Le rêve des dormeurs noirs.

On termine par se foutre dans un coin vide
Un angle aigu pour le début de larmes
L’esprit se déployait et trouvait en lui-même
La peine absolue et le bonheur si proches
Et lorsqu’ils s’embrassent on ne sait plus ce qu’il en est
Du silence ou de ses vocalises

On oublie de cracher sur les pauvres types
Les descendants autoproclamés de Schiele
Les précurseurs de la grande vacuité
La poésie agonise mais deux trois médecins ont parlé pour l’art
Ils ont dit que ça se développe et que ça mute c’est normal
C’est l’art

On termine par se foutre dans un coin vide
Le bonheur s’écoute comme de la belle musique
On n’ose plus y toucher on reste immobile
Parce qu’on s’est entendu dire que le bonheur se garde
Il suffit de faire le bon geste et de ne pas dire trop fort
Liberté

En attendant les feuilles noircissent
Avec la monotonie vénéneuse d’un mécanisme impeccable
Les trucs cassés ont trois vers de plus à leur gloire
C’est que le fracas de la route me fatiguait
J’ai regardé du côté des chemins creux pour entendre si par hasard
J’y étais

Les trompettes dans la terre des forêts
Les cigarettes dans le brouillard qu’on croirait le départ d’un feu
Dans la dentelle

J’ai vu comme tout se tenait proche
Dans le rêve des dormeurs noirs
Les buildings poussent comme les fleurs
Les fleurs comme les églises
Il suffit qu’un pas aille quelque part et qu’une main soulève
Un monde



Z 04 11 11

un texte magnifique, a la limite d'un désespoir, un pied de l'autre côté du miroir
des cigarettes-incendies
que cela brûle encore en toi !

Superbe comme bien de tes textes et ta plume fait toujours autant vibrer les mots.

Un enchantement lié au talent.

Il suffit qu’un pas aille quelque part et qu’une main soulève
Un monde

Que dire de plus ?
Sinon une résonance toute spéciale avec ces mots: "Les trucs cassés ont trois vers de plus à leur gloire"

Le bonheur s’écoute comme de la belle musique
En plus ce qu'il y a de bien c'est que nous n'avons pas tous les mêmes goûts musicaux. Ce qui nous laisse de belles ouvertures.
A part ça, un beau texte, avec encore de belle envolées, de celles dont tu sais si bien nous faire partager le tarmac comme le ciel.
Et puis, je me réjouis de cette occasion de commenter une nouveauté avant qu'elle ne disparaisse sous des dizaines (cinq exactement) de vieilleries .
J'ai aimé ça aussi
Les buildings poussent comme les fleurs
Les fleurs comme les églises
même si, heureusement, les églises vivent un peu plus que l'espace d'un matin, ce qui compense l'exagération que permet la licence poétique.

Nilo, mauvaise herbe.

"Ils ont dit que ça se développe et que ça mute c’est normal
C’est l’art"

J'aime cette pointe, elle va m'accompagner longtemps. J'aime aussi l'ensemble du texte, bien sûr, son ton me plait beaucoup.

Zlatko a écrit:
La poésie agonise mais deux trois médecins ont parlé pour l’art
Ils ont dit que ça se développe et que ça mute c’est normal
C’est l’art
Z 04 11 11

Voilà qui me parle, les silences approbateurs des instruits - un espoir bien encourageant que tu exprimes fort bien - à prendre non pas au sérieux mais avec sagesse et raison.

Dam.

J’ai vu comme tout se tenait proche
Dans le rêve des dormeurs noirs
Les buildings poussent comme les fleurs
Les fleurs comme les églises
Il suffit qu’un pas aille quelque part et qu’une main soulève
Un monde

A la lecture de ce poème et plus particulièrement de cet extrait, on mesure combien il est important de laisser nos rêves s'épanouir et s'imprimer dans la réalité...

La pensée ne doit pas étouffer le rêve
Le rêve a pour seule vocation d'éclaircir le coeur


Léo

Un texte magnifique, je ne sais que dire de plus.

"On termine par se foutre dans un coin vide"

Du bon qui parle...

Une raison de plus pour aimer TA poésie, pour aimer LA poésie.

Que dire ?

... Wow.

A première vue, je dirais bémol pour l'avant dernière strophe mais... Je suppose que ça changera.
A classer dans mon panthéon du virtuel personnel, en tous cas.

Merci.

Tout se tient proche dans le rêve, on peut le dire.