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Au trou sans bord, le poète s'endort...
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Sylvie
LCbeat
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Macadam :: MacadaTextes :: Poèmes
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Au trou sans bord, le poète s'endort...
Au trou sans bord, le poète s'endort contre la vitre du billard électronique Freud vs Dracula, 1895
Carburer aux néons et au jazz aveugle ; ces nuits électriques
comme des magnets de supermarché collés sur la porte des réfrigérateurs.
Pour ne plus avoir à prononcer de mots d'amour
pour ne plus avoir à écouter le cœur battre trop fort
pour ne plus imaginer la chaleur d'un corps contre son corps
(l'analyse donnera des résultats si tardifs et si peu concluants
que la seule ressource médica-menteuse permettra de sortir la tête
d'un cynisme sordide et paralysant)
On se passera alors d'aimer, de désirer et d'inverser la balance des sentiments
on se passera de la tranquillité bienfaisante, des béatitudes sonnantes et trébuchantes
on se passera de l'être et de l'avoir, priant chaque jour que l'horizon décolle de l'horizon
Pour retrouver la clémence de l'âme, respirer lentement, avec le ventre
suivre des yeux intérieurs le cheminement de l'air au travers des organes
marcher lentement, talon-plante-doigts, talon-plante-doigts
comme si la terre rentrait dans le corps qui lui-même pénétrait la terre
Mais tout ceci ne nous dira pas grand chose
On préfèrera hurler comme des bêtes sur l'épaule de l'outre-tombe
s'abîmer lentement, sûrement, dans les tréfonds des jours invisibles
On préfèrera écrire ce que l'on n'ose plus vivre
écrire plutôt que sentir l'air s'engouffrer dans le corps
laisser la terre aux autres, et tenter absurdement de léviter
On écrira : le futur peut se passer de nous
Le négatif de la souffrance est le bien-être
le négatif de la tristesse est la joie
alors que le négatif d'une femme est une autre femme
L'Albatros explose dans le ciel, l'Albatros n'est qu'un vulgaire oiseau torché de foire
c'est de là que vient la plume qui brûlait nos copies avant que nous les ayons rendues
Les marins de la médiation nous guettent sur leurs chalutiers brinquebalant
entre deux océans, entre deux superficialités
choisis ton camp, scandent-ils, ces soulards abrutis de consensus et de vérités télévisées
choisis ton camp et sois télégénique !
Mais on ne choisit pas sa propre misère
on s'assied sur le rebord du monde à regarder les oiseaux consumer le ciel
après avoir parafé nos contrats d'extinction
Nous ne sommes plus ni le miroir ni le Nil fantasmé
nous sommes des pyramides affaissées
plongeant nos racines dans la noirceur des névroses hurlantes
Les lumières vacillent comme des danseurs mutilés
sucés de près par les sangsues de la paralysie
Il nous faudrait marcher pieds nus sur les tessons des vieilles idées
puantes comme cette civilisation ne sachant même plus
comment décliner son identité
sans se prendre les pieds dans le tapis
Il nous faudrait tomber amoureux non plus d'une femme
mais de ces messages que dissimulent les figures lasses, crasseuses
des hommes et des femmes de toute contingence
ces messages suintant de révolte et de dégoût
que tous ignorent malgré le poids des années d'écœurement
L'amour ! Ce délicieux pied-de-nez à la rationalité
ce pas en arrière franchi de peur du grand vide
de la grande dépressurisation, l'amour cette putain propre
dégoulinant de blancheur et d'immaculée contraction
cette matrice-chienne à la muselière de diamants
Que l'on nous dise tais-toi et que l'on se mette à chanter
les cantiques diaboliques de la liberté
Que l'on nous fasse désespérer de tout sevrage
et que l'on se mette à branler le sexe des nuages
