L'Homme Ployé

Quelques modif' de formes et de mots... trois fois rien...

L’Homme Ployé

avant l’aube
bien avant
que le mot aube s’épelle
aux prémices de l’alphabet du jour
fenêtres salies par l’haleine des voix
avant
bien avant
que les mots dessinent les contours des objets
dans la profondeur nocturne
ou peut-être
l’épaisseur du silence
il ne sait pas lui l’autre nom
de cet autre lieu du temps
ce coin dans la pliure de la nuit
son corps
une tâche qui s’étale
humide encore de la cavité maternelle
il y a soudain fumant
café noir en spirale
sa mousse dans la tasse
blanche la tasse et dedans
son visage bien avant
le premier visage nommé
il ne sait pas lui
cigarettes café fenêtre
et derrière la fenêtre sale
de l’haleine des corps passés
la buée d’autres bouches
sur d’autres fenêtres
il ne sait pas
pourquoi mais longtemps
il tentera d’asphyxier
sa vieille amie la mouche
comme une idée qui lui échappe toujours
sur le bout de la langue
il ne sait pas
dans la grotte intime cet océan de bouche
filament de salive entre dent et racine
orée de la gencive
sur le bout de la langue
un souvenir surnuméraire
il tentera plus tard
de remonter à la surface de son corps
dans d’âpres négociations
comptera ses battements chaque minute
recommencera trois fois
dans la raideur de son âge
tout à l’heure chaque membre à son tour
dans la raideur du matin
l’asphyxie commune
des morceaux de silence encore sur les épaules
fondant sous la pluie sale
d’autres regards
ployés sous le même joug

Bavard et une volonte de faire joli aux depens du sens. Ainsi j'ai pas imprime grand-chose.

"fenêtres salies par l’haleine des voix"

Ca veut dire quoi au juste? Pourquoi une haleine salirait-elle les fenetres? Parce qu'elle est mauvaise ou parce qu'elle ne sait pas parler? En plus a une epoque aussi reculee j'ai du mal a imaginer que les fenetres existassent...

Portefaix a écrit:Bavard et une volonte de faire joli aux depens du sens. Ainsi j'ai pas imprime grand-chose.

"fenêtres salies par l’haleine des voix"

Ca veut dire quoi au juste? Pourquoi une haleine salirait-elle les fenetres? Parce qu'elle est mauvaise ou parce qu'elle ne sait pas parler? En plus a une epoque aussi reculee j'ai du mal a imaginer que les fenetres existassent...

Donc quand tu comprends pas, tu estime que c'est pas bon? Quand le sens t'échappe c'est qu'il n'y en a pas?... c'est intéressant... je veux dire, psychologiquement intéressant.

Je te ferais pas une explication de texte mais je serais curieux de savoir ce qui a bien pu te faire penser que ça parlait d'une "époque reculée". La "grotte intime"? C'est rigolo. Et donc si le décor était vraiment une grotte, j'imagine que tu situes ça dans les temps préhistoriques... alors je te confirme qu'aux dernières nouvelles, à l'époque, y avait ni fenêtre ni clopes ni cafés.
Mais alors, qu'est ce que ce texte pourrait bien vouloir dire?...

[/quote]qu'est ce que ce texte pourrait bien vouloir dire?[/quote]

Parce que tu le sais, toi?

Un ensemble spécial qui demande une étude plus profonde que celle que je viens de faire ( faute de temps)

Mais je voulais quand même te dire qu'en lisant ce passage :

"avant bien avant que les mots
dessinent les contours des objets"

j'aurais mis : "dessinent Le contour des objets" je trouve que ça allégerait le vers.

Mais j'y reviendrais...

A suivre !

Sylvie a écrit:Un ensemble spécial qui demande une étude plus profonde que celle que je viens de faire ( faute de temps)

Mais je voulais quand même te dire qu'en lisant ce passage :

"avant bien avant que les mots
dessinent les contours des objets"

j'aurais mis : "dessinent Le contour des objets" je trouve que ça allégerait le vers.

Mais j'y reviendrais...

A suivre !

Chaque objet a son contour, chaque mot, si l'on veut en dessine un et un seul. Je veux dire que c'est l'idée (et ça éclairera peut-être un petit bout de la lanterne de Portefaix) que, à cette heure de la nuit, peu avant l'aube, le monde autour n'existe pas encore, juste l'intimité psychique et organique de celui qui s'y trouve. Que le monde extérieur, la "réalité" ne prendra d'existence qu'au moment où les voix commenceront à nommer les choses et leur donneront ainsi consistance, mais l'une après l'autre... Enfin, c'est l'idée de ce passage...
Au plaisir de te lire.

nous cherchons toujours à revenir aux premiers instants
ceux-là dont ne sait presque plus rien
mais qui apparaissent comme une issue

Un peu d'auto-satisfaction n'a jamais fait de mal... et puis je suis trop content pour pas le partager: ce texte, ainsi que 4 autres récents (tous postés ici depuis 2 semaines) vient d'être accepté par le prestigieux site "Recours au poème". Publication en septembre 2013.
Je suis fier comme si j'avais un bar-tabac, comme disait Coluche. Je retournerai à mes doutes demain mais la nouvelle va me faire la journée...