Le même, probablement

Elle me regarde terriblement
nous avons grandi aux pieds des châtaigniers
gourmands de blues que l'on nommait Papillons
je me frottais à ses cordes vocales
sans que l'eau des ruisseaux ne trouve à y redire

c'était avant que l'histoire des hommes ne commence
dans le plein soleil des gris-gris de sorciers protéiformes
regarde ses ongles !, hurlait-elle parfois
ou bien elle ne disait rien, et son silence
était comme une nappe phréatique enfouie dans mon corps

bien avant que l'histoire commence
un chapiteau dressé sur un volcan d'herbe de Chicago
avec toutes les guitares qui cherchaient à se dissocier
des acoustiques de la Nouvelle-Orléans
on était habillés comme des clowns
à force de danser autour du feu, on se disait
que les étoiles finiraient bien par nous taper sur l'épaule

quelques personnes se penchent sur nos empreintes
et décident de la direction du vent
glorieux transhumants, on laisse la maladie
derrière nous, avec les chevaux savants
et les hiboux spectateurs de l'impossible
elle dit qu'il nous suffit, pour dormir, d'un creux dans un arbre
ou sur les plaines, d'un lapiaz défoncé

c'est la jungle, il vaut mieux rire que survivre
un griot mécanique roule des pelles à une déesse hindoue
il lui murmure des histoires, des contes de fêlés
l'oreille scrutant l'horizon, on fonde des immeubles solaires
et des sièges pour s'y asseoir
en imaginant ce que l'univers serait sans nous
le même, probablement

Le vent porte tes pensées … on se promène et elles nous bousculent à tous les coins.… je médite sur le dernier vers :

en imaginant ce que l'univers serait sans nous

Cordialement Solweig

Un monde où le fantastique et l'absurde sont l'ordinaire de la vie avec ou sans nous, avant ou après nous.

Seulement deux posts sur ce texte... Il méritait beaucoup mieux que cela.

Lu avec + que du plaisir.

Swann,prose-élite

Tu as raison Swann...Moi je l'avais loupé et j'ai vraiment apprécié cet instant de poésie.

Une histoire qui ressemble à un partage.

C'est dommage de partir dans des choses compliquées qui n'apportent rien. C'est joli quand c'est simple. J'aime bien par exemple: "sans que l'eau des ruisseaux ne trouve à y redire." J'aime moins: " était comme une nappe phréatique enfouie dans mon corps". Tu enlèves phréatique c'est mieux. ça reste mon avis.

A bientôt.

Picastel

Vraiment intéressant.

Encore du LC !
Musical à foison et foisonnant de mots, fusionnant les sensations et sentiments.
Un beau texte pour un retour de disgrâce.

Nilo, ni tout à fait le même ni vraiment différent.

Magnifique déchaînement d'une imagination qui raisonne !

et ça résonne.