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Mariska
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Macadam :: MacadaTextes :: Nouvelles
Page 1 sur 1
Mariska
« Accordez l'air dans vos poumons, voici l'accordéon... »
Un accordéon porté par le vide est suspendu sur le trottoir. La rue de la clef abrite de pauvres gens et désormais, un vieil accordéon aussi seul et fatigué que ses passants. De larges pastilles, sombres et puantes tapinent le goudron et laissent le passage aux ombres, toutes chargées de lourds paquets. Tous ne semblent pas entendre l'accordéon. Pourtant, tous craignent de s'en approcher. C'est pour cette raison qu'ils migrent de mon côté.
Nous sommes mercredi, nous sommes la veille de Noël. Il y a beaucoup de monde autour, et maintenant, il y a la musique et il y a l'alcool, toujours, qui devient un ami quand le cœur est aigri. Depuis quand avais- je le cœur rabougri?
Embuée, derrière la fenêtre, je murmurais « depuis toujours, depuis toujours... ». Même si toujours, quand on y pense, ça fait désordre.
Parce qu'il y a eu des soirs où je m'envolais illico pour l'Étrangère. C'est l'étoile juste au dessus, à trois doigts de l'étoile polaire et à cinq de la grande ours. Un long voyage et pourtant... une fois là haut, j'étais bien incapable, trop rapiécée peut être pour réaliser le miracle.
L'heure du spectacle approchait, il y avait l'odeur de la scène tout près, un parfum langoureux offrant aux derniers promeneurs une promesse de magie et la sensation qu'il existe des temps suspendus, assez haut pour attraper les anges.
Ce fut donc un mardi, vingt et une heure, l'heure dites pour qu'une femme s'avance sur la scène. Elle avait les pieds nus et portée une casquette rouge.
Je la voyais nue, elle ne l'était pas. Son corps balançait des ombres, il était bleu couleur terre puis vert couleur mer. Elle enchainait les pas, lentement et donnait la cadence au rythme de l'accordéon, soumis. L'instrument lui soufflait une histoire sombre et elle, avalait son halo de fumée. Cette femme me transportait et avec elle, je m'inventais des souvenirs; le type d'à côté, figé, achevait d'oublier les siens; pendant que les amoureux plus haut, se créaient un destin extraordinaire, à la hauteur de leur dix sept ans.
J'avais vingt quatre ans, et déjà un destin tracé, déjà j'appartenais à ce trottoir, rue de la clef. Un matin, je me suis arrêtée de marcher et j'ai posé mon jolie petit cul derrière cette porte verte, couleur de l'espoir, sait- on jamais, s'il repassait par là.
Ici, personne n'entend l'accordéon qui pourtant gonfle son ventre mou. Qu'importe, la petite musique s'adapte à la rumeur pour accompagner la valse lente et crier sa douleur.
Plus loin, le vent se lève, les arbres s'agitent. Ici c'est une rue verte flanquée de platanes. Ici, on peut mûrir tendrement à l'abri de la lumière des phares.
Des cris aiguës et féminins résonnent, ceux de la danseuse au béret rouge. Je revois briller entre ses doigts la lumière blanche. Elle était nue sous son châle, et l'accordéon effeuillé peu à peu les courbes de son corps. Je ne dansais pas, je restais là à respirer son odeur mélangée à la chaleur de la scène. Je parle ici d'une lente agonie.
Elle s'appelait Mariska, elle avait des pieds de danseuse, un dos de danseuse, un sourire de danseuse, une harmonie. Mariska et l'accordéon, c'était il y a un ans, le vertige n'est si pas loin. Il pointe le bout de son nez, celui là, brisé par une rafale de chagrins.
Ce jour là, la musique baptisait les âmes et damnait les corps. Une fièvre tiède prenait possession des plus vertueux d'entre nous et la fête était belle et l'accordéoniste inventait des paysages et je me hâtais d'attraper l'horizon. Et Mariska, les pieds dans l'eau, avançaient, levant les paumes vers le ciel.
Le temps d'une danse, j'oubliais la souillure et la soumission, je l'échangeais contre la légèreté et la liberté. Alors mon trottoir devenait une vaste piste de danse, le temps d'un soupir, il n'était plus un lieu d'humiliation, mais invitait à l'ivresse.
