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L'être en question (Polar)

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Nilo
Messaline
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Message  Messaline Mar 10 Nov - 6:26

Avant-propos



Minuit. Calme règne. Douce absence. Noires armoires au cœur desquelles fermente un poison à lente progression.
Mais chut… viendra bien assez tôt la chute.

La maison des livres se livre sans peur au repos, et ses fleurs de papier, plongées dans l’encre de sa nuit, ancrées dans un silence inouï, distillent leurs pensées humaines lors que leurs auteurs les ont laissées gardiennes d’elles-mêmes en ce domaine où s’endorment les effluves d’un lecteur tantôt attardé sur elles.
Futiles.
Inutiles essences.
Essentielle odeur de rance.

Même le bruit du vent dans la frondaison de l’orme penché, attentif, sur la bâtisse, a cessé ; et l’if d’à côté se tait, replié dans sa solitude.



Soudaine…



… Se glisse l’erreur.

Tourment parmi les pleurs laissés tout à l’heure entre les pages…

Image abandonnée sur le sol piétiné d’une allée…

Alinéas oubliés…

Signes, comme un envol d’effraie…

Prémisses d’inquiétude dans les mots…

Études tronquées…



Prologue



L’horreur s’installe, sournoise. La terreur s’évertue et tue le sommeil relatif. L’on se toise. On veille.

Prélude incisif.

Recul.

Mouvement rétif des lettres : ne rien laisser paraître, jouer l’interlude, un moment ne plus être. Cesser l’agitation.


La frayeur donne le ton à l’immobilité, calcule un repli. Plis et froissements. Papier déchiré, pages écornées. Tout se tait. Tout ment.

Sage ! Ne plus bouger, ne serait-ce que d’une virgule !

Sur les idées règne la canicule d’un désert anxieux. Les idéaux n’ont plus de héros pour le moindre opuscule.



On the dark side of the moon



La lune est triste :

Dans l’ombre…
On ménage ses effets. On se pare d’un vêtement littéraire, l’air de ne pas en avoir, afin d’en faire accroire. Afin de mieux surprendre. On se prépare.
Détermination !
Action !
Sévices !
Sans âme aucune.
There will be blood. !
On brode la dentelle d’un pouvoir éternel. On affûte les matraques. On traque l’étincelle. Le fût est canon ! On braque. On met la gomme.

- Hombre !

- ...

- ¿ Por qué no te callas ?

- ...

- Dégomme-moi ce guitariste et fais fissa !

L’affaire est dans le SAC, Service Appelé Corruption.
Ode pour un massacre, un crac lacrymal et sanguinaire. On espère.



En guise de fugue



Attendre. À l’affût.
L’apostrophe frissonne et deux points l’apostrophent de leurs yeux :
- Tais-toi ! Ordonnent-ils, silencieux.

Agitation. Sueurs. Haleines.

Le chat, aux yeux d’agate, gardien des lieux, amoureux d’une dame du logis qui le serre entre deux étagères, est transi. Notre Dame Agnès d’Erquy*, mère éphémère pour celui qui, peureux, se blottit dans la prunelle de Baudelaire, est repartie, devoir accompli envers lui : l’écuelle est remplie. Le lait a tourné depuis que l’albatros, ailes fripées, plumes déchiquetées, en a lapé quelque goulée. Il est à terre et sous les quolibets des frégates ennemies, insoucieux de son envergure. Un point de suture serait le bienvenu, mais la ponctuation, emplie d’hélium, s’est envolée, a disparu dans le miroir d’un forum de réflexion.

L’heure, écume vouée au malheur, est noire, sans liesse.



Une gargouille d’illustration donne des signes de panique. Un cygne chante sa mort prochaine en italique, et tique une grenouille, de sa principauté. Le bateau ivre embrouille ses cordages à un livre de mathématiques. Le marin casse sa pipe. Emma, dolente, incertaine, éplorée, ne veut plus vivre et son dernier soupir transpire d’entre les pages. Le voyage dans lequel elle s’engage la conduira jusqu’au bout de la nuit. Une parenthèse enferme par erreur Aureliano Buendia dans une thèse de doctorat d’histoire ancienne. Voilà plus de cent ans qu’on a perdu sa trace. Le temps agace et efface une antienne qui perd la mémoire. Chacun soupçonne, se méfie.
- Haro sur le baudet ! Entonne-t-on. On accuse Zola. S’usent des points de suspension à force de temporiser. La force de l’adversité aura raison de tous. Les guillemets en sont convaincus ; entre eux s’entredéchirent puis se referment fermement sur eux-mêmes, faisant ainsi le nid de l'ennemi. La poésie, La Boétie, se carapatent vers les pénates de Verlaine, ressuscité dans la gorge pleine de Lavilliers. Mais le pire est tu.


Victor Jara, de son charnier, cherche ses doigts sur le chemin sanguinolent des parchemins. Allende mord à l’appât. La mort est là. Une Shoah insidieusement se profile, qui bat les profils, arbitraire. Déjà, un convoi, plein à craquer de caractères moribonds et résignés, s’ébranle en un boucan d’enfer, pour les acheminer vers un désert sans vers, une chambre mortuaire. Le petit chat est de ceux-là.


