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Plongé dans le noir
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Macadam :: MacadaTextes :: Textes courts
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Plongé dans le noir
Plongé dans le noir.
Le choix n’avait pas été possible, faute de temps. Parfois il arrivait qu’on soit pris de court pour faire telle ou telle chose correctement, dans les règles de l’art, et c’était pas toujours un manque de sérieux et de connaissances. Il avait fallu prendre une décision et personne n’aurait été capable de dire si elle était bonne ou mauvaise. Il s’était fié à son intuition, comme un félin qui traque sa proie - celui-ci la ratait parfois. Ça pouvait même tourner à l’avantage de la victime, contre l’agresseur. Mais la victime ici était imaginaire, une sorte d’ombre maléfique qui planait sur la vie comme un soleil noir. Il était là, menaçant, mais personne ne le voyait. On sentait la menace, mais on ne savait pas comment la chasser.
Dam.
À suivre...
Le choix n’avait pas été possible, faute de temps. Parfois il arrivait qu’on soit pris de court pour faire telle ou telle chose correctement, dans les règles de l’art, et c’était pas toujours un manque de sérieux et de connaissances. Il avait fallu prendre une décision et personne n’aurait été capable de dire si elle était bonne ou mauvaise. Il s’était fié à son intuition, comme un félin qui traque sa proie - celui-ci la ratait parfois. Ça pouvait même tourner à l’avantage de la victime, contre l’agresseur. Mais la victime ici était imaginaire, une sorte d’ombre maléfique qui planait sur la vie comme un soleil noir. Il était là, menaçant, mais personne ne le voyait. On sentait la menace, mais on ne savait pas comment la chasser.
Dam.
À suivre...
Re: Plongé dans le noir
Ben alors, et la suite ?
Ratoune- MacadAccro
- Messages : 1891
Date d'inscription : 01/09/2009
Re: Plongé dans le noir
Plongé dans le noir, (suite)
La tristesse allait de paire avec la routine car on n’aimait pas être désoeuvré. Voilà où il en était à ce stade avancé des vacances d’été à la mer. Bill Rideaucoeur avait éprouvé ce sentiment de lassitude il y a à peine trois jours et ça avait remis ça et pour finir il avait chopé la crève - la punition de sa mauvaise volonté - car il n’acceptait pas son entourage parental, qui faisait tout pour lui déplaire, par provocation, pour bien lui faire comprendre qui était à sa place ici et qui devait s’y sentir bien. Ils jouaient le jeu de la provoc naturellement, et Bill ne voulait pas jouer le jeu, car, même s'il avait voulu, il ne le pouvait pas. Ils avaient des cartes jokers dans leur jeu qui leur permettaient de renverser la situation à leur avantage et quand ils le souhaitaient. En somme, il ne comptait pour rien. Les gens qui disaient l’aimer et pour qui soit disant il comptait beaucoup étaient curieusement absents et silencieux dans ces moments-là. Pourquoi, nul ne le dira jamais.
La seule lettre qu'il avait envoyée, il s’en rendait compte maintenant, laissait présager d’une détresse future que son sixième sens de fille aura perçue. Il était perdu. Perdu et foutu. "J’aurai ni réponse ni soutient de ce côté-là. »
Bill avait besoin de se retrouver seul et d’enrichir son jardin de quelques plantes fleuries et au lieu de cela c’était du lierre, un vulgaire lierre vert comme celui qui courait autour du jardin, sur la rue. Se sentir jugé en permanence aux repas, cela lui était insupportable, et c’était plus fort que lui de devoir être un autre, deux autres, mille autres pour contenter son père - sa mère. Et il pensait : "Ils voulaient que je sois autrement intelligent comme ce cousin ou cette autre connaissance fortunée, cet inconnu !..." ce qui était une insulte gratuite, d’une insoupçonnable injustice ; en retour de quoi ils attendaient de la coopération : "mais ils rêvaient ! Coopération dans ces conditions il n’y aura jamais."
Seul un robot très con aurait pu s’adapter à la situation, et faire comme si de rien n’était.