Les temps changent dit- on, et on dit tellement de choses, pourtant, ce soir là véritablement, les choses changeaient.
La danseuse était gitane, elle venait d'Arménie, une tzigane, une voyageuse portée par les vents. A cette époque, j'étais une fille de la rue. Celle là même qui me nourrissait, me portait les derniers coups, faisant de moi, une esquintée, une humiliée. Les hommes n'étaient pas tendres, ils réservaient leurs caresses et leurs mains respectueuses à d'autre qu'à nous, petites effrontées, pauvres putains incultes.
La gitane habitait à deux pas de chez moi, plus loin au abord d'un bosquet. L'entrée se devinait par une allée bordée de minuscules lampions plantées à même le sol. Des couleurs, des parfums, une atmosphère rare, enivrante, et parce que je n'avais que vingt quatre ans et parce qu'à cet âge, le vertige émerveille encore, je restais là, figée, bouche ouverte, jambes interminables à respirer le décors bariolé du vieux bosquet.
Mariska vint à ma rencontre. Une voix roque, une allure désinvolte, un costume hors d'époque, pour elle et ses grands yeux bleus. J'étais grande et souillée, elle était petite et gracieuse, je disais toujours pardon, elle ne s'excusait jamais, elle habitait une roulotte pareil à une montgolfière, prête à s'envoler au moindre changement d'humeur, moi, j'étais clouée au sol prête à m'agenouiller aux pieds d'un homme, pour un jour, espérer m'envoler.
- comment t'appelles tu?
- Luân
- sois la bienvenue Luân.
Par la douceur pourpre de sa voix, je respirais de nouveau.
Toutes deux traversions l'allée en silence, soudain le froid de l'hiver laissa place à une brise légère et douce. Ma peau fut reconnaissante de cet apaisement aussi fugace fut- il, car dans le jardin de Mariska se mêlaient les saisons, et se mélangeaient les couleurs.
Plus aucuns codes, plus aucunes lois si ce n'étaient celles de la création et du rêve. Une putain pouvait cambrer le dos, lever la tête et ainsi se confondre avec l'élégance d'une danseuse tzigane.
Le premier soir, je me suis contentée de sourire, d'observer cette femme étonnante qui faisait de cette roulotte un endroit particulier où seuls étaient acceptés les cabossés, les éclopées, pourrait on dire les boiteux, ivrognes et autres inadaptés. Un havre de paix, où le temps d'une nuit, nous étions rendus à la vie.
Ma petite gitane me racontait des histoires extraordinaires, des folies qui m'emportaient à mille lieux de ma cruelle et tragique existence. Patiemment, elle tournait les pages de sa vie, longue et passionnante. Dans sa roulotte, il y avait des tas de photos en noir et blanc, plus artistique articulait Mariska de ses lèvres rouges et pleines. A la vue de ma mine déçue, elle éclata d'un rire exotique.
« Mais il y a aussi des couleurs! Regarde ma belle, regarde »
Elle sortit de ses manches un nombre incalculable de photos, de cartes postales, de carnets. Ma gitane était magicienne, et ses doigts remplis de pierre précieuses, s'agitaient sous mon nez et ne manquaient pas au passage, de frôler ma joue.
Nos rendez vous rythmaient mes journées, me donnaient le courage nécessaire pour supporter de courber le dos, d'écorcher mes genoux, de vomir ce qu'il me restait de honte au départ de chaque client. Le trottoir est un endroit de passage, une aire de promenade, un chemin de transit pour les autres mais pour nous, il reste un appel à la décadence, à la pisse de chien, à l'errance et aux insultes.
Mariska m'imposa trois règles, simple précaution précise- t- elle.
« Tu devras promettre de ne jamais révéler ce lieu à personne, ne venir que lorsque le soleil sera couché et ne jamais douter de ce que tu y vois et de ce que tu y entends »
Je ne dis rien et jurai fidélité.
Le jour, je restais tapis dans l'ombre, à attendre la valse lente vers le vieux bosquet. La nuit venue, je retrouvais Mariska et la douceur de vivre. Ma tête était lourde et remplie de saleté, mon corps était ridé et souillé, mon visage peint tel une geisha d'après guerre, seuls mes genoux et mes mains attendaient les caresses de Mariska pour effacer les bleus et guérir les crevasses.