Que l'on ose nous barrer la route d'un coup entre les jambes
et que l'on sorte nos sexes tapageurs
heureux de sperme et de vanité
Mais le silence
le silence des spectres errant de cimetière en carnaval
le silence engendrant le silence
le silence mortifère des cathédrales de l'ultra-scène
le silence des rêves sabotés comme ces révolutions bourgeoises
dont nul ne sort vainqueur dans le lot des avalés
L'amour du silence est une romance éclatée
un bourgeon clos dans le murmure des corps
Il fallut ne plus posséder de terre pour se rapproprier le droit de la terre
Et d'enfermer alors ceux qui détenaient les clés
Sans passer par le bureau de l'Administration
Les lois de la méditation bouddhique nous invitent à énucléer la souffrance
la peine, la colère et toute autre chimère ornementale dans la conception de l'être
Elles nous dispensent de toute animosité envers l'autre
et nous renvoient à l'intérieur de nous-même, à l'intérieur du monde
Mais nous préférons encore cristalliser la haine de soi
en un bloc d'acier granitique, persuadés que, forts de ressentiments,
nous devenons intouchables, impénétrables, asservis à nos seules affections
barricadés et fiers de n'appartenir plus qu'à la douleur méta-personnelle
Je suis la belle au bois dormant !, m'exclamai-je, tandis qu'un Christ geignard
me cirait les pompes à grands coups de stick à lèvres
(j'avais alors cessé de penser et de tourner en rond dans mon panier)
et j'attends la clown vespérale, qu'elle glisse ma main entre ses plis
et qu'elle me susurre, qu'importe si tu n'es plus capable de m'aimer
La boule flippe sur les rampes élargies de la galaxie
pleines de lumières d'atomes et de figurines scolastiques
avant de finir sa course dans le goitre sans fond
d'un trou sans bord
Carburer aux néons et au jazz aveugle ; ces nuits électriques
comme des magnets de supermarché collés sur la porte des réfrigérateurs.
Pour ne plus avoir à prononcer de mots d'amour
pour ne plus avoir à écouter le cœur battre trop fort
pour ne plus imaginer la chaleur d'un corps contre son corps
(l'analyse donnera des résultats si tardifs et si peu concluants
que la seule ressource médica-menteuse permettra de sortir la tête
d'un cynisme sordide et paralysant)
On se passera alors d'aimer, de désirer et d'inverser la balance des sentiments
on se passera de la tranquillité bienfaisante, des béatitudes sonnantes et trébuchantes
on se passera de l'être et de l'avoir, priant chaque jour que l'horizon décolle de l'horizon
Pour retrouver la clémence de l'âme, respirer lentement, avec le ventre
suivre des yeux intérieurs le cheminement de l'air au travers des organes
marcher lentement, talon-plante-doigts, talon-plante-doigts
comme si la terre rentrait dans le corps qui lui-même pénétrait la terre
Mais tout ceci ne nous dira pas grand chose
On préfèrera hurler comme des bêtes sur l'épaule de l'outre-tombe
s'abîmer lentement, sûrement, dans les tréfonds des jours invisibles
On préfèrera écrire ce que l'on n'ose plus vivre
écrire plutôt que sentir l'air s'engouffrer dans le corps
laisser la terre aux autres, et tenter absurdement de léviter
On écrira : le futur peut se passer de nous
Le négatif de la souffrance est le bien-être
le négatif de la tristesse est la joie
alors que le négatif d'une femme est une autre femme
L'Albatros explose dans le ciel, l'Albatros n'est qu'un vulgaire oiseau torché de foire
c'est de là que vient la plume qui brûlait nos copies avant que nous les ayons rendues
Les marins de la médiation nous guettent sur leurs chalutiers brinquebalant
entre deux océans, entre deux superficialités
choisis ton camp, scandent-ils, ces soulards abrutis de consensus et de vérités télévisées
choisis ton camp et sois télégénique !
