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La pleureuse.
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Rod.
Zlatko
6 participants
Macadam :: MacadaTextes :: Poèmes
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La pleureuse.
Ils sont revenus fiers, les yeux pleins de prodiges
Les vieux desperados que je n’attendais plus
‘Hé môme’ m’a dit l’un ‘moi quand j’avais vingt piges
Je chantais Libertad à tous les coins de rues’
Il était beau le vieux avec sa barbe raide
Si proche de la mort qu’il en savait le goût
Ma Muse s’est levée pour paraître moins laide
Quand je n’ai pu, c’est vrai, que rester à genoux
‘A te voir si petit, le môme, je me marre
Est-ce génuflexion ? Fidèle carne pieuse ?’
Ma Muse me toisait dans la petite mare
Où je m’abandonnais, faux prophète, pleureuse
Et cherchant quelque part la force, je levais
Un bras qui retombait dans l’ombre bienveillante
Car d’avoir trop pleuré on se fait un Palais
De belles larmes bien joufflues et bien brillantes
‘Il vit’ dit l’un d’entre eux ‘comme une larve obscène
Qui se tord en mangeant l’humus, dessous les pierres
Ou la peau nécrosée d’un noyé de la Seine
Il ne vit pas – il ment ! Ses petites affaires
Il les fait en dormant treize heures chaque nuit
Suant sous le tipi de souvenirs livides
Il invente des femmes nues qui lui sourient
Et les marque ! Néron ! Offre-nous ton liquide !’
Encore je luttais – ma Muse dans mon dos
Gravait de longs sillons de ses ongles, furieuse
‘Hé môme, tu attends en te levant du pot
Que maman, comme hier, la trouve merveilleuse ?’
Enfin levant un peu la nuque, puis le corps
Je leur ai demandé ce que cachent les mots
Pour que celui qui craint plus même que la mort
De n’avoir pas chanté ce monde comme il faut
Ait la chance une fois de graver quelque chose
Sans béquille – sans rien de parasite – Vrai !
Sans le rêve fané que l’homme superpose
A son œil : sans mentir, sans voler, sans tricher
Il vise au ciel ? C’est faux ! L’homme tombe ! Très bien
L’enfer est un vieux trou de lave sans démons
Il rit ? C’est un idiot ! Il pleure ? C’est un chien !
Où se cachent ces mots ? Tout en haut – tout au fond ?
Tiens, voilà – du bouillon de cerveau ! Trois volumes !
Philosophie : réminiscences d’impuissants !
Poésie : plat d’argent, plein de caviar de lune !
Riche en rêve – très bon ! Tu mourras en chantant !
Mais le Peintre – celui qui apaise sa soif
En prenant une feuille, en lui donnant à boire
S’il trouvait le mot Vrai et qu’heureux, il s’en coiffe
Verrait le monde enfin tel qu’il faudrait le voir ?
Et sorti du tombeau je dansais ridicule
Amorphe qu’un espoir faisait incohérent
Brisé dans un élan de haine minuscule
Pour ces milliers de mots qui n’en valaient pas cent
Mais comme j’espérais, debout, ils s’en allèrent
Laissant ma question là comme une écorce creuse
Et lorsque mes genoux retomberont à terre
Ils viendront à nouveau cracher sur la pleureuse
Z 2 12 12
Les vieux desperados que je n’attendais plus
‘Hé môme’ m’a dit l’un ‘moi quand j’avais vingt piges
Je chantais Libertad à tous les coins de rues’
Il était beau le vieux avec sa barbe raide
Si proche de la mort qu’il en savait le goût
Ma Muse s’est levée pour paraître moins laide
Quand je n’ai pu, c’est vrai, que rester à genoux
‘A te voir si petit, le môme, je me marre
Est-ce génuflexion ? Fidèle carne pieuse ?’
Ma Muse me toisait dans la petite mare
Où je m’abandonnais, faux prophète, pleureuse
Et cherchant quelque part la force, je levais
Un bras qui retombait dans l’ombre bienveillante
Car d’avoir trop pleuré on se fait un Palais
De belles larmes bien joufflues et bien brillantes
‘Il vit’ dit l’un d’entre eux ‘comme une larve obscène
Qui se tord en mangeant l’humus, dessous les pierres
Ou la peau nécrosée d’un noyé de la Seine
Il ne vit pas – il ment ! Ses petites affaires
Il les fait en dormant treize heures chaque nuit
Suant sous le tipi de souvenirs livides
Il invente des femmes nues qui lui sourient
Et les marque ! Néron ! Offre-nous ton liquide !’
Encore je luttais – ma Muse dans mon dos
Gravait de longs sillons de ses ongles, furieuse
‘Hé môme, tu attends en te levant du pot
Que maman, comme hier, la trouve merveilleuse ?’
Enfin levant un peu la nuque, puis le corps
Je leur ai demandé ce que cachent les mots
Pour que celui qui craint plus même que la mort
De n’avoir pas chanté ce monde comme il faut
Ait la chance une fois de graver quelque chose
Sans béquille – sans rien de parasite – Vrai !