Sa mère devenue grabataire par l’absorption de drogues pour soigner sa dépression était incapable de choisir son camps - entre son mari et les siens d’une part, entre son fils et son mari d’autre part. Dans les rares moments où elle semblait normale, elle triomphait d’une ombre qui planait sur elle mais jamais de celle qui était en elle - la bête. Son problème était insoluble. Quand la bête dormait, elle se pâmait de cette tranquillité miraculeuse qui était pourtant naturelle, et au lieu d’utiliser cet instant pour faire des choses “normale et positives”, elle le laissait filer sans demander son reste : alors la bête se réveillait, elle avait repris le dessus... La haine qu’elle avait alors pour Bill était totale et elle ne perdait pas une occasion de le lui faire sentir.
Son père à Bill, c’était un autre problème. Il avait des T.O.C. (troubles obsessionnels convulsifs) et des principes d’acier pour les contrer. Parce que c’était indigne d’avoir des T.O.C., un déshonneur, ce qu’il était devenu avec ses principes était vraiment inhumain. C’était une sorte de juge qui voulait relever la tête de tout le monde, y compris des morts. C’était le moins qu’on puisse dire très gênant. Mais de quoi se mêlait-il ? Le vrai problème en fait, c’est qu’il ne restait jamais plus d’un moi ici, l’été, et jamais plus de trois heures à la maison, quand il travaillait. On ne le connaissait pas, ni lui, ni son fils, ni sa femme ni personne. C’était le médecin du village un point c’est tout. On ne pouvait même pas dire La Star puisqu’ils étaient neuf et bientôt dix (deux pour le remplacer).
Sa vraie nature, Bill le comprit assez vite, était mauvaise. Il fallait toujours qu’il s’en prenne à quelqu’un, incapable qu’il était de s’en prendre à lui. Je vous laisse méditer ça.
*
La routine s’installait doucement mais sûrement, pire, une routine de vacances. Si bien qu’on ne savait plus bien si c’était l’été, la saison rêvée où il faisait bon vivre, ou une autre quelconque - la cinquième saison de mère : l’enfer. Pour le paternel, c’était juste un autre temps, celui des vacances.
Il s’y sentait bien comme il l’avait créée, cette période, sans le savoir, et surtout sans demander l’avis de personne ; sa femme subissait comme elle subissait toujours tout depuis l'enfance. Elle ne le supportait pas mieux que Bill Rideaucoeur mais n'en disait rien, se laissant happer par cette routine qui ajoutait à son désarroi...
"Moi, j’avais dis ce que je pensais, et j’avais chopé la crève ».
Bill rentrait le soir tard, heureux de constater qu’il n’y avait plus qu’une assiette sur la grande table de dehors - la sienne. À midi, il ne mangeait pas non plus, prétextant qu'il devait perdre quelques kilos (ce qui était faux bien sûr). Il n’avait pas à se justifier de ses absences, ou un minimum, et se sentait progressivement mieux, pas jovial mais serein. Il soignait sa crève au soleil.
Dam, à suivre...
La tristesse allait de paire avec la routine car on n’aimait pas être désoeuvré. Voilà où il en était à ce stade avancé des vacances d’été à la mer. Bill Rideaucoeur avait éprouvé ce sentiment de lassitude il y a à peine trois jours et ça avait remis ça et pour finir il avait chopé la crève - la punition de sa mauvaise volonté - car il n’acceptait pas son entourage parental, qui faisait tout pour lui déplaire, par provocation, pour bien lui faire comprendre qui était à sa place ici et qui devait s’y sentir bien. Ils jouaient le jeu de la provoc naturellement, et Bill ne voulait pas jouer le jeu, car, même s'il avait voulu, il ne le pouvait pas. Ils avaient des cartes jokers dans leur jeu qui leur permettaient de renverser la situation à leur avantage et quand ils le souhaitaient. En somme, il ne comptait pour rien. Les gens qui disaient l’aimer et pour qui soit disant il comptait beaucoup étaient curieusement absents et silencieux dans ces moments-là. Pourquoi, nul ne le dira jamais.