Même la maison tremble. Le désordre va l’amble avec elle. L’ambre de ses boiseries ternit. Plus un ordre n’est formel.
Tout ça ne rime à rien : on n’a pas aperçu l’assassin, mais il tue, c’est certain, et jamais ne recule.
Pas question que l’on capitule. Atèle prend deux ailes pour béquilles, les cédilles s’embusquent en un bond, brusque, discret, sous les dés pipés.

Alors…



… Le sacre du printemps



Un bain de sens sans figurés, un carnage, du sang dans les sillages des mains des poètes.
Bientôt des en-têtes vont tomber.
On a risqué l’autodafé.
Du sang et des éclaboussures sur les murs. La saison est à la démesure. C’est déraison. Augusto Pinochet, dans tout son état et dont les coups font ricochet, s’arroge un droit de revisite. L’histoire s’inverse. Du sang à verse. Il ne déroge pas à la question.



Alors…



Un corps censure, et, sans vie, gît au sein d’un havre de liberté, désamorcé comme un poison qui couve, intrinsèque, une dictature. L’ordure est achevée. Ne reste qu’une odeur de pourriture qui hante l'Esprit Saint de la Littérature. Puis…
La geste chante une félicité. Un bonheur retrouvé.
Ailleurs, Agnès ne sait encore le tourment... Devant sa psyché qui soupire :
- Que ne vous êtes-vous, comme lui, fait aimer ?
Elle se mire ingénument.



Épilogue



Le lendemain du soir d’avant, des coups secs, répétés, inondent le petit matin. Debout, un homme, venu de L.A., laissant Dahlia dans son sang noir, est las déjà et crie, tout cru :


« Tout le monde est-il là ? Bien allons… Le cadavre se trouve dans la bibliothèque. »
L'heure est sonnée.


La crim' se hâte et s'égaie en ordre sous l'ordre intime de l'inspecteur qui gratte de questions irrésolues son front ridé.

On croit rêver !
Pas de victime, pas d'assassin. On a rêvé ! Là, tout n'est qu'ordre et beauté.
Paix recouvrée.

En attendant, le farceur anonyme, responsable du déploiement des autorités, court toujours, et pour l'heure, semble le seul auteur d'un crime imaginé, coupable sans châtiment.


FIN______________________________________Mes What a Face line


* Erquy, Bretagne, France. J'ai écrit ce polar dans le cadre d'un concours organisé par la nouvelle bibliothèque. J'ai pas été primée, je m'en fiche complètement Sad
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Message  Nilo Lun 14 Mar - 18:10

Je me demande bien pourquoi ce texte très intéressant et haletant n'a pas été commenté jusqu'à présent (et je fais mon mea culpa). Grâces soient donc rendues à Dédé qui nous offre l'occasion de le [re]lire.
Et ça vaut le coup, il est très bien construit, les personnages bien campés. Il s'agit d'un polar d'écriture où se mêlent habilement les caractères d'écritures en forme de personnages à part entière et des figures (de style) qui nous font vivre cette histoire au présent avec des flash-back introspectifs.
Vraiment heureux d'être passé par ici.

Nilo, sorti du néant.

_________________
... Tu lui diras que je m'en fiche. Que je m'en fiche. - Léo Ferré, "La vie d'artiste"
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L'être en question (Polar) Empty Re: L'être en question (Polar)

Message  sasvata Lun 14 Mar - 18:20

Je me suis perdue, je sais pas, vers le prologue... mais le texte m'a récupéré, et finalement, j'ai beaucoup aimé. La poésie du texte, l'intrigue étrange, plutôt envoutante.
Le ton, les images, les clins d'oeil...
Bref, merci Dédé (comme d'hab', j'dirais) et bravo Messaline!

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L'être en question (Polar) Empty Re: L'être en question (Polar)

Message  Sylvie Mer 16 Mar - 5:39

On ne prend pas le temps de lire les grands textes ( moi, personnellement, j'ai toujours du mal à fixer l'écran longtemps sans me retrouver la tête dans les papillons)

Et bien là, j'ai pris le temps et je regrette que l'auteur ne nous offre que peu de textes.

Dommage pour nous!

Bien belle intrigue avec une chute inattendue.

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L'être en question (Polar) Empty Re: L'être en question (Polar)

Message  Dam Sam 19 Mar - 22:35

J'aimerais te dire qu'à mon avis, ceux du concours (et dans concours y'a con) qui ont lu ton mot n'auront certainement rien compris et comme le texte promus était destiné (en secret) à l'éveil d'une classe de maternelle... Bon sinon moi j'ai aimé car j'ai voyagé avec et dans tes mots.

Dam, aidant jamais trop tard.
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Message  Do you BnF Mar 12 Avr - 19:04

Texte déroutant mais, comme dirait Bashung, "peu à peu, tout me happe".
Belle idée, bien menée (avec quelques longueurs peut-être, mais je chipote).
J'ai adoré certaines images ("La frayeur donne le ton à l’immobilité" ; "un cygne chante sa mort prochaine en italiques"). Et des références que je partage (Victor Jara, parmi d'autres).
Merci.

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L'être en question (Polar) Empty Re: L'être en question (Polar)

Message  sasvata Mar 12 Avr - 21:00

Relu avec plaisir Smile
Et des trucs que j'avais pas vu alors me sont apparus... Texte très riche en vérité! Au prochain passage, je suis à peu près certaine d'en découvrir d'autres ^^

Sasvata
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