Sans le rêve fané que l’homme superpose
A son œil : sans mentir, sans voler, sans tricher
Il vise au ciel ? C’est faux ! L’homme tombe ! Très bien
L’enfer est un vieux trou de lave sans démons
Il rit ? C’est un idiot ! Il pleure ? C’est un chien !
Où se cachent ces mots ? Tout en haut – tout au fond ?
Tiens, voilà – du bouillon de cerveau ! Trois volumes !
Philosophie : réminiscences d’impuissants !
Poésie : plat d’argent, plein de caviar de lune !
Riche en rêve – très bon ! Tu mourras en chantant !
Mais le Peintre – celui qui apaise sa soif
En prenant une feuille, en lui donnant à boire
S’il trouvait le mot Vrai et qu’heureux, il s’en coiffe
Verrait le monde enfin tel qu’il faudrait le voir ?
Et sorti du tombeau je dansais ridicule
Amorphe qu’un espoir faisait incohérent
Brisé dans un élan de haine minuscule
Pour ces milliers de mots qui n’en valaient pas cent
Mais comme j’espérais, debout, ils s’en allèrent
Laissant ma question là comme une écorce creuse
Et lorsque mes genoux retomberont à terre
Ils viendront à nouveau cracher sur la pleureuse
Z 2 12 12
Zlatko- MacadAccro
- Messages : 1621
Date d'inscription : 30/08/2009
Age : 33
Localisation : Centre
Re: La pleureuse.
Très belle technique...
ne manque qu'un peu de trous à cet énorme fromage superbement manufacturé.
(Cela dit, j'y ai trouvé quelques excellentes bouchées...)
ne manque qu'un peu de trous à cet énorme fromage superbement manufacturé.
(Cela dit, j'y ai trouvé quelques excellentes bouchées...)
Rod.- MacadAdo
- Messages : 167
Date d'inscription : 08/11/2012
Age : 52
Localisation : Lyon
Re: La pleureuse.
Longuet mais habile. Il y a la dedans un perfectionnisme frisant le celebral- meme si ce n'est pas ce que je reherche a la lecture d'un poeme ca reste une maniere de faire, que j'experimente moi-meme de temps a autre. Beau travail.
Portefaix- MacadAdo
- Messages : 95
Date d'inscription : 04/12/2012
Re: La pleureuse.
Même avec les plus grands efforts du monde, je ne peux qu'être sous le charme de ton style et de tes mots.
J'ai ressenti chacune de tes idées-émotions (sans doute à ma sauce) mais qu'importe, on le vit avec toi.
indeboulonable.
J'ai ressenti chacune de tes idées-émotions (sans doute à ma sauce) mais qu'importe, on le vit avec toi.
indeboulonable.
_________________
LaLou
Re: La pleureuse.
Ce passage me parle :
"Et cherchant quelque part la force, je levais
Un bras qui retombait dans l’ombre bienveillante
Car d’avoir trop pleuré on se fait un Palais
De belles larmes bien joufflues et bien brillantes"
J'aime le choix des mots et des maux.
Celui ci :
"Tiens, voilà – du bouillon de cerveau ! Trois volumes !
Philosophie : réminiscences d’impuissants !
Poésie : plat d’argent, plein de caviar de lune !
Riche en rêve – très bon ! Tu mourras en chantant !"
J'adore parce que des "brouillons" dans ma tête, j'en ai à revendre
L'ensemble de ton poème m'a fait penser à un rêve ou
juste un "délire" comme on peut s'en taper dans certaines
circonstances.
Ton écriture me fait penser à un chemin que l'on suit
sans savoir au départ où l'on va et qui va-t-on rencontrer ?
Mais l'arrivée à destination me donne envie de
rebrousser chemin pour encore mieux visiter les lieux.
Bel instant de lecture pour moi.
Merci
"Et cherchant quelque part la force, je levais
Un bras qui retombait dans l’ombre bienveillante
Car d’avoir trop pleuré on se fait un Palais
De belles larmes bien joufflues et bien brillantes"
J'aime le choix des mots et des maux.
Celui ci :
"Tiens, voilà – du bouillon de cerveau ! Trois volumes !
Philosophie : réminiscences d’impuissants !
Poésie : plat d’argent, plein de caviar de lune !
Riche en rêve – très bon ! Tu mourras en chantant !"
J'adore parce que des "brouillons" dans ma tête, j'en ai à revendre
L'ensemble de ton poème m'a fait penser à un rêve ou
juste un "délire" comme on peut s'en taper dans certaines
circonstances.
Ton écriture me fait penser à un chemin que l'on suit
sans savoir au départ où l'on va et qui va-t-on rencontrer ?
Mais l'arrivée à destination me donne envie de
rebrousser chemin pour encore mieux visiter les lieux.
Bel instant de lecture pour moi.
Merci
Macadam :: MacadaTextes :: Poèmes
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