La seule lettre qu'il avait envoyée, il s’en rendait compte maintenant, laissait présager d’une détresse future que son sixième sens de fille aura perçue. Il était perdu. Perdu et foutu. "J’aurai ni réponse ni soutient de ce côté-là. »
Bill avait besoin de se retrouver seul et d’enrichir son jardin de quelques plantes fleuries et au lieu de cela c’était du lierre, un vulgaire lierre vert comme celui qui courait autour du jardin, sur la rue. Se sentir jugé en permanence aux repas, cela lui était insupportable, et c’était plus fort que lui de devoir être un autre, deux autres, mille autres pour contenter son père - sa mère. Et il pensait : "Ils voulaient que je sois autrement intelligent comme ce cousin ou cette autre connaissance fortunée, cet inconnu !..." ce qui était une insulte gratuite, d’une insoupçonnable injustice ; en retour de quoi ils attendaient de la coopération : "mais ils rêvaient ! Coopération dans ces conditions il n’y aura jamais."
Seul un robot très con aurait pu s’adapter à la situation, et faire comme si de rien n’était.
Sa mère devenue grabataire par l’absorption de drogues pour soigner sa dépression était incapable de choisir son camps - entre son mari et les siens d’une part, entre son fils et son mari d’autre part. Dans les rares moments où elle semblait normale, elle triomphait d’une ombre qui planait sur elle mais jamais de celle qui était en elle - la bête. Son problème était insoluble. Quand la bête dormait, elle se pâmait de cette tranquillité miraculeuse qui était pourtant naturelle, et au lieu d’utiliser cet instant pour faire des choses “normale et positives”, elle le laissait filer sans demander son reste : alors la bête se réveillait, elle avait repris le dessus... La haine qu’elle avait alors pour Bill était totale et elle ne perdait pas une occasion de le lui faire sentir.
Son père à Bill, c’était un autre problème. Il avait des T.O.C. (troubles obsessionnels convulsifs) et des principes d’acier pour les contrer. Parce que c’était indigne d’avoir des T.O.C., un déshonneur, ce qu’il était devenu avec ses principes était vraiment inhumain. C’était une sorte de juge qui voulait relever la tête de tout le monde, y compris des morts. C’était le moins qu’on puisse dire très gênant. Mais de quoi se mêlait-il ? Le vrai problème en fait, c’est qu’il ne restait jamais plus d’un moi ici, l’été, et jamais plus de trois heures à la maison, quand il travaillait. On ne le connaissait pas, ni lui, ni son fils, ni sa femme ni personne. C’était le médecin du village un point c’est tout. On ne pouvait même pas dire La Star puisqu’ils étaient neuf et bientôt dix (deux pour le remplacer).
Sa vraie nature, Bill le comprit assez vite, était mauvaise. Il fallait toujours qu’il s’en prenne à quelqu’un, incapable qu’il était de s’en prendre à lui. Je vous laisse méditer ça.
*
La routine s’installait doucement mais sûrement, pire, une routine de vacances. Si bien qu’on ne savait plus bien si c’était l’été, la saison rêvée où il faisait bon vivre, ou une autre quelconque - la cinquième saison de mère : l’enfer. Pour le paternel, c’était juste un autre temps, celui des vacances.
Il s’y sentait bien comme il l’avait créée, cette période, sans le savoir, et surtout sans demander l’avis de personne ; sa femme subissait comme elle subissait toujours tout depuis l'enfance. Elle ne le supportait pas mieux que Bill Rideaucoeur mais n'en disait rien, se laissant happer par cette routine qui ajoutait à son désarroi...
"Moi, j’avais dis ce que je pensais, et j’avais chopé la crève ».
Bill rentrait le soir tard, heureux de constater qu’il n’y avait plus qu’une assiette sur la grande table de dehors - la sienne. À midi, il ne mangeait pas non plus, prétextant qu'il devait perdre quelques kilos (ce qui était faux bien sûr). Il n’avait pas à se justifier de ses absences, ou un minimum, et se sentait progressivement mieux, pas jovial mais serein. Il soignait sa crève au soleil.
Dam, à suivre...
Re: Plongé dans le noir
Relevé :des choses " normaleS" sinon ce début annonce une ambiance familiale bien pourrie comme je les aime quand elle me conforte dans ce que je pense de la famille.
La suite, la suite
La suite, la suite
Ratoune- MacadAccro
- Messages : 1891
Date d'inscription : 01/09/2009
Re: Plongé dans le noir
ça vient, ça vient !
Dam, ça s’invente pas mais faut quand même si maître et le fer !
