L'albatros est un oiseau qui parle comme un berceau

Cette nuit j'avais oublié de m'endormir ; le sommeil m'évoquait vaguement la masturbation de l'homme qui vient de finir son paquet de cigarette. Si j'avais eu un balcon probablement aurais-je regardé le vide en me disant : tu n'avais pas le droit de me laisser. Tel quel.

Ce sont de grandes histoires, voilà, ce sont des récits qui ne se finissent jamais. On se révolte et on se tait.
On ferme l'écoutille par laquelle s'était échappés les mots trop ivres pour être vrais. Ivre et nu, le langage a ceci de terrifiant qu'il s'applique à l'angoisse, au vertige, aux perpétuels recommencements, à la vie elle-même. J'ai croisé une nuit un albatros. Je crois. Et cette nuit-là, je cherchais mes cigarettes dans le fond des poches des femmes infidèles.
L'albatros est un oiseau qui parle comme un berceau.

Il avait fallu apprendre à se reconnaître dans le miroir. Puis à bouger les mains pour que les visages adverses se contemplent dans le miroir en se disant : nous avons réussi !

Si les histoires se répètent c'est que nous manquons d'imagination.

Alors, à force de lire ces poèmes qui te crachent à la gueule quelque obscure vérité, j'en étais venu à me dire que malgré le temps qui passe, je restais le même, endormi sur le ventre des femmes invisibles. Gemmes anachroniques. Analyse des méandres. Docteur ès Angélique destructrice.
Je me vouais à la matrice, au champ des possibles imaginés par le cerveau d'un fou.
Je m'entretenais les mains au-dessus d'un vivier brûlant. Charbon.

Il faut se décider à lire entre les lignes pour accepter notre dose d'impureté. Rien ne se maudit si nous ne sommes pas capable de nous maudire nous-même.
Cette fille, qui, dans le ciel, trace d'affreuses lignes serpents à sonnettes vipère érotique, cligne des yeux et c'est un monde incroyable qui apparaît. Comme une vertu cinglante.
Comme si je pouvais m'extraire d'un rêve pour faire de moi des sommets de. Vers.

La pornographie est un carnaval moderne. Une façon simiesque d'échapper aux routines binaires de l'absurdité. J'ai bu, j'ai trop bu. L'univers est un verre que l'on tire sans savoir où s'arrête le chemin des caravanes.

Maman est morte aujourd'hui. Ou quelque chose du genre.

un homme penché et des villes, n'importe lesquelles
on touche ici a des solitudes autres, des solitudes organiques

Une sorte d'inertie fascinée dans de texte qui laisse un goût de cendres... (de cigarettes)
Métamorphosée la beauté éphémère des mégots presque éteints a été jetée dans le vide-ordure poétique dont le sens obscur nous inspire des visions comme cet albatros "croisé une nuit" ; cette beauté incarnée à travers ce style si particulier est-Elle née du seul travail du langage "ivre et nu" ?

Ce sont des textes denses, poétiques certes, jusqu' où peut-on étirer la poésie ? Il semble chez toi qu'elle s' étire à l'infini, à force de tout embrasser : et d' abord la prose. Et voici cet univers ambigu où prose et poésie se contaminent. Et voici cet univers où rêgne le chaos ; est-ce que la poésie c'est le chaos ? Je ne sais pas, peut-être.