Les serpents électromagnétiques

Le monde était un superbe clignotant
avançant dans la ville comme une nuit
à la belle étoile, elle dormait à côté
ses pieds nus au-dessus de la boîte à gant
je me guidais à la lumière des réverbères
comme un sioux moderne
et lui jetais quelques regards en coin
j'aimais la regarder dormir, j'aimais entendre
le bruit souple de sa respiration
la délicatesse de son corps cotonneux
loin du chaos des jours trop lumineux
où le silence peine à trouver sa place
ma main se laissait attraper par le vent
il n'y avait plus personne, il n'y avait plus rien
tout se plaisait à 'être vu, les ombres, les lampes
allumées dans les appartements
mes doigts jouant avec la tôle
comme s'ils composaient d'eux-mêmes
quelque poème modal
n'ouvre pas les yeux, chuchotais-je
alors qu'elle s'était mise à remuer sur son siège
le monde ne mérite pas que tu ouvres les yeux
en sourdine, un album de Roy Eldridge
électrisait l'habitacle, tandis qu'une vague torpeur
m'engourdissait, tandis que je volais au temps
quelques précieuses heures
des serpents électromagnétiques nous saluaient au passage
comme si nous avions des tas de choses
à faire ensemble, comme si nous étions
de vieilles connaissances
l'angoisse avait déserté mon corps
je n'étais plus qu'un corps liquide, embryonnaire
perdu dans l'océan, je n'avais plus de sentiments
je n'avais plus besoin de sentiments
l'univers me parlait à travers le pare-brise
toutes les planètes de l'univers
nous regardaient filer à travers les miracles électriques
il n'en fallait pas plus pour que l'on se prenne
pour des cosmonautes ou des navigateurs
c'était un aigle ?, me demande-t-elle

Toujours un voyage dans le monde de BC :

l'univers me parlait à travers le pare-brise
toutes les planètes de l'univers

Mi-rêve, mi-réalité – peu importe … il se passe des choses dans la tête d’un érudite …

Je te lis toujours avec le même intérêt.

Cordialement Solweig

Toujours autant de plaisir à te lire, je me nourris des thèmes récurrents de ton écriture:

De la prose poétique qu'on aime détourner, pirater, sampler, affûter, aiguiser...



"Reprendre les horizons là où l'autre s'est affaissé !"

On est en plein road movie ici. Un poème très beat generation. Sur la route...

Un instant pur.

Bonne année.

Je retrouve la phobie de la voiture ici

Je retrouve aussi l'être qui, je ne sais pas pourquoi, semble ne pas ou ne plus exister.

Les pensées sauvages
Les ombres de la nuit
Les pas qu'on entend sans jamais voir ceux qui les tracent.

" Une ombre en forme de plume venait de recouvrir son visage"

Comme un écho de Melody Nelson.

Nilo, sine qua non.