A Varennes

antius Mar 24 Avr - 7:18

Dans le grand parc un sophora
nargue une lune d'apparat,
l'astre se montre un peu timide,
la nuit est fraiche et même humide.
Devant le lit à baldaquin,
la dame pose un casaquin
ce soir ici la minaudière
ne sera plus la lavandière

Elle a connu le désarroi
mais s'est promise d'être au roi,
prend une allure désinvolte,
pas de morale ou de révolte.
Dehors le peuple est irrité,
pas de pitié, de charité.
plus de sang bleu, plus de couronne,
enfin la foule fanfaronne.

Elle a délacé son corset,
l'a posé près d'un vieux gousset.
Elle est maîtresse en gourgandine,
se sent en joie et se dandine.
Ici la douce est aux abois,
en bas résonnent les hautbois.
La courtisane se voit reine
au doux village de Varennes.

Le temps s'avance et nait l'ennui,
le clocher sonne il est minuit.
Au loin s'énerve cette foule
qui veut du sang, qui se défoule,
qui là massacre les chevaux,
qui fait des hommes des rivaux.
La belle est sombre et se lamente.
Ici commence sa tourmente.