Dam, ça s’invente pas mais faut quand même si maître et le fer !
Re: Plongé dans le noir
Propos recueillis à table après la messe en plein air du dimanche soir, aux Dolmens. (Père à mère : )
- Mais qu’est-ce qui t’as pris de vouloir changer de place, on était très bien sur ce banc (des murets en pierres) ; après, j’avais une branche de chêne qui me barrait la vue de l’Autel.
- Y’avait des fourmis qui me démangeaient.
- Et après, tu avais besoin de te faire remarquer pour ça ? Qu’est-ce qu’elles t’ont fait, ces fourmis. Tu sais comment ça s’appelle ça ? Des T.O.C. - Troubles Obsessionnels Convulsifs. Et toc !
- Ça me gênait, c’est tout. Tu n’avais qu’à rester à ta place.
- Je ne comprends pas le besoin que tu as toujours de te faire remarquer, dit père - tout ça pour quelques fourmis inoffensives.
- Ah ! c’est par rapport aux autres que ça te gène, je vois !
La dessus le silence s’installa. Le père cherchait toujours la petite bête ; il justifiait ainsi plus ou moins maladroitement ses interventions. C’était méchant et bête.
Bill aurait volontiers mis cela sur le compte de la retraite anticipée et le stress qui gagnait, l’angoisse de se sentir soudain inutile... mais il avait toujours eut cette tendance à dénigrer son prochain - et c’était d’autant plus insupportable que ces attaques étaient dirigées vers les siens, jamais vers les autres.
"Quelque chose me dit que c’aurait dû être l’inverse. Il était faux tout le temps."
Après dix bonnes minutes de silence qu’il devait considérer comme une victoire, mère baissa les yeux et leva la main vers sa tempe dans la position du professeur qui médite.
- ... Je te l’ai déjà dit cent fois - ne fais pas ça ! Oh oh ! Enlève ta main. Ça, si c’est pas des manies, c’est quoi ?
Mère dit dans sa main :
- Et toi, t’en as pas des manies ? Alors laisse-moi tranquille.
- Et toi, tu nous laisses tranquille, toi ? etc.
Ça pouvait durer tout le repas.
Bill aurait pu créer un incident en appelant les flics ou mieux, hurler à la folie pour qu’ils prennent conscience de la leur (la sienne à Bill était feinte), leur faire comprendre qu’il y avait des limites à ne pas dépasser. Mais il ne ferait jamais rien de tel, car, loin de leur rendre service, cette attitude l’aurait définitivement perdu. Noyé. Basta!
"Je subirai encore leur jeu-jeu de gue-guerre inutile, comme s’il y avait des jeux et des guerres utiles…’’
Il voulait croire que tout ceci n’était pas son problème... Dur comme fer !
Dam, à suivre...
- Mais qu’est-ce qui t’as pris de vouloir changer de place, on était très bien sur ce banc (des murets en pierres) ; après, j’avais une branche de chêne qui me barrait la vue de l’Autel.
- Y’avait des fourmis qui me démangeaient.
- Et après, tu avais besoin de te faire remarquer pour ça ? Qu’est-ce qu’elles t’ont fait, ces fourmis. Tu sais comment ça s’appelle ça ? Des T.O.C. - Troubles Obsessionnels Convulsifs. Et toc !
- Ça me gênait, c’est tout. Tu n’avais qu’à rester à ta place.
- Je ne comprends pas le besoin que tu as toujours de te faire remarquer, dit père - tout ça pour quelques fourmis inoffensives.
- Ah ! c’est par rapport aux autres que ça te gène, je vois !
La dessus le silence s’installa. Le père cherchait toujours la petite bête ; il justifiait ainsi plus ou moins maladroitement ses interventions. C’était méchant et bête.
Bill aurait volontiers mis cela sur le compte de la retraite anticipée et le stress qui gagnait, l’angoisse de se sentir soudain inutile... mais il avait toujours eut cette tendance à dénigrer son prochain - et c’était d’autant plus insupportable que ces attaques étaient dirigées vers les siens, jamais vers les autres.
"Quelque chose me dit que c’aurait dû être l’inverse. Il était faux tout le temps."
