Je voudrais qu'on ne me retrouvât plus.

Une fois n'est pas coutume, je vous lis un texte en musique !



je voudrais qu’on ne me retrouvât plus

tout à l’heure je marchais, il y avait du vent
j’étais bien
bien comme il y a longtemps
j’étais sur le pavé de ma ville
ma petite grise-ville

et lorsque le soleil m’a dit son nom
je n’y étais plus
j’étais en moi, en elle

prophète à Barcelone

je voudrais qu’on ne me retrouvât plus

et qu’on ne retrouvât qu’elle
nue, vitale et nue
ma beaucoup-plus-que-moi
blême jusqu’à l’os
petite chose au sexe noir
mon hôte

‘tu danses, petite insolente
tu danses hors de moi’
aie pitié du raseur-de-murs
fait prodige

je voudrais qu’on ne me retrouvât plus

sentir l’aiguille du vaccin de l’engeance
jamais, jamais je n’ai pardonné mon parasite
mon crachat
l’ignoble gratuité de l’errance anonyme

et puis tout se fait rare
les autres et moi
j’ai comme une excision du souffle

un râle de gorille épuisé

on pisse
on sue

on se vide
et je voudrais…

je voudrais qu’on ne me retrouvât plus

ou seulement par elle
nue, vitale et nue
avec son petit bonnet d’ombre
sa gorge pleine de rire
ma beaucoup-plus-que-moi

jamais plus semblable aux autres
semblable à moi



effacé

effacé


Z

sans avoir encore écouté...juste à la lecture, je suis profondement touchée par ton texte.
Me demande pas pourquoi, j'en sais rien .

Je suis heureux qu'il te parle Lalou ! Je pensais justement à toi tout à l'heure dans le bus, je suis tombé sur un exemplaire de J&L qui traînait dans une chemise et je me disais encore combien je te dois beaucoup.

A bientôt
G

et puis tout se fait rare
les autres et moi
j’ai comme une excision du souffle

un râle de gorille épuisé

on pisse
on sue

on se vide
et je voudrais…

je voudrais qu’on ne me retrouvât plus

Quand la poésie sanctifie la douleur et les fêlures de l'âme et du coeur.
Le dire est encore plus difficile mais mieux vaut prendre des risques et relever le défi plutôt que d'attendre une aide improbable.

Je te retrouve ici, Z.

C'est con mais ce vers est très beau:

"je voudrais qu'on ne me retrouvât plus"

un accord majeur.