Exorcisme

Terre secrète et dénudée
silencieuse implacable flétrie
figée au large
d'antiques désalliances
quel est ce vague chant qui emporte mes digues
et expire tout bas ses sombres désaccords
sur mes plages en dormance ?

Terre infertile et monochrome
lessivée dégorgée expurgée
sous le lavis
d'innombrables moussons
charnier de mes folies, femelle au ventre vide
quel vent chaud t'abandonne sa semence lointaine
sur l'écume insipide ?

Terre d'exil et de regret
résignée sous la lune morose
éclaboussée
d'impénétrables songes
Pourquoi cette éclosion obscène et pathétique
au berceau de mes cris, au sillon maculé
de mes renoncements ?

Je m'étais assoupie au creux de ma défaite
après l'été indien et sa rouge agonie
et voilà que ma peau
s'éveille
et puis s'étonne
résonne en mille failles
se soumet à nouveau
en risibles frissons.

et me voilà cigale qui chante le printemps
à pleins poumons timides
à pleines mains offertes

en cascades mirages
le ciel blanc dégouline sur ma langue assoiffée

Oh ma déesse sombre laisse le rossignol
dédier à la nuit son chant incantatoire

et n'abandonne plus tes enfants aux serpents

De bout en bout, une écriture sur mesure, ciselée dans le roc avec un ton, une voix que l'on ne peut qu'entendre. Un style perceptible dès les premières strophes et des images d'une rare intensité.

Je m'étais assoupie au creux de ma défaite
après l'été indien et sa rouge agonie
et voilà que ma peau
s'éveille
et puis s'étonne
résonne en mille failles
se soumet à nouveau
en risibles frissons.

Et cette conclusion :

et me voilà cigale qui chante le printemps
à pleins poumons timides
à pleines mains offertes

en cascades mirages
le ciel blanc dégouline sur ma langue assoiffée

Oh ma déesse sombre laisse le rossignol
dédier à la nuit son chant incantatoire

et n'abandonne plus tes enfants aux serpents

Eclatant.

Doublement difficile de passer après le texte et après ce commentaire de Léo. Une écriture effectivement ciselée, entrelac de lumières et d'ombres, d'images brutes ou de mirages - bref, ça fait ronflant mais c'est le ressenti que j'ai. Une émergence dans les brumes, sans réel début ni fin, comme un continuum sensible.

Z.

J’ai aimé.
Voilà mon ressenti.
Une terre d’enfance, comme un rêve lointain, ou tout se décidait, le commencement du monde. Berceau de l’humanité aussi. Et terreau des origines figé par le temps comme un cri ou un rêve, un avertissement. La vie.

Dam, quand on sait...

Un texte, bien rythmé possédant des images recherchées et précises qui fait que la lecture devient un livre.

L'ensemble est sensible et m'a donné comme une leçon.

Je ne vais pas citer tout ce qui m'a plu car c'est pas difficile, je ferai un copier/coller.

Très contente de t'avoir lu ce matin.

Et encore toutes mes félicitations pour ta réussite en cette fin d'année scolaire

C'est vrai que c'est riche, très riche.
Que cette terre ici décrite est belle et aride à la fois. Comme un enfantement.

Nilo, il était une foi.