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Le parlementeur
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Le parlementeur
Le parlementeur
Dam.
Le jour se levait sur la campagne, un jour de grande chaleur sans vent. La jeune femme sortit seule pour voir le courrier. Elle attendait toujours. En fait, il y avait deux courriers pour elle : une enveloppe longue lourde facturée de majoration et un courrier de l’A.P.I. (aide pour parents isolés), dont elle attendait beaucoup. Ç’avait été son combat de l’été - obtenir le soutient d’une association pour évoluer dans la légalité avec son enfant. Elle lirait ce dossier avant tout. Parce que ça la concernait elle mais pas seulement. Après, elle se ferait plaisir avec moi, elle se détendra. L’aide promise par l’organisme de soutient s’avéra être moins extraordinaire qu’il le lui avait laissé entendre au téléphone. Elle accepta les conditions d’aide, parce qu’elle ne pouvait pas faire autrement ; elle était trop isolée pour savoir si elle pouvait demander réclamation, sans aller jusqu’aux dommages et intérêts pour promesses non tenues et espoir déchus. Mais elle ne voulait pas trop en faire non plus, parce que, depuis qu’on se connaissait, elle éprouvait comme une honte, elle faisait des bulles dans l’air avec mes promesses d’ouvertures - “J’attends qu’il rentre, j’attends de le voir, de lui parler, de lui sourire, de l’engueuler, de l’amadouer. Je ne sais pas encore s’il viendra habiter avec moi, mais je sais que j’irai le voir - non plus le voir -, le trouver. J’aimerais tant que tout soit plus simple, il me faut compter avec lui, son talent, son amour qui a volé mille fois en éclat s’est posé sur moi, je le sais, je le sens. Un sixième sens qui n’est pas un sens interdit. Il aura eu raison du temps, en persévérant. Il aura gagné la paix des âmes sensibles, mérité mon amour enfin, si énigmatique, si étrange, si clair et évident. Il aura éclairci ça dans ma vie, l’aurait pu être indifférent et distant, muet comme une carpe, secret comme avec son art, étrange et mystérieux. C’est cela qui m’avait poussé à le revoir après toutes ces années qui se sont mal terminées. S’il était resté comme je l’avais laissé, avec son art et seul avec son art, ne comptant que là-dessus pour son ouverture, je n’aurais pas aimé ça. Mais ce ne fut pas le cas, heureusement. J’ai ma chance...”
La lettre lui fit un réel plaisir. L’angoisse de le revoir bientôt grandissait chaque jour, comme un ultimatum guerrier, comme une urgence inéluctable - une évidence quoi.
Pourvu qu’il ne tarde pas trop. Je vais lui demander quand il compte venir ; je vais lui dire pourquoi je veux le savoir, et ça va pas être de la tarte ! Peut-être arriverons-nous à sauver les dernières baleines ? Peut-être ferons-nous réellement des miracles, et que notre vie sera une louange. Je ne vois pas comment, mais je ne peux espérer autre chose, je ne vois pas, je ne vois pas. Lui, il est peintre, et il voit. J’ai besoin de cette vision simple, double, inspirée. Je sens qu’il a besoin de quelqu’un pour en faire profiter le monde, pour aller au bout de ce qu’elle promet, cette vision simple, vision double. J’en profiterai d’abord, je sais, d’abord, et je pense que ça n’est pas un luxe gratuit, une fantaisie de la vie, mais la vie elle-même, vraie, avec ses obligations quotidiennes, ses complications insensées, ses dangers et ses risques multiples. Je sais qu’il est dans la vie, il est dans le vrai. J’ai envie de participer à ça, pour le meilleur et pour le pire, c’est pas pour rien.
La jalousie des autres, la jalousie des autres... Je veux de cette jalousie, cette haine farouche, preuve de folie, preuve du diable. Je veux qu’on dise que notre histoire est une fantaisie absurde, un risque insensé et inutile. Que notre union finira aux orties ; les baleines trouvent le salut dans des poubelles, des usines mortes : nous sauveront les dernières baleines. S’il faut, nous voyagerons jusqu’en orient. Le Commandant ne sera pas mort pour rien. En mer, en vrai. Notre histoire commencera près de la mer, se passera sur mer, et s’achèvera au ciel ; quoi qu’il en soit, je serai du voyage. Lui, il l’est déjà, du voyage. S’il ne me dit pas tout, c’est qu’il espère doublement. Il ne veut pas tout me dire, c’est qu’il y a tant de surprises et si peu, à partager. C’est son cadeau, il veut me faire la surprise. Un cadeau qu’il faut découvrir : la découverte du monde. L’emballage des foules. C’est ça son présent, un cauchemar souvent, parce que seul...