Après dix bonnes minutes de silence qu’il devait considérer comme une victoire, mère baissa les yeux et leva la main vers sa tempe dans la position du professeur qui médite.
- ... Je te l’ai déjà dit cent fois - ne fais pas ça ! Oh oh ! Enlève ta main. Ça, si c’est pas des manies, c’est quoi ?
Mère dit dans sa main :
- Et toi, t’en as pas des manies ? Alors laisse-moi tranquille.
- Et toi, tu nous laisses tranquille, toi ? etc.
Ça pouvait durer tout le repas.
Bill aurait pu créer un incident en appelant les flics ou mieux, hurler à la folie pour qu’ils prennent conscience de la leur (la sienne à Bill était feinte), leur faire comprendre qu’il y avait des limites à ne pas dépasser. Mais il ne ferait jamais rien de tel, car, loin de leur rendre service, cette attitude l’aurait définitivement perdu. Noyé. Basta!
"Je subirai encore leur jeu-jeu de gue-guerre inutile, comme s’il y avait des jeux et des guerres utiles…’’
Il voulait croire que tout ceci n’était pas son problème... Dur comme fer !
Dam, à suivre...
Re: Plongé dans le noir
Dérive de couple, dérive de vie on attend nous aussi sur le muret le déroulement de ces personnages...
Ratoune- MacadAccro
- Messages : 1891
Date d'inscription : 01/09/2009
Re: Plongé dans le noir
Bill Rideaucoeur devait commencer par mettre de l’ordre dans ses affaires ; car, en dépits des apparences réelles, c’était des affaires importantes. Elles le seraient pour d’autres un jour, et c’est pourquoi il devait s’en occuper. De quoi s’agit-il ? Peu importe pour le moment.
"C’est peut-être tout simplement ce que je suis en train de faire en ce moment : écrire."
Si Bill savait pourquoi, il ne le ferait pas ; c’est comme la crève - à quoi bon savoir quand c’est trop tard !
"Je le fais pour que ça passe, et ça passera, comme la crève. Et ça reviendra comme la fièvre. Les comprimés pour soigner ça, c’est d’aller au bout. Si on s’arrête en chemin, ça devient vite impossible, infernal. Voilà pourquoi je dis qu’il faut “mettre de l’ordre dans mes affaires”.
Cela pouvait paraître égoïste, mais il n’avait pas le choix : "si je dois y renoncer, je devrais aussi renoncer à la vie. La maladie fait partie de la vie au même titre que la mort... et l’écriture.
Mais n’allez pas croire que ce que Bill éprouvait à l’égard de ses vieux était purement fantasque ; que ses soucis d’avenir, de carrière, etc. prenaient le pas sur tout comme un ciel qui se couvre. D’accord, il était peut-être moins réceptif à cause de cela, mais le simple fait qu’ils se croient non responsables et qu’ils ne s’y frottent pas, cela ajoutait à son désarroi le plus complet.
Le père semblait indifférent à son comportement, mais Bill savait, le connaissant, qu’il se vengerait un jour quand il y aurait du monde, à table, encore et toujours à table. Il ne se doutait pas encore que son fils lui rendait service en quelque sorte, que cette mise à l’épreuve n’était pas tout à fait inutile et dénuée de sens. Le comble du comble, c’est que mère, le voyant ainsi muet et malade, presque fermé à tout, reprenait du poil de la bête (au sens propre comme au sens sale). Elle parlait même à table, pas beaucoup certes, mais elle répondait aux questions avec entrain et ardeur même, phrases hachées inachevées. Passionnée qu'elle était.
Parce que c’était pas à eux de mettre de l'eau sur le feu - (oui je sais normalement c'est de l'huile mais pas pour eux ; j'aurais pu dire aussi de l'eau dans le gaz mais ça marchait pas mieux, pour eux) - si tenté qu’il y ait feu - comme si c’était un déshonneur pour eux d’essayer de se mettre au parfum, au bon niveau, si bas fut-il, et si regrettable. Au raz de la pelouse, et salissant avec ça !!! Ils en avaient pris leur parti de retraités : ne jamais s’occuper des affaires d’autrui. En attendant, ils passaient à côté du principal, de ce qui avait fait leur grandeur, leur stature, leur fierté : Bill. C’est comme un peuple qui oublie sa patrie, son drapeau, qui renie sa mère Patrie. Le Paternel avait souffert de l’absence d'une mère et ça lui donnait le droit de faire de-même avec les siens ; Bill préférait croire comme toujours qu’il ne se rendait pas compte et que son malheur était pire que tout. Il percevait son malheur avec peine et douleur. Il avait peur souvent, et pas seulement la nuit. Mais il faisait, selon l'expression consacrée qui va bien, contre mauvaise fortune bon coeur.
