Les bûchers de l'excédent humain

Sous leurs ombrelles des roses rouges offertes au commun des mortels un soir gare Saint-Lazare

Sous la Croix du Fils Idéal un ego caricaturé à l'excès se vengera, la victime gisant dans le sang de sa mulâtresse



A cette heure, je plonge dans le graillon de toutes ces vaisselles passées, accumulées dans ma baignoire.

Sous le velours de ses mensonges, une combustion démoniaque.

Guettant ma proie dans un ultime élan, dans un désir vorace, je ne connaîtrais sans doute jamais l'amour virginal.

Dès lors, ce soir la ville n’existe plus, nous attendons le moment où tout va tomber ; mais en vain, il y a eu tant de révolutions avortées, tant de doutes scabreux dans l’esprit.
Les Mélancolies sèchent sur l'étendoir. Romances lesbiennes, elles s'apprêtent calmement à jouer leurs rôles.
Ange et anémique, la petite fille perdue dans le noir fringant tisse les fils qui nous feront péniblement revenir dans le rang.

Sous ses mains, la fièvre monte, tandis qu'un aspégic se dissout dans un verre à pied.
Le sel de sa rage comme alcool austral iodé, romantique.

Elle sera au sommet de la ville cette nuit
Et quand viendra l'heure elle tiendra dans ses mains l'aube
Qui aime brimer toute espérance.

Revenant d’un territoire désertique je lui parlerais de cette éternelle prétention à ne jamais éprouver sa finitude.
Une larme tombera.

La vacuité, sabre entre les dents, cheveux coupées, veillera peut-être sur nos sépultures ; quand au sort de nos poèmes, épargnés par l'avidité du monde, ils retourneront à la fange, emportant avec eux leur volonté d'anéantir la bête.

Mais laissons cela, j'entends déjà l'orage gronder, les Grands Inquisiteurs vont passer, élevant comme des dieux aztèques les bûchers de l'excédent humain.

A lire de bout en bout.
Ne serait-ce que pour enfin atteindre cette superbe dernière phrase.

Nilo, allumer le feu.

Moi je dis que ceux qui ne lisent pas MARQUISE et bien c'est qu'ils n'aiment ni les mots, ni l'aventure des mots !!

Moi je suis bien heureuse de pouvoir te lire et je dis comme Nilo

Ca vaut le coup !

Oui, la dernière phrase
et toutes celles qui la précèdent.

Ce talent noir qui remue le sang, la fange et le sexe avorté, dans l'alambic des profondes mélancolie
Ce talent qui te colle aux basques comme l'imminence d'un désastre ou d'une solution.