des coupes [sigma]

Le dernier d'un long texte à épisodes, que j'écris depuis plusieurs années, et auquel je ne comprends pas tout moi non plus.

On peut lire le début pour essayer de comprendre (mais je n'ai pas encore le droit de poster de liens, étant nouveau. Google est votre ami, "mktxt des coupes"), mais c'est assez volontairement absurde et décousu. Tout particulièrement ce dernier texte qui est encore plus dé/coupé du reste, et peut parfaitement se lire seul. Enfin c'est que ce j'en dirais, si on me posait la question.




Coupe Sigma


J'ai bien prévenu les enfants de pleurer toutes leurs larmes avant de partir pour ne pas avoir envie pendant le voyage. Comme ils étaient trop nombreux et qu'il n'y avait plus beaucoup de place dans la voiture, j'ai jeté le dernier né aux chiens, et décapsulé la tête d'un autre, au hasard, d'un coup de briquet. Je notai mentalement de penser à en déposer deux ou trois sur une aire d'autoroute afin d'avoir un peu plus de place pour mes jambes.

Le soleil écrasant de ce début de mois d'Août promettait une autoroute vicieuse et dévoyée, ne reculant devant aucun stratagème pour engloutir ses proies. Un rapide coup d'oeil dans le rétroviseur confirma mes doutes : on avait bel et bien changé de narrateur. J'étais plutôt satisfait de la moustache, qui s'étalait comme un gros barbelé roux, surplombée d'un nez dont la description restait, en comparaison, assez vague. L'imposante Degtyarev DP 28 qui équipait le capot du break familial, s'avérerait idéale pour affronter la terrible épreuve du "Chassé-Croisé" annuel. J'avalai une cigarette et empoignai la pelle.

« Rabbit, Rabbit, White Rabbit » chantonnait le monticule d'enfants, tandis que je finissais de charger leurs congénères dans le coffre. L'autoradio couvrit bientôt leurs piaillements d'une épaisse couche de "Holiday in Hungary", des Dead Poincarés, grasse comme du goudron frit.

Rouge, sudoripareux jusqu'à l'écoeurement, j'entendis sonner les huit coups de midi. J'enfournai le dernier morvaillon, en insistant du talon. Claquement de portières. Une ombre s'aplatit sur mon capot. A contre-jour on aurait dit une animatrice de télévision. Grognai.

« Excusez-moi, est-ce que vous auriez vu sourire un caracal ? ou même juste un petit manul ? » s'enquit l'intruse.

M'étant préparé de longue date à devoir un jour rencontrer quelqu'un dans le quartier, j'avais mûrement réfléchi à ma réponse. Au dépourvu, ce n'était pourtant plus du tout la même chose. J'approchai nerveusement la main de mon sabre de pirate, défis le cran de sécurité de mes lunettes de protection, remis un obus dans l'âtre.

« Il avait peut-être des blessures aux joues, mais j'en doute un peu » précisa-t-elle.

Je commençais à comprendre ou elle voulait en venir, envenimée. Réalisai qu'elle même avait l'air plutôt mal en point. Il devait lui manquer plusieurs dizaines de membres, et ses jambes avaient été cautérisées en une traîne d'alevin pas banale. La panique me gagne, je dégaine toutes mes armes. La sirène retentit d'un chant velouté qui me fige la colonne vertébrale.

Je prendrai juste un petit revolver, finalement. Ce n'est pas ce qu'il y a de plus efficace en vacances, mais la Hongrie est si loin... ; j'aurai bien le temps d'acheter un arsenal correct, sur place, dans une petite échoppe rustique. Il y aura peut-être même une inscription rigolote dessus, un truc à touriste. Un truc vulgaire. Je me précipiterai finalement dans mon véhicule, et je me défoncerai l'arrière du crâne à grands coups de crosse jusqu'à ce que le récit reprenne son cours.

Sur la banquette arrière, la meute de mouflets fulmine. L'un d'eux rugit d'étranges psalmodies barbares, s'apprête à la célébration. En me concentrant suffisamment fort, je pense que je ne sentirai déjà plus rien depuis longtemps quand la Maîtresse leur ordonnera d'en finir.

Un texte étrange duquel, et c'est mon avis, on ne peut nier qu'il possède une ambiance bien à lui.

J'ai su apprécier le tout, bien que j'ai du mal à imaginer comment cautériser une plaie avec des poissons

Manquent juste une Silver phantom V8 et un mixer pour éparpiller la bouillie des marmots.

Original et barbare.

Un petit coup de Singapore Sling pour la route.
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Voilà un moment de lecture que j'ai véritablement apprécié et même que je me suis inventée des images pour aller avec comme par exemple :

Quand la personne dit Je notai mentalement de penser à en déposer deux ou trois sur une aire d'autoroute afin d'avoir un peu plus de place pour mes jambes.!!! j'ai donc imaginé la façon de conduite ( comment surtout) avec des gosses entre le volant et les pédales.Même avec une automatique, on a besoin au moins d'une pédale de freins ;; hi hi

Et bien, je suis très contente de t'avoir lu ce soir et du coup, j'ai un grand sourire qui se découpe sur le visage de mon voisin au point que je lui ai dit :
" Mais arrête de sourire, tu me fends la tronche"

Alors le voisin a pris sa moto et il est parti .

Il aurait du me répondre :

" Mais qui as tu lu pour me dire ça?"

Ma réponse fut:

Va donc lire "El Kor"

..et bien tu vois, malgré les coupes, c'est plutot bien passé!