Au bout de la route

au bout de la route et des saisons
qui donc pourra nous reprocher
d'avoir cultivé notre instinct
jusqu'au point d'exaltation 

qui donc osera s'avancer
sur le seuil des éternités
pour abolir toute guerre
toute misère tout obstacle 
nuisible à notre évolution 

quelle âme sera capable
de réenchanter le monde
avant qu'une nuit de détresse
ne vienne recouvrir nos os
d'un voile de brume cendrée 

qui fera don de ses lumières 
qui gardera les poings serrés 

nous pouvons tout entendre
tout comprendre tout saisir
nous avons déjoué sans pâlir
tous les pièges que l'on nous a tendus

nous pouvons tout sentir
tout choisir tout guérir

la prédation des sauriens dégénérés
n'inquiète guère la félicité des tigres  

nous sommes aujourd'hui 
les héritiers diaphanes
d'une civilisation dissolue

Tout un programme !

J'aime bien l'ambiance de fin du monde.

Un très beau texte au caractère bien trempé .

J'ai beaucoup aimé ce passage :

"
Quelle âme sera capable
De réenchanter le monde
Avant qu'une nuit de détresse
Ne vienne recouvrir nos os
D'un voile de brume cendrée ? "

La facilité et la robotisation sont les 2 mamelles de la connerie humaine
ou plutôt de la connerie de ceux qui veulent toujours + de fric
et détruisent le monde sans aucun scrupule ! hélas !

Un bel instant de lecture.

Permets-moi de citer A. Camus : ''Chaque génération se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu'elle ne le refera pas. Mais sa tache est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde ne se défasse.''

Mais tu parles bien de civilisation dissolue, victime d'un ordre qui la dépasse ? Un ordre qui taille en pièces, qui ne fait pas dans la dentelle, qui ne veut rien savoir, rien entendre, rien...

Dam.

Merci à vous pour ces commentaires. La citation de Camus est d'une justesse implacable, Dam. Très judicieux de l'avoir insérée ici. L'auteur de la Chute avait une vision tellement précise des temps passés, présents...et futurs. Quel esprit ! Quelle humanité ! Quelle empathie ! Sa disparition est une véritable tragédie à tout point de vue, une immense perte pour l'ensemble de la communauté humaine...Je pense qu'il aurait été horrifié de la situation actuelle et de la tournure des événements géopolitiques et sociaux toujours plus nauséabonds et pervers car quoi qu'on en dise et malgré le combat acharné de plusieurs âmes dissidentes qui colmatent les brèches ici et là, le monde est déjà défait. Il étouffe,il bouillonne et la température ne fait que monter inlassablement. Il ne reste plus qu'à allumer la mèche fatale pour contempler l'embrasement définitif. Néanmoins je souhaite modérer mes propos car je reste persuadé que tout finira par s'arranger...les Forces naturelles qui nous entourent auront le dernier mot et sauront en temps voulu rétablir la Vérité vraie. Tous les êtres humains incorruptibles qui participent aujourd'hui à cet avènement seront un jour honorés pour leurs engagements sincères et leur dignité intacte. En mémoire des générations passées et futures, il est donc  de notre devoir, de notre responsabilité de maintenir à flot ce rêve...et cela passe aussi par la poésie.

Qui donc osera s'avancer
Sur le seuil des éternités
Pour battre la mesure des siècles

Beau texte Léo.

Peut-être ne resteront en fin de compte que ceux qui croiront à la vie éternelle. Et même si je sais que nous ne serons pas d'accord sur ce point précis je pense que nous nous rejoignons sur le fait que la recherche du bien vaut bien toutes les vies que nous sommes prêts à y consacrer.

Nilo, à mi-chemin.