Lettre aux « petits enfants du siècle »,

Chers elfes,





Il est
étrange de vous voir ainsi passer


Devant moi
qui meurs en berge


Si
souvent penchée sur l’eau trouble


A ne rien
voir.


Toi, noir
dans ta nuit pâle


Et toi
pourvue de lumière


Plus qu’il
n’en faut


Vous étendez
les longs jours pleins


Devant vous


Comme si
jamais ne se refermaient les plis


Du temps


Les mêmes
corridors vous attendent


Que je pris
pour des labyrinthes


Et dans
lesquels vous buterez semblables aveugles


A chaque
tour perdu


Je voudrais
croire que les sentes humaines diffèrent


Mais je sens
bien aux portes de l’oubli


Que vous
rencontrerez les songes dont nous avons tissé nos désirs


Autrefois
quand nous avions main mise sur le destin


Et le
croyons unique.


Que vos
rêves demeurent avec ou sans étoffe


Qu’ils vous
habillent sans vous déguiser


Et vous
aiguisent en lames parlantes


Dans ces
mondes muets


Sans jamais
ou si peu vous mettre à nus


Au froid
mordant de vos brisées…


A C...et L...






A suivre

Comme c'est beau Ratoune !

un véritable cri d'amour, le vrai .

Merci pour ce merveilleux partage Ratoune.

Quelle belle adresse à ces "petits-enfants".
Vous étendez
les longs jours pleins

Devant vous

Comme si
jamais ne se refermaient les plis

Du temps

Ils ne se referment que sur ceux qui ont la mémoire courte...

J'ai beaucoup aimé ces lignes Ratoune. En plus je trouve chez toi dans tes deux dernières publication une sorte de renouveau dans une légèreté des mots (attention, des mots, pas du sens) qui te va très bien.

Nilo, grand-père.

Un bien beau texte qui redonne l'envie d'écrire... Et c'est beaucoup.

Swann,

J’ai apprécié ces mots (entre incrédulité et espoir fou), et cette forme aérée de circonstance.

Merci à vous.

Les petits enfants du siècle : une référence qui me renvoie des années en arrière !

Je trouve dans ton texte la même générosité que celle que j'appréciais chez Ch. Rochefort, Ratoune.

J'aurais presque préféré qu'il s'arrête à "Qui le croyions unique", bien que "les lames parlantes" soit une belle trouvaille pleine de force.

J'aime beaucoup ta façon de décaler les mots avec légèreté et poésie...

Te voilà un peu dans l'ombre
Toi qui rêvais d'oubli sans le connaître
La vie te rattrape par le collet
Et te camisole de farce

Enfant du nerf optique
Pauvre navigateur sans fond
La barre tourne à vide
Que tes mains abandonnent

Tes quatorze balais torchent le vide
Balaient nos silences
Épongent les dettes des aînés
Qui n'en finissent pas de payer

A ta vie son salaire de misère...


A suivre