Sur ses genoux à elle, l'accordéon réchauffait mon corps. Qu'il était bon de croire encore ...
Mais tout cela aujourd'hui, c'est terminé.
Un soir de cuite, j'ai ri et j'ai trahi.
Je me suis rendue sur le chemin de la roulotte bordée de lampions entourée de deux vieilles putes à talon haut. Elles éclatèrent d'un rire gras, je pouvais voir leurs dents, elles avaient de moches dents et une haleine de chienne en cavale. Elles riaient de mon bosquet, elle riaient de moi, elles riaient de Mariska.
Une vieille caravane branlante remplaçait mon havre de paix, tout autour, de la boue, des déchets, de la puanteur. Je faillis vomir tant l'odeur acre s'accrochait à mes poumons. La porte était entrouverte, la fenêtre autrefois aux boiseries enivrantes, pourrissait, se décomposer à force d'endurer les saisons si changeante dans le jardin de Mariska.
À l'intérieur, un air mélancolique, l'accordéon pleurait, la pièce se resserrait et ma bouche se tordait de regret. La roulotte semblait minuscule, je me sentais à l'étroit et peinais à rejoindre le petit salon, celui là où Mariska me racontait la vie.
Une bouche rouge et pleine, l'allure gracieuse, les doigts remplis de pierres précieuses, cette voix roque et ce rire exotique, Mariska, ma petite gitane, était assise là, avec sur les genoux, un livre d'or. Un livre de photos jaunies par les années. Mariska, ma vieille dame, le dos courbé, les yeux ridés mais le regard vif, secouait la tête avec au coin des lèvres un sourire obligé.
- Approche ! N'aie pas peur ma petite. Je savais que ce moment arriverait. Assied toi.
- Mariska, je ne comprends pas...
- il n'y a rien à comprendre Luân. Tu ne reconnais dont pas les lieux, ceux qui te bercent depuis des mois maintenant?
- Mais non! Mariska ... ce n'est pas possible, ce n'est pas notre bosquet et même toi … tu es devenue …
- vieille?
Je fermais les yeux, pour espérer un rapide retour en arrière. Je sentis alors une main froide et rêche sur mon épaule.
- Tout ce que tu as vu existe Luân mais il a suffit que d'autres yeux déforment et salissent ton regard pour détruire ton refuge. Tu as laissé entrer le désespoir dans ta vie. Approche petite, je vais te raconter une histoire... mon histoire fête ses vingt cinq ans aujourd'hui, mon histoire c'est ton histoire et elle commence aujourd'hui dans cette roulotte. Il n'est jamais trop tard et si tu veux, nous pouvons la réécrire ensemble.
A travers les déchets et les puanteurs, je traversai de nouveau le trottoir jusqu'à Mariska, m'assis de nouveau sur ses genoux avec pour seul air dans mes poumons celui de l'accordéon.
Un accordéon porté par le vide est suspendu sur le trottoir. La rue de la clef abrite de pauvres gens et désormais, un vieil accordéon aussi seul et fatigué que ses passants. De larges pastilles, sombres et puantes tapinent le goudron et laissent le passage aux ombres, toutes chargées de lourds paquets. Tous ne semblent pas entendre l'accordéon. Pourtant, tous craignent de s'en approcher. C'est pour cette raison qu'ils migrent de mon côté.
Nous sommes mercredi, nous sommes la veille de Noël. Il y a beaucoup de monde autour, et maintenant, il y a la musique et il y a l'alcool, toujours, qui devient un ami quand le cœur est aigri. Depuis quand avais- je le cœur rabougri?
Embuée, derrière la fenêtre, je murmurais « depuis toujours, depuis toujours... ». Même si toujours, quand on y pense, ça fait désordre.
Parce qu'il y a eu des soirs où je m'envolais illico pour l'Étrangère. C'est l'étoile juste au dessus, à trois doigts de l'étoile polaire et à cinq de la grande ours. Un long voyage et pourtant... une fois là haut, j'étais bien incapable, trop rapiécée peut être pour réaliser le miracle.
L'heure du spectacle approchait, il y avait l'odeur de la scène tout près, un parfum langoureux offrant aux derniers promeneurs une promesse de magie et la sensation qu'il existe des temps suspendus, assez haut pour attraper les anges.
