A l’heure indue de tout mourir

A l’heure indue de tout mourir



La nuit engloutira nos rêves et nos peines
la longue et noire et vaine nuit d’où nous venons
l’absence en l’éternel repos- ce puis sans fond-
à mes tempes je sens de tout amour la veine

***

A l’heure indue de tout mourir
de cet instant précis poreux
que peut-on dire même un peu
je suis ce peu qui va partir

***



A l’heure indue où tout nous mène
j’aimerais tant main dans la main
en un présent sans lendemain
m’offrir la joie de ton haleine
et m’en aller dans ton parfum

***

C’est à rêver que vie s’achève
tout s’effaçant vers le néant
en un dernier élan de sève
s’en aller sans ressentiment


***



A l’heure de tout mourir indue
s’évader vers le temps du rêve
en sachant que tout est perdu
le temps l’espace et la vie brève



***

A l’heure intense où l’on se quitte
jeteur d’éponge à moitié sourd
Oh ! J’aimais tant ce qui palpite
dans le défaut tendre du jour

***

C’est à rêver- que vaut le rêve ?
C’est à rêver que vie s’achève

***

A l’heure indue de tout mourir que reste-t-il
de nos amours de nos envies quel reste d’elle
sur ta peau tant aimée trace rêvée d’un cil
à notre âme accrochés ténus des lambeaux d’îles

***
C’est, à l’heure indue de tout mourir,
indue, oui, le mot toujours fait sens,
instant où s’évanouit l’essence,
temps béni auquel tout être aspire



***

A l’heure indue en tout soudaine
se parfumer d’une violette
d’un mot aimé d’une silhouette
et s’en aller comme rengaine

***

J’ai semé à tout va à tous vents
là, à l’heure indue de tout mourir
je sens ces graines sous le divan
où je m’achève tout en rêvant

***

A l’heure indue de tout mourir
qu’elle soit longue ou dense ou brève
dans le regret dans le sourire
c’est à rêver que vie s’achève


***

J’ai rêvé ma vie vaudou
J’ai rêvé je dors debout

***

A l’heure indue tout nous ramène
Vies s’achevant dans le rêvé
sous le glacier point le névé
galet poli craché sans haine

J'ai beaucoup apprécié cet élan. On plonge ici dans les bras de la Mort, de la finitude et de l'amour éternel avec délectation.

A l’heure indue de tout mourir
qu’elle soit longue ou dense ou brève
dans le regret dans le sourire
c’est à rêver que vie s’achève

Merci.
Doublement.
Braver un ostracisme déclaré, c'est courageux.


Macadam, le forum où l'échange est banni.

A lire très attentivement !
Beaucoup de sagesse et de retenue sur un sujet qui n’est pas facile. J'ai dégrainé ton poème et je l’ai bien apprécié.
Sincèrement Solweig

Des graines, oui, c'est une sorte de chapelet, tu as trouvé le mot.
Merci de ta lecture et de ton commentaire courageux.

On dit toujours que l'être qui va nous quitter voit sa vie défiler.

J'ai lu avec émotion ton poème dur par le fond et doux par la forme.

Oui, je confirme: cela ressemble à un chapelet.

J'ai juste une question à te poser :

Sur ce passage:

"sur ta peau tant aimée trace rêvée d’un cil
à notre âme accrochés ténus des lambeaux d’îles"

J'ai pensé que, d'après la ponctuation absente, le mot
"accrochés" pouvait être attribué à "cil" mais comme
ce mot est au singulier....

Il est vrai que ce vers :

"sur ta peau tant aimée trace rêvée d’un cil
à notre âme accrochés ténus des lambeaux d’îles

pour moi, est un peu confus.

Mais l'ensemble est très émouvant.

Merci pour cette lecture sororale.
Ce sont les lambeaux(...) qui sont ténus et accrochés.