05:45 am.

1

la nuit est une arcade ouverte d’où s’échappe
à grosses bulles
une poésie jaune
frusciante est en avance sur moi

05 : 45 am
dans une serre étrange peuplée de loups
de perroquets
de lamantins qui planent

la solitude est un métro dans un aquarium

2

à 18 mètres il ou elle expire
poitrine dont je n’embrasse qu’un souffle
à mon oreille

viennent les stridences

et la surprise de l’orage
premier ballast aux nues qui crève
frusciante fait du pied à la lune

pour lui gémissent les chiens
noirs et cubiques
visionnaires

3

ma douleur est une porte qui claque

dis-lui que le ventre invente les règles
dis-lui qu’on va seul sous la neige
avec ce qu’on traîne de corps
bien lourdement là

dis-lui frusciante
le premier train passe ce soir
avec ses passagers de larmes

4

dis-lui encore
que je ne suis jamais parti nulle part
sauf avec elle
dis-lui que je suis là

le cœur tapi
dans le gosier de mon silence

5

à 213 mètres encore
le souffle rauque et la mine grise
le poids des processions mystiques

frusciante est en avance sur moi
et nous voguons
sur la frégate prodigieuse

vision à grands coups de rames

6

venise

7

s’agit-il de savoir qu’en dis-tu John
la véritable rédemption
qu’est-ce encore la camisole du brave type
la sinusoïdale du bourreau

au même bar toujours deux ombres
pour une seule question de style

la vérité

8

dis-lui
qu’on ira encore aux cathédrales
au saut du lit
frotter nos silex imaginaires
redonner au monde ses fantômes

les mains jointes dans la dégringolade




Z 31 01 12
pour bestiole
pour John Frusciante

Un effet écrit du à ... ?

Un rêve qui doucement effleure le jour où les yeux s'ouvrent et là, j'ai ouvert les miens pour m'arrêter sur ce très fort passage :

"ma douleur est une porte qui claque

dis-lui que le ventre invente les règles
dis-lui qu’on va seul sous la neige
avec ce qu’on traîne de corps
bien lourdement là

dis-lui frusciante
le premier train passe ce soir
avec ses passagers de larmes"

'frusciante" mot inconnu pour moi mais je le dis que par principe car les mots inventés par les poètes, j'adore ça!




Même si parfois je me suis un peu perdue dans les verres, j'y ai quand même trouvé l'ivresse que je ressens souvent en te lisant.

N'est ce pas le principal?

Merci Sylvie! Je reconnais que celui-là peut avoir l'air un peu obscur. Il y a deux élément de réponse, dont le premier est une chanson, que j'ai tellement aimée que j'ai eu envie d'en faire une 'description' dans ces vers, comme on décrirait un tableau :



La seconde est un passage difficile avec quelqu'un que j'aime. Merci d'être passée!

Z.

Ah la douleur du petit matin blême ! Sombre, un peu délirant, ni nuit ni jour, entre rêve et raison lorsque les fils du sommeil serrent encore les paupières...
Je comprends pas tout mais j'aime.

"le cœur tapi
dans le gosier de mon silence"

Je ne lis pas toujours tout.
Toupet sans doute
Mais je garde ce qui saute au cœur

Un Z. surprenant.
Mais tellement "réjouissant" à lire.
Un texte surprenant?
mais d'une telle force qu'on serait prêt à lui donner l'absolution sans confession.

au même bar toujours deux ombres
pour une seule question de style

la vérité

dis-lui
qu’on ira encore aux cathédrales
au saut du lit
frotter nos silex imaginaires
redonner au monde ses fantômes

Nilo, toujours aux cathédrales.

Oui, un Z surprenant mais tout en puissance et avec des superbes images qui frappent fort.

dis-lui que le ventre invente les règles
dis-lui qu’on va seul sous la neige
avec ce qu’on traîne de corps
bien lourdement là

Ça, ça te file un sacré frisson !

J'ai pensé à l'écriture de Bohringer

Ce poème est fort pour son temps présent qui se refuse à s’accorder à la raison simple, trop lourde, ce luxe des vaincus.

Dam.

un très bon/ beau texte.
bel hommage

ma douleur est une porte qui claque

dis-lui que le ventre invente les règles
dis-lui qu’on va seul sous la neige
avec ce qu’on traîne de corps
bien lourdement là

dis-lui frusciante
le premier train passe ce soir
avec ses passagers de larmes

Avec la musique en arrière-plan, ça se consomme sans modération !

C'est en frappant dans le " Mur à Dédé " que j'ai eu la chance de tomber sur ce magnifique poème.

A vous d'en faire autant et profitez en pour le lire

Un texte foisonnant et lumineux !