Ce fut donc un mardi, vingt et une heure, l'heure dites pour qu'une femme s'avance sur la scène. Elle avait les pieds nus et portée une casquette rouge.
Je la voyais nue, elle ne l'était pas. Son corps balançait des ombres, il était bleu couleur terre puis vert couleur mer. Elle enchainait les pas, lentement et donnait la cadence au rythme de l'accordéon, soumis. L'instrument lui soufflait une histoire sombre et elle, avalait son halo de fumée. Cette femme me transportait et avec elle, je m'inventais des souvenirs; le type d'à côté, figé, achevait d'oublier les siens; pendant que les amoureux plus haut, se créaient un destin extraordinaire, à la hauteur de leur dix sept ans.
J'avais vingt quatre ans, et déjà un destin tracé, déjà j'appartenais à ce trottoir, rue de la clef. Un matin, je me suis arrêtée de marcher et j'ai posé mon jolie petit cul derrière cette porte verte, couleur de l'espoir, sait- on jamais, s'il repassait par là.
Ici, personne n'entend l'accordéon qui pourtant gonfle son ventre mou. Qu'importe, la petite musique s'adapte à la rumeur pour accompagner la valse lente et crier sa douleur.
Plus loin, le vent se lève, les arbres s'agitent. Ici c'est une rue verte flanquée de platanes. Ici, on peut mûrir tendrement à l'abri de la lumière des phares.
Des cris aiguës et féminins résonnent, ceux de la danseuse au béret rouge. Je revois briller entre ses doigts la lumière blanche. Elle était nue sous son châle, et l'accordéon effeuillé peu à peu les courbes de son corps. Je ne dansais pas, je restais là à respirer son odeur mélangée à la chaleur de la scène. Je parle ici d'une lente agonie.
Elle s'appelait Mariska, elle avait des pieds de danseuse, un dos de danseuse, un sourire de danseuse, une harmonie. Mariska et l'accordéon, c'était il y a un ans, le vertige n'est si pas loin. Il pointe le bout de son nez, celui là, brisé par une rafale de chagrins.
Ce jour là, la musique baptisait les âmes et damnait les corps. Une fièvre tiède prenait possession des plus vertueux d'entre nous et la fête était belle et l'accordéoniste inventait des paysages et je me hâtais d'attraper l'horizon. Et Mariska, les pieds dans l'eau, avançaient, levant les paumes vers le ciel.
Le temps d'une danse, j'oubliais la souillure et la soumission, je l'échangeais contre la légèreté et la liberté. Alors mon trottoir devenait une vaste piste de danse, le temps d'un soupir, il n'était plus un lieu d'humiliation, mais invitait à l'ivresse.
Les temps changent dit- on, et on dit tellement de choses, pourtant, ce soir là véritablement, les choses changeaient.
La danseuse était gitane, elle venait d'Arménie, une tzigane, une voyageuse portée par les vents. A cette époque, j'étais une fille de la rue. Celle là même qui me nourrissait, me portait les derniers coups, faisant de moi, une esquintée, une humiliée. Les hommes n'étaient pas tendres, ils réservaient leurs caresses et leurs mains respectueuses à d'autre qu'à nous, petites effrontées, pauvres putains incultes.
La gitane habitait à deux pas de chez moi, plus loin au abord d'un bosquet. L'entrée se devinait par une allée bordée de minuscules lampions plantées à même le sol. Des couleurs, des parfums, une atmosphère rare, enivrante, et parce que je n'avais que vingt quatre ans et parce qu'à cet âge, le vertige émerveille encore, je restais là, figée, bouche ouverte, jambes interminables à respirer le décors bariolé du vieux bosquet.
Mariska vint à ma rencontre. Une voix roque, une allure désinvolte, un costume hors d'époque, pour elle et ses grands yeux bleus. J'étais grande et souillée, elle était petite et gracieuse, je disais toujours pardon, elle ne s'excusait jamais, elle habitait une roulotte pareil à une montgolfière, prête à s'envoler au moindre changement d'humeur, moi, j'étais clouée au sol prête à m'agenouiller aux pieds d'un homme, pour un jour, espérer m'envoler.
- comment t'appelles tu?
- Luân
- sois la bienvenue Luân.
Par la douceur pourpre de sa voix, je respirais de nouveau.