Bill faisait preuve d'un grand courage en somme. Mine de rien !
Le lendemain matin, Bill avait totalement perdu goût et odorat. La première cigarette de la journée après le petit déjeuné lui fit l’effet d’un verre d’eau chaude salée (le sel, curieusement, était palpable) Il l’écrasa après la seconde taffe. Aucun plaisir, et son organisme n’en réclamait pas. Il comprit avec un plaisir non dissimulé qu'il fumait plus par plaisir que par vice. C’était la seule bonne note de la journée. Mais il s’en souviendrait.
Bill en était à son troisième jour plein de crève, le nez pris et la gorge en feu et l’esprit vide par les drogues que vous imaginez - les effets secondaires étaient pleinement ressentis et il se demanda si ça n’était pas pire que la maladie elle-même !
"J'ai rêvé que mes oreilles se débouchaient".
Le seul signe encourageant était qu'il avait perdu le goût, l'ouïe et l’odorat - Hourra ! - preuve que c’était bientôt la fin. En outre, il n’avait pas perdu ses réflexes, en témoigne le maigre moustique écrasé dans sa paume. Un geste d’énervement doublé de raison meurtrière, même s'il aurait voulu le diriger contre le monde entier. C’est le moustique qui a trinqué pour eux. Eux. Les autres. Eux tous (il tousse) Putain ! V'là que j’m’étrangle !
"Quel effet leur fais-je, à toutes ces filles-mère entichées de leur mari en slip, à ces gamines... qui s’approchent progressivement de ma serviette en faisant semblant de s’intéresser aux crabes, dans des pauses crabolesques, sous l’oeil interdit des parents soumis sous le parasol blanc. Laisse-là un peu vivre, c’est les vacances, elle peut enfin faire ce qu’elle veut, tu veux qu’elle devienne nonne ou quoi ? Moi je suis fière d’elle, elle joue son rôle de p'tite femme à merveille - regarde comme elle est belle, ta fille ! Ils savaient tous deux que la raison de son éloignement progressif du parasol familiale était ce type en caleçon noir qui lisait sur sa serviette blanche en bas du rocher 'chat'. Ils savaient aussi que la gamine ne craignait rien, du moins physiquement, mais qu’à la première alerte de regards complices et charmeurs ou de mots échangés, ils bondiraient au soleil pour la rappeler à l’ordre en disant : “Céline ! Viens ici tout de suite, on rentre.”
“Quelque chose sur le chemin, elle bouge...”
Dam.
"C’est peut-être tout simplement ce que je suis en train de faire en ce moment : écrire."
Si Bill savait pourquoi, il ne le ferait pas ; c’est comme la crève - à quoi bon savoir quand c’est trop tard !
"Je le fais pour que ça passe, et ça passera, comme la crève. Et ça reviendra comme la fièvre. Les comprimés pour soigner ça, c’est d’aller au bout. Si on s’arrête en chemin, ça devient vite impossible, infernal. Voilà pourquoi je dis qu’il faut “mettre de l’ordre dans mes affaires”.
Cela pouvait paraître égoïste, mais il n’avait pas le choix : "si je dois y renoncer, je devrais aussi renoncer à la vie. La maladie fait partie de la vie au même titre que la mort... et l’écriture.
Mais n’allez pas croire que ce que Bill éprouvait à l’égard de ses vieux était purement fantasque ; que ses soucis d’avenir, de carrière, etc. prenaient le pas sur tout comme un ciel qui se couvre. D’accord, il était peut-être moins réceptif à cause de cela, mais le simple fait qu’ils se croient non responsables et qu’ils ne s’y frottent pas, cela ajoutait à son désarroi le plus complet.
