissons qui sont des tempêtes
qu'à vouloir les contrôler on perdrait le peu qui reste de nous

Alors on cherche des couloirs de traverse
de ceux qui n'ont pas la couleur des trottoirs
ni l'odeur des gueules de cimetière
On cherche ces lieux où l'on pourrait peut-être bien un jour
se retrouver, sans trop y croire non plus
Des lieux à l'abri de la pluie et des tremblements
comme des sécurités branlantes mais bien réelles

Ça s'est passé comme ça, un soir, avec un verre à la main
et la fumée des cigarettes qui ne sait plus où se mettre
L'orage est resté à l'état embryonnaire, sans écho
avec juste une pluie orange et bleue, comme un jazz d'enfant
qui regarde un peu plus loin si sa mère n'est pas là

j'ai beaucoup apprécié a 1.05 du matin
^^
a te relire

Un texte sur la note du recul, de l'analyse, je ne ressens pas de remords ou regrets, juste des constatations sans jugement.
J'ai aimé cette atmosphère "posée", cette sensation de "paix intérieure" même si il n'en est rien.

Cend'

J'aime ce texte ...

Jamais, dit-on, jamais nous n'avions pensé en arriver là
Mais on sait ce que c'est, le cours des choses
les tremblements du cœur, ces frissons qui sont des tempêtes
qu'à vouloir les contrôler on perdrait le peu qui reste de nous

Une atmosphère pesante, humide se dégage de ce poème. On sent bien que quelque chose est entrain de se terminer. Est-ce l'histoire d'une rupture ?

Les deux premières strophes sont tout simplement majestueuses.
Au point qu'elles se suffisent à elles-même et qu'elles suffiraient à faire un poème qui dirait tout autant, et la même chose.

Nilo, mais j'ai tout lu quand même.

Quelle atmosphère... je me suis crue dans un vieux film noir et blanc.
Ces ruelles qu'on arpente, cette pluie, ces mots qui finissent d'arracher une page de vie, cette façon de faire durer le temps, cette lucidité qu'on tient en respect pour ne pas qu'elle vous éclate trop vite à la gueule.

Très beau rendu de cette croisée de chemins.

J'en profite pour vous remercier.

Quant à la paix intérieure, elle m'attend encore au coin d'une rue dont j'ignore jusqu'au nom.

nouvelle lecture a 6.00 cette fois
un grand plaisir a nouveau, vraiment une réussite
et je pense a ça:

"take the "A" train" !!
par james carter

et je trouve pas sa version sur le tube mais je tombe encore sur ca

https://www.youtube.com/watch?v=n-00h49-YDE&feature=related