Le chant du spectre.

Quelques taches de nuit ont souillé ta lumière
Le jus noir des tombeaux fait ta flamme tremblante
Rejoins-moi, mon ami hirsute de mystères
Tends l’oreille et le cœur : c’est le spectre qui chante

Et nous allons, moi le fantôme, toi le corps
Goûter la cécité et la mythologie
La poésie – plus loin, et plus avant encore
Car c’est l’autre œil qui voit, quand nous sommes ici

Sens-tu la nuit enfler, et le jour se dissoudre
Le plaisir insensé des noyades arctiques
Où tu brûles et te noies, dans le gel et la foudre
Souviens-toi : l’horizon s’éveillait dalmatique !

Même déboussolé dans la mélasse obscure
Du mot, qu’une colère a changé en matraque
Je te sais contre moi quand meugle ma fêlure
Aux champs d’or et de boue où paissent les Oracles

Echangeons si tu veux, double respiratoire
Alors que mes poumons de baudruche ont crevé
Je t’offre le palais des mangeurs de mémoire
Offre-moi quelques os, et le temps de trouver

Si dans ton deux-mille cent, ou huit cent, ou trois-mille
J’aurais pu leur brandir la même liberté
Si l’amour a changé, si le soir sur les villes
Les petits bars de nuit donnent envie de chanter

Vrai, j’irai à Paris bien sûr, ou dans ses ruines
En Chine et en Russie, partout que je n’ai vu
Je couvrirai les murs, les ravins, de mes lignes
Et les oiseaux sauront que je suis revenu

Car les taches de nuit ont souillé ma lumière
Au passé je suis pris ; ou dans tes mains aimantes
Je rêve d’y rester, mon ami de mystères
Tends l’oreille et le cœur à ce spectre qui chante




Z 14 12 11

Un poème fantôme nimbé d'un halo prophétique.

Vrai, j’irai à Paris bien sûr, ou dans ses ruines
En Chine et en Russie, partout que je n’ai vu
Je couvrirai les murs, les ravins, de mes lignes
Et les oiseaux sauront que je suis revenu



oui ! oui ! oui ! oui !

tu 'le rends " sympathique" et coloré ce spectre , ce double "je" que tu depeints pourtant avec de sombres mots..ta verve est bien là, ton souffle et ta poésie enchanteresse...un régal!

Encore une belle envolée !

Je retiens comme Lalou cette strophe avec ces deux derniers vers qui marquent :

Vrai, j’irai à Paris bien sûr, ou dans ses ruines
En Chine et en Russie, partout que je n’ai vu
Je couvrirai les murs, les ravins, de mes lignes
Et les oiseaux sauront que je suis revenu

Oui il faut que ce spectre aille dynamiter le tout Paris...au plus vite !

Et celle-ci presque mystique :

Sens-tu la nuit enfler, et le jour se dissoudre
Le plaisir insensé des noyades arctiques
Où tu brûles et te noies, dans le gel et la foudre
Souviens-toi : l’horizon s’éveillait dalmatique !

...l'horizon s'éveillait dalmatique...

Etait-ce l'éveil d'un nouvel horizon chrétien ?

Un poème qui m'a spectrifié !

Je suis plus particulièrement sensible aux cinq premières strophes, à la dernière aussi.

Ces strophes sont bues avec plaisir par mon âme poétique.

Encore un poème qui fait que je confirme ce que je pense:

" Tu es un "Grand" et j'espère que d'autres en prendront conscience

Pour ma part ce sont ces vers
Sens-tu la nuit enfler, et le jour se dissoudre
Le plaisir insensé des noyades arctiques
Où tu brûles et te noies, dans le gel et la foudre
Souviens-toi : l’horizon s’éveillait dalmatique !
qui ont le plus retenu mon attention.
A la fois mythiques et mystiques ils ne peuvent que me séduire.
Mais je prends le tout, malgré tout.

Nilo, champ spectral.

Spectre au juste chant !