Mais on ne choisit pas sa propre misère
on s'assied sur le rebord du monde à regarder les oiseaux consumer le ciel
après avoir parafé nos contrats d'extinction
Nous ne sommes plus ni le miroir ni le Nil fantasmé
nous sommes des pyramides affaissées
plongeant nos racines dans la noirceur des névroses hurlantes
Les lumières vacillent comme des danseurs mutilés
sucés de près par les sangsues de la paralysie
Il nous faudrait marcher pieds nus sur les tessons des vieilles idées
puantes comme cette civilisation ne sachant même plus
comment décliner son identité
sans se prendre les pieds dans le tapis
Il nous faudrait tomber amoureux non plus d'une femme
mais de ces messages que dissimulent les figures lasses, crasseuses
des hommes et des femmes de toute contingence
ces messages suintant de révolte et de dégoût
que tous ignorent malgré le poids des années d'écœurement
L'amour ! Ce délicieux pied-de-nez à la rationalité
ce pas en arrière franchi de peur du grand vide
de la grande dépressurisation, l'amour cette putain propre
dégoulinant de blancheur et d'immaculée contraction
cette matrice-chienne à la muselière de diamants
Que l'on nous dise tais-toi et que l'on se mette à chanter
les cantiques diaboliques de la liberté
Que l'on nous fasse désespérer de tout sevrage
et que l'on se mette à branler le sexe des nuages
Que l'on ose nous barrer la route d'un coup entre les jambes
et que l'on sorte nos sexes tapageurs
heureux de sperme et de vanité
Mais le silence
le silence des spectres errant de cimetière en carnaval
le silence engendrant le silence
le silence mortifère des cathédrales de l'ultra-scène
le silence des rêves sabotés comme ces révolutions bourgeoises
dont nul ne sort vainqueur dans le lot des avalés
L'amour du silence est une romance éclatée
un bourgeon clos dans le murmure des corps
Il fallut ne plus posséder de terre pour se rapproprier le droit de la terre
Et d'enfermer alors ceux qui détenaient les clés
Sans passer par le bureau de l'Administration
Les lois de la méditation bouddhique nous invitent à énucléer la souffrance
la peine, la colère et toute autre chimère ornementale dans la conception de l'être
Elles nous dispensent de toute animosité envers l'autre
et nous renvoient à l'intérieur de nous-même, à l'intérieur du monde
Mais nous préférons encore cristalliser la haine de soi
en un bloc d'acier granitique, persuadés que, forts de ressentiments,
nous devenons intouchables, impénétrables, asservis à nos seules affections
barricadés et fiers de n'appartenir plus qu'à la douleur méta-personnelle
Je suis la belle au bois dormant !, m'exclamai-je, tandis qu'un Christ geignard
me cirait les pompes à grands coups de stick à lèvres
(j'avais alors cessé de penser et de tourner en rond dans mon panier)
et j'attends la clown vespérale, qu'elle glisse ma main entre ses plis
et qu'elle me susurre, qu'importe si tu n'es plus capable de m'aimer
La boule flippe sur les rampes élargies de la galaxie
pleines de lumières d'atomes et de figurines scolastiques
avant de finir sa course dans le goitre sans fond
d'un trou sans bord
Re: Au trou sans bord, le poète s'endort...
"(l'analyse donnera des résultats si tardifs et si peu concluants
que la seule ressource médica-menteuse permettra de sortir la tête
d'un cynisme sordide et paralysant)"
Pourtant, ce texte montre bien qu'il y a eu "analyse" de l'auteur sur le voyage intérieur qu'il s'est accordé.
Un manque qui ne se remplace pas!
que la seule ressource médica-menteuse permettra de sortir la tête
d'un cynisme sordide et paralysant)"
Pourtant, ce texte montre bien qu'il y a eu "analyse" de l'auteur sur le voyage intérieur qu'il s'est accordé.
Un manque qui ne se remplace pas!
Re: Au trou sans bord, le poète s'endort...
Un texte lancinant qui contient des moments d'une puissance rare, de grandes souffrances, quelques passages ou l'auteur semble perdu aussi ...
C'est plus un cri qu'une chanson, avec le coté brutal, parfois dérangeant, mais toujours interpellant du cri.
C'est plus un cri qu'une chanson, avec le coté brutal, parfois dérangeant, mais toujours interpellant du cri.
Jean- MacadAdo
- Messages : 88
Date d'inscription : 30/08/2011
Age : 64
Re: Au trou sans bord, le poète s'endort...
Lu deux fois, mais pour laisser un commentaire, il me faudrait y porter encore plus d'attention !
Une aventure intérieure qui a le courage de se poursuivre dans la douleur, et cette douleur s'inscrit entre les mots choisis par l'auteur. (un texte comme un tissage de vie)
Une aventure intérieure qui a le courage de se poursuivre dans la douleur, et cette douleur s'inscrit entre les mots choisis par l'auteur. (un texte comme un tissage de vie)
Carmen P.- MacadAccro
- Messages : 1525
Date d'inscription : 18/11/2009
Re: Au trou sans bord, le poète s'endort...
Encore un voyage au bout de l'enfer.
Mais la barque est belle et remplace avantageusement les hélicos de la sauvegarde des idées toutes faites.
Nilo, roulette russe.
Mais la barque est belle et remplace avantageusement les hélicos de la sauvegarde des idées toutes faites.
Nilo, roulette russe.
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... Tu lui diras que je m'en fiche. Que je m'en fiche. - Léo Ferré, "La vie d'artiste"
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