Les baleines n’ont pas besoin d’être raisonnées, l’homme si. Il faut emballer l’homme. Il faut essayer. Si le message est un tableau, un livre, on sait que ça n’a rien changé jusque là, qu’il y en a eu cent autres, mille autres, et que ça n’a rien changé à rien. Chacun a pris ça avec le recul qui convient, obéissant au doigt et à l’oeil aux règles de consciences établies d’avance. La morale ah ! S’il y avait une morale dans le monde, il n’y aurait plus d’hommes, que des bêtes, et ça s’équilibrerait en nombre, avant de s’équilibrer en force, en influence.
L’amour ne comprend pas ça, une fois de plus, encore un truc que l’amour ne comprend pas ; comprend rien, l’amour aveugle. Il faudrait comprendre quelque chose encore ? Il faudrait apprendre et comprendre, après cet engagement divin ? Je ne comprends pas ça. Le choix que j’ai fait est exclusif et pourtant, il n’a rien à voir avec le mystique, les choses admises avec et sans démonstration ; j’ai choisi ça pour imposer ma loi, mes règles de conduites nouvelles, parce que je sais, pour les avoir suivies, que c’est une impasse - viccolo ciecco - comme disent les italiens. Un cul de sac. Maintenant je veux voir la lumière avec un peintre vivant, jeune et beau. Maintenant je veux voir l’ouverture que ))j’aspire(( je vise, même si je donne l’impression de me fermer, de rentrer en moi comme une longue vue. Maintenant je veux voir si c’est possible de voler de mes propres ailes, sans tomber. L’oiseau que je serai parlera, mais il sera libre, c’est la seule différence. Il ne fera pas de différence. Je ne veux pas qu’il fasse de différence, lui. Il n’y a aucune différence entre l’oiseau et la liberté d’être. Aucune différence non plus entre la baleine et la mer ; la baleine et la mort, c’est du passé ! Le ton neutre d’analyse ne dure pas plus longtemps que le règne de l’homme tel qu’il est, tel qu’il est devenu au fil du temps : faible et impuissant. Tu enlèves la machine à l’homme et ça devient une merde. Le jour où il comprendra ça, tout sera fini, sera trop tard, allé trop loin.
Je suis avec toi pour l’éternité des astres et la nuit des temps. Perdu dans l’immensité du doute toujours croissant, dans l’infini petit du progrès ou sur les rails du train miniature - modélisme tu me tues ! Faisons les choses à échelle humaine pour une fois, première et dernière - car ça ne prendra pas - je sais, je sais. Cela rendra notre combat de vérité et de liberté plus fort encore, unique - ainsi marche le monde - par l’exception - celle qui confirme la règle, vous savez ? Un jour nous vivrons en harmonie, j’en suis sûr. Mais je veux y participer, à défaut de pouvoir le voir, je veux le vivre. ///Je veux te voir. Vite !
Le parle-menteur et moi
L’amour était ainsi défini sur les bases du progrès ; un sens nouveau était conféré au mot progrès ; il n’était plus question de machine, mais... “Comment voulez-vous faire du progrès social avec la machine, c’est une plaisanterie ou quoi ? Il faut compter avec, ah oui, pourquoi ?
(le politique) “Qu’entendez-vous par machine, exactement ?”
- Vous vous foutez de moi ? Z’êtes aveugles, sourds, ou bien simplement idiots ? Je ne veux pas perdre mon temps avec vous, cela m’est insupportable. Ce que j’entends par machine, c’est justement ce que j’entends, et ce que je vois ensuite.
- Mais quoi ? insistait le parle-menteur.
- Quoi ? qu’est-ce que vous entendez par “mais quoi” exactement. (silence.) Je vous dis que la machines rend les gens complètement cons et dépendants, et je n’obtiens que des questions bêtes et inconsistantes. Je ne vous considère pas pour responsable, mais je vous dis que ce que vous essayez de faire, c’est nul. Vous voulez que le français accepte la machine au quotidien comme chose naturelle, comme on va faire ses courses, comme on donne le sein au nourrisson, comme on rote et comme on pète, mais vous vous prenez pour qui ? Vous vous rendez compte de la responsabilité que vous avez, si on vous suit ? Je ne pense pas qu’on vous suivra, j’espère pas. Parce que si on vous suit dans votre programme de machine ATouVA, on finira par où on a commencé, dans la mer de l’oubli, froide et sauvage, tout sera à refaire, avec en plus des blessures à panser qui retarderont encore notre reconversion, comme une punition des dieux et des diables, notre purgatoire. Alors l’histoire de l’humanité ressemblera à un grand fiasco de destins mal contrôlés et assouvis dans la frustration permanente, par ce que la dépendance, qu’on le veuille ou non...
