Belleville

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j'habite au sensible commun
une figure hostile
un radieux désespoir

je ne croyais pas qu'on pouvait voir si loin
jusqu'au bout des yeux se perdre
sans ne jamais partir

ribambelle de vies
à la ville rebelle

boulevard des évasions
le profond édifice commande à l'unité des différences
une ordonnance de toute nécessité
le sang de l'amour aux entrailles de l'universel

la marée ponctuelle comme une usine
inonde la ville qui est en toi

telle une nappe phréatique
elle verse d'un pluriel majuscule
plus haut que le tumulte
une écriture par contagion et sa leçon d'adieux



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J'apprécie personnellement les écritures plus dépouillées, mais ce poème dégage une impression de tumulte et de multitude qui décrit bien la (Belle)ville, c'est évocateur et génère de l'émotion - c'est bien tout ce qu'on demande à un texte !

Moins concis que d'habitude mais la musique y est toujours. J'ai moins aimé ces assonances un peu faciles

ribambelle de vies
à la ville rebelle

ou le 'boulevard des évasions' un peu cliché.

Pour le reste, la même impression que d'habitude : un sens de la forme et du fond qui me fait t'envier cette gymnastique.

Z.

Quelle superbe évocation de ta Belleville, carrefour des langues qui se délient, des vies qui se croisent, des visages qui se heurtent, des amitiés qui se forment...
J'aime ces descriptions sereines, avec ces fulgurances
une écriture par contagion et sa leçon d'adieux

Nilo, melting-pot.

je ne croyais pas qu'on pouvait voir si loin
jusqu'au bout des yeux se perdre
sans ne jamais partir

Plus on voit loin et plus la rétine s'affine.

la marée ponctuelle comme une usine
inonde la ville qui est en toi

Oui une ville gronde en chacun de nous, qu'elle soit belle ou hideuse.

Belle évasion boulevardière !