Le père semblait indifférent à son comportement, mais Bill savait, le connaissant, qu’il se vengerait un jour quand il y aurait du monde, à table, encore et toujours à table. Il ne se doutait pas encore que son fils lui rendait service en quelque sorte, que cette mise à l’épreuve n’était pas tout à fait inutile et dénuée de sens. Le comble du comble, c’est que mère, le voyant ainsi muet et malade, presque fermé à tout, reprenait du poil de la bête (au sens propre comme au sens sale). Elle parlait même à table, pas beaucoup certes, mais elle répondait aux questions avec entrain et ardeur même, phrases hachées inachevées. Passionnée qu'elle était.
Parce que c’était pas à eux de mettre de l'eau sur le feu - (oui je sais normalement c'est de l'huile mais pas pour eux ; j'aurais pu dire aussi de l'eau dans le gaz mais ça marchait pas mieux, pour eux) - si tenté qu’il y ait feu - comme si c’était un déshonneur pour eux d’essayer de se mettre au parfum, au bon niveau, si bas fut-il, et si regrettable. Au raz de la pelouse, et salissant avec ça !!! Ils en avaient pris leur parti de retraités : ne jamais s’occuper des affaires d’autrui. En attendant, ils passaient à côté du principal, de ce qui avait fait leur grandeur, leur stature, leur fierté : Bill. C’est comme un peuple qui oublie sa patrie, son drapeau, qui renie sa mère Patrie. Le Paternel avait souffert de l’absence d'une mère et ça lui donnait le droit de faire de-même avec les siens ; Bill préférait croire comme toujours qu’il ne se rendait pas compte et que son malheur était pire que tout. Il percevait son malheur avec peine et douleur. Il avait peur souvent, et pas seulement la nuit. Mais il faisait, selon l'expression consacrée qui va bien, contre mauvaise fortune bon coeur.
Bill faisait preuve d'un grand courage en somme. Mine de rien !
Le lendemain matin, Bill avait totalement perdu goût et odorat. La première cigarette de la journée après le petit déjeuné lui fit l’effet d’un verre d’eau chaude salée (le sel, curieusement, était palpable) Il l’écrasa après la seconde taffe. Aucun plaisir, et son organisme n’en réclamait pas. Il comprit avec un plaisir non dissimulé qu'il fumait plus par plaisir que par vice. C’était la seule bonne note de la journée. Mais il s’en souviendrait.
Bill en était à son troisième jour plein de crève, le nez pris et la gorge en feu et l’esprit vide par les drogues que vous imaginez - les effets secondaires étaient pleinement ressentis et il se demanda si ça n’était pas pire que la maladie elle-même !
"J'ai rêvé que mes oreilles se débouchaient".
Le seul signe encourageant était qu'il avait perdu le goût, l'ouïe et l’odorat - Hourra ! - preuve que c’était bientôt la fin. En outre, il n’avait pas perdu ses réflexes, en témoigne le maigre moustique écrasé dans sa paume. Un geste d’énervement doublé de raison meurtrière, même s'il aurait voulu le diriger contre le monde entier. C’est le moustique qui a trinqué pour eux. Eux. Les autres. Eux tous (il tousse) Putain ! V'là que j’m’étrangle !
"Quel effet leur fais-je, à toutes ces filles-mère entichées de leur mari en slip, à ces gamines... qui s’approchent progressivement de ma serviette en faisant semblant de s’intéresser aux crabes, dans des pauses crabolesques, sous l’oeil interdit des parents soumis sous le parasol blanc. Laisse-là un peu vivre, c’est les vacances, elle peut enfin faire ce qu’elle veut, tu veux qu’elle devienne nonne ou quoi ? Moi je suis fière d’elle, elle joue son rôle de p'tite femme à merveille - regarde comme elle est belle, ta fille ! Ils savaient tous deux que la raison de son éloignement progressif du parasol familiale était ce type en caleçon noir qui lisait sur sa serviette blanche en bas du rocher 'chat'. Ils savaient aussi que la gamine ne craignait rien, du moins physiquement, mais qu’à la première alerte de regards complices et charmeurs ou de mots échangés, ils bondiraient au soleil pour la rappeler à l’ordre en disant : “Céline ! Viens ici tout de suite, on rentre.”
“Quelque chose sur le chemin, elle bouge...”
The Beatles
Dam.
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