Toutes deux traversions l'allée en silence, soudain le froid de l'hiver laissa place à une brise légère et douce. Ma peau fut reconnaissante de cet apaisement aussi fugace fut- il, car dans le jardin de Mariska se mêlaient les saisons, et se mélangeaient les couleurs.
Plus aucuns codes, plus aucunes lois si ce n'étaient celles de la création et du rêve. Une putain pouvait cambrer le dos, lever la tête et ainsi se confondre avec l'élégance d'une danseuse tzigane.
Le premier soir, je me suis contentée de sourire, d'observer cette femme étonnante qui faisait de cette roulotte un endroit particulier où seuls étaient acceptés les cabossés, les éclopées, pourrait on dire les boiteux, ivrognes et autres inadaptés. Un havre de paix, où le temps d'une nuit, nous étions rendus à la vie.
Ma petite gitane me racontait des histoires extraordinaires, des folies qui m'emportaient à mille lieux de ma cruelle et tragique existence. Patiemment, elle tournait les pages de sa vie, longue et passionnante. Dans sa roulotte, il y avait des tas de photos en noir et blanc, plus artistique articulait Mariska de ses lèvres rouges et pleines. A la vue de ma mine déçue, elle éclata d'un rire exotique.
« Mais il y a aussi des couleurs! Regarde ma belle, regarde »
Elle sortit de ses manches un nombre incalculable de photos, de cartes postales, de carnets. Ma gitane était magicienne, et ses doigts remplis de pierre précieuses, s'agitaient sous mon nez et ne manquaient pas au passage, de frôler ma joue.
Nos rendez vous rythmaient mes journées, me donnaient le courage nécessaire pour supporter de courber le dos, d'écorcher mes genoux, de vomir ce qu'il me restait de honte au départ de chaque client. Le trottoir est un endroit de passage, une aire de promenade, un chemin de transit pour les autres mais pour nous, il reste un appel à la décadence, à la pisse de chien, à l'errance et aux insultes.
Mariska m'imposa trois règles, simple précaution précise- t- elle.
« Tu devras promettre de ne jamais révéler ce lieu à personne, ne venir que lorsque le soleil sera couché et ne jamais douter de ce que tu y vois et de ce que tu y entends »
Je ne dis rien et jurai fidélité.
Le jour, je restais tapis dans l'ombre, à attendre la valse lente vers le vieux bosquet. La nuit venue, je retrouvais Mariska et la douceur de vivre. Ma tête était lourde et remplie de saleté, mon corps était ridé et souillé, mon visage peint tel une geisha d'après guerre, seuls mes genoux et mes mains attendaient les caresses de Mariska pour effacer les bleus et guérir les crevasses.
Sur ses genoux à elle, l'accordéon réchauffait mon corps. Qu'il était bon de croire encore ...
Mais tout cela aujourd'hui, c'est terminé.
Un soir de cuite, j'ai ri et j'ai trahi.
Je me suis rendue sur le chemin de la roulotte bordée de lampions entourée de deux vieilles putes à talon haut. Elles éclatèrent d'un rire gras, je pouvais voir leurs dents, elles avaient de moches dents et une haleine de chienne en cavale. Elles riaient de mon bosquet, elle riaient de moi, elles riaient de Mariska.
Une vieille caravane branlante remplaçait mon havre de paix, tout autour, de la boue, des déchets, de la puanteur. Je faillis vomir tant l'odeur acre s'accrochait à mes poumons. La porte était entrouverte, la fenêtre autrefois aux boiseries enivrantes, pourrissait, se décomposer à force d'endurer les saisons si changeante dans le jardin de Mariska.
À l'intérieur, un air mélancolique, l'accordéon pleurait, la pièce se resserrait et ma bouche se tordait de regret. La roulotte semblait minuscule, je me sentais à l'étroit et peinais à rejoindre le petit salon, celui là où Mariska me racontait la vie.
Une bouche rouge et pleine, l'allure gracieuse, les doigts remplis de pierres précieuses, cette voix roque et ce rire exotique, Mariska, ma petite gitane, était assise là, avec sur les genoux, un livre d'or. Un livre de photos jaunies par les années. Mariska, ma vieille dame, le dos courbé, les yeux ridés mais le regard vif, secouait la tête avec au coin des lèvres un sourire obligé.
- Approche ! N'aie pas peur ma petite. Je savais que ce moment arriverait. Assied toi.
- Mariska, je ne comprends pas...
- il n'y a rien à comprendre Luân. Tu ne reconnais dont pas les lieux, ceux qui te bercent depuis des mois maintenant?
- Mais non! Mariska ... ce n'est pas possible, ce n'est pas notre bosquet et même toi … tu es devenue …
- vieille?
Je fermais les yeux, pour espérer un rapide retour en arrière. Je sentis alors une main froide et rêche sur mon épaule.
- Tout ce que tu as vu existe Luân mais il a suffit que d'autres yeux déforment et salissent ton regard pour détruire ton refuge. Tu as laissé entrer le désespoir dans ta vie. Approche petite, je vais te raconter une histoire... mon histoire fête ses vingt cinq ans aujourd'hui, mon histoire c'est ton histoire et elle commence aujourd'hui dans cette roulotte. Il n'est jamais trop tard et si tu veux, nous pouvons la réécrire ensemble.
A travers les déchets et les puanteurs, je traversai de nouveau le trottoir jusqu'à Mariska, m'assis de nouveau sur ses genoux avec pour seul air dans mes poumons celui de l'accordéon.
Laetitia- MacaDeb
- Messages : 22
Date d'inscription : 26/08/2010
Age : 41
Localisation : Lille
Re: Mariska
Juste pour te dire que je n'ai pas encore eu le temps de le lire mais je vais le faire ..et en même temps, je le remonte afin qu'il le soit par les autres.
_________________
LaLou
Re: Mariska
Un texte intéressant, malgré pas mal de fautes d'orthographe (enfin tout est relatif, bien sûr...)
Il me faudra peut-être le relire, mais il m'a paru un peu brouillon. Il faut penser que le lecteur ne sait pas où tu l'emmènes, donc il faut le guider gentilment, lui donner suffisamment d'indices pour ne pas le perdre. Sinon, même si l'idée est très bonne, la chute tombe à plat. Il faut le préparer, l'amener doucement à la conclusion. Si tu le laisses trop dans l'obscurité, si seul l'auteur connait la clef, alors tu nous perds...
Ceci dit, vraiment de belles choses. Une poésie très présente, qui noie peut-être un peu trop même parfois l'histoire. M'enfin ça doit être que je manque de pratique ces derniers temps :p
Une jolie progression, qui amène à une vérité qui se vérifie au quotidien: le regard des autres influence le nôtre, et abîme parfois notre joli monde...
On retrouve ton univers, les histoires difficiles, les images sombres, et cette façon de raconter.
C'est assez plaisant, mais j'avoue que je me suis perdue parfois, que j'ai trébuché. Je m'y remettrai, c'est que j'ai été prise au dépourvu
Un plaisir de te retrouver en tous cas
Il me faudra peut-être le relire, mais il m'a paru un peu brouillon. Il faut penser que le lecteur ne sait pas où tu l'emmènes, donc il faut le guider gentilment, lui donner suffisamment d'indices pour ne pas le perdre. Sinon, même si l'idée est très bonne, la chute tombe à plat. Il faut le préparer, l'amener doucement à la conclusion. Si tu le laisses trop dans l'obscurité, si seul l'auteur connait la clef, alors tu nous perds...
Ceci dit, vraiment de belles choses. Une poésie très présente, qui noie peut-être un peu trop même parfois l'histoire. M'enfin ça doit être que je manque de pratique ces derniers temps :p
Une jolie progression, qui amène à une vérité qui se vérifie au quotidien: le regard des autres influence le nôtre, et abîme parfois notre joli monde...
On retrouve ton univers, les histoires difficiles, les images sombres, et cette façon de raconter.
C'est assez plaisant, mais j'avoue que je me suis perdue parfois, que j'ai trébuché. Je m'y remettrai, c'est que j'ai été prise au dépourvu
Un plaisir de te retrouver en tous cas
sasvata- MacadMalade
- Messages : 495
Date d'inscription : 31/08/2009
Re
Quelques fautes oui mais l'histoire se tient. Il faut y revenir...
léo- MacadAccro
- Messages : 1224
Date d'inscription : 25/03/2010
Age : 40
Localisation : Nord
Macadam :: MacadaTextes :: Nouvelles
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