Tout est tranquille.

On se voulait oiseau et puis l'on se retrouve
Tel un gros tank ventru, dans les sables mouvants
Regardant un navet castingant Jean-Paul Rouve
Le jean déboutonné sur un ventre ballant

L'espace d'un moment on regarde une vitre
Il semble que la rue bien vivante nous nargue
Et que l'on est bien mort - et que l'on est un pitre
Le final racoleur d'une mauvaise blague

A ces instants piteux on se lève d'un coup
Crotte à l'œil on se fait un marathon splendide
Canapé mou, fenêtre et puis canapé mou
Le temps de retrouver une humeur de caïd

On se dit 'j'ai tout vu! j'ai tout écrit hier!
Il n'a tenu qu'à eux de me couvrir d'amour!
Pauvres cons! lourds et cons! tapis dans leur misère!
S'ils m'avaient lu! alors..' On se fait des discours

Qui disent que tout ça est un début de vie!
Qu'ils verront bien, demain, quand il fera grand jour!
On est bien élevé - on attendra lundi.
Et ça sera Très Grand ! Des clairons ! des tambours !

D'ailleurs c'est bien les tanks, c'est un petit château
C'est puissant, ça tue bien. En joue mon capitaine !
La banque! L'épicier! Le docteur! Le bistrot!
Pan! Pan! Vas-y Jean-Paul! Ton navet moi, je l'aime!

C'est du grand cinéma! Aux chiottes les auteurs
Les Godards, les machins.. les bouseux prophétiques!
Les bimbos qui prétendent avoir des maux de coeur
Le cul moulé dans un Chanel à 300 briques!

D'ailleurs c'est bien fini.. les vers.. les grandes phrases..
Les larmes, les pamphlets.. tout le clinquant du style..
Je suis un gros tank mou enfoncé dans la vase
D'un canapé miteux.. tant pis.. tant mieux.. La ville

Dépose sur la vitre une lumière rose
Et quelque part, enfoui dans le métal et l'huile
Un petit vent se lève un instant - quelque chose
D'ancien, et qui se tait déjà. Tout est tranquille.

 

Z 25 09 13

j'essaie de comprendre ou ce poème veut aller
d'ou il vient. 
j'ai l'impression d'une médiocrité exalté et....pourquoi faire ?
contre qui ?
contre quoi ?
ce n'est pas une arme la médiocrité, ni la poésie
mais ça fait mal

Moi j'aime...je comprends
c'est bien écrit. Salut.

C'est déjà pas mal un tank, plutôt protecteur, on peut se dire qu'il ne nous arrivera rien de l'extérieur, qu'on peut se blottir quelque part et attendre que cela passe...mais la menace, la broyeuse, on le sait, vient bien souvent de l'intérieur. Enfin j'ai bien saisi le propos et je ne parlerai pas ici de médiocrité mais d'un sentiment de lassitude assumé et pourquoi pas entretenu...tout cela est positif au final, après le temps de la rumination vient celui de la floraison.   

A ces instants piteux on se lève d'un coup
Crotte à l'œil on se fait un marathon splendide
Canapé mou, fenêtre et puis canapé mou

Le temps de retrouver une humeur de caïd      

Que la force soit avec toi, Z. !

Je trouve encore une fois, à la relecture, ce texte salutaire, nécessaire...

J'aime beaucoup
tes métaphores, tes comparaisons,...
vraiment beau
une belle claque

Bel arsenal de métaphores, comme tu dis...

Ça me parle.

Du sens pour moi. Une révolte qui a de la maturité... on entend le souffle jeune d'une énergie inébranlable qui évitera de se laisser étouffer par la routine, la facilité.

La force, la grandeur, c’est de rester soi-même, révolté solitaire, dans un monde sans surprises, sans grandeur, pour le ramener à la maison et, peut-être, à la raison. 

Dam.

J'aime un peu,beaucoup, énormément...!