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Les perdants électroniques
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Macadam :: MacadaTextes :: Poèmes
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Les perdants électroniques
La poésie nous dépèce, elle nous embroche et nous laisse pour mort
sur les trottoirs de la nostalgie
et tant pis pour les gluants qui s'éternisent à nos côtés
qui font encore tout pour nous sauver la vie
Qu'ils se démènent ! Qu'ils pataugent dans notre chair !
Ils n'auront que nos yeux pour faire parler d'eux
Nous sommes les perdants électroniques
écrasés de torpeur et de déliquescence sénile
On croit lui avoir donné la vie, mais elle n'a pas eu longtemps besoin de nous
le corps et l'esprit sont des sas de transit
des enveloppes de misère où poussent des fleurs intemporelles
Les ruines sont des royaumes fertiles
Elle nous abat comme des cartes topographiques
des numéros égarés dans la grande Mathématique
L'équation virtuelle n'a de solution que l'oubli de soi
et de sa splendeur
nous ne sommes beaux qu'engoncés dans nos terreurs d'enfants énuclées
nous ne brillons que sous un ciel encombré d'ombres et d'épouvantails
comme ces oiseaux idiots qui s'effraient d'un coup de vent
Alors on décide enfin de ne plus y croire
on libère nos mains à la démesure des astres automatiques
extasiés de notre peu, de notre immuabilité impuissante
à s'accrocher aux branches invisibles, le nid de chaque inutilité
se brise d'un coup de rein, d'un sexe de pierre enfoncé dans le cul des vanités
Elle nous a convaincu, avec ses mots qui n'existaient pas dans notre cœur
avec ses phrases affamées, ses sexualités luxuriantes
avec son odeur de femme de fin de soirée
Elle nous a rendu à notre liberté sans que l'on ne cherche plus à lutter
Les lettres sont devenues des roses des sables robotisées
la mécanique des fables, madame, est une image ensorcelée
un lieu-dit de souffrance pure
Rien ne sert de se raconter des histoires
puisque les histoires s'écrivent d'elles-mêmes
Les lettres sont devenues des palabres frénétiques
Je suis le tissu neuronal des griots mécaniques
Dans l'enfer du réseau, s'emmanchent les fausses spiritualités
A sodomiser du verbe au recto des factures d'électricité statique
à installer des formats maladifs, des fenêtres incapables de projection
à me laisser disparaître dans l'écran fumigène des nuits solubles
j'écris dans l'arbre creux de l'invisibilité
Tandis qu'elle, vivante maintenant, à toujours vociférant
dans les coins les plus centraux du corpus social
s'enhardit de sa colère insouciante, elle call-girl les passages piétons
pisse contre le vol des oiseaux migrateurs
et la stabilité des hommes fichés à la posture de l'outil
Nous ne sommes que des gestes suspendus dans le vide
la paume tendue à l'aumône, à mendier la clémence des crèves-paroles
Nous sommes les réceptacles de l'hystérie
Que nous nous volatilisions, peu importe
que nous glissions dans une fêlure de l'espace-temps
peu importe
que nos vœux soient ceux des fauves traqués pour leur semence
Laisse-nous, maintenant, hurle-t-on, laisse-nous, mourants pantois
ébahis d'avoir perdu la voix et le chapitre
Alors, elle s'abandonne de nous abandonner là
pervertissant des airs que jamais nous n'aurions pu imaginer
C'est une vie illettrée, au cœur de la noblesse du vertige
qui retient notre souffle dans un vers d'amertume
Nous étions son besoin, nous sommes devenus son obstacle
L'abstraction est la somme de toutes nos éradications
Re: Les perdants électroniques
Effréné et brouillon à mon sens.
Là j'ai du mal à te suivre.
Nilo, à suivre donc.
Là j'ai du mal à te suivre.
Nilo, à suivre donc.
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... Tu lui diras que je m'en fiche. Que je m'en fiche. - Léo Ferré, "La vie d'artiste"
Re: Les perdants électroniques
La poésie, notre confidente est parfois un lieu où il fait bon s'égarer mais pas trop.
En lisant ton poème j'ai vu combien de facettes elle possède et combien nous sommes possédés.
En lisant ton poème j'ai vu combien de facettes elle possède et combien nous sommes possédés.
Macadam :: MacadaTextes :: Poèmes
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