>> Et par quoi vous allez remplacer ça ?
- Par l’homme.
- Plus de religions ?
- Oui et non - disons le culte de l’homme.
- Vous savez où cela peut nous conduire tous ?
- Non. Et je n’imagine même pas. Mais je sais ce que nous vivons et ce que nous allons vivre si ça continue ainsi.
- C’est un formidable retour en arrière, je ne peux pas en être heureux ! À vous écouter, le diable a pris trop de place dans notre vie à tous, et la seule façon de le réduire à néant, c’est de repartir sur des bases nouvelles où la nature serait reine, et l’homme derrière, se nourrissant de ses bienfaits pour se refaire une santé, contrôlant tout très bien sans faire ni excès ni bavures ? vous rêvez mon vieux, vous rêvez. >>
- Et l’esprit, l’esprit, qu’en faites-vous ? Il ne s’agit pas de s’endormir sur la nature, de se reposer sur ce bienfait des dieux et du ciel infini, mais d’agir au contraire dans son sens, comme elle nous en donne l’exemple, si simple, comme elle nous montre le chemin de la liberté pour goûter au bonheur divin. Pur. Seul cela peut nous faire réviser nos positions, et nous remettre dans le droit chemin.
- Pensez-vous que c’est si excitant comme projet d’avenir ?
- Avant qu’il n’y ai plus rien, ni passion ni droit au bonheur, ni liberté ni rien, je dois dire que je vois là une sacrée chance, une sacrée ouverture.
- Que reniez-vous, exactement, dans le monde moderne ?
- Le monde est moderne à toutes les époques, mais là, il est allé trop loin. Disons que c’est la dernière phase de la modernité, celle qui prend sa source dans le cambouis, comme il n’y a plus rien à tirer d’ailleurs et de nulle part. Si c’est pas un constat d’échec ça alors !
- Et l’espace ? La conquête de l’espace ?
- C’est une fuite, rien qu’une fuite, pour aller chercher ailleurs ce qu’on n’a pas su trouver sur terre. C’est grave. Si vous voulez mon avis, on peut chercher longtemps.
Je trouve ça tellement grotesque ; je trouvais ça tellement grotesque, avant et après, toujours. Il fallait rester artiste en attendant. C’était bien la meilleure chose qui pouvait arriver. Artiste en marge, non pas artiste impliqué dans une cause politico-sociale à l’eau de rose, d’un jour, d’une heure, d’un instant. Celui qui se voue tout entier à son travail n’a pas le temps de penser au Social, sauf si ce travail implique les autres directement, alors je ne réponds plus de rien.
Dam.
Re: Le parlementeur
Une nouvelle qui m'a beaucoup touchée. Je partage comme tu le sais, Dam, la vision que tu développes dans la deuxième partie. On ne peut indéfiniment nier le massacre en cours et ce n'est pas l'artifice technologique qui masquera cet état de fait. Il ne fait aucun doute que l'aventure humaine et des autres êtres vivant sur cette planète finira belle et bien si l'ensemble de la Communauté ne parvient pas à se rassembler pour redéfinir nos modes de fonctionnement. Si les multiples alertes environnementales ne sont pas entendues alors le miracle prendra fin. Je pense qu'il nous faut une leçon à grande échelle, un choc démentiel, un big crash qui accélérera le changement. Au point où nous en sommes, il n'y a pas d'autres alternatives possibles. A moins que nous ne soyons une espèce génétiquement suicidaire et destructrice qui ira jusqu'au bout de l'horreur et là je ne réponds plus de rien...également.
léo- MacadAccro
- Messages : 1224
Date d'inscription : 25/03/2010
Age : 40
Localisation : Nord
Re: Le parlementeur
Merci Léo d’avoir donné de ton temps à me lire ! pour ce que tu dis, la tache me semble plus ardue et peut-être impossible à mener de raison et d’entendement. Alors un petit coup de pouce environnemental ?... Pour l’exercice d’écriture, je crois qu’en étant juste ouvert aux réalités individuelles (les problématiques) à l’écoute donc et pas du tout indifférent (et à ce qui se passe dans une plus large mesure) (...), je me trouve dans une zone abstraite et stérile ou tout absolument est permis ; j’ai usé de cette liberté sans faillir. A chaque fois, il en ressort un quelque chose de catastrophique (au sens actif du terme) un chant de douleur et de cris intérieurs se fait entendre. Ce chant, c’est un peu le mien aussi, bien malgré moi.
Dam, appel à l’aide...
Dam, appel à l’aide...
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