Les dates crépusculaires

Psychologie amniotique, la mère qui dit :
je t'ai écrit une histoire. Grande Civilisation vaincue
comme ce cœur-plaidoyer pour circonstances atténuantes
tu sais, la souffrance, c'est le sperme des dieux mauvais
qui te gicle à la gueule. Faite de silence et d'histoires
qu'elle n'a pas eu le temps de raconter, faite d'odyssées immobiles
et de rumeurs qui se faufilent dans les feux de cheminée
ce n'est plus qu'une voix entendue quelque part
ici ou là, dans ces recoins malfamés de la perpétuité
une voix étirée par les mains de la lune, matin d'avril
les années qui dérapent, douleur infinie, mort matrice
morts soleils fantômes fantoches au ventre
aux tripailles étalées sur les stands de boucherie
la main qui pose les arpèges comme de petits soleils
en lisant à rebours les nouvelles perditions
je t'ai écrit une histoire que je n'aurai pas le temps de te raconter
frimas de fin d'hiver, dates crépusculaires
parcs d'attraction enfoncés dans la mémoire, autobus direction
le royaume de la terre mobile, mémoire et cendres : méandres
je lis, j'apprends la deuxième loi de la thermodynamique
tout se perd tout se perd tout se perd sans renouvèlement du bail
métayage médicamenteux, pourquoi avoir fait ça ?
comment comprendre ce qui dépasse des draps
les pieds du sentiment océanique frisent avec la peur
et l'ennui qui suit. Se foutre des couleurs sur les joues
comme se foutre de la gueule des autres
elle s'amuse la nuit dans les poudrières de l'escampette
et la matin : mort clinique mort du verbe et de la langue
je cherche l'odeur des ombres, qu'elles poursuivent la vérité
la réalité de l'enfant dont on ne sait s'il faut en penser quoi que ce soit
les prédatrices étouffent des sanglots
la proie et l'hubris des feux follets sur les cimes blanches
la poussière a volé, la poussière a décidé de son itinéraire
elle circule dans l'âme cassée comme des phrases solubles
combien d'oublis pour combien d'heures lentes ?
la poussière a verrouillé le temps, il faut boire les étreintes
avaler les nomenclatures du désespoir
pour faire vibrer les cordes Vocales Vocales socles spongieux
éloge funéraire avec vue sur les croque-morts
sapés comme des idoles de Frank Sinatra
les années ont fini par toutes se ressembler
comme ces semelles que l'on use en se disant
que ce n'est que parce que le sol se dérobe que nous nous dérobons
il faut rentrer maintenant, il faut apprendre à nager et
aller écouter ces histoires qu'elle n'a pas fini d'écrire

Je vais prendre un peu de temps pour ton texte...

Merci